La Ville aux Vieux Os

Ainsi donc, la dénommée Théa était écrivaine et venait non pas de Pignouse mais de Vigneau, une ville que Lotbrok savait un peu plus au nord. Voyager avait le pouvoir de rendre les gens plus ouvert d’esprit, osait-il croire meilleur, et cette occupation ne l’étonna pas le moins du monde. Lotbrok se demandait bien sur quoi la jeune femme pouvait-elle bien écrire … écrivait-elle des romans d’aventure dans lesquels de preux chevaliers sauvaient de belles princesses en détresse ? Ou bien des romans policiers ? Les possibilités étaient infinies et l’apprenti ranger se promit d’en découvrir davantage dès que l’occasion se présenterait … après tout, ce n’était pas tous les jours qu’on rencontrait une écrivaine. Etait-elle célèbre ? D’un regard qui se voulait discret, le jeune homme aux cheveux blonds avisa les environs … les regards des gens n’étaient pas tellement fixer sur eux (il fallait dire qu’à cette heure, il y avait peu de gens tout court) aussi en conclu-t-il qu’elle ne devait pas être une star nationale. Lotbrok l’aurait su si cela avait été le cas, n’est-ce pas ? Bien sûr qu’il l’aurait su.

Obtenir des informations concernant Jade se révéla être bien plus compliqué : elle n’était personne, ne faisait rien et venait de nul part. Passionnant, vraiment, impossible de faire plus mystérieux. Avisé lorsqu’il le fallait, Lotbrok eut la sagesse de ne pas prendre cela pour lui … le jeune homme avait compris depuis un moment maintenant le type de personne qu’était Jade et le garçon attentif qu’il était se demandait quel genre d’histoire se cachait derrière ce bloc de roche imprenable d’apparence, mais seulement d’apparence. Cela ne le regardait pas bien sûr, et sans doute était-ce pour cela que son intérêt s’en était vu décuplé … mais le jeune homme se garda bien de creuser. Loin d’être dans son intérêt, demeurait un risque non négligeable d’agacer la dame et mieux valait ne pas voir cela arriver, aussi Lotbrok se contenta-t-il de ce qu’elle lui donna, c’est à dire rien du tout.

« — Vous êtes particulière, Jade » fit pourtant remarquer Lotbrok, un sourire léger sur le coin des lèvres « Vous aimez savoir des choses sur les autres, sans en dévoiler sur vous-même. Cela doit rendre chaque information vous concernant précieuse » déclara-t-il.

Sa remarque n’attendait pas de réponse, mais il ne put s’empêcher de jeter un regard en direction de Théa, qui sans doute mieux que lui devait le savoir. Silencieux, le jeune homme écouta attentivement leur projet de se rendre au Parc Naturel et dans la Zone de Chasse, où régnaient aussi les Gardiens. Lotbrok s’apprêta à commenter lorsque Théa l’interpella de nouveau, offrant au jeune homme un conseil avisé. Passer plus de temps dans les villes, oui, si Lotbrok voulait évoluer en tant qu’individu mais aussi en tant que ranger, cette étape était inévitable … mais le voulait-il ? Sans doute l’avenir ne lui laisserait pas tellement le choix.

« — Oui, vous avez raison » reconnu-t-il en guise de réponse « Nous devons avancer main dans la main, mais … c’est parfois compliqué de pardonner lorsqu’on retrouve un Kraknoix étouffer dans un sac, ou bien un Ramoloss avec une paille dans le nez ou carrément sans queue » affirma le jeune homme.

Très tôt déjà, la méchanceté des hommes était parvenue à ses yeux d’enfants, et aujourd’hui son esprit un peu drastique tendait à faire d’un cas une généralité. Tous les hommes n’étaient pas comme ça, pourtant dans le cœur de Lotbrok s’était depuis longtemps immiscé un eux et puis un nous, trahissant le clivage qui résidait dans son esprit. Il y avait les gens biens, ceux qui respectaient les pokémons et la nature, et puis il y avait les autres, ceux qui les assouvissaient et qui détruisaient. Cette dualité dénuée de nuance était loin de la réalité, et pourtant elle régnait en maître dans le cœur encore naïf du jeune homme. Théa et Jade ne pouvaient que le constater : Lotbrok avait encore beaucoup de choses à apprendre du monde, et l’écrivaine avait bel et bien raison : voyager pour comprendre ne manquerait pas de lui être salutaire, pour lui qui ne voyait le monde qu’en deux couleurs.

