[HS : Seul Split, l’Insolourdo de Kata, est présent dans ce topic. Même la dresseuse est absente.]L’Insolourdo poursuit sa route, une majorité des gorges déjà derrière lui. Cette traversée aura été décevante. J’ignore si je pourrai m’en satisfaire et lui faire confiance afin de veiller sur ma petite sœur. Jouer sur la chance comme seule maitresse n’a jamais été d’une grande fiabilité. J’espère que la fin saura révéler davantage de son potentiel.
C’est alors que Split tressailli, figé sur lui-même par une attaque qu’il connait bien mais dont il ignorait jusqu’ici les effets profonds. Moment de panique pour l’Insolourdo paralysé. Il a aussitôt perdu de vue son adversaire qui vole à une vitesse inquiétante autour de lui, ne plongeant qu’au dernier moment pour lui assener ses terrible
Bec Vrille lorsqu’il perçoit que la paralysie retient son adversaire.
Rien à voir avec les cailloux hasardeux lancés par le Racaillou ou le combat de regard du Magicarpe. Cette fois, l’oiseau entaille sa chair, bien décidé à le réduire en lambeau avant de toucher pied à terre. Split doit réagir. Hélas, sa queue drill le vide chaque fois qu’elle essaye de rattraper l’oiseau bien trop rapide pour lui. Impossible de tourner la tête assez vite pour lui renvoyer une paralysie, impossible de l’atteindre avec une attaque sol, et pire encore, impossible d’encaisser la puissance de son bec plus longtemps.
Ses ailettes se collent à son corps, l’insecte géant cherchant à regagner un brin d’énergie à coup
d’atterrissage dans l’attente d’une idée. Voyant cela, le rapace fond de nouveau sur lui, frappant les ailes du pauvre Insolourdo pour l’interrompre et lui infliger de nouvelles blessures.
Split est bloqué. L’oiseau lui fonce dessus une nouvelle fois. Il pourrait peut-être le frapper d’une
poursuite, mais face à un adversaire aussi déterminé, la puissance en serait diminuée. Il n’a plus le choix. Il aurait préféré l’éviter, n’étant pas certain d’être prêt à l’utiliser, mais cette fois, la situation l’exige…
*****
C’était hier, puis les jours d’avant. Des semaines durant, j’ai subi l’entrainement de la renarde électrique. Chaque exercice, chaque affrontement me portait aux limites de mon être et me faisait découvrir de nouvelles parts de moi.
Volti n’est pas une mentor des plus compréhensives. Connaître la douleur afin de savoir la prévenir est un de ses préceptes. Dès les premiers jours, elle m’a foudroyé de sa pleine puissance, quand Kata avait le dos tourné. Elle me laissait ensuite plusieurs heures pour me remettre du choc, puis revenait quérir mes babillements avant de réitérer.
Elle a voulu faire de même avec Monsieur Croa. J’en ai parlé au rapace, il s’y est toujours refusé, même après avoir subi les remontrances de la renarde de plein fouet. La foudre le terrifie, le pauvre.
Moi, par contre… J’ai senti quelque chose naître au fond de mon être dès les premiers assauts. Je pense qu’elle l’a perçu également. C’est pour cela que l’épreuve s’est répétée, répétée, puis répétée encore. Ce n’était plus un simple jeu de dominance, une simple démonstration de force destinée à m’impressionner d’une puissance qu’il me faudrait atteindre. Non. C’était un éveil.
Après plusieurs jours, ses assauts se faisaient moins violents. La foudre s’insinuait toujours dans mon corps, me vrillait les nerfs un par un en les traversant de son ardeur. Pourtant, j’y percevais quelque chose de différent. Comme si le picotement de la foudre à travers mon corps devenait plus naturel. Je la sentais qui restait après coup, s’accumulait en moi dans une petite poche destinée à la contenir.
C’est ainsi que c’est arrivé. Juste après une énième attaque de la renarde. Je cru qu’elle poursuivait son assaut, mon corps tremblant encore des picotements de son énergie électrique. J’en percevais les étincelles au bout de mes crochets. Deux étincelles qui persistèrent le restant de la journée, jusqu’à ce qu’enfin mon corps ne s’en départe d’une ridicule décharge incontrôlée dirigée sur ma mentor.
