Saison Un

: Obscure