Saison Un

: Obscure Prophétie

Oh, il prêchait une convaincue ? Ainsi donc même sa plus forte des volonté ne saurait ébranler les convictions de la palefrenière. Toutefois il ne s'en formalisa pas et préféra se dire que le Saint Helix avait choisi de mettre quelques obstacles sur la route de la jeune femme afin de la tester. Après tout, ce n'était point le hasard si tant d'épreuves s'abattaient en ce moment sur la belle région de Mistral. Les divinités qui régissaient leur monde avaient un plan et ils n'étaient que les instruments de leur volonté, au moins avait-il donné tous les conseils qu'il pouvait lui partager.

« - Je vois et je n'insisterai pas plus sur ce sujet ma dame. »

Il s'inclina poliment face à tant de ferveur et n'en fut nullement outré. Pour lui, il n'avait de Gamotte que le nom et le titre qui l'accompagnait jadis ne valait guère plus grand chose à ses yeux alors discutailler ainsi avec les petites gens ne l'offusquait nullement. Au contraire, c'était à la fois rafraîchissant et divertissant. D'autant plus lorsqu'elle lui annonça qu'une de ses connaissances possédait un Flambusard. Quelle merveilleuse nouvelle que voilà !

Les voilà donc dans la cour et le chevalier put découvrir avec joie la mère de sa future monture, si cette dernière savait qu'elle allait avoir un de ses petits comme membre honoraire de la faction de l'ordre, allait-elle s'enorgueillir ? En tout cas il semblerait que la damoiselle serait contente d'apprendre que le poulain qu'elle lui avait vendu serait le palefroi flamboyant de la garde d'autant plus qu'il apprit d'elle qu'elle adorait les galopas.

Ce fut à ce moment-là qu'il apprit que la jeune femme était d'origine Tzigane, de son temps ce peuple était souvent chassé des bourgades et avaient mauvaise réputation. Apparemment leur image avait changé avec le temps et en discutant avec dame Krystal, il ne pouvait que confirmer cette méprise.

« - Quelle bien belle légende que voilà. Si jamais un jour vous en avez d'autres à me compter, je serai fort aise d'en entendre d'avantage. Tout comme un jour tenter d'apaiser cet étalon blessé. »

un vrai cavalier savait quand il fallait s'arrêter pour sa monture, lui demander de forcer au delà de ses limites n’entraînerait que la crainte ou la mort de celle-ci. Cela demanderait donc du temps et de nombreux efforts pour que la créature puisse un jour faire de nouveau confiance à un être humain. Mais cela ne lui coûtait rien d'essayer, mis à part peut-être un peu de son orgueil s'il devait chuter de monture. Tout d'abord il faudrait déjà l'habituer à la présence humaine et petit à petit réinstaurer un lien et une confiance qui avaient été brisés.

Les bras croisés, il écoutait attentivement les instructions et les méthodes de dressage de la demoiselle et hocha la tête à son invitation. Il verrait en temps et en heure. Pour le moment le bébé n'était pas né et il ne pouvait se résoudre à donner une réponse dans l'immédiat.

« - Grand merci pour l'offre gente dame. »

Comme il pouvait s'y attendre, la jument répondait correctement aux ordres donnés mais il savait aussi que pour des dressages plus poussés, la manipulation des membres des équidés se relevait d'un nécessaire, il fallait donc voir si dans un premier temps la mère acceptait ce fait avant de tenter bien plus tard pour son petit. Le voilà donc passer une de ses mains sur l'une des pattes avant de la Ponyta pour la descendre jusqu'à la base du sabot et une fois arrivé à l'endroit le prit doucement entre ses pattes pour lui intimer à le lever.

Ce simple exercice terminé, il ne lui en demanda pas plus et lâcha délicatement le tout avant de s'éloigner afin de voir la réaction de la créature.

Sur ce fait, la jeune damoiselle avait raison et ce n'étaient pas ses expériences passées sur les champs de bataille qui lui prouveraient que le sang versé lors de guerres n'était pas tout aussi efficace pour instaurer une pacification sur tout le continent. Toutefois il avait assez vu d'horreurs durant les guerres pour profiter d'une accalmie même illusoire.

« - La paix est certes plus profitable mais malheureusement très fragile. »

Toutefois la palefrenière comptait ses récits avec tant d'entrain et d'émotions qu'il était plus que curieux de découvrir ce que son clan pourrait bien apporter. En ces temps troublés, il était plus qu'heureux de voir qu'un groupuscule de personne autrefois rejetés de tous avaient finalement réussi à trouver une place dans la société.

