Vieilles âmes |
Invité Je suis un Invité Invité Invité Dim 17 Jan 2021 - 19:23 vieilles âmes « Lieutenant Patike au rapport. » « Merci mon petit chéri, tu es vraiment adorable ! » La femme tira un peu les joues du colosse, nullement impressionné par Anty. Pourquoi le serait-elle ? Elle l'avait connu quand il n'était encore qu'un sale mioche insupportable. Elle s'était occupé de lui à la place de sa propre mère, le chérissant et lui offrant tout ce dont il avait besoin. Thérèse Ponsable, veuve d'Ilerèss Ponsable, feu l'un des Colonels de la Maréchaussée. Elle avait grandement vieillit, les rides sur son faciès se multipliaient mais son regard restait brillant de vie et d'amour. A vrai dire, la vue de la vieille dame faisait sourire gentiment Anty qui se laissait faire volontiers. Il lui avait rapporté des sacs de course, après la catastrophe à Fricke, Thérèse avait développé un stress à l'idée de sortir donc Anty se faisait présent au maximum pour elle comme elle l'avait été pour lui. Le lieutenant lui devait beaucoup... Il lui devait sa vie actuelle, à vrai dire. Sans ça, il ne savait pas comment il aurait tourné. « Je vais devoir partir. N'hésites pas à me contacter au besoin, prends-soin de toi. » Il déposa un bisou sur son front, se baissant au mieux tant elle était petite. Soudainement, la vieille femme attrapa les épaules d'Anty, l'air d'avoir réalisé quelque chose. « Bon sang, j'avais presque oublié ! La petite Claire est passée tout à l'heure, elle a demandé pour toi, je crois qu'elle a dit qu'elle allait à la plage de la promenade. » « Claire... ? Elle est de retour en ville ? » Le faciès habituellement froid du colosse venait d'exprimer une profonde surprise. Claire, en ville ? Remettons les choses au clair, sans mauvais jeu de mot, qui était donc cette personne pour Anty ? Sa première véritable amie. Ils s'étaient rencontrés à l'aube de leur adolescence, dans une soirée mondaine, la première d'Anty. Encore habitué à ses manières de gamin de la rue, à parler mal, répondre par l'agression, il avait fait forte impression auprès de la demoiselle. Les débuts n'avaient pas été brillants mais ils s'étaient rendus compte qu'ils habitaient à côté l'un de l'autre. Au final, ils s'étaient rapprochés énormément jusqu'à se confier, échapper à la vigilance des parents pour se rendre sur la plage la nuit, partager leurs rêves, leurs ambitions, leurs joies et leurs peines. Ils avaient fait l'école de la maréchaussée ensemble mais Claire avait été dégoûtée par la corruption au sein de la maréchaussée, persuadée qu'on ne pouvait rien changer de l'intérieur contrairement à Anty, elle avait décidé de se refaire détective. Leurs chemins s'étaient peu à peu déviés et ils se voyaient de moins en moins jusqu'à ce qu'ils ne se voient plus du tout. Deux ans. Deux ans sans se voir. « Elle avait vraiment l'air de vouloir te parler, essaye de la trouver mon petit chéri ! » Anty eut un sourire en coin, hochant simplement la tête. Après de nouveaux aux-revoir, le lieutenant quitta la maison de la vieille femme, pensif. Revoir Claire après tout ce temps... Cela lui faisait un effet étrange. Mais en y pensant, un sourire se dessinait inconsciemment sur ses lèvres. La plage sable doux ? Connaissant Claire, ce n'était pas anodin, c'était leur lieu de prédilection. Il espérait simplement ne pas arriver trop tard, la jeune femme était du genre imprévisible. Pressant donc le pas, le jeune homme s'éloigna de Fricke pour s'avancer sur la Promenade des Galarois. ** Le soleil couchant teintait le ciel de splendides couleurs orangées, comme s'il était enflammé. C'était magnifique mais ce n'était pas ça que les prunelles d'Anty cherchaient, c'était Claire. S'avançant dans le sable, le coeur battant, il cherchait partout en vain. Elle était partie ? Il arrivait trop tard. C'était évident. Il aurait dû se dépêcher. Le colosse soupira, face à la mer, les poings fermés. Il était déçu. Et triste. « Cela me fait remonter de beaux souvenirs. Depuis quand on a pas contemplé un coucher de soleil ensemble, 'Ty ? » Le coeur du lieutenant rata un battement au son de cette voix et surtout, à l'entente du surnom. Tournant vivement la tête sur sa droite, il constata que Claire était là. Droite face à la mer, le sourire mutin, l'afro au vent, les mains sur les hanches. Elle n'avait pas changé en deux ans, elle dégageait