Saison Un

: Obscure Prophétie

Peek-a-Boo ~



La terre tremblait sous ses pas, était-ce sa colère qui se faisait entendre ? Cette terre malmenée et ignorée. Ils avaient abusé de ses fruits sans jamais l'en remercier, la vidant de son essence vitale et la rendant malade. Affaiblie. Stérile. Alors maintenant que ses enfants faisaient entendre ses cris, pourquoi ces parasites se faisaient passer pour les victimes ? Tss ! Hypocrites ! Mais le bon Docteur leur ouvrirait les yeux, dût-il leur coudre leurs paupières. Hum... quel fil utiliser ? Le bleu serait sûrement d'un bel effet mais le blanc se marierait bien mieux au carmin.

Ces habitations qui pourrissaient jadis les environs de leur présence ployaient sous les sabots du Bourrinos, oui voilà ! On sectionne les kystes cancéreux et on cautérise le tout de potions. Gravats, poussière et nuée empoisonnée, voilà ce que laissait derrière lui Pestilence. La colère de la terre. Pourquoi en étaient-ils arrivé là ? Tout simplement parce que personne n'avait écouté ces enfants. Ils avaient beau eu crié et même pleurer. On les avait tout bonnement ignoré.

D'ailleurs, il se demandait comment allaient War et Famine. Surtout Famine, il était si émacié... Avait-il bien mangé comme il le lui avait indiqué, en tout bon Docteur bien entendu. Il avait été tellement contente de voir Death, alors pourquoi l'autre lui avait semblé si triste l'espace d'un instant...

Payez les conséquences de votre propre ignorance. ~

Trop tard. Il était déjà trop tard et le bâtiment où c'était autrefois déroulé le Congrès scientifique faisait déjà face au titan mais plus pour très longtemps. Elle n'était plus si intimidante que cela. Pourquoi cet enfant en avait eu peur ? Regardez-la si froide et immobile. C'était comme si elle était déjà morte alors autant abréger ses souffrances en détruisant le mal qui grouillait en son sein. Pour que de la mort de la corruption renaisse une vie plus saine, exempte de tout mensonge.

« - C'est parti, mon ami ~ »

Il n'en fallu pas pour pour que le cheval de trait ne s'élance et détruise de nouvelles portes de ses antérieurs. Tant de force dans ses muscles, les pattes de la Terre, il n'aurait pas rêvé meilleure monture. C'était à croire qu'ils étaient fait pour être le parfait duo ! Incision faite en bonne et due forme.

Le fracas du bois fit sursauter plusieurs de ces parasites. Oh, mais pourquoi donc cette frayeur sur ces visages ? Il était là pour tout réparer. Tout soigner. Il faisait le bien. Leur mort les libérerait de leur ignorance. C'était elle, la véritable peste. Celle qui avait corrompu tant de cœurs. Eux qui étaient ses collègues ne pouvaient-ils pas le comprendre ? Non. Bien sur que non, ils n'avaient jamais pu comprendre le petit Jack. Dommage...

Les voilà qui fuyaient, hurlaient. Oh, voulaient-ils faire une partie de cache-cache ?



Quelle perspective fort intéressante. Il élança sa monture une nouvelle fois : les murs tremblaient comme frissonnants de peur dans son avancée. Le mobilier cassa comme des os vidés de toute moelle vitale. Et ces grouillants gisaient après son passage. Ceux qui tentèrent de l'arrêter n'eurent pour obole que le fracas d'un Caducée. Zut, il avait sali son beau bâton. Il ne vaut jamais faire arrêter la science voyons ! Petit à petit les cris diminuèrent. un moment le silence. Puis des pleurs.

Ceux d'un enfant. Pourquoi tant de tristesse ? Il exauçait pourtant leurs vœux...

Combien étaient encore caché ? Un sourire mauvais se devinait de sous ses bandages. Ce visage caché ne devait pas être beau à voir. À moins que ce masque n'était devenu son visage.

Le bâtiment commençait-il à se sentir mieux ? Apaisé avant de retrouver son repos éternel ? D'une main compatissante, il caressa les murs lézardés de toute part. Puis une porte attira son attention, des réminiscences du passé vinrent troubler sa vision. Oh, alors il était passé par là ? ~

« - Allons y faire un tour. Hihihi »

La porte vola en éclat et les débris annoncèrent le nouvel arrivant qui flatta sa monture. La joie emplissait sa voix éthérée.

« - Toc toc. ~ »

Pestilence descendit du Bourrinos et fit tournoyer son bâton de sa gracile main gauche tout en avançant, telle une majorette. La monture, quand à elle, ne bougea pas de l'embrasure et bloquait tout échappatoire possible. Les petites souris étaient coincées. Pestilence se rapprochait de l'estrade et tout ce qui lui barrait la route était réduit en miettes d'un bon coup de bâton. Lui faible ? Qu'ils testent pour voir. Ce n'était pas parce qu'il avait une apparence chétive qu'il l'était, Lui.

Théâtralement et gracieusement, il essuya son bâton avec sa cape et écrit/grava quelques formules sur le tableau dans un bruit strident. Puis, il se recula de deux pas afin d'admirer son travail. Finalement satisfait, il tapota l'arme dans son autre main et se retourna face à l’amphithéâtre, du moins ce qui avait été épargné par son passage.

Le bon Docteur allait pouvoir donner son cours.

