Alphonse Danlemur Mar 3 Nov 2020 - 16:40
Même si Alphonse étudiait jour après jour le poison de Tritox, il ne se sentait même plus en état de quitter Pignouse. Il perdait peu à peu sa vitalité à cause de la maladie mêlée aux quelques empoisonnements. Néanmoins, il finirait bien par maîtriser le fonctionnement de ce venin si particulier. Une productivité limitée ne l’en empêcherait sous aucun prétexte, pensait-il. Il peinait toutefois de plus en plus à soigner les blessures infligées par les comportements sauvages de son équipe Pokémon. Son énergie le quittait toujours plus profondément. Malgré sa patience, l’affrontement avec la Team Rocket et l’accumulation qui précédait les enquêtes à Pignouse commencèrent sérieusement à avoir raison de lui. Il se surprit même à s’effondrer sur le trottoir alors qu’il prenait l’air. Bien peu d’émotions dans tout cela, n’est-ce pas ? Il n’avait même pas la force de s’y attarder, lui qui fut pourtant hypersensible. Il perdait en lucidité sur ce qui se passait.
Soudainement, des nuages d’un rouge très sombre obscurcirent le ciel, plus concentré en direction de Carcakrok. Une étrange lueur illumina soudainement la région. Tout aussi brusquement, Alphonse crut sentir quelque chose renaître en lui. De nature relationnelle, elle semblait être un lien perdu. De toute évidence, il s’agissait du lien avec les Pokémon au vu du regard de ces derniers. Il se sentit même plus proche d’eux. Jusque-là, Alphonse ressentait une scission de plus en plus ferme entre ce monde et lui. Il ne pouvait pas retrouver Lucie, priant pour qu’elle soit encore vivante. Jack était très probablement devenu Pestilence. Madame Politain était partie de son côté mais ne le considérait pas comme autre chose qu’une vague connaissance supportable. Lior s’était retirée du combat. Ezekiel n’était plus actif dans le coin depuis maintenant trois mois. Même ses nouveaux partenaires d’infortune avaient dû continuer sans lui en raison de sa faiblesse progressive.
Désormais, ses amis Pokémon seraient au moins de retour. Oculus l'aida à se relever, tout comme Méline et Atlas. Fulgur et Ignis les encourageaient. Oui, même Ignis qui se montrait peu coopératif depuis quelques temps ressentit de nouveau son amitié envers Alphonse. Ce dernier devrait toutefois progresser avant de s'en faire de nouveau écouter. Se sentant bien moins esseulé face au monde, Alphonse trouva désormais la persévérance de se faire violence afin de ne pas abandonner sa vie. Cela ne l'empêcha pas de s'effondrer à nouveau, trop affaibli.
« ALPHONSE ! »
Cette voix était familière.
« OOOOOH ALPHONSE ! C’EST BIEN TOI ! Rien de cassé !? »
Lucie… ?
Sans se faire prier, l’intéressée releva Alphonse tant bien que mal. Elle-même malade, elle trouva toutefois la force d’accrocher le bras de son cousin autour de sa nuque.
« Tu vas bien… Tant mieux. »
Cette présence, même vulnérable et affaiblie, demeurait réconfortante et chaleureuse. Inquiète, elle remarqua les diverses traces de brûlure sur son visage et son cou, bien qu’elles fussent à peine au premier degré. De plus, Alphonse avait également l’air d’avoir subi bien des empoisonnements : son visage s’avérait si pâle !
« Raaaah, qu’est-ce que t’as encore foutu !? Peu importe, dirigeons-nous vers Carcakrok, y a du grabuge là-bas. On pourra s’en sortir une fois qu’on se sera assuré que les cavaliers sont vaincus. Je sais que tu feras chier pour venir même si j’essaye de te l’interdire, alors tiens-toi bien à moi le temps que tu recouvres tes esprits. »
« Merci, Lucie… »
Les taxis Corvaillus reprirent bientôt du service, ce qui leur permit d’en prendre un en direction de la petite ville royale.
« J'ai un peu de bouffe sur moi, ça devrait te requinquer un chouïa. Tiens, depuis quand t'as un Tritox, toi ? »
« Oh, flemme… Je t'expliquerai tout à l'heure, quand ça ira un peu mieux… Mais merci encore… »
Alphonse s'endormit sans s'en apercevoir.