Saison Un

: Obscure Prophétie

Au pied de l'imposant château, les attroupements n'étaient pas encore terminés. D'où le bruit que le Roi accueillerait n'importe derrière ses murailles pouvait bien provenir restait un mystère, mais si l'objectif était de créer la pagaille et attiser les ressentiments, Lizbeth pensait le méfait accompli. Alors qu'elle patientait devant le grand pont-levis, on l'interpellait à son tour, lui demandait de l'aide, des explications. Elle était Maire après tout non ? Sa réponse était toujours la même. Après une vingtaine de fois, la jeune femme se résolut à prendre la parole de façon plus officielle.

- S'il vous plait, un peu d'attention ! Je ne sais encore rien à ce sujet, mais essayez de garder votre calme. Je vais parler au Roi, je vous promets de faire tout mon possible pour obtenir des réponses. Ne vous inquiétez pas, on ne vous abandonne pas.

La gorge de la blonde lui signifia clairement qu'elle n'appréciait guère l'effort, mais la foule s'apaisa significativement. Pour le moment du moins... Il fallut réitérer ses appels au calme lorsque le pont-levis descendit, avec certains excités qui cherchèrent à se frayer un chemin jusque là pour entrer de force. Les gardes postés là s’avancèrent, se mirent à crier, mais la cohue resta contenue à quelques éléments perturbateurs, heureusement. On manqua tout de même de repousser Lizbeth avec le reste, des ordres furieux furent aboyés à ceux qui, voulant peut-être faire du zèle, allaient éloigner celle pour qui le passage se faisait en premier lieu. Un peu bousculée, la jeune femme garda contenance, l'air sérieux et froid. Elle n'avait jamais vraiment vécu ce genre de situation auparavant, où l'attroupement se fait foule et la violence plane, toute proche, et constatait sans grande surprise qu'elle les haïssait.

Encadrée par une flopée d'armoires à glace, la nouvelle Maire fut soulagée de voir que celui qui semblait jouer le rôle de chambellan du Roi était de la partie. Enfin une personne qui semblait de bon sens ! Lui aussi avait les nerfs à vif, chose assez compréhensibe. La scientifique n'aurait su dire à quel point elle-même se trouvait éloignée ou pas d'un état comme celui qu'elle avait pu connaître encore tout récemment... Elle préférait ne pas trop y penser pour le moment. Les affaires urgentes dans lesquelles elle était à présent impliquées faisaient office de parfait catalyseur, pour sa frustration et sa volonté. Elle répondit au jeune homme avec un ton semblable au sien.

- Merci beaucoup, je suis touchée et honorée que vous adhériez au projet que j'ai, ou plutôt que je défends. Je me doute que son altesse est éprouvée par les événements, j'essaierai d'être aussi efficace que possible.

La marche n'était pas courte jusqu'à la salle du trône, et Lizbeth eut tout le loisir de se laisser à aller à parler encore un peu.

- J'espère très sincèrement que nous trouverons une solution, oui. Avec les menaces qui se multiplient, nous devons rester solidaires. Je sais que le pouvoir est loin d'être une affaire facile, et que les maires précédents ont parfois eu des désaccords vifs avec notre Roi... Je souhaite sincèrement que ce ne soit pas le cas maintenant.

Cela étant dit, les opinions qu'elle pouvait personnellement tenir l'incitaient à penser que, très probablement, les frictions seraient inévitables. La royauté avait fait la démonstration indiscutable de son inaptitude à voir venir la crise, malgré ses moyens, malgré le pouvoir qu'elle s'accaparait encore de fait. Sans était-ce la scientifique en elle qui parlait ici, mais à ses yeux, l'organisation de leur monarchie couplée aux vues néfastes et rétrogrades de la famille dirigeante étaient responsable ce qui s'abattait sur Mistral à présent, rien de moins.

Ces histoires d'usurpation il y a deux cent ans, la jeune femme s'en fichait, passé le souvenir absolument affreux du cauchemar collectif, mais cela ne faisait que renforcer son idée que le Roi n'était pas une bénédiction pour son peuple... Mais Lizbeth n'était pas assez courageuse, ou pas assez stupide pour le dire à voix haute, bien entendu. Aussi loquace et rétive puisse-t-elle être cependant, l'élue ne put que se sentir intimidée lorsqu'ils arrivèrent où leur souverain siégeait.

