Quiproquo sur quiproquo ▬ ft. Frann & Jade ♥ |
Sören Camiski Lun 12 Avr 2021 - 18:01 Pokédollars : 7500 Alors après avoir corrigé quelques fautes suffisamment grossières pour que lui-même les remarque, Sören tend ses notes à Frann. Et heureusement qu’il apprend également à traduire les autres langues car l’écriture du kedalois n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus gracieux ou de lisible. Ses pauvres professeurs doivent s’arracher les cheveux à chaque fois qu’ils arrivent à sa copie. Quiproquo sur quiproquoSören réprime un long bâillement derrière sa main avant de s’étirer de tout son long, réveillant ses muscles engourdis par deux bonnes heures d’inaction. D’un regard blasé, il avise ses feuilles de brouillon étalées devant lui, sur la table basse. Discrètement, il fait voyager ses yeux noisettes jusqu’à la figure concentrée de Frann. Plongé dans sa lecture, l’étudiant en lettres est aussi immobile qu’une statue. Seules ses pupilles se déplaçant de gauche à droite au rythme des lignes attestent qu’il est bel et bien un être de chair et de sang, et non pas de pierre. Pourtant, Sören a bien l’impression d’être le seul humain dans cette pièce. Franchement, comment Frann peut-il enchaîner deux heures non stop sans la moindre pause ?! Sören en est incapable, sa grande carcasse a besoin de faire quelques pas s’il ne veut pas devenir Chevroum. Néanmoins, il redoute un peu la sentence de Frann s’il venait à le perturber dans sa lecture, d’autant que le kedalois n’a lui-même pas terminé son exercice. Son tout nouveau professeur particulier lui avait intimé de réaliser le plan détaillé de sa dissertation juste avant leur séance mais, bien évidemment, Sören a compris la problématique de travers. Frann a passé une bonne demi-heure à tout lui réexpliquer, avant de le lâcher dans l’arène. Mais tout porte à croire que Sören n’a pas aussi bien compris qu’il le pensait.Alors après avoir lu, relu et rerelu en boucle la même question, le kedalois a déclaré forfait. Il a beau la retourner dans tous les sens, il ne comprend absolument pas ce qu’il est censé faire. Pourquoi est-ce si compliqué, d’ailleurs ? Il y a beaucoup trop de choses à apprendre en littérature, que ce soit les auteurs, les courants, les styles, quelques citations importantes … C’est à peine s’il arrive à retenir les écrivains les plus célèbres de Mistral. Pourtant, Sören s'est toujours vanté d’avoir une excellente mémoire. Les dates de ses cours d’histoire, il les retient sans trop de mal. A croire que son cerveau fait du tri sélectif, et qu’il ne garde que ce qui l’intéresse vraiment. Ce qui l’intéresse lui, ce sont les traductions et l’étude des civilisations anciennes. La littérature est au programme parce qu’il existe bien évidemment un lien indéfectible entre l’histoire et elle, mais sincèrement … Sören a bien du mal à accrocher. Les dissertations sont sa bête noire, et ça s’est vérifié lors des partiels de mi-semestre. Le magnifique six qu’il a récolté lui a laissé un goût bien amer dans la gorge. Il brille en traduction, mais se foire totalement en dissertation. Du moment que c’est à lui d’écrire et de développer, il perd pied. A ses yeux, la littérature manque juste de concret pour pouvoir affirmer quoi que ce soit avec certitude. Tout en se massant la nuque, Sören attrape le verre d'eau que Frann lui a servi un peu plus tôt et l'engloutit d’une seule traite. Il préférerait pouvoir grignoter quelque chose mais puisqu’il refuse de passer pour l’invité impoli qui réclame sans cesse, le kedalois tient sa langue et se penche à nouveau sur son polycopié, relisant la problématique de sa dissertation pour la énième fois - comme si, à force, tout le plan apparaîtrait comme par enchantement dans son cerveau. Néanmoins, rien ne se produit et c’est un soupir désespérément - presque rageux - qui échappe à Sören avant qu’il ne froisse son brouillon. Ça ne sert à rien, il n’y arrive