Ambroise et Roger sont vraiment gentils. Je caresse le chaton pour le remercier et hoche la tête aux compliments de l’adulte.
— Merci, c’est gentil. J’oublierai pas quand j’irais à Frime. Mais ça va aller. J’ai… J’ai Ciboulette avec moi, alors tout va aller.Mes yeux étincellent à la mention du Pitrouille. Il est vrai que le cueilleur de fleurs avait eu l’occasion de rencontrer le metteur en scène aux marais. Difficile de s’imaginer qu’il partage ma tête depuis mon réveil, et pourtant, c’est bien ce qui est arrivé. Hélas, il n’est pas encore en état de faire plus. C’est encore à moi de le protéger, avant que lui puisse m’aider à nouveau. Il a déjà tant fait, je lui dois bien ça.
Fouifi attire de nouveau l’attention de Roger. Dans sa passion du découpage de fleurs, elle semble avoir croisé un Pokémon sauvage, et l’humain voudrait éviter à cette créature de finir en lambeaux. La Fouinette gronde en voyant une pokeball se jeter sous ses yeux et enfermer l’animal in-extremis. Alors quoi, on peut même plus s’amuser ?
En plus, ça marche pas votre truc. Et maintenant, le chaton croit pouvoir jouer les courageux et lui barrer la route ? HA ! Il va…
La Fouinette se fige en pleine attaque. Ses oreilles s’abaissent sur son crâne, puis elle recule d’un pas, terrifiée par quelque chose qu’on ne saurait voir. Je ne l’ai littéralement jamais vue comme ça. Jamais. Dans une hâte anormale, elle se retourne, bondit et me frappe en plein buste à la place du chat.
— Aouch, Fouifi ! Mais qu’est… Aie ! Arrête ! Je protège mon torse de mes bras, mais la Fouine insiste en me rentrant dans les jambes. Néanmoins… elle ne tape pas si fort. Assez fort pour me faire reculer, mais pas assez pour me faire chuter. On dirait qu’elle cherche à me pousser, à me faire peur.
— Mais Fouifi, qu’est-ce qui te prend ? On parlait avec…Roger. Pas le temps de finir ma phrase, la fouine vient de s’agripper à ma jambe pour voler la pokeball de Truc dans ma poche. Puisque je ne comprends rien, elle passe au plan B. D’un rayon rouge, le pauvre Vivaldaim se fait rappeler alors qu’il assistait à la scène sans comprendre. La Fouinette garde ensuite la pokeball entre ses crocs et se tire avec en direction de la plage.
— Fouifi ! Attend, laisse-le !Je ramasse à la va-vite les roulettes de Truc restées en arrière puis me lance à sa poursuite.
— Pardon Roger ! Je… Je sais pas ! Je… Enfin j’y vais, à plus tard ! Je comprends rien à ce qui vient d’arriver, mais ça m’a l’air grave. J’ai peur. Peur pour Truc. Pourquoi Fouifi est-elle devenue folle d’un coup ? Je cours, cours… À bout de force au bout de quelques dizaines de mètres seulement, j’arrive néanmoins à proximité de Prince. L’énorme Dunaja me rattrape avant que je ne m’effondre. Je lui pointe du doigt la Fouine qui persiste à s’éloigner d’une course effrénée, direction la ville la plus proche.
— Su… Sui… Suit-la… S’il… plait… Je m’effondre sur le Dunaconda, à bout de forces tandis que celui-ci obéit sans prendre le temps de comprendre, conscient de la gravité de la situation. L’arrière de sa queue m’installe aussi confortablement que possible près de sa collerette, près de Piège. Puis nous nous mettons en route à la poursuite de cette Fouinette devenue folle.
Kata quitte la prairie en catastrophe.