L'endroit était totalement rempli de gardes, et un regard suffisait pour voir que les bougres n'étaient pas là simplement pour jouer les plantons. Au moindre ordre de leur souverain, nul doute que tous s'exécuteraient avec la diligence et la dureté qui seyait à leur position. Un détail particulièrement frappant capta bien vite l'attention de la maire : les pokémons du Roi semblaient toujours lui obéir. L'information était si grosse à ses yeux qu'elle dû faire un effort bien conscient pour la mettre de coté et se concentrer sur ce qu'on lui disait. Attentive au protocole, elle ne manqua pas de s'incliner devant le trône avant de parler.

- Bonjour à vous, votre altesse. J'ai tout à fait conscience d'à quel point la situation ne vous permet pas de souffler, aussi vais-je faire vite. J'ai fait appel à vous car je sais que l'ampleur de la crise ne va pas nous laisser nous comporter comme à l'ordinaire. Le corps élu et le corps royal doivent travailler main dans la main si nous voulons que Mistral traverse ces épreuves aussi bien que possible. Je l'ai déjà dit lors de l'élection, maintenant je veux l'acter. Toute l'aide que je peux apporter est évidemment vôtre, mais plus encore je viens pour que nous agissions de concert. Concrètement, les forces royales et les forces publiques doivent se mobiliser ensemble, du moins c'est ce que je suis venu défendre, car j'ai des propositions concrètes, votre altesse.

"Proposition" était une belle manière de le dire d'ailleurs... Mais Lizbeth n'allait pas jouer la fine-bouche.

- Mistral a besoin que les forces de l'ordre se mobilisent pour son peuple, attaqué par quatre cavaliers funestes. En tant que maire, je compte donner plus de moyens à la maréchaussée et aux rangers pour défendre ceux qui ne peuvent le faire eux-même, et donner à ceux qui le veulent et le peuvent la possibilité de se joindre aux rangs des défenseurs de la paix, en tant qu'auxiliaires citoyens. Pour cela il faudra des investissements, que les caisses publiques pourront couvrir. Mais il y a le reste des priorités, comme vous le savez. Beaucoup de mistralois et mistraloises risquent de manquer de vivres, il faudra donc y pourvoir, ce qui est également prévu; voilà le budget sévèrement entamé. Bivouac est le foyer d'une infection potentiellement dangereuse, il faudra donc sécuriser la ville et ses habitants, éviter les contaminations. Cela demandera des moyens matériels, encore. Enfin et surtout, la région est privée d'électricité, énergie particulièrement précieuse qui faciliterait tout ce qui a été dit précédemment. Si l'on veut rétablir le courant au plus vite, il faudra s'en donner les moyens. Tout cela, la mairie seule ne peut y parvenir. Votre altesse, je viens vous demander votre aide, financière et matérielle, et de poser à plat le plan que nous devons avoir, ensemble, pour résoudre cette crise.

Bon, les choses ne semblaient pas mal de profiler. Tant mieux, mais Lizbeth n'en avait pas fini, loin de là.

- Merci votre altesse, merci de votre compréhension et votre discernement. Je ne doute pas que vos moyens ne sont pas illimités en l'état, mais vous avez entre vos mains un grand pouvoir, surtout dans notre économie protégée, celui de la création monétaire. Les questions de marché extérieur, de balance commerciale et du cours de notre devise ne se posent pas avec la même ampleur que les matières plus urgentes qui nous occupent à présent. C'est pourquoi, même si c'est sous la forme d'un emprunt à la couronne, à taux nul ou négatif, je vous implore de considérer frapper monnaie, les finances viendraient-elles à manquer pour cette crise. Nos moyens sont de toute façon limités physiquement et temporellement, si l'argent vient à nous entraver dans nos tentatives de résolution de crise, cela ne fera que nous compliquer la tâche. En tant qu'élue il est de mon devoir de tout faire pour Mistral, et c'est pour cela, votre altesse, que je vous fait pareille demande. L'autre solution serait de forcer nos concitoyens à un travail gratuit, quelque chose que je voudrais éviter à tout prix.

Car oui, il restait toujours cette route-là, après tout. Une levée de corvée non sans rappeler l'époque médiévale, réquisition des moyens et du matériel par les puissances étatiques, et plus qu'à espérer que les mistralois comprennent et coopèrent... Une tragédie à n'en pas douter, selon la maire. Elle continua.

