Invité Sam 9 Mai 2020 - 15:50
Une main plaquée contre son crâne afin de maintenir son bonnet en place, Sandy courre sur le chemin en pavé. Un large sourire illumine son visage enjoué. Ses longs cheveux tressés galope derrière elle, en rythme avec le son de ses bottes contre la pierre taillée. Elle est libre, libre, libre! Voilà qu'elle saute, non s'envole! Contournant une énième maison de chaume centenaire, elle s'engouffre dans le marché. Chaque pas l'éloigne un peu plus de cette prison aux allures de château. La Vignelaise rayonne d'une joie non dissimulé que son rire vient agrémenter.
Finalement, le souffle court, elle ralentit. Délaissant son bonnet préféré, elle appuie la paume de sa main sur son thorax. Elle peut sentir les battements précipités de son cœur. Malgré la fatigue, son sourire refuse de fondre. Sandy est parvenu, après de nombreuses années à le souhaiter, à fuir un mode de vie qui ne lui suffisait plus. Elle aspire l'air frais, le vrai, une fois, puis deux. Les poings serrés, elle retient de justesse un cri... Oh. Il n'y a plus de raisons de se retenir ainsi! Alors elle saute sur place, hurle de joie, ignorant vertement tous les regards des passants. Elle est libre, libre! Ne peuvent-ils pas comprendre? Qu'importe, la Vignelaise doit poursuivre sa route. Creuser l'écart entre elle et ses parents. Elle leur écrirait certainement un jour. Un jour.
Alors, elle reprend son chemin, gambadant tout en avançant, laissant le soin à ses prunelles dorées d'observer. Les maisons, les gens, le marché, les pokémons. Tant de choses à voir, tant de gens à rencontrer! Mais pas assez de temps, du moins, pour l'instant. Quitter Carcakrok reste la clef de son plan si bien pensé. Là une maison envahie par les plantes grimpantes, là une échoppe à la douce odeur de venaison fumée, là un cri qui résonne. Un cri? Interloqué, curieuse, Sandy s'arrête, penche la tête et regarde dans la petite allée. Hum... Il serait bête de ne pas enquêter!
Elle pivote, oublie son plan initial et s'engouffre dans la ruelle. Des caisses et de la poussière, voilà ce qui l'accueille. Ça ainsi que le bruit des coups, de quelque chose qui frappe autre chose de façon répétitive, qui crée un rythme aussi intriguant qu'inquiétant. Finalement, une ombre, un mouvement. Une petite créature furieuse qui s'acharne contre une caisse d'ors et déjà en miette. Quelques blessures colores sa peau, accompagnent ces plaintes qui perdent en puissance. Finalement, une pose prostrée, des muscles qui se détendent. Le Charpenti, car il s'agit bien de l'un des rares pokémons que Sandy reconnaît aussi facilement laisse tombe ce qu'il tenait avec autant de ferveur. Une poutre... Du moins ce qu'il en reste. Fendus, brisé est le madrier.
-Est-ce que ça vas?
La question est sortie, toute naturelle. Le Charpenti se tourne, surpris. Il n'a pas attendu l'humaine. La créature fronce les sourcils, grogne et tape du pied le poing levé. Sandy s'avance, elle n'est pas inquiète. Le guerrier est triste de l'état de son madrier, c'est normal. De plus, il doit avoir mal le pauvre! Surpris, le monstre recule d'un pas. Pourquoi l'humaine ne semble pas le craindre? La Vignelaise s'arrête en chemin lorsque l'autre recule. Oh! Ou son passé ses manières? Elle offre un sourit et s'assoit sur une caisse toute proche.
-Moi c'est Sandy! C'est quand même marrant que je tombe sur toi tu sais? Pas que la situation soit amusante non, on dirait que tu as passé un mauvais quart d'heure mon pauvre... Juste que ma mémé à un Bétochef et du coup, je trouve plutôt drôle que le premier pokémon que je rencontre après m'être enfuis du château soit de la même famille que l'un de mes rares amis.
Le Charpenti coupe la jeune fille d'un coup, curieux, les bras animés.
-Charcharpenti tii?
Sandy penche la tête de côté. Évidemment, elle n'a rien comprit. Est-il curieux du pourquoi elle dit s'être enfui? Du fait qu'elle soit amie avec un Bétochef? Oh! Mais c'est évident! Il doit avoir faim. La Vignelaise attrape son sac en bandoulière et elle fouille un moment. Elle en ressort un petit sac en papier duquel elle libère une chocolatine à l'allure appétissante. Sans hésitation, elle se lève et l'apporte au pokémon qui la dévisage. Finalement, le geste incertain il l'attrape, la renifle et mord dans la pâtisserie. Une réponse vocale plus qu'appréciative retenti ensuite dans l'allée.
-C'est bon non? C'est la recette de Mémé, tout le monde l'aime, humain comme pokémon! Mais j'avoue ne pas être aussi doué qu'elle et Bétochef. Tu devrais les voir aller, c'est le duo parfait! Lorsqu'ils travaillent ensemble, chaque geste est un véritable pas de danse! Béto pétri la pâte comme un pro et mémé surveillance la cuisson tel un Braisillon! J'ai tellement hâte de retourner à Vigneaux pour les voir, ils me manquent!
Soudain le Charpenti se retrouve sans Chocolatine. Terminé le délice, il la dévoré sans y penser. Son regard brille tout de même d'une étrange lueur, amusée, envieux? Il écoute Sandy qui parle, il la regarde alors qu'elle tournoie, ses mains racontant aussi bien l'histoire que ses mots qui ne cessent de pleuvoir. Sa décision est prise. Le pokémon désire lui aussi une chance de vivre une telle chose, de ressentir une telle symbiose. Qui plus est, lui aussi doit partir de Carcakrok. Il attrape Sandy par sa robe, attire son attention et coupe court à son récit. Il est décidé le petit guerrier. Il montre ses muscles, l'entraîne à sa suite, marche à ses côtés.
-Tu veux m'accompagner chez Mémé?
Un oui de la tête bien prononcé, il n'en faut pas plus pour convaincre l'adolescente. Ravis elle saute, elle cri. Elle ne sera pas seule pour faire la route, affronter tout en découvrant le monde. Mais il reste un problème et un gros. Un Charpenti sans madrier, voilà une chose à laquelle il faut remédier. Une idée en tête, Sandy s'élance en direction du marché, son nouveau copain à sa suite. Elle a quelques achats à faire avant de quitter Carackrok, ils trouveront bien, non? Un sac à dos, quelques rations pour la route, six pokéballs d'on une qu'elle utilise tout de suite sur son nouveau copain. C'est décidé, Charpenti est son nouvel associé. Il se laisse capturer sans discuter et Ricardo est son nouveau nom. Et pour le madrier... Un rouleau à pâte de taille imposante est choisi comme nouvelle arme!
Enfin prêt, le duo se dirige vers la sortit de la ville. Vite vite avant qu'on ne les cherchent. Encore faudrait-il qu'ils parviennent à sortir.