Saison Un

: Obscure Prophétie

Calme. C’est surement le premier mot qui vous viendrait à l’esprit en voyant Salve. Ses mots, ses gestes ont toujours ce côté posé et serein. Sa joie ne se manifeste pas dans des éclats de rire ou sa colère dans des ouragans. Sa joie, sa tristesse, sa colère, tout se lit dans un changement subtil du regard et dans la courbure de ses lèvres.

Avec ce calme vient une certaine sobriété. Alors que certains nobles se pavanent et étalent leur richesse, Salve conservait une certaine retenue. Il laisse les excès de richesse et d’orgueil à d’autres. Il a passé l’âge de ce genre de comportements puérils.

Malgré tout, cela ne l’empêche de conserver un certain goût pour l’excellence. Tenues, bâtisses, repas, il apprécie et recherche la qualité. Il ne sera pas du genre à faire des caprices comme certains nobles s’il doit se contenter du minimum, mais disons qu’il a l’envie et les moyens d’obtenir de la qualité. Alors pourquoi s’en priver ?

D’ailleurs, dans les comportements immatures, il supporte difficilement les étalages de mots. Comprenez bien qu’il soit totalement capable de suivre de tels propos. Cependant, parler pendant des heures pour exprimer une idée résumable en une ligne était d’une stupidité sans fin est une véritable perte de temps. A vrai dire, il éprouve une certaine forme de pitié pour ses êtres. Oh, il lui arrivait régulièrement de lancer quelques piques mordantes, mais il ne s’attarde guère dans des combats d’insultes. C’est d’un ennui, surtout que les gens sont si prompts à s’énerver pour un rien et à rester sur leurs positions tout en manquant d’un brin d’imagination.

D’ailleurs, cette mesure constante, cette sobriété, ce léger sourire qu’il a pratiquement en permanence, cela a tendance à créer une certaine cassure entre lui et les autres. Avec ce visage si calme, ses mouvements si posés, comment savoir ce qu’il pense réellement ? Un poil de mystère qu’il entretient, lui qui n’aime pas parler de sa vie.

Hélas, un tel comportement n’est pas né naturel. Le monde des affaires l’avaient poussé à prendre cette attitude très détachée et réfléchies sur son environnement. Autant dans le milieu des affaires, cela peut être une chose particulièrement efficace, autant dans sa vie personnelle, cela devient rapidement un véritable frein. Beaucoup ont l’impression qu’il est incapable de créer des liens étroits avec autrui.

Et ils ont raison. Il se laisse difficilement embarquer par ses émotions. La raison domine froidement son esprit. Il étudie avec une certaine prudence la moindre de ses relations. Il est extrêmement difficile de toucher le vrai Salve. Il n’est pas un de ses êtres qui se sont créés une carapace. Non, il est comme le vent, intangible, invisible. Il est là, on le sait, mais il est insaisissable. On ne trouve jamais le vent, c’est lui qui nous trouve.

Evidemment, on pourrait se dire qu’une fois attrapée, il se montre sensible, rieur, ouvert d’esprit. Non, même là, il conserve ce comportement calme. Mais il devient une espèce de gardien, un surveillant, un protecteur. Il ne montre encore aucune explosion de sentiments, mais il se permet quelques écarts sentimentaux. Rares sont les personnes à avoir réussi cet exploit. Seule sa cousine et son cousin ont réussi un tel exploit. Mais malgré tout, il ne laisse montrer que rarement ses failles, ses doutes. Pour rester une personne sur qui ils peuvent compter ? Par refus de se montrer faible ? Par désir de contrôle ? Tout ça ? Rien de ça ? Nul ne le sait vraiment, même lui l’ignore.

Et les pokemons ? Ce n’est clairement pas mieux. Il a aussi de grosses difficultés à avoir des liens étroits avec ses propres pokemons. Il ne leur a jamais manqué de respect ou  considéré comme des objets, mais il n’est pas réellement du genre à rentrer en coopération avec ceux-ci. Disons qu’il a tendance à vouloir qu’ils obéissent à ses ordres. Il a toujours détesté l’idée de dépendre totalement de ses pokemons. Ce sentiment est d’autant plus justifié depuis la grande malédiction. Certes, il sait que ce n’était pas quelque chose de naturel, mais le mal a déjà été fait.