« - Parmi toutes ces formules, l'une est fausse. Pouvez-vous me dire laquelle ? »

Pensait-elle qu'il ne l'avait pas vu ? Cette silhouette cachée à la chevelure rousse... Non ! Non ! Non ! Pas de simagrée ! Ce n'était pas le moment de gâcher sa prestation !

Peek-a-Boo ~



Parmi toutes ces petites souris se cachait le hamster roux qui fini par sortir de sa cachette. Oh, comme c'était mignon, il en avait encore plein les bajoues. Mais le voilà bon élève et s'installa même à une chaise. Bon, la posture laissait à désirer mais au moins, il avait son auditoire. Les mains sur les hanches, il écoutait silencieusement sa réponse. Quelle expression pouvaient bien cacher ses bandelettes à ce moment-là ?

Ohoh, alors le petit hamster pouvait mordre. Que savait-il faire d'autre ? Il s'avança vers elle toujours en faisant tournoyer son bâton. Puis s'arrêta à quelques pas de la scientifique. Un silence. L'arme tremblait entre ses doigts. Elle trahissait ses sentiments en même temps que son éclat sinistre promettait un destin funeste.

Le silence.

De ses yeux glacés cachées derrière son masque il la jugeait. Puis il leva les deux mains en l'air tout en s'exclamant joyeusement. Toutefois malgré l'attitude enjouée du Docteur, son arme menaçait toujours la tête de la rouquine.

« - Bonne réponse ! »

Eh bien, au moins une qui suivait par ici ! Prêt à faire demi-tour, il s'arrêta néanmoins dans son élan. La vilaine avait été bien impertinente. Qu'avait-il fait comme erreur ? Hum... question difficile. La joie semblait avoir quitté le corps. Le regard qu'elle lui lançait, c'étaient d'autant de souvenirs qui tentaient de ressurgir. Telles les braises d'un foyer qui essayaient de faire renaître la douceur et la chaleur oubliées. Flamboyantes. Ardentes. Les flammes de la mémoire n'avaient pas perdu de leur combativité. Tout comme elle malgré la situation. Comme c'était intéressant...

Il fit disparaître son Caducée et utilisa l'une de ses mains pour soutenir son autre coude. Quand à la seconde mains, elle tapotait son menton alors qu'il fit mine de réfléchir. Qu'avait-il put commettre comme erreur ? Hum... question difficile... Oh ! Mais bien sûr ! C'était une question piège ! Quelle petite maline.

Avoir eu pitié de cette flammèche qui le menaçait. Voilà la réponse ! La froideur de la glace était tout ce dont il avait besoin. Elle conservait parfaitement les corps et empêchait tous ces bons sentiments nuisibles de pouvoir le freiner dans ses recherches. Jack était trop faible à cause de sa gentillesse. Il fallait couvrir son cœur d'une prison de gel et de givre. Le rendre de marbre. La science avant tout ! Dans les ténèbres et dans le froid. Si apaisant. Afin de ne plus souffrir.

« - Mais bien sûr que non, il n'y en a pas ! Je suis le bon Docteur, celui qui soigne le monde de cette Peste qui vous a trop longtemps corrompu ! Certes nous pouvons regretter quelques pertes mais ce n'est rien comparé à ce que j'ai à vous offrir ! La science peut se permettre deux trois sacrifices. ~ »

Et elle en serait une parmi tant d'autres. En deux enjambées, il avait pris assez d'élan et son bâton d'Asclépios réapparu dans sa main, la comédie avait assez duré. De nouveau il le leva en direction de sa cible. Après la gamine de tout à l'heure, elle avait aussi joué la moralisatrice. On le jugeait. Et pourquoi donc ? Un Léviator avait le droit de transformer des villes en cendres, un Tyranocif détruire des montagnes alors pourquoi n'aurait-il pas le droit de leur faire comprendre la colère de la terre ? Hypocrites ! Sa gentillesse n'avait que trop duré.

La bâton s'abaissa alors, telle la lame d'une guillotine en direction de la tête de la scientifique. Au moins elle ne sentirait rien, c'était là la seule faveur qu'il pouvait lui accorder pour avoir été une bonne élève.

Adieu Alice !

…

Sa main qui voulait fracasser ce crâne s'était arrêtée. Est-ce qu'elle tremblait ? Il s'avérait que le feu serait plus fort que la glace ce soir. Les souvenirs devenaient petit à petit un brasier qui crépitait dans sa tête. Par réflexe, il posa sa main libre sur sa tête pour calmer cette migraine. Des souvenirs. Des souvenirs. Des souvenirs. Voilà ce qui le retenait. Ces bribes de mémoires gravés aux sentiments sincères du petit Jack.

Allons bon, il pourrait s'amuser autrement... De ses souvenirs, il avait remarqué que la rouquine avait un joli jeu de jambe. Voyons voir si le sien était meilleur. Il prit son élan et envoya un bon coup de pied au niveau de l'abdomen. De quoi couper le souffle de celle qui l'avait toisé auparavant et la calmer quelques instants, le temps d'appeler Svadilfari. Le Bourrinos assez près, son cavalier grimpa dessus d'un saut magistral tout en balançant devant lui Alice en sac à patates.

La créature se cabra et reprit sa route à travers les débris qu'était autrefois Vigneaux. Il avait déjà hâte d'arriver à sa prochaine destination. Après tout, il avait parfaitement réussi ses missions, il pouvait donc faire ce que bon lui semblait.

« - Allons donner une bonne leçon à de fortes têtes. ~ »

[Pestilence quitte Vigneaux