- Oui, pour l'épidémie, nous allons avoir besoin d'une part de faire comprendre aux citoyens comment la maladie se transmet et comment éviter de la répandre, et de l'autre, mobiliser les experts de la région sur la question. L'épidémiologie n'est pas mon domaine de prédilection, mais je connais le jeune scientifique qui le premier a mené des recherches sur cette infection, Jack O'lope. Malgré nos systèmes de communications hors service, lui faire parvenir que Lizbeth Estem, Maire et consœur, souhaite l'avoir à ses cotés au plus vite ne devrait pas être difficile, avec les convois de nourriture et les déplacements des forces de l'ordre qui pourront transmettre l'information. Dans le même temps, tous ceux présents ou ayant été présents à Bivouac récemment devront éviter les déplacements et prendre des précautions spécifiques.

Et puis Jack était présent au bal, il ne pouvait être si loin ! La jeune femme aurait aimé pouvoir lui parler avant les élections, malgré son jeune âge le petit brun était un esprit plein de ressources.

- Pour la centrale, si nous pouvons trouver le matériel et les artisans, je peux aider à confectionner des tenues protégeant les humains des attaques de ces pokémons. En équipant de la sorte les anciens travailleurs de la centrale et la cohorte de sécurité, nous pourrions nettoyer l'endroit rapidement. Aussi, e sais que ces machines sont rares, mais si des voitures, ou mieux des camions sont disponibles, les réquisitionner nous permettrait d'aller au plus vite jusque là, et de réduire d'autant de temps le rétablissement du courant. Mais, puisque nous parlons de pokémons... Votre altesse, vous n'êtes pas sans savoir que la situation à ce niveau est assez attristante pour presque tous. On nous parle d'une malédiction, de quelque chose au fond de votre lac... Que pensez-vous de tout cela ?

Des bons points, beaucoup de bons points, et Lizbeth aurait déjà pu s'estimer satisfaite de l'entretien, mais... Non décidément, quelque chose n'allait pas. La jeune femme s'attendait à une réponse évasive ou dogmatique, un changement de sujet peut-être, mais pas un tel pavé dans la marre. Le Roi était l'héritier de la tradition religieuse de Mistral, et une des figures centrales du culte d'Helix, et pourtant il osait lui dire ça ? Il y avait quelque chose de proprement atterrant pour la scientifique. Elle qui n'accordait que peu de crédit à ces prêchi-prêchas de croyances qui, à ses yeux, ne servaient qu'à asseoir un pouvoir à la légitimité douteuse, voilà que celui qui aurait dû le défendre le plus allait dans son sens. Le chambellan prit la nouvelle encore plus mal, donnant lieu à une scène que la maire n'aurait jamais cru possible.

Mais alors que le Roi cherchait à relativiser les propos qu'il venait de tenir tout en se dédouanant de toute responsabilité supplémentaire, les méninges de la blonde s'activaient. Ce qui venait d'être dit était important, très important, un peu trop à son goût même. Surtout, elle avait la certitude absolue qu'on lui cachait quelque chose, certitude nourrie par l'affreux cauchemar du bal, les attaques, la défection de Joeboy, les problèmes qui semblaient ne pouvoir que s'accumuler, et maintenant les incongruités qui se présentaient devant elle... Non, quelque chose n'allait pas. Lizbeth chercha soigneusement ses mots avant de reprendre la parole.

- Votre altesse, je me dois de vous en faire part, mais la saine curiosité qui m'anime, en tant que scientifique, mistraloise et maintenant maire, me pousse à insister sur quelques points. Je ne suis pas la plus savante sur la question religieuse, mais si vous observez des similarités frappantes entre ce qui est dit dans les textes originaux et ce que nous subissons actuellement, nous devrions explorer cette hypothèse au plus vite. Vous avez tout à fait raison, votre altesse, quand vous affirmez qu'il est du devoir du peuple de Mistral de lutter du mieux qu'il peut contre cette menace. Mais précisément, si nous voulons le faire, nous avons besoin de savoir quoi faire. Vous avez eu les mêmes rapports que moi, on dit les cavaliers dévastateurs, et leurs montures aussi obéissantes que puissantes. Sans l'aide de nos pokémons et sans aucune connaissance ni compréhension de l'origine de leurs pouvoirs, nos chances de succès sont plus que maigres. Et si nous échouons totalement, cette défaite ne sera pas seulement la mienne, ni même celle du peuple, non. Si nous échouons, nous serons tous dans le même pétrin, et nous aurons tous à en subir les terribles conséquences, votre altesse, vous et votre royale famille. Nous ne voulons pas de cela.

