Saison Un

: Obscure Prophétie

Harassé par de vagues illusions, ton regard tombe, tel une ruine détruite par un cyclone. Souvenirs disparus, séquences oubliées par une folie qui se mêle à ton sang, impureté qui t'empêche de ressasser. Tu n'es plus, débris de verres et de sueur, qu'un cadavre qu'on accroche sur les murs d'un château. Pour autant, tu semblais, au fond de ton âme, brisé, perdant toute crédibilité, aux yeux des autres. Mais tout était oublié, choc émotif ou quelconque malédiction, tu ne seras plus le même, esprit tourmenté.

Peiné, tes pupilles observent en silence cet homme qui s'éloigne, sans mot, sans geste bienveillant. Te voilà seul, entouré de ces êtres que tu ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve. Qui t'effrayent. Les humains, tu les haïssais, une haine qui n'avait sûrement pas de nom, de visage. Et ce froid qui t'entoure, t'enveloppe, tu le sens comme un réconfort, doux réconfort te rappelant cette bienveillance de la part de Vénus. Tu embrasses cette douleur qui te mord les doigts, alors que sous tes pas se brise la neige. Ne te sens pas acculé par les visions d'horreur qui dansent devant tes yeux, que se joue un théâtre misérable afin d'oublier ton passé.

Tu ne réponds pas, tes lèvres scellées par cette peur, serrant tes doigts alors que s'enfoncent les ongles, arrachant un peu de sang de tes paumes. L'unique geste ne fut qu'un pas loin de ces êtres incompréhensibles. Tu ne toucheras point ton apogée, tu avais été cet ange tombé du ciel, damné par un acte dont tu ne te rappelles. Fifre de la société, tu t'avançais peu à peu dans les limbes de la misère et de la honte. Les espoirs sont perdus, balayés et ensevelis par celui qu'on appelle " L'homme ". Être infâme, ton corps tombe dans cette couche blanchâtre, couleur qui signifiait innocence, pureté, ou quelques autres mots qui ne sont plus tiens. La route est longue, tu te sais, déjà portant, d'une croix et d'une couronne d'épines, sur un chemin où tu devras te traîner, genoux au sol.

Tu te voiles déjà la face.

Fumée âcre, porteuse de souvenirs acrimonieux, te donna le vertige. Tu secouais ta main devant toi pour chasser cette brume porteuse de morts, sans que quelques flashs de ton paternel surgissent en toi, de ces tiges ardentes qui te brûlaient la peau et de la forte odeur acerbe. Ne dis rien, emmuré dans ton impartial silence, ton regard perdu se balance sur les côtés, orbites vides de sens, creusés par la fatigue, distordant sans grâce tes traits de grotesques rides. Ton corps reste figé, stature squelettique, à peine tremblante par le froid qui parcourait la plaine de son vent hurlant. Pas de précipitation, laissant un peu d'espace entre ces êtres et toi, essayant de t'effacer de ta misérable présence, tu finis par laisser tomber ta tête dans un craquement effroyable, lourd. Tout s'effondre alors qu'un malheureux pokémon surgit à tes côtés. Ne cherchant guère depuis combien de temps celui-ci se colle à ta peau, tu le balayes d'une main peu adroite, sans trop de violence. La créature lévite, danse peu harmonieuse avant de se figer.

Tu l'ignores.

Finalement, sans qu'un son ne t'appelle, te voilà en marche, fantôme du monde. Mais ne tente de les rattraper, par manque de confiance. Tu te voiles de ce linceul, sûrement pris par un besoin de solitude alors que le dos courbé par tant de haine envers toi, ta carcasse se traîne.