De plus dame Krystal serait fort aisée de le voir essayer de calmer l'étalon. Entre êtres ayant eu une vie difficile, peut-être arriveraient-ils à trouver des points d'entente. De toute façon hormis un peu de sa fierté, il ne risquait pas grand chose à essayer d'apaiser cet autre cœur meurtri. Et peut-être que sa progéniture lui prouverait et l'aiderait dans cette tâche ardue.

« - Bivouac ainsi ? Il me tarde de découvrir ce que cette petite zone de pêcheur est devenu depuis mon dernier passage. »

Il fallait dire que pour tous les mistralois de temps modernes, Bivouac était devenu une ville prospère et calme qui s'était développée grâce au trafic maritime ce qui n'était point le cas de son temps.

Mais avant de se soucier du futur, il fallait se concentrer sur le présent et en l'occurrence les réactions de la jument face à ses manipulations. À son grand contentement, celle-ci se révéla réellement docile même lorsqu'il lui toucha la patte. Si la mère se laissait ainsi faire, sûrement que le bébé en faire autant. Après la patte avant, il regarda à l'une de ses pattes arrières et la manipula toujours avec douceur afin de vérifier l'état des articulations de l'animal ou encore la force que la créature utilisait pour garder son équilibre.

« - Jusqu'à quel poids peuvent porter vos montures ? »

Si le bébé à naître allait faire partie de la garde royale, il allait devoir porter le caparaçon qui allait avec. En plus de cela, il n'était pas connu pour être un humain léger et sa propre armure ou alors sa guisarme allaient être d'autant de poids que la monture allait devoir supporter. Peut-être que son choix aurait dû se porter sur un puissant Tiboudet qui finirait par évoluer en Bourrinos mais le Galopa était une créature flamboyante et le feu était l'élément qui représentait le plus ce garde de par ses précédents hauts faits. Il se tourna alors de la jeune femme jusqu'à sa monture et lui posa directement ses dernières questions après lui avoir délivré sa patte.

« - Pourrais-tu exécuter une ruade et un cabrage s'il te plait ? Il me faudrait vérifier l'allure et la réactivité afin d'être certain de ne point trop en demander au poulain. »

D'une minuscule petite bourgade, le Bivouac s'était peu à peu transformée en un imposant village. Encore et toujours la preuve que tout évoluait autour de lui. Les grandeurs de naguère devenues décadentes pendant que les hameaux s'agrandissaient et fleurissaient. Dans ce jardin qu'était Mistral, tout avait décidément que trop évolué en son absence mais pas seulement pour le pire. En effet, parmi les affres des douloureuses nouvelles, quelques bourgeons d'espoir subsistaient.

« - En effet, j'eus naguère fait halte dans ce bivouac dans ma jeunesse et mis à part quelques pèlerins et une vieille taverne pour accueillir voyageurs éreintés, il n'y avait peu d'établissements. Je suis fort aise d'apprendre que cela a changé et serai heureux à l'avenir d'y remettre les pieds pour le voir de mes propres yeux ! »

La suite de la conversation tourna alors vers un personnage que tous les deux semblaient fort bien connaître : le Maréchal Anty Patik ! Malgré le fait qu'on ait essayé de lui inculquer d'arrêter d'appeler son ami de la sorte, il ne pouvait tout simplement pas s'y résoudre mais son sourire déjà bien éloquent s'en retrouva que plus agrandit à l'évocation de son ami et compagnon d'aventures.

« - Ne vous en faites point, je connais bien ce gai compagnon et si votre jument est apte à porter sa masse, je n'ai plus aucune crainte quand aux compétences de sa progéniture, surtout avec la description que vous en avez fait de son compagnon. Je n'ai dorénavant plus aucune crainte ! »

Comme tous les chevaux, il faudrait une période d’entraînement mais il savait qu'au bout du compte, il aurait un fier palefroi qui, dans son élan, fera flotter les armoiries du Saint Helix tout en instaurant dans le cœur des forbans et des marauds la crainte de la flamme de la justice. Mais avant d'espérer y déposer le caparaçon, il faudrait débourrer l'animal, l'une des tâches les plus ardues qu'il connaissait et même si ces bêtes acceptaient à marcher en leur compagnie, se laisser monter était une toute autre histoire. Il avait du pain sur la planche mais il savait qu'avec patience et rigueur, il arriverait à faire de ce cheval à naître une fière monture.

S'éloignant de quelques pas pour ne pas être pris dans les différentes attaques demandées à la jument, le vieux garde en examina toutes les positions pour y déceler faiblesses et points forts. On sentait qu'Epona n'était point entraînée pour les joutes mais le père pourrait remédier à cette lacune car plus qu'un troupeau, s'était toute une contrée à défendre ! Néanmoins, il flatta une nouvelle fois l'encolure de la créature, du coté laissé libre par dame Krystal, pour la remercier de ses efforts et la laissa finalement en paix.