pas. Décidément, il déteste cette matière du Kabuto. La littérature compte-t-elle beaucoup dans ses résultats finaux, ou peut-il faire l’impasse …? Non, hors de question de céder à la facilité. A quoi bon se pointer à la fac tous les jours si c’est pour se décourager à la moindre difficulté ? Attrapant une nouvelle feuille de brouillon, Sören inscrit quelques phrases qui lui viennent naturellement en tête, sans ordre ni thème précis, seulement ce qu’il pense être en lien avec sa problématique. Peut-être qu’à force, il réussira à dégager une amorce de plan…? Un grondement rauque résonne alors dans le salon silencieux, et Sören s’empourpre immédiatement. Son estomac crie famine, littéralement. Il s’est contenté de dévorer un quignon de pain sur la route afin de ne pas être en retard, son coach l’ayant gardé plus longtemps de prévu au club. Il avait fallu choisir entre la douche et le déjeuner - et pour le bien de Frann, heureusement que Sören a choisi la douche. Après deux heures de course, même un Smogo sent meilleur que lui. De ce fait, le kedalois est aussi affamé qu’une meute de Lougaroc. Il tente bien d’ignorer les complaintes de son ventre afin de continuer un peu sur sa lancée, mais il finit par abdiquer au bout d’une dizaine de minutes : ▬ Frann, on peut prendre une pause ? Je n’en peux plus d’être assis. Et j’aimerais avoir ton avis sur mon début de plan. C’est sûr que pour un début, ce n’est qu’un début. En effet, Sören s’est contenté de griffonner une réinterprétation de la problématique de base, ainsi que les trois parties formant la thèse, l’antithèse et la synthèse. Pour faire simple, il n’a encore qu’un squelette un peu fragile, qui n’attend plus qu’on lui mette un peu de peau sur les os. Mais avant d’aller plus loin dans l’exercice, Sören a besoin de l’aval de Frann. Inutile d’aller plus loin si sa structure de base manque de solidité. Sinon, tout risque de s’effondrer. Alors après avoir corrigé quelques fautes suffisamment grossières pour que lui-même les remarque, Sören tend ses notes à Frann. Et heureusement qu’il apprend également à traduire les autres langues car l’écriture du kedalois n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus gracieux ou de lisible. Ses pauvres professeurs doivent s’arracher les cheveux à chaque fois qu’ils arrivent à sa copie. S’il maîtrise assez bien la syntaxe et la grammaire, son orthographe laisse souvent à désirer, et son écriture a tout de pattes de mouches tremblantes et grossières. En attendant la sentence de Frann - en espérant qu’elle ne soit pas trop sévère - Sören attrape le pichet d’eau pour se remplir un nouveau verre, espérant tromper son estomac capricieux. Avec un peu de chance, il cessera ses gémissements pour quelques minutes, histoire de repousser encore et encore le moment où, enfin, il pourra se mettre quelque chose de conséquent sous la dent. ▬ Alors ..? Ca tient la route ou j’ai encore tout compris de travers ? @Frann & Jade les ennuies commencent~ |
Frann Parlet Ven 16 Avr 2021 - 0:03 Pokédollars : 7030 Quiproquo sur Quiproquo …VIGNEAUX ━ appartement de FrannVingt pages. C'était la limite que Frann avait fixée. Au bout de vingt pages, il lâcherait son bouquin, et reviendrait vers Sören pour consulter son travail. Déjà, il entendait son cerveau en manque d'entraînement bouillonner de là où il était. Et la situation, étonnamment, ne le faisait pas rire du tout. En lui proposant de l'aider avec les cours de littérature en début de semaine, il s'était laissé porter par ses émotions. S'il ne regrettait pas tout à fait son offre, il se rendait tout de même compte de l'ampleur du travail : Sören était vraiment, vraiment en retard. C'était même plus que du retard : c'était des lacunes abyssales. Le jeune homme avait au moins espéré que le kedalois savait convenablement lire et écrire. Mais ce n'était pas le cas. Pas vraiment. Sören avait certes quelques notions ; mais rien n'était