Lizbeth eut un regard pour le jeune chambellan. Finalement qui était-il, à pouvoir parler sur ce ton au Roi, à assister à ses audiences privées, et à prendre ainsi à cœur tout cela ? L'homme était un mystère, mais dans pareille situation, la maire ne pouvait que prendre le risque de le considérer comme un allié. Puisse-t-il trouver dans ses paroles l'inspiration de la soutenir, et elle en obtenir son soutien plus direct. Mais la jeune femme ne se faisait pas d'illusion, à priori elle était seule ici, ce qui ne l'empêcha pas de continuer.

- Je vous en implore donc, laissez-nous étudier les textes originaux, avec toutes les précautions nécessaires, laissez-nous tenter de percer le secret, s'il y en a un, de votre lac. Mais aussi... Votre altesse, vos Exagides me confondent, car ils semblent imperméables à la malédiction. Je vous en conjure, laissez-moi les étudier de plus près, peut-être que la solution est juste ici, avec nous.

Quand on la congédia sans plus de cérémonie, Lizbeth crut qu'elle allait se mettre elle aussi à hurler sur le Roi. Sans doute l'aurait-elle fait si le chambellan, un peu plus tôt, n'avait pas déjà entamé la patience du souverain alors que la sienne le prenait en défaut. La démarche raide et le visage fermé, la maire bataillait déjà avec de douloureuses pensées d'impuissance quand la chance, de manière totalement inespérée, lui tendit les bras.

Lorsqu'on l'a tira ainsi hors de l'attention des gardes, son réflexe premier fut de résister, mais dans un regard plein d'une urgence bien à propos, la jeune femme comprit dans les yeux de celui qui s'imposait ainsi qu'elle avait en lui un allié. Un rapide geste de la tête fit comprendre qu'elle comptait bien se faire aussi discrète que possible, et le suivit d'un pas feutré alors que, aussi pressé que pressant, le chambellan l'emmenait dans le dédale sombre des étroits couloirs réservés aux domestiques, elle ne savait trop vers où. L'architecture du château était en tout cas remarquable pour la scientifique, dont les pensées se portaient déjà vers les probables sorties secrètes et autres passages dérobés qui truffaient sans aucun doute l'énorme bâtisse. Comme pour lui donner raison, la question de leur destination trouva une réponse par la bascule d'un faux mur, révélant à Lizbeth un spectacle incroyable. Elle ne put retenir une sourde exclamation.

- Quelle merveille !

Un tel vivier historique, même pour elle dont l'intérêt la portait majoritairement vers les technologies, était un trésor proprement inestimable. Alors que le présent ne semblait que leur réserver destruction, mort et douleur, avoir devant soi ce qui constituait pour une amoureuse de la connaissance comme elle la vision d'un fragment de paradis, la nécessité de protéger tout cela ne s'en imposait que d'autant plus lourdement. Maire elle était, certes, mais même maintenant la frêle blonde n'aurait pu vraiment affirmer qu'elle tenait à la vie de chacun de ses compatriotes, ou même qu'elle s'en souciait en tant que tel. Ce dont elle avait une conscience aiguë en revanche, c'est qu'elle aimait la paix, la vérité, et qu'elle croyait en un progrès éclairé.

Le caractère séduisant de l'obscur, du mystérieux et de l'occulte dans lequel plongeaient allègrement les organisations secrètes qui assaillaient Mistral se fourvoyaient. Et même, cet amour de la dissimulation que cultivaient beaucoup trop de ces collègues scientifiques, elle ne le partageait aucunement, la connaissance était pour elle un bien qui se partageait. C'était non pas dans les ténèbres des secrets que l'on pouvait grandir, mais au contraire à la lumière parfois rude des faits exposés. La foi aveugle que demandait le Roi comme le savoir caché dont l'Ordre Noir s'affirmait l'émanation étaient peut-être ennemis, mais les deux étaient à ses yeux dans le même camp, celui qui tirait leur région vers le bas depuis bien trop longtemps. Ces livres anciens, ces ouvrages fanés par les années et pourtant pleins de la vie de ceux qui les avaient écrit, n'importe quel souverain éclairé aurait laissé Lizbeth y accéder sans avoir un seul mot à redire... Et c'est en clandestine qu'elle se retrouvait ici. Tout en suivant le chambellan dans ses recherches, elle répondit à sa question sur le même ton que lui.

- Je ne la connais pas aussi précisément que vous, manifestement. Mais oui, j'ai déjà lu des ouvrages sur les occurrences de capacités diverses à Mistral. Je fais partie de la frange la plus ténue de ces phénomènes, mon corps est un isolant électrique. Voir l'avenir, c'est d'une toute autre envergure...

Un sujet passionnant en lui-même, et si la scientifique devait mettre une hypothèse sur la table, elle aurait forcément un lien avec les pokémons. Comment, pourquoi, c'était une autre paire de manches, mais elle avait suffisamment lu sur les mythologies étrangères pour savoir que les histoires d'humains pactisant avec de puissants pokémons étaient très courantes, et que les légendes étaient souvent appuyées sur au moins une petite part de vérité historique. Mais cela ne l'empêchait pas de se méfier de ce qui pouvait être raconté; on avait vite fait d'enjoliver, amplifier ou modifier les événements au profit d'un récit instrumentalisé. Ce qu'était indéniablement la Bible d'Helix.

Ce que le chambellan fit remarquer sur les cavaliers était aussi intéressant que déprimant. Lizbeth ne croyait pas à l'idée d'une histoire destinée à se répéter encore et encore, mais qu'une telle catastrophe humaine se produise à nouveau était un terrible aveu d'échec. De quoi la confirmer dans ses opinions, également, c'était bel et bien tous ensemble qu'ils devaient être pour faire face à cette crise.

- Cette époque est pourtant révolue... La précédente maire avait un don bien visible, d'autres dresseurs bien connus de Mistral font preuve de capacités extraordinaires sans en être inquiété, alors pourquoi à nouveau ? Et cette métaphore est sans doute très parlante, mais elle ne s'applique pas ici. Le peuple a ses divergences, mais nous étions très loin d'une guerre civile, d'une famine ou de quoi que ce soit de ce genre jusqu'à ce que l'Ordre Noir frappe. Encore maintenant, les mistralois aspirent à tout autre chose que se déchirer, surtout devant la crise.

La jeune femme était loin de s'imaginer que le Roi avait prévu de... Attention. Elle connaissait bien le caractère fallacieux et terriblement tentant de ce qui se présentait à elle. On cherchait, consciemment ou non, à la convaincre d'une forme de destinée, d'histoire déjà écrite. Une prédiction ancienne, des légendes qui semblent se répéter, des décisions désastreuses... Tout ça était séduisant, bien séduisant, trop séduisant.

- Nous devons travailler à la paix. Savoir se débrouiller sans les pokémons est une chose, les éjecter de nos vies serait une terrible erreur. Jamais je ne voudrais donner raison aux forces malfaisantes qui m'ont... qui nous ont volé nos alliances, nos complicités, nos amitiés... Jamais.

Pas de commentaire sur ces histoire de sacrifice. Que dire si ce n'est "prouvez-le" ? Devant pareille affirmation, seul les faits pourraient la convaincre, et faits il ne pouvait y avoir, du moins pour le moment. Lizbeth chassa bien vite cela de son esprit lorsqu'elle put enfin jeter un œil sur le texte tant recherché. C'était bien joli, mais cela ne les avançait pas beaucoup... Coopération avec les pokémons, voilà qui était enviable, souhaitable même, mais comment faire alors que précisément ces derniers se fermaient à cela ? Que fallait-il faire pour passer outre ? La maire ne put que retenir sa voix d'être trop forte.

- Mais comment... Nous ne souffrons pas assez peut-être ? C'est à croire que tout est contre nous, les cavaliers d'un coté, la malédiction de l'autre... L'un nous empêche de faire face à l'autre et inversement. Ou doit-on comprendre que nous devons simplement souffrir plus encore ? De quoi veut-on nous parler d'ailleurs, des "regrets", mais de quoi... Pourriez-vous me laisser jeter un œil à ce qui est dit avant et après ? Ou me le lire ?