Je ne vous raconte pas la charge que j’ai pris ce jour-là. Elle n’a pourtant rien senti ! Néanmoins, voir qu’une attaque (même involontaire) pouvait échapper à mon control fut source de ma plus grande punition.
Des jours durant, elle refusa de me voir, allant même jusqu’à me balancer un
dard-nuée si j’osais me rapprocher d’elle. Même lorsqu’enfin sa colère fut dissipée et qu’elle daigna reprendre mon entrainement, jamais elle ne relança sa foudre sur ma personne. Les punitions continuèrent, bien entendu, mais différentes. Le sang remplaça les tremblements. Quant à la foudre… je fus contraint d’y repenser seul, chaque nuit. Elle ne m’a jamais quitté, depuis ce jour où elle m’a échappé par mégarde. Elle a toujours été là. Elle est toujours là. Ancrée au fond de mon être, prête à surgir.
*****
Le bec du Piafabec frappe à nouveau. Le sang de Split commence à tâcher le sol. S’il ne réagit pas… il mourra. Ce n’est pas moi qui lui viendrais en aide. Mieux vaut qu’il meure aujourd’hui, seul, plutôt qu’il entraine d’autres avec lui dans sa perte lors d’une situation bien plus dangereuse. Les ranger ont besoin de Pokémon fiables, capable d’encaisser mille dangers bien pire qu’un piaf un peu trop rapide.
Nouveau déchainement du rapace. De dos, toujours. Split n’a jamais l’occasion de lui faire face, retenu au sol et privé de son agilité déjà bien mauvaise par la paralysie. Il est à la merci du prédateur. Celui-ci est en pleine confiance, réitérant des assauts répétés sur sa proie. Ses ailes battent, l’éloigne à nouveau en le ramenant dans les cieux où il n’aura qu’un demi-tour à faire avant de…
Un flash. Un cri. Les gorges, jusqu’ici si tranquilles, se voient d’un coup secouées par le grondement sourd du
tonnerre. Les crochets et la mâchoire de l’Insolourdo vibrent sous l’effet de ses nerfs relâchant cette pression si longtemps accumulée. La lumière aveuglante de la foudre se rue sur sa proie abasourdie, laquelle n’a que le temps de réaliser avant d’être ainsi terrassée. S’en suit une longue chute pour le rapace dont l’achèvement brutal annoncera la fin d’un combat.
Le corps encore tremblant de sa propre attaque, Split, rampe lentement jusqu’à sa proie. Ses ailettes peuvent enfin profiter d’un repos bien mérité pour regagner un brin d’énergie. Il se sent vidé. Vidé de cette foudre, du sang qui s’écoule de son corps, et de sa hargne pour cet oiseau de malheur qui lui a tant donné de fil à retordre.
Bientôt, sa gueule se referme sur le piaf, si minuscule à présent qu’il git entre ses mâchoires. Le rapace réparera ses torts en servant de repas.
J’avance et me montre enfin auprès de mon élève tandis que celui-ci profite d’un repos bien mérité, au creux d’un petit terrier creusé dans la roche. Nos regards s’échangent sans autre parole. Il n’y a rien à ajouter. Rentrons. L’épreuve est terminée. Sans aller jusqu’à hurler au succès, je dirais que j’en suis satisfaite par rapport à mes attentes.
Je suis surprise, il faut l’avouer. Je pensais qu’il n’arriverait jamais à maitriser cette attaque. Voilà pourquoi j’ai cessé ses entrainements. J’imagine qu’il les a poursuivis dans son coin, loin de mon regard inquisiteur. Dangereux. Très dangereux. Mais s’il a su s’en servir ici, peut-être pourrai-je lui faire confiance. J’espère ne pas regretter mes choix à l’avenir… pas encore.
Split apprend la CT Tonnerre.
Split passe au niveau Rouge.
Topic Terminé