Même si il engage des domestiques, ceux-ci sont rarement engagés régulièrement. Il n’a guère suffisamment confiance pour laisser vaguer n’importe qui dans sa demeure. Une paranoïa qui peut être justifiée de par sa position.

Pourtant, ce manque de confiance en autrui ne le rend pas mauvais. Au contraire, même. Il est homme à investir dans l’humanitaire. Et pas seulement en donation. Il n’est pas un de ses êtres qui reste cloitrer derrière son bureau, aidant sans se salir. Il va sur le terrain. Il aide directement. En effet, bien que noble, il a toujours cherché à créer un lien avec ceux que certains appellent bas-peuple.

Même si accepte d’aider manuellement, il faut admettre qu’il s’arrange tout de même pour conserver un certain chic. Mais il ne sera jamais ami avec eux.  Par manque de confiance envers autrui? Oui, mais pas que.

L’amitié demande un certain apport, une certaine égalité entre les deux parties. Et cette égalité lui a rarement été montrée. Il finit bien souvent par se voir comme un mentor, un grand-frère, un père, un guide ou un sauveur pour cette personne. Mais quand bien même il trouverait son égal, il n’en ferait pas pour autant son ami car il devrait se confier, avouer ses doutes, ses craintes. Mais il est Salve Hater ! Rien ne doit ternir cette image, surtout pas auprès de sa petite cousine. Cependant, il faut aussi avouer qu’il déteste se sentir pris au piège.

Mais dans tout ça, quelle est la cause de cet écart ? Qu’est-ce qu’il le pousse à s’isoler ? Son sang ? Son rang ? Non, c’était son esprit. Sans conteste, l’esprit de Salve est son meilleur atout. Son intelligence est remarquable. Certes, ce n’est pas dans une compétition scientifique où vous le verrez briller. Mais il existe tellement d’intelligences différentes.

Salve possède une intelligence très observatrice et déductive. Dans une autre vie, il aurait surement pu être un grand enquêteur. Il est aussi un calculateur et extrêmement prévoyant, pratiquement paranoïaque. Son esprit semble avoir déjà créé une multitude de scénario dans sa tête pour échapper à de nombreuses situations. Et ne parlons pas de son impressionnante mémoire. Si on associe ses capacités et son sang-froid, il est aisé de comprendre comment Salve est arrivé aussi loin.

Mais ce sens de prévision le pousse à s’intéresser à une multitude de sujets. Il aime apprendre de manière générale. Certes, il est loin de posséder des connaissances approfondies dans tous les domaines, mais disons qu’il a un large champ de connaissances.

Ses intérêts pour les sciences s’axent d’avantage sur le fonctionnement global que sur les détails techniques. Il s’intéressera bien d’avantage à l’histoire, aux corps anatomiques, aux différentes étoiles, plutôt que le fonctionnement des cellules. Il est plus dans une pensée pratique ou du moins artistique. Les aspects théoriques ne l’intéressent finalement que peu.

Outre les sciences, il se porte également sur l’art. Musique, peinture, lecture… Il est homme à se complaire dans le calme et la douceur. Loin de lui les musiques bruyantes, et place au classique. Lui-même, dans ces heures perdues, s’adonne au piano dont les bases lui sont depuis longtemps acquises. Il n’est certes pas un génie de la musique, mais il sait suffisamment bien se servir d’un piano pour émouvoir les cœurs.

Parlons à présent d’une chose essentielle : le café. Le café, c’est un peu sa boisson de prédilection, mais c’est devenu une espèce de malédiction. Non, il n’était pas devenu accros. C’était juste qu’il avait face à lui un des plus grands mystères de sa vie. Pourquoi des femmes (et parfois des hommes) ont un coup de foudre sur lui, quand il boit du café ? Cela n’avait strictement aucun sens. Et il cherchait désespérément la cause de cela, mais cela restait un mystère, une énigme. Et une telle chose aussi insolvable le rendait malade.

En plus, cette situation virait souvent au n'importe quoi, surtout avec sa cousine qui avait la manie de vouloir le mettre en couple avec n'importe qui. Lui qui n'était pas très porté sur les choses de l'amour, cette situation le désespérait assez bien.