« - Je n'ai plus aucune question ni même requête à vous soumettre à toutes les deux et vous remercie d'avoir répondu favorablement à mes exigences. J'avais besoin de savoir si mon futur compagnon pourra suivre ou non mon train de vie fort peu facile, je dois l'avouer. »

Il se recula une nouvelle fois et s'inclina respectueusement devant la palefrenière et son équin. Pendant ce temps, Duchesse s'était placée à ses cotés et regardait les deux « invitées » avant que son maître ne pose une grosse main sur sa tête et ne lui accorte quelques caresses.

« - Voyez-vous, malgré son apparence, Duchesse est une chienne de chasse qui excelle dans la traque et son flair nous a aidé, mon Escouade et moi-même, à réchapper de la grotte gelée où nous nous étiez abrité. Sans cette courageuse chienne, je serai peut-être encore à errer dans ce dédale glacé. Il me fallait donc m'assurer de sa robustesse pour être certain de ne point le blesser. »

Lorsque le guisarmier fit référence à la grotte dans laquelle il avait rencontré Duchesse, il apprit que la palefrenière y avait aussi fait un tour pour un autre de ses élevages. Ainsi donc, elle ne se contentait pas seulement des chevaux mais se donnait aussi pour charge de s'occuper de mustélidés. Que cela devait être éprouvant et pourtant elle n'en laissait rien paraître, ce fut pourquoi le vieux noble déchu ne put refuser à répondre positivement à sa demande.

« - J'avais une expédition dans la montagne enneigée mais le temps se retourna contre moi et je dû abdiquer et rebrousser chemin après quelques mésaventures. Si ma première venue s'était déroulée sans problème, la nuit et les changements des lieux dues sûrement aux intempéries ne me laissèrent le choix que de faire un maigre bivouac en attendant que le temps soit plus clément. Ce fut à ce moment-là qu'une boule de poils hirsute vint m'offrir son aide et me guida jusqu'à son élevage. »

Il se remémora alors cette étrange boule de nœuds et de poils entrelacés entre eux qui c'était approchée de lui sans aucune hostilité et avait été plus que surpris de découvrir, au petit matin, la réelle apparence de cette dernière une fois qu'elle accepta pour la première fois de se faire coiffer. Un aboiement joyeux de la part de la chienne et il passa une grosse main affectueuse sur sa tête pour lui offrir quelques caresses.

« - Ce ne fut que le lendemain que je découvris que cette étrange créature était en réalité une Couafarelle qui avait jusqu'alors refusé de se faire toiletter et qu'à ma rencontre, elle avait changé d'opinion. Voilà pourquoi la vieille dame, loué soit sa bonne âme, me la confia. »

D'ailleurs son poil commençait ça et là à repousser, peut-être devrait-il faire appel de nouveau à un toiletteur pour qu'elle retrouve un peu de sa splendeur ou peut-être devrait-il essayer de la coiffer lui-même. Après tout, s'il était capable de se raser lui-même sans s'égorger, peut-être arriverait-il à faire quelque chose de convenable et puis même si la couleur de la créature n'était pas pour lui déplaire, peut-être qu'une coupe un peu plus adaptée à sa nouvelle carrière serait plus adéquate. D'autant plus que de ce que lui avait dit la vieille dame, la chienne n'était aucunement commode avec tout de monde et la seule raison pour laquelle elle avait consentit à se faire pomponner était pour lui plaire.

« - Malheureusement comme je vous l'ai dit, il faisait nuit et grand froid. La fatigue me gagnait et je m'inquiétais pour mon Escouade alors je ne pris aucunement le temps d'inspecter les lieux. Je suis donc au regret de vous annoncer que malheureusement je n'ai point vu pareille créature et je suis navré de ne point pouvoir vous aider, gente dame. »

Enfin, il le pouvait tout de même pour une nouvelle requête. Duchesse, donner des cours ? Il porta son regard ambré en direction de la caniche qui aboya avec engouement et de sous sa barbe lui aussi afficha un large sourire. Il semblait bien que l'idée lui plaisait tant à elle qu'elle lui plaisait à lui. Ainsi donc l'histoire était réglé.

« - Cela ne nous gêne aucunement et nous serions ravis, Duchesse et moi, de pouvoir servir de maîtres instructeurs ! Elle m'a déjà été utile pour traquer par le passé et je dois avouer que plus jeune, il ne m'étais pas inconnu à passer de nombreuses heures en forêt à chasser de magnifiques gibiers. Nos humble services sont à vos ordres. »

Répondit-il, tout en fléchissant légèrement un genou afin de s'incliner respectueusement devant la jeune femme. Donner quelques cours de chasse en troupe serait une partie de plaisir et lui rappelleraient de bons souvenirs lorsqu'il chassait aux cotés de ses amis ou même de sa famille. Bien que pour la seconde option, cela remontait à tellement loin que même lui n'en avait plus que de rares bribes de souvenirs.