toujours autant de charisme et de bienveillance. « Je pensais t'avoir raté. » Elle se tourna un peu vers lui, ouvrant ses bras. « Oh la la t'es toujours si tendu ou quoi ? Fais moi un câlin, par Helix ! » Claire eut un rire tandis qu'Anty ouvrait un peu ses bras, pas très à l'aise. Oh, il l'aimait énormément, Claire mais les câlins, tout ça, ce n'était pas forcément son truc. En tout cas, ce n'était jamais son premier réflexe, même s'il aimait bien en faire à sa petite soeur. Enfin ! Ils ne s'étaient pas vus depuis deux ans, il pouvait bien lui accorder ça. Alors il ouvrit davantage ses bras et les deux amis s'étreignirent. Anty devait bien avouer que ça faisait du bien. « Content de te voir en pleine forme. » « Et moi donc ! Quand j'ai vu l'état de Fricke, j'ai vraiment eut la trouille d'apprendre ta mort. T'y étais pas ? » « Non... j'étais plutôt entre Vigneaux et Carcacrok. Et toi ? » « Partout ! Tu connais ton amie Claire, elle veut mettre son nez partout, hahaha ! J'ai gambadé partout mais j'ai pas croisé de cavaliers, la chance. » Il eut un sourire tendre, soupirant d'aise. Soudainement, elle attrapa sa main gauche, observant le bandage qui la recouvrait. Ses fins sourcils se froncèrent et ses prunelles grises passèrent de la main bandée au visage d'Anty. « Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? » « Les flammes d'un Pokémon de cavalier, j'ai aidé des gens à fuir mais j'ai été brûlé sur tout le côté gauche. Mais c'est presque soigné. » Au tour de Claire d'arborer un sourire tendre, elle leva la main pour taper légèrement dans la visière du lieutenant. « C'est bien de faire ton travail mais fais attention à toi s'il te plaît. T'imagines pas comment j'étais mal quand j'ai pensé que t'étais mort. C'est pour ça que je suis revenue... je me disais qu'on devrait se voir plus souvent. Je serais dévastée si tu n'étais plus là après mon absence de deux ans sans qu'on se dise un mot. » « C'est vrai. Je suis désolé Claire, je ne suis pas non plus le meilleur pour donner des nouvelles, j'aurais pu t'écrire une lettre. » Un sourire amusé se dessina sur les lèvres charnues de la jeune femme. « A quelle adresse, mon cher Patike ? Je ne suis jamais au même endroit ! » Ils eurent un léger rire. Plus haut, le soleil disparaissait, cédant peu à peu sa place à la lune. Ils décidèrent de marcher un peu, discutant joyeusement de leurs dernières péripéties, des enquêtes de Claire, des affaires d'Anty. Ils avaient du temps à rattraper. « Et ma petite Lucie d'amour, comment elle se porte ? » « Elle va mieux, le choc de la mort de notre génitrice semble passer un peu. Je suis certaine qu'elle serait très heureuse de te voir, viens passer la nuit à la maison. » « J'avais prévu de prendre une chambre d'hôtel mais... Comment résister à la proposition ? En plus j'ai bien envie que tu m'fasses à manger, ça fait si longtemps ! » « Ha, je n'ai plus trop le temps de parfaire ma cuisine, j'espère que tu ne seras pas déçue. » Ils échangèrent un sourire amusé. « Tu ne me déçois jamais ! Promis je ferais semblant si c'est horrible ! » Cette fois, un rire s'échappa d'entre les lèvres du lieutenant. L'énergie de Claire lui avait manqué, il ne s'en était même pas vraiment rendu compte. Ainsi, ils continuèrent de marcher sur la plage, se remémorant des anecdotes, des histoires ou en racontant de nouvelles. Ils retrouvèrent rapidement l'appartement du jeune homme où Lucie se trouvait, lisant un livre sur l'ancien lit d'Anty qui lui appartenait maintenant. A la vue de Claire, l'adolescente n'avait pu s'empêcher de crier de joie, les larmes aux yeux. Elle fonça dans les bras de la grande femme qui la souleva du sol sous le regard attendrit du colosse. Les laissant se retrouver, il alla se laver les mains afin de commencer à faire à manger, découpant des légumes pendant que la viande marinée de ce matin cuisait à petit feu. La soirée s'annonçait sous les signes de la joie et la bonne humeur. Ces retrouvailles étaient extrêmement bienvenues, Anty avait sentit son coeur et son âme s'alléger. Après un bon repas chaud, quelques jeux de sociétés, Lucie était allée dormir, laissant les deux amis discuter jusqu'à tard dans la nuit. Une discussion plus sérieuse, plus profonde, sous la lune qui écoutait tous les secrets et les gardaient à jamais pour elle. |
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