Invité Sam 14 Nov 2020 - 14:33 Enfin, il atteignait Fricke. Des villes qu'il avait traversé, c'était certainement la plus détruite. Beaucoup de bâtiments étaient détruits, des immeubles, des maisons, des commerces. Le sol était fissuré ci et là, des endroits avaient visiblement brûlés. C'était un formidable carnage et Anty sentit son coeur se serrer tandis qu'il fonçait vers les maisons les plus éloignées du centre. Rapidement, il arriva au niveau de la petite maison de sa génitrice. Elle était à moitié détruite, la porte arrachée et le portail défoncé. Anty sauta de son vélo et bondit droit vers la maison, le coeur battant, la bouche sèche.
« Lucie ?! Lucie ! Lucie t'es là ?! »
Il fouilla les moindre recoins sans rien trouver. Il n'y avait pas âme qui vive, même pas le Chacripan de leur mère. Pas de sang non plus et étrangement, toutes les affaires de sa soeur avaient été emmenées. Le lieutenant fronça les sourcils, réfléchissant rapidement. Se pourrait-il qu'elle ait été mise à l'abri par la maréchaussée ? Anty fit demi-tour, remonta sur son vélo puis pédala à toute vitesse vers le commissariat du centre. En s'approchant, il constata que le coeur de la ville était encore plus en piteux état que le reste... Quelle infâme tragédie. Cela prendrait du temps de tout reconstruire mais avec la forte présence de la Notra dans les lieux, Anty doutait bien que cela serait un poil plus rapide. Même si ça le frustrait énormément.
Qu'importe, il n'avait pas la tête à penser à tout cela.
Le vélo le mena finalement au devant du grand commissariat qui semblait avoir tenu le coup malgré quelques endroits abîmés. Le colosse de la maréchaussée jeta son vélo sans y faire attention et pénétra dans les lieux avec détermination. Le regard froid, le corps tendu et les poings serrés, il balaya les lieux du regard.
« Lieutenant, vous êtes en vie ! » « Grand frère ! »
Il n'eut même pas le temps de dire quoique ce soit qu'une tornade lui rentra dedans, enserrant sa taille entre ses bras frêles. Instinctivement, il referma ses bras sur Lucie qui pleurait à chaudes larmes, le visage enfoui contre son ventre. Anty serra les dents, posant sa large main droite sur sa tête pour la caresser tendrement. Toute la tension, la peur de l'avoir perdu, la culpabilité de ne pas avoir été là, tout ce qu'il avait ressenti jusque là s'évapora d'un coup et il sentit les larmes lui monter. Cependant il ne pleura pas, tâchant de garder la tête froide devant sa petite soeur mais aussi ses officiers et ses collègues. Un doux soupire de soulagement fut tout de même audible tandis qu'il continuait de serrer sa petite soeur contre lui, incapable de la lâcher.
Elle était en vie. C'était tout ce qui comptait.
« Contents de vous revoir Lieutenant ! Le Capitaine Haddock est là, il a dirigé l'unité. C'est lui qui a sauvé votre soeur. »
Anty leva les yeux vers les quelques officiers présents, saluant alors le capitaine qui arborait un léger sourire. Il n'aimait pas beaucoup ce type mais qu'importe, aujourd'hui, il lui en devait une belle. Le lieutenant sentit alors Lucie se détacher de lui, essuyant péniblement ses larmes.
« Mais maman... Maman et papa sont morts... » « Je suis désolé de ne pas avoir été là, Lucie. »
Fit-il, baissant les yeux. Il n'avait même pas pu être là pour sa petite soeur dans de tels moments, quelle honte pour lui. Mais... Il y avait autre chose. Apprendre que sa mère était morte c'était... si étrange. Il avait sentit son coeur se serrer et une étrange émotion monter au lui, pourtant, il l'avait toujours détesté. Elle l'avait battu, avait abusé psychologiquement de lui, l'avait brisé dès qu'elle en avait eut l'occasion et ne l'avait jamais...
« Elle m'a dit de te dire qu'elle t'aime. »
... Et jusqu'au bout, elle comptait le faire souffrir, au final. Anty déglutit difficilement, essayant de calmer sa respiration. Quelle connerie. Ce n'était pas ça l'amour. Ce n'était pas tout ce qu'elle lui avait offert jusqu'à ce qu'il parte en famille d'accueil. C'est vrai qu'elle avait essayé de se rattraper, parfois, après la venue de Lucie mais elle aussi avait souffert. Leur mère n'avait pas été faîte pour avoir des enfants, c'était ainsi. Le colosse secoua doucement la tête de gauche à droite avant de se forcer à sourire.
« Merci d'avoir passé le message. » Souffla t-il d'une voix chargée d'émotions. « Et merci à vous d'avoir sauvé ma soeur, et d'avoir protégé la ville, je ne doute pas que vous ayez fait de votre mieux. »
Les officiers de son unité s'armèrent de sourires fiers, galvanisés par les compliments de leur supérieur. Il fallait dire qu'Anty était plutôt avare, à ce niveau-là donc quand il en donnait, ils voulaient en profiter un maximum. Le lieutenant détacha son regard d'eux pour le reposer sur Lucie qui essuyait encore des larmes.
« Nous avons besoin de discuter tous les deux, et d'emmener tes affaires chez moi. Je vais m'occuper de toi maintenant, tout ira bien, d'accord ? »
La collégienne leva les yeux vers son frère, souriant doucement malgré ses prunelles gorgées de larmes. Elle serait à sa charge maintenant, il l'aurait auprès de lui et c'était pour le mieux. Il avait son appartement près d'ici, il gagnait plutôt bien sa vie, il pourrait lui offrir tout ce dont elle avait besoin. Anty caressa une dernière fois les cheveux sombres de sa cadette avant d'aller prendre toutes ses affaires, remerciant encore le capitaine qui arborait un drôle de sourire. Le lieutenant fronça les sourcils, décidant de ne pas s'en soucier pour le moment. Il devait d'abord s'occuper de Lucie, voir comment elle vivait tout ça, et sûrement lui prendre un psychologue. Anty salua tout le monde, promettant de revenir d'ici quelques heures puis il quitta les lieux avec Lucie. La jeune fille mis du temps à sortir du commissariat, apeurée à l'idée de mettre un pied dehors. Au final, le colosse fit sortir Lieutenant Qiu de sa Pokéball, le gros Pokémon rassurait énormément Lucie.
Ils avaient beaucoup à se dire, sûrement aussi beaucoup à pleurer.
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