Par contre les dernières paroles peinèrent fortement le grand homme et ce dernier s'assura que cette perte tragique n'impactait pas tant dame Krystal. La mort, bien que chose naturelle, était toujours une épreuve difficile pour ceux qui restait. Mais il fallait penser qu'au final, tout le monde se retrouverait dans l'autre monde, sous la protection du Saint Helix.

« - Je suis navré pour votre connaissance et j'espère pouvoir être à sa hauteur. En tout cas, vous pouvez compter sur moi pour faire de mon maximum et je prierai ce soir pour son âme. Comment s'appelait-il ? Enfin si ce n'est point douloureux d'en parler ma dame. »

Si dame Krystal trouvait en Adalbert un bon conteur, ce dernier voyait à travers elle un public conquis. Si chienne devait être aux anges à être ainsi le centre d'attention de toute l'assemblée. Pour beaucoup, les Couafarels n'étaient que de simple animaux d'agréments dont l'utilité s'arrêtait à faire office de compagnons lors de concours. Pourtant il semblerait bien que tous avaient oublié la nature de ces créatures qui étaient naguère d'excellents traqueurs et des chiens de chasse nés.

« - Tout dépend de ce que vous comptez réserver comme train de vie à votre compagnon : chien d'agrément ou chien de travail. Toutefois si le toilettage n'est aucunement nécessaire, il est toutefois utile pour améliorer grandement le lien entre le Couafarel et son maître. »

Il était vrai qu'il avait fini par remarquer qu'une bonne séance de brossage faisait grandement plaisir à Duchesse, surtout après une rude journée à servir les ordres de la maréchaussée. Devoir crapahuter par monts et par vaux salissait et laissait branchages et autres feuillages dans la toison épaisse de l'animal. Le fait de l'entretenir permettait à son armure naturelle de faire correctement son office.

Au moins ses conseils lui permettaient de faire amende honorable quand au fait qu'il avait été fort peu utile quand à la recherche de la créature dans la grotte givrée. Si cette dernière refuserait peut-être sa présence à ses cotés pour l'aider à flairer l'animal, peut-être que ses simples prières suffiraient. Puis la conversation se tourna vers une autre rencontre entre les deux protagonistes et si la damoiselle lui annonçait n'être guère libre le lendemain, les jours à venir semblaient être libres et plus tôt il lui apprendrait les arcanes de la traque, plus vite elle s'y familiariserait.

« - En ce cas je vous propose qu'une fois que vos labeurs soient terminés, nous nous retrouverons dans mon humble demeure. Bien entendu, vos Pokémons et vous-même êtes les invités de marque et vous serez traitez en tant que tel durant tout le temps qu'il vous faudra. Je suis assez occupé je dois l'avouer toutes les saintes journées entre entraînements et aide aux mistralois mais je peux utiliser les fins de journée pour vous aider. »

Après cette invitation et cette proposition, il s'inclina respectueusement surtout que l'heure était désormais plus au sérieux et au recueillement. Quelle triste histoire qu'elle lui contait et le vieux garde en fut aussi bien contrit qu'admiratif face à l'ardeur et le professionnalisme dont faisait preuve la jeune femme malgré les rudes épreuves. Toutefois lorsque la jeune femme fit mention de la race du chien, cela fit lever un sourcil d'intérêt auprès du guisarmier. Un Malosse ou chien de bataille était un allié qu'il se devait d'avoir avec un Flambusard. Avec toutes ces créatures son passé de bûcher purificateur serait de nouveau mis en avant, sans compter son palefroi à la crinière flamboyante.

En parlant de cet être, peut-être devrait-il s'enquérir lui-même de l'état de l’œuf qu'il avait acheté et même s'il avait une confiance infaillible auprès de ses alliés de l'Escouade, il devait tout de même vérifier à ce que son futur compagnon découvre rapidement après sa naissance le visage de son chef. Après un claquement de langue incitant la Couafarelle à le suivre, il fit part de ses intentions quand à retourner auprès du foyer chauffant la coquille.

« - Dame Krystal, je vais devoir retourner auprès de l'être à naître afin de m'enquérir de l'état de mon nouvel allié. Voulez-vous en profiter pour prendre congé ou désirez-vous me suivre afin de voir sa probable éclosion ? »

D'un choix comme de l'autre, il l'invitait avec distinction à sortir de la cour d'un mouvement de poignet aussi aimable que gracile, dénotant avec étrangeté le gabarit bourru du personnage.