fluide. Tout accrochait. Et lorsqu'il lui fallait réfléchir au sujet de dissertation qu'un professeur leur avait donné en exercice, ses pensées semblaient s'enchevêtrer comme le fil d'une vieille pelote de laine. Il faudrait pourtant composer avec, et Frann relèverait le défi. Le réussirait-il ? Rien de moins sûr. Mais il ferait sans aucun doute de son mieux pour aider son nouveau camarade… Et défendre son titre de professeur particulier. Il se plongea donc dans sa lecture sans plus se préoccuper des petits tracas du kedalois : ça lui ferait les pieds. Et toutes les maladresses, ils les reverraient ensemble d’ici une bonne vingtaine de minutes. Si les dissertations n’avaient jamais semblé complètement naturelles aux yeux du brun, c’était pourtant un exercice qu’il appréciait et qu’il effectuait sans trop de difficulté. Comme disaient souvent les enseignants, disserter, c’était ni plus ni moins se faire à une façon de raisonner tout à fait codifier : s’adapter au moule, en quelques sortes. Une mécanique de l’esprit que le jeune homme avait très tôt trouvée amusante. Désormais, ces devoirs ne représentaient plus un sujet d’angoisse ; seulement une formalité. D’un tour de poignet souple, il tourna la page qu’il venait de finir ; perdu dans ses pensées, il n’en avait pas saisi la moitié, mais il ne jugea pas important de revenir en arrière. Le livre en lui-même ne le passionnait guère : c’était une pièce de théâtre religieuse, tout ce qu’il y avait de plus banal. Les vers s’enchaînaient à un rythme effréné, sans qu’il n’y portât une réelle attention. De façon générale, le théâtre n’avait jamais beaucoup plu au jeune Parlet ; grand amateur de prose, la versification ne faisait pas partie de sa zone de confort… Mais s’il trouvait un certain intérêt à la poésie, souvent l’esthétique qui émanait des mots prodigieusement associés les uns aux autres, il n’en était pas de même pour les pièces qu’il dévorait depuis quelques semaines, dans le but de justement combler ses lacunes abyssales. Les minutes s’égrenèrent ; l’atmosphère s’alourdit. Frann finit par refermer son livre, et le posa sur sa table basse. Il se laissa aller au fin fond de son fauteuil, soupira longuement et ferma les yeux. La nuit avait été courte… Chaque action, aujourd'hui, lui demandait un effort considérable, et il sentait poindre un mal de tête particulièrement pernicieux. Doucement, il enleva ses lunettes, les replia soigneusement et les laissa glisser le long de ses cuisses pour s'arrêter contre son ventre. Alors, il commença à masser ses tempes, ses joues, autant de stimulations qui lui permettaient de refaire surface. Son regard brillant de fatigue s'arrêta finalement sur Horace, qui roupillait tranquillement dans son panier. Lui, au moins, il ne s'en faisait pas. Un léger sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme qui s'étira longuement avant de se remettre sur pied pour faire craquer son cou et son dos. Alors ? Où en était son petit champion ? Il laissa peser son regard sur le dos du grand blond, admira la courbure de cette épine dorsale légèrement voûtée, détailla en silence cette nuque nue, où s'initiait une chevelure courte, dorée comme de la paille sèche. La concentration était de toute évidence à son paroxysme… Mais portait-elle ses fruits ? Un long grognement résonna dans la pièce de vie ; Frann devina aussitôt que les pensées du kedalois devaient certainement être mobilisées sur la question d'une faim cruelle qui le tiraillait. Il retint un énième soupir, et acquiesça automatiquement à la question de son camarade : ▬ Hmm… Oui. Ça fait longtemps qu'on travaille. Que tu travailles. Il s'approcha de la table à manger, et se pencha sur l'épaule de son élève, jetant un regard médusé à cette copie quasiment vides, résultat de ces vingt minutes d'intense réflexion. Il se mordit la langue pour ne pas demander sur un ton qui aurait sans doute paru très désagréable "Que ça ?", et préféra l'observer se servir un énième verre d'eau. À l'invitation de Sören, il se permit finalement de saisir la feuille griffonnée, chaussant de nouveau ses lunettes qu'il avait finalement gardé en main : ▬ Voyons ça… Frann fronça un peu les sourcils en essayant de déchiffrer l'écriture du garçon, et relevant son nez de la copie, plongea son regard dans le sien. Euh… Tu veux manger quelque chose ? J'ai… Du pain. Peut-être quelques gâteaux secs… Désolé, rien de très… Bref. Tu me dis. Il se laissa un moment happer par les prunelles noisette du garçon, et ne s'en détacha que lorsque le contact visuel se fit particulièrement embarrassant. Alors, il se lança dans la lecture sommaire de l'ébauche de dissertation qu'avait produite Sören au cours de ces vingt dernières minutes… Il marcha doucement autour de la table, afficha une petite moue dubitative, et reposa la feuille sur la table pour aller chercher dans un de ses placards un paquet de petits gâteaux aux baies, non entamé, qu'il posa sous le nez du garçon : ▬ Je suis pas trop sucre, moi. Mais j'espère que tu aimeras quand même ; je te jure que ce n'est pas trop mauvais. Pas comme ta copie. Frann grignota sa lèvre inférieure : comment était-il censé lui dire cela ? Ce n'était pas simple ; plutôt délicat, même. Euh… Ta copie… C'est… Il y a des idées, tu vois. Certaines ne sont pas mauvaises… Mais tu es allé beaucoup trop vite. Frann fit glisser la feuille vers le blondinet, et tira une chaise pour s'asseoir à ses côtés, se tenant négligemment sur ses genoux, en équilibre précaire : il prit alors le stylo du jeune homme et entoura un des mots de l'énoncé initial : ▬ Bon. Avant tout… Tu dois analyser le sujet. Si tu ne fais pas ça, le reste tu peux oublier. Bon, c'est vrai : tu as quelques difficultés pour bien écrire ou bien lire… Mais ça, on essaiera de s'entraîner en temps et en heure ; la dissertation est plus pressante. Lancé dans son élan, le brun cherchait parfois le regard de Sören pour vérifier qu'il l'écoutait. Il parcourut de la pointe de son stylo la phrase écrite d'une plume chancelante, entourant de nouveaux mots. Reprenons. On va relire le sujet, d'accord ? « Le théâtre n'est pas le pays du réel : il y a des arbres en carton, des palais de toile, un ciel de haillons, […]. C'est le pays du vrai : il y a des cœurs humains dans les coulisses, des cœurs humains dans la salle, des cœurs humains sur la scène » ▬ Le sujet… C'est le théâtre. Ça, tu l'as compris. Ensuite… On parle… De réel, ici. Il souligna de nouveau le mot. Et là, de vrai. D'accord ? Ce sont les mots les plus importants. Rien ne te chagrine ? Le réel… Le vrai… Tu saurais les différencier, toi, si on te le demandait aussi simplement dans la rue ? Frann offrit un petit sourire au garçon, mais devant son air obscur, il poussa un petit soupir, et tira la feuille à lui pour commencer à griffonner sous ses écritures : lorsqu'il lui rendit la copie au bout d'une minute tout au plus, un petit paragraphe en zarbi noircissait le blanc du papier. ▬ C'est mieux, comme ça…? J'ai essayé de traduire les mots avec le vocabulaire que j'ai… Euh… Peut-être que la compréhension sera plus immédiate de cette manière… Il s'apprêta à continuer, mais la sonnerie retentit à sa grande surprise. Ses gestes se figèrent ; il échangea un regard interrogateur avec son élève du jour. Il n'attendait personne, pourtant… S'excusant platement auprès de Sören, Frann se leva de sa chaise, et se dirigea rapidement vers l'entrée… Et, lorsqu'il ouvrit la porte, après quelques secondes d'hésitation, son visage, jusqu'alors tout à fait calme et indifférent, prit une expression de vif étonnement. Sa voix se troubla, ses joues prirent quelques couleurs. Il demeura silencieux, stupéfait, quelques instants, et laissa échapper sur un ton tout à fait abasourdi, mais teinté d'une certaine réjouissance : ▬ … Jade…? C'est toi ? |
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