Saison Un

: Obscure Prophétie

Doucement, la pression redescendit. Même le lieutenant paraissait plus détendu, abandonnant sa mine sévère. A en croire ses dires, Anty était débordé par les requêtes de son supérieur. Pas étonnant qu’il ait l’air si renfrogné. A ce rythme, le jeune homme allait franchir un point de non-retour.

- Oh… j’espère pour vous que la situation s’arrangera, répondit Roger compatissant, faute de pouvoir apporter une meilleure réponse.

Il semblerait que le lieutenant soit pris en étau. D’un côté, il avait l’autorité nécessaire pour commander des hommes, tandis que d’un autre, il se voyait affubler de tâches impertinentes par un supérieur peu scrupuleux. Une position dans laquelle Roger n’aimerait sans doute pas se retrouver, ainsi il ne put seulement offrir une grimace compatissante pour le brun.

Ensuite, Anty lui assura qu’aucun agent ne viendrait l’embêter sur l’identité du botaniste. Finalement, son petit tour au commissariat aura eu du bon, en démentant une rumeur qui lui était préjudiciable.

- Merci pour votre compréhension lieutenant. Quant à moi, je vais essayer de ne plus oublier mes papiers…

Toujours accompagné d’Ambroise sur ses épaules, le botaniste rejoignit la sortie du commissariat avec Anty. Roger tendit alors sa main au lieutenant, en guise d’au revoir.

- Vous savez lieutenant, ça fait pas de mal d’oublier le travail de temps à autre. Si ça vous dit, je connais un bar ici qui propose de très bons alcools, surtout leurs whiskys.

Peut-être était-ce à cause de l’air las d’Anty mais le blond se voyait pousser une certaine sympathie envers celui-ci. Le botaniste devait bien admettre que lui-même négligeait ses relations, souvent coincé entre son futur élevage et ses recherches scientifiques. Depuis combien de temps s’était-il dit qu’il prendrait des nouvelles d’Aurora et Vivia ? Tout ceci n’était pas très correcte…

- Sur ce, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. En espérant, ne pas croiser la route de junkies…, marmona-t-il.  

Désormais qu’il connaissait l’existence des bruits qui courraient à son encontre, il craignait se faire importuner par des personnes peu fréquentables. Mis à part son pauvre et unique sachet de poudre, Roger n’avait rien à proposer… et il était hors de question de s’en séparer, surtout pas après des heures d’acharnement.

Comme convenu, Roger attendait devant le bar. Cela n’avait pas été évident mais, pour cette soirée, le jeune homme avait laissé son équipe entière, y compris Ambroise, dans sa chambre d’hôtel. Désormais habitués à leur poké ball, ses pokémons plantes n’avaient pas bronché. Cependant, le Skitty n’avait pas vu cette sortie d’un très bon œil. Habitué de suivre à la trace son humain, le chat avait mal pris la nouvelle, y voyant là un affront personnel. D’abord frustré, le chat avait tenté d’amadouer son dresseur à coup de câlins et ronronnement. Comprenant que Roger ne céderait pas, Ambroise s’était laissé aller à la frustration et laissa un cadeau odorant sur la moquette de la chambre d’hôtel…

Malgré cet imprévu, le jeune homme put arriver légèrement en avance, de manière à ce que le lieutenant puisse repérer le lieu de rendez-vous. Pour cette soirée qui se voulait détendue, Roger portait sa tenue habituelle, une chemise et un jeans. Le temps relativement doux avait attiré quelques badauds qui profitaient de l’occasion pour se poser en terrasse, une cigarette ou un verre à la main. Cette ambiance chaleureuse annonçait sans nul doute les prémices d’une soirée alcoolisée.

Grâce à la carrure imposante du lieutenant, Roger n’eut pas de mal à repérer Anty parmi les passants. Le blond ne savait exactement si c’était l’endroit ou la tenue du brun qui donnait cette impression mais ce dernier paraissait beaucoup plus détendu qu’à leur première rencontre dans la journée.

- Bonsoir ! Oui, je pense aussi. Après tout, nous sommes là pour se détendre, répondit Roger avec un sourire amical. Je propose qu’on s’installe à l’intérieur.

Le botaniste invita le lieutenant à rentrer en premier avant de lui emboiter le pas. Du sol jusqu’au mur, le bois imprégnait la pièce, ainsi éclairé par des lumières tamisées pour couronner cette ambiance chaleureuse. Roger montra une des tables au brun puis lui proposa de s’assoir dans le fauteuil en face du sien.

- Est-ce que tu connais ce bar, Anty ? commença le blond, pour briser la glace. Sans aucun doute le meilleur de Fricke. En plus de proposer les meilleurs alcools, l’ambiance est géniale. Chaque soir, il y a toujours quelque chose de différent, dit-il en montrant du menton la petite scène située en face d’eux. Hier, par exemple, c’était un spectacle de magie, ajouta-t-il en feuilletant le programme posé sur la table.
-Oh, Roger ! Bonsoir ! Je vois que tu n’es pas venu seul. Tu l’as trouvé dans les lavandes ou bien… ?

Le jeune homme rit légèrement à la boutade. Il avait trouvé ce bar en se promenant hasardeusement dans les rues de Fricke, la première fois qu’il s’y était rendu. Depuis, il y retournait à chaque fois qu’il avait l’occasion de se rendre en visite dans cette ville. A force, le tenancier reconnaissait la tête blonde du scientifique.

- Paco, voici Anty, un des lieutenants de la maréchaussée. Anty, Paco Gnac le propriétaire du bar.
- Mais c’est que tu ne m’amènes pas n’importe qui ! fit Paco, avec un accent de Cosa à peine caché. Bah écoute, ça tombe bien j’ai justement pu me dégoter un whisky d’Arnac-le-Peuple, c’est nouveau mais c’est une tuerie, puis il jeta un regard inquiet vers le musculeux brun, si vous me permettez l’expression, bien sûr.
- Hum… Qu’en penses-tu Anty ? Je me fie toujours à l’avis de Paco, c’est un grand connaisseur.