Par la suite, le bâillement de Théa servit de baffe à Lotbrok : oui, il était tard et il avait suffisamment abuser de leur temps ! Hâtivement, l’apprenti ranger rangea dans l’une de ses poches le morceau de papier donné par Jade quelques instant plus tôt (il n’avait d’ailleurs pas manqué de la remercier pour cela) et presque d’un bond, le garçon se leva, non sans faire un arrêt face au baiser que Jade gratifia à Théa. De … quoi quoi quoi ? C’était sur la joue, mais déjà l’imagination du garçon partit à la dérive et il dû faire un effort insoupçonné pour faire comme si de rien n’était.

« — Oui, tâchons de trouver Maximus. J’ai suffisamment abusé de votre temps comme ça ! » déclara l’apprenti ranger.

D’une luxeball carrément onéreuse (Lotbrok ne s’était pas attardé à ce détail jusqu’à présent), Théa libéra un imposant Machopeur qui ne manqua pas de le fixer un instant … avant que son attention ne se porte finalement sur la Stari, visiblement bien trop heureuse de le voir apparaître. La joyeuse compagnie l’oublia bien vite, au grand soulagement de Lotbrok qui ne pouvait que donner raison à Jade : ce Machopeur était bel et bien capable de le retourner, aucun doute là-dessus.

Lotbrok quitta le centre pokémon avec un léger pincement au cœur. Le sentiment d’abandonner la Caninos l’envahit un instant et il tenta de se consoler en se persuadant qu’elle était entre de bonnes mains. Que pouvait-il faire de plus de toute manière ? Rien du tout, si ce n’était suivre les conseils des deux jeunes femmes : trouver un endroit où dormir et se reposer pour, lui aussi, regagner des forces … mais d’abord, Maximus. Maximus faisait partis de ces pokémons aux comportements plutôt imprévisibles, pourtant Lotbrok se doutait bien de l’endroit où il pouvait se trouver. Comme Jade l’avait prétendu (cette femme semblait avoir toujours raison, c’était presque agaçant), le lieu de leur rencontre n’était pas si loin (bien que le "voyage" lui avait paru interminable sur le dos de l’Arcanin) et bientôt le fleuve et la nature avoisinante furent à portée de vu. Plus que jamais, l’obscurité avait gagné les environs et éloigné des bâtiments et de leurs lumières artificielles, ce détail frappa Lotbrok … qui pourtant avait bien moins d’appréhension à l’idée de s’engouffrer dans un bosquet sombre que de traîner dans la ville en pleine nuit.

« — Maximus ! Maximus ! » interpella le jeune homme, dans l’espoir de se faire entendre du daim.

L’idée qu’il risquait ainsi de réveiller les habitants de la bourgade ne l’effleura pas un seul instant. Pendant un long moment, l’appel de Lotbrok resta sans réponse dans la nuit, jusqu’à ce qu’un mouvement se fasse enfin percevoir dans les buissons, de l’autre côté du cours d’eau. D’abord timide, le daim les observa de loin, caché derrière son abri de fortune, avant de finalement se montrer, prudemment mais surement. Comment le Cerfrousse était-il parvenu de l’autre côté, telle était la question, et pendant longtemps il fixa les humains de loin, sans s’approcher davantage.

« — Maximus ! » s’écria de nouveau le ranger, cette fois de soulagement « Maximus, vient ici. N’ai pas peur, elles ne te feront rien » assura celui que l’on avait toujours un peu hâtivement nommé son maître.

