Seul & perdu
Seul et perdu.
Il ne savait pas combien de temps cela durait. Il se sentait juste seul et perdu. Totalement vide aussi. Il errait.
Tout avait si soudainement commencé. D’un seul coup, une étrange sensation avait parcouru son corps. A ce moment précis, il n’avait plus besoin de personne. Surtout pas de l’humain. Pourquoi suivait-il cet humain ? Aucune idée. Et puis qu’était-ce cette chose qui ornait son cou ? Inutile. C’était inutile. Il s’en était débarrassé vite fait bien fait. Il laissait l’humain derrière lui. Pas besoin de ça.
Ambroise ! Ambroise !
Quelle était cette étrange manie de donner des noms à tout ? Ce nom l’enchaînait et ne pas y répondre signifiait la liberté. Alors, il avait couru. Loin de l’humain. Fier et indépendant car c’était là sa vraie nature féline.
La liberté ! Quelle douce sensation ! Plus besoin de suivre l’humain à la trace. Qu’est-ce qu’il était débile celui-là. Il se souvenait qu’il fallait toujours tout lui rappeler. Cet imbécile était tellement obnubilé par sa passion qu’il s’oubliait lui-même. Lui n’était pas comme ça, non. Il savait ce qui était bon pour un chat. La liberté.
Il vagabondait dans cet endroit créé par les humains pour les humains. Ces bipèdes étaient agités. Plus qu’à leur habitude. Peu importe. Il se fichait d’eux. Leurs problèmes lui importaient peu. Pourtant, leurs cris auraient dû l’alarmer. Qu’est-ce qu’ils étaient bruyants. Il n’en avait que faire.
La chaleur se faisait ressentir. Ce n’était pas la douce chaleur du soleil. Celle qui aimait tant. Non. Cette chaleur-là était violente. Il les voyait encore. Les flammes. Elles étaient gigantesques. Rien à avoir avec les petites flammes que les humains utilisaient pour se réchauffer. C’étaient de grandes flammes incontrôlables. Terrifiantes.
Il l’avait vu. Ce Galopa était terrifiant. Pourquoi le laissait-il le chevaucher ? Ce n’était pas un humain. Sa Clairvoyance ne le trompait pas ! Peu importe qui c’était. Il lui faisait peur. Il l’effrayait. Il devait fuir, vite ! Alors il courut. Encore. Il n’avait aucune idée du chemin à prendre.
Perdu.
Il vit ces fleurs au loin. Elles lui rappelèrent des souvenirs. Il se dirigea donc vers elles. C’était un endroit rempli de fleurs. Il y était venu avec l’humain. Bien sûr, ce n’était pas son souvenir avec l’humain qui l’avait guidé. Il était fier. Pas besoin de ça.
Les fleurs sentaient si bon. Et il y avait de la nourriture. Qu’est-ce que c’était épuisant de l’attraper. Il ne faisait plus que ça. Chasser. Se terrer dans l’ombre. Chasser. Parfois dormir. Il dormait quand la faim ne le tiraillait pas. Il dormait quand plus fort que lui ne l’embêtait pas. Il dormait quand il ne chassait pas. Il dormait quand il ne courrait pas. Bref, il était épuisé.
Las il s’était rendu à l’endroit suivant. Un endroit créé par les humains pour les humains. Ce lieu lui offrirait à manger. C’était ce qu’il espérait. Dans ses souvenirs il y avait du poisson. Beaucoup de poisson. Rien de tout cela. Du sang. Partout. La destruction.
Pourquoi ? Il ne savait pas. Il était effrayé. Il voulait un refuge. Simplement. Chaque jour il trouvait une nouvelle cachette. Espérer se reposer. Juste un peu. Il devait survivre.
Seul.
Ce n’était pas la vie. Pas celle qu’il voulait. Parfois il se surprenait. Il pensait à l’humain. Quelques bribes par-ci par-là. Il n’avait aucune hostilité pour lui. Il le savait. Pourtant il l’avait fui, envahi par cette étrange sensation.
Un soir il y eut ces nuages. Ils étaient bizarres. Ce n’était pas des nuages normaux. Il était attiré par le ciel. Quelle jolie couleur.
Soudain, il comprit. Ce fut comme une évidence. Désormais, il savait où aller. Il savait où se trouvait sa maison. Il se rappelait de son nom. Il s’appelait Ambroise. Il aimait porter des nœuds papillon. Et le plus important, il était l’assistant de Roger.
Quelle vie ! Jamais Ambroise ne s’était imaginé ça. Pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, il avait été guidé par son instinct le plus primaire. Il ne se reconnaissait pas lui-même, il en avait tellement honte.
C'était comme s'il avait fait une énorme bêtise. Contre son gré, certes. Néanmoins, il avait lâchement abandonné tout ce qu'il lui tenait à coeur.
Désormais il savait où se diriger et pourquoi.