« Le destin est le déguisement que prend le hasard pour voyager sans se faire repérer »
Hamelin a donné de bien drôles d'instruction à son Joueur de Flûte. La Mort à emportée ici nombre d'habitants. Otto aurait pu faire partie de ceux-là, passés vers l'au-delà. Ce n'est que parce qu'il avait déjà connu son propre morceau d'enfer qu'il avait été en mesure de ne pas céder. Il avait déjà et continue encore à saigner une sève abondante qui épaissie l'écorce et aide à supporter les prochains coups. Aujourd'hui, le ciel est gris, le soleil peine à les percer de ses rayons, mais Otto peut le voir, continuer à lutter pour réchauffer ces terres.
Un brin nostalgique, d'un je-ne-sais-quoi, du haut de ses 23 ans, le brûlé avait décidé de mener à bien sa première mission en tant que Ranger. Il souffrait un peu de ne toujours pas avoir de partenaire pour l'épauler dans ses tâches, mais certains y arrivaient très bien ! Jusqu'à ce qu'ils obtiennent rapidement leur premier Pokémon. Décidément, le sujet, était épineux. Il voulait se lier d'amitié avec un Pokémon, pour sûr ! Mais... Voulait-il qu'il s'agisse de
son Pokémon ? Le fait d'être en propriétaire d'un autre être vivant avait la fâcheuse tendance à le mettre mal à l'aise. Est-il un marchand d'esclaves, un dictateur ? Lui qui avait apprit et souffert de la cruauté des Hommes sur de tels sujets, comment pouvait-il aujourd'hui retourner sa veste ?
Bouleversé, Otto l'était déjà lorsqu'il fut abordé par un curieux personnage. À son habitude, il ne parla pas. La personne était tout de noir vêtu, aussi silencieuse qu'une faucheuse. Le brun ne sourcilla pas. Il en faudrait un peu plus. C'est donc stoïque qu'il laissa cet étranger, qui toujours n'avait pas ouvert la bouche, le saisir par le bras et d'un geste théâtral, plaça dans sa main une Pokéball. Une brise légère accompagna la perplexité d'Otto. Qu'est-ce que cela signifiait, que pouvait-il bien vouloir ? Pourquoi venir lui donner une Pokéball !? Sans un bruit, l'ombre s'éclipsa, ne resta qu'un grand brûlé et une Pokéball.
Le Pokémon est-il infecté par le Pokérus ? Etait-ce parce qu'il portait son uniforme de Ranger que cet homme était venu vers lui ? Pourquoi ne pas dire un mot dans ce cas !? Pouvait-il seulement prendre le risque de... Le Pokémon décida de sortir de sa Pokéball. Tous les principes de précaution d'Otto volaient en éclats. Quel sale caractère, d'entrée de jeu. De quelle espèce pouvait bien venir un abruti pareil !? Un Ponyta.
Pas
un Ponyta,
le Ponyta. Une pression impensable lui assailli le crâne, la possibilité que la boîte qui contenait son cerveau explose lui paraissait plausible. Les veines de son front triplèrent de volume, sa gorge se noua, son ventre se tordit. Une infinie impuissance, une profonde sensation de culpabilité le cloua sur place. Ses jambes d'abord tremblantes, finirent par céder sous le poids pharamineux de ses émotions, il ne pouvait pas voir ce qu'il voyait. Cela se devait d'être faux. Une violente nausée failli le renverser, tandis que ses genoux heurtèrent le sol. Rien de tout cela ne pouvait être réel. Ses yeux qui ne voulaient plus voir, chargés de larmes, contemplaient une terre infertile. Il releva son regard vers la source de son viscéral chaos. Pas de toute possible, il était là.
❝ ... Je suis désolé...
Murmura-t-il d'une voix déchirante, d'une qui peine à couvrir les bruits de sanglots. Tout son corps était mû par ses pleurs. Otto ne pouvait tout simplement pas affronter cet adversaire. Non pas le Ponyta, qui d'un air détaché observait la scène, bien plutôt l'immense rancœur qu'il nourrissait à son égard de n'avoir pas plus agit
ce jour-là.
Essuyant maladroitement ses larmes, Otto entreprit de se reprendre. Il prit une profonde inspiration, claqua ses paumes contre ses joues, soupira. Certes, rien ne s'était passé comme prévu à l'époque. Cependant, il était à présent capable de prendre en main la situation. Il n'était plus un simple adolescent fragile et impuissant. C'est difficilement que le brûlé tenta de retourner vers un cheminement de pensée raisonnable et rationnel. Ca n'était pas comme ça qu'il continuerait d'aller de l'avant. Ainsi, Otto décida de réorganiser ses pensées. Il prendrait le Ponyta avec lui. Il lui chercherait un meilleur propriétaire, un éleveur bienveillant, sans doute. Mais, il avait besoin de conseil, de réellement redescendre sur terre, de s'ancrer dans la réalité. C'est à sa grand-mère qu'il lui faudrait parler.
C'est peut-être pour cela qu'il allait à Kedal, au fond. Revoir cet être cher dont il avait l'impression de l'avoir abandonné suite aux événements dramatiques qui avaient eut lieu. Il était peut-être temps de faire savoir à Pérenne qu'il ne la considérait pas comme coupable. Otto a l'empathie nécessaire pour comprendre que de son point de vue, il n'y avait rien qu'elle pouvait faire, toutefois, que ce n'était pas là ce qu'elle souhaitait. Ainsi, il décréta qu'une fois sa mission remplie, il retournerait à la ferme pour y revoir sa grand-mère, passer le bonjour à la dynastie et finalement, lui demander conseil pour ce qui serait de l'avenir de ce Ponyta.
❝ Gympie.
Lui vint comme un nom adapté. Les larmes ruisselaient toujours le long de ses joues, mais sa propre imbécilité lui arracha un sourire. Il rendit son petit-déjeuner à même le sol, toujours prostré à terre. Cela fait, libéré d'un poids, il se redressa, toujours chancelant, prêt à poursuivre sa route. La Pokéball qu'il avait trop fermement tenu dans sa main, il la dirigea vers le Ponyta, l'invitant à retourner dans sa Pokéball. Une fois chose faite, il put reprendre la liste de supposition qu'il faisait à propre de l'inconnu qui lui avait remis cet étrange présent. Ponyta et lui avait été séparé de plusieurs mètres pendant tout le temps qu'il était sorti, il n'avait pas l'air de plus être malade de cela. Il broutait, désabusé les herbes qui lui paraissait les plus appétissantes.
C'est sans doute cela qui lui avait permis de se remettre de cette rencontre. Le Ponyta ne semblait pas réellement lui en vouloir à lui... En tout cas, il ne semblait pas chercher à lui nuire d'une quelconque façon. Au pire, il était totalement indifférent à son nouveau compagnon de route. Otto qui n'avait jamais songer à sympathiser avec ce Ponyta mais, qui souvent avait rêvé de pouvoir s'excuser auprès de lui, doutait de la faisabilité de la chose, projetant une vengeance terrible à son encontre. Il n'en avait rien fait,
pour l'instant. C'est assez dubitatif que le brun se dirigea vers la forêt calcinée, quittant ainsi les décombres de Bivouac, les stigmates laissés par Mort et désormais accompagné d'une plante bien urticante dont la légende veut qu'elle pousse jusqu'au suicide.