Peur, le Cerfrousse ? Non, pas du tout. Dans le regard du petit cerf résidait tout, sauf de la peur. Toujours de loin, il avisa le Machopeur et la Stari, non sans un petit air de défi que Lotbrok aurait voulu ne jamais deviner. Non mais, qu’est-ce qu’il faisait au juste ? Il avait un caillou à la place du cerveau, pour ainsi croire qu’il ferait le poids face à une brute pareille ? Le jeune homme s’était attendu à le voir disparaître dans le bois (c’était ce qu’il faisait toujours après tout) pourtant, loin de se débiner, le daim traversa le cours d’eau pour venir les rejoindre, choisissant un endroit où le fleuve s’étranglait entre plusieurs rochers pour sautiller de pierres en pierres avec une souplesse que Lotbrok ne lui connaissait pas. Une fois de l’autre côté, Maximus s’approcha du groupe et passant devant eux, il ignora singulièrement Lotbrok, Théa et ses deux pokémons pour se diriger vers Jade, qu’il s’était mis à fixer avec une intensité rare, inhabituelle. Qu’est-ce qui lui prenait, le Cerfrousse était-il tombé sur les os de la tête en son absence ? Il s’arrêta à quelques mètres d’elle et se figea dans la nuit, interdit. Les quelques rayons de la lune laissaient percevoir les marques jadis laissés par les braconniers, que le temps n’avait jamais su effacer. Calme et placide, dénué de toute agressivité, dans les yeux du Cerfrousse se lisait pourtant toute la haine qu’il portait aux hommes. Détestait-il la noiraude aussi ? Non, là encore, c’était bien différent … Lotbrok avait l’impression que quelque chose l’attirait. Se reconnaissait-il en elle ? Le jeune homme n’en était pas certain, mais maintenant qu’il y pensait, il y avait entre ces deux-là une ressemblance indéniable que le Cerfrousse devait sentir. Je te vois semblait-il dire, et cela allait bien au-delà du physique.

« — Je … je suis désolé. Il est étrange parfois … souvent … mais il n’avait jamais fait ça » déclara Lotbrok, tandis que Maximus n’avait toujours pas bougé « Maximus, arrête ça ! » lui intima-t-il.

Les paroles de l’apprenti ranger n’y changèrent rien : Maximus continua de fixer la jeune femme pendant beaucoup trop longtemps … avant de finalement (enfin !) détourner son regard, parce qu’il l’avait décidé et non pas par obéissance.

« — Ceerrrrrr » la gratifia-t-il, avant d’aller boire quelques gorgées dans le fleuve.

Visiblement, Jade lui plaisait bien. Pourquoi cela ne l’étonnait-il pas ?

La Ville aux Vieux Os

Oui, il y avait dans le comportement de Maximus quelque chose d’anormal aux yeux de Lotbrok, qui n’avait eu que trop peu l’occasion d’observer son pokémon ainsi intéressé par un être humain. Lui qui les fuyait (sans doute à juste titre) se voyait attirer par cette femme si mystérieuse, étrangère au demeurant. Jade ne manqua pas de le reprendre concernant la vision qu’il avait de son pokémon et si d’autre que lui auraient sans doute pris la mouche, Lotbrok avait la sagesse relative d’avoir conscience qu’il ne savait pas tout … en particulier lorsqu’il s’agissait de Maximus. Quand bien même l’avait-il côtoyé plus longtemps qu’elle, le Cerfrousse restait pour lui un étranger ou peu s’en fallait. Tous les points de vues étaient bon à prendre, et plus encore celui de celle qui avait suscité l’intérêt du pokémon en question.

« — Non, je ne le comprends pas » admit le jeune homme en réponse aux paroles de la noiraude, loin de se sentir vexer ou même contrarié. Le garçon avait dépassé cela depuis longtemps « En vérité, je ne comprends pas objectivement pourquoi il est encore ici, avec moi, après toutes ces années » avoua le garçon.

Oui, pourquoi Maximus était-il encore là, avec lui, alors qu’il lui portait si peu d’affection ? Lotbrok avait l’impression d’avoir un bloc de glace dans son ombre. Non content de ne visiblement pas l’apprécier, Broko avait également le sentiment que le Cerfrousse le jugeait constamment, et pas de la meilleure des manières. Maximus ne lui portait pas souvent de l’intérêt, et lorsqu’il le faisait il pouvait lui arriver, parfois, de ne pas être d’accord avec lui et le lui faire comprendre, assez singulièrement. Lotbrok avait finis par avoir le sentiment que le Cerfrousse le supportait la plupart du temps, mais que parfois c’était trop et qu’il réagissait. Si cette vie et sa personne ne lui convenait pas, pourquoi diable restait-il, hein ? Oui, pourquoi restait-il ? Cette question, le jeune homme n’avait cessé de se la poser depuis qu’il connaissait le Cerfrousse, sans ne jamais y trouver de réponse.

Loin d’ignorer cet étrange échange avec Maximus, Jade voulu en savoir plus sur le Cerfrousse. Etait-ce étonnant ? Son histoire ne manquerait pas de l’aider à comprendre, peut-être, hélas le jeune homme avait peu d’informations à donner, pour ne pas dire aucune. Lotbrok ne savait rien du passé du Cerfrousse, si ce n’était celui qu’il avait en commun avec lui. Le récit de leur rencontre risquait de lui offrir bien peu d’éléments, tel était du moins l’avis de Broko … qui n’était pas toujours avisé. Théa, elle, aurait préféré remettre cela à plus tard (ou bien à jamais) mais Jade semblait y tenir, aussi Lotbrok céda-t-il à sa demande.

« — Je ne serai pas long » promis le jeune homme à l’écrivaine, avant de commencer « C’est mon oncle qui l’a trouvé un jour, gravement blessé au cœur de la Forêt Luxuriante. Quelqu’un l’y avait emmené, car les Cerfrousses n’habitent pas cette partie de Mistral … du moins pas à notre connaissance » affirma-t-il « Il avait une chaîne autour du cou, et des marques de combat partout sur le corps. Mon oncle pense qu’il faisait partie d’un butin de braconniers, car un groupe a été pris en chasse par les Rangers ce même jour. Ils en voulaient après ses bois, sans doute … pour le reste, trop d’obscurité demeure » déclara-t-il.

Son oncle, Brock, avait supposé que le Cerfrousse avait dû se battre pour se libérer et s’enfuir. Le daim avait même reçu une balle dans la cuisse, ce qui l’avait longtemps fait boiter, handicapant chacun de ses mouvements. S’il ne restait plus aucune trace de cette épreuve dans ses mouvements, il gardait sur sa cuisse gauche une marque indélébile. Les braconniers avaient tout fait pour l’empêcher de fuir, oui, absolument tout.  

« — Je l’ai soigné à l’aide de mon oncle et de ma tante, jusqu’à ce qu’il se remette » poursuivit Lotbrok « Il ne s’est jamais montré proche et a toujours gardé ses distances, et pourtant il ne m’a jamais quitté pour autant. Quant à sa pokéball … il n’est jamais rentré dedans. Jamais »

Non, jamais. Le Cerfrousse avait toujours repoussé avec véhémence chacune de ses tentatives. Là encore, puisque rien n’était simple avec lui, Maximus avait une relation étrange avec cette pokéball. Un jour, de rage le garçon l’avait jeté au loin, et plutôt que de la laisser pourrir dans un coin de la forêt Maximus l’avait récupéré pour la rendre au jeune homme. Le Cerfrousse ne voulait pas y entrer, et pourtant il ne voulait pas que Lotbrok s’en débarrasse. C’était à ne rien y comprendre.

Silencieux, Maximus semblait écouter son récit, les oreilles immobiles fixées dans leur direction. Lotbrok croisa un instant son regard … oui, il écoutait. Savait-il qu’on parlait de lui, comprenait-il ce qui se disait ? A n’en pas douter.

« — J’ai le sentiment que quelque chose le force à rester avec moi, comme si … je ne sais pas, comme s’il me devait quelque chose. Parfois même, j’ai l’impression qu’il attend quelque chose de moi, sans que je ne sache quoi » déclara finalement le jeune homme.

Un jour, peut-être, Lotbrok comprendrait-il, et alors le mystère Maximus serait levé. En attendant, le jeune homme devait vivre avec, et surtout composer avec. Le jeune homme ignorait s’il pouvait compter sur le Cerfrousse ou non et jusqu’où le pokémon accepterait de le suivre. Ah, si seulement ils avaient la parole, bien des choses seraient sans doute plus simples.

« — Voilà tout ce que je sais sur Maximus. C’est peu de choses, mais sans doute le temps finira par nous offrir des réponses … à tous les deux » conclu-t-il enfin.

Oui, car si Lotbrok avait ses propres questions, Maximus avait sans doute aussi les siennes. Par exemple : dans la mystérieuse quête qui était la sienne, pouvait-il compter sur l’aide du garçon ? Avait-il fait le bon choix en restant à ses côtés, ou s’était-il condamné ? Mieux encore : cet idiot d’humain finirait-il par comprendre ce qui n’allait pas avec cette pokéball ?

« — Quoi qu’il en soit, je vous remercie encore pour l’aide que vous nous avez apporté, à mes pokémons et moi » répéta-t-il.

On ne remerciait jamais trop les gens, n’est-ce pas ? Lotbrok avait promis à Théa qu’il ne s’éterniserait pas trop et le jeune homme comptait bien tenir sa promesse.

La Ville aux Vieux Os

Jade avait raison et quelque part, Lotbrok l’avait toujours su : Maximus ne changerait pas si rien ne changeait. N’avait-ce pas été le cas pendant toutes ces années ? A quelques détails près, la vie de Lotbrok et de Maximus n’avait pas changé depuis le jour de leur rencontre. Pendant des années, Maximus avait continué d’errer au Parc Naturel à la recherche de … de quoi d’ailleurs ? personne ne le savait, pendant que Lotbrok suivait ce que tout jeune mistralois se devait de suivre : les cours de l’école. Aujourd’hui encore, rien n’appelait au changement puisque Lotbrok espérait bien passer le reste de sa vie à protéger le Parc Naturel. Cette perspective leur permettrait-elle d’avancer, Maximus et lui ? Il fallait l’espérer. Et si ce n’était pas le cas ? Lotbrok s’en contenterait … résilient, le jeune homme était capable de comprendre lorsqu’une chose ne pouvait être changée. Certains destins étaient comme ça : ils avaient des chemins en commun, mais jamais ils ne se rejoignaient.

Ce soir, bien qu’il n’en négligeait pas l’importance, améliorer sa relation avec Maximus n’était cependant pas sa priorité. Sur lui, le jeune homme pouvait sentir le poids de la journée et de cette aventure ô combien inhabituelle, teintée d’une multitude de premières fois … un état qu’il s’emblait partager avec Théa qui, décidément, n’en pouvait plus de cette soirée interminable. Non sans une pointe d’humour à laquelle l’écrivaine semblait être habituée, Jade prit congé pour elles deux, offrant à l’apprenti ranger des dernières indications destinées au bon déroulement de son prochain projet, celui de trouver un lit pour la nuit. Avec l’approbation des pokémons de l’écrivaine (la Stari semblait tout de même en vouloir à la noiraude d’avoir tant tardé) les deux femmes partirent dans une direction différente de celle qu’ils avaient prise pour revenir du centre pokémon, puis disparurent sous le regard attentif de Maximus, resté immobile aux côtés du jeune homme. Jade et Théa avaient-elles vraiment l’intention de le retrouver demain ? Sans doute le sort de la Caninos leur importait plus qu’il ne l’avait imaginé. Pourquoi donc ? Lotbrok avait encore bien des choses à découvrir. Finalement, la ville n’abritait pas que des voyous, et la richesse n’allait pas toujours de pair avec l’égoïsme. Même en dehors de la forêt, dans ce monde survivait encore des gens de bon augure, prompt à venir en aide aux autres, pour peu qu’ils le méritent. Est-ce que cela réconfortait un peu le jeune homme ? Absolument, lui qui avait si peu foi en l’humanité.

Lorsque Théa et Jade eurent disparu, Maximus avisa un instant le jeune homme avant disparaître à son tour dans la nuit, retournant dans le bosquet duquel il était sorti plusieurs minutes plus tôt. Lotbrok avait depuis longtemps abandonné l’idée de le nourrir : en digne sauvageon qu’il était, le Cerfrousse n’avait jamais voulu goûter à ces croquettes infâmes vendues sous le nom de nourriture pokémon ; difficile, le daim préférait de loin trouver sa propre nourriture, quitte à parfois rester sur sa faim par manque de trouvaille.

Désormais seul, Lotbrok entreprit alors de trouver l’adresse que Jade lui avait donné, non sans se fier à ses dernières indications. Loin d’oublier les avertissements de Théa concernant les pokémons sauvages et la Team Rocket, le jeune homme ne manqua pas de se montrer prudents. Pour le reste … parviendrait-il à trouver l’auberge avant la fin de la nuit ? Ça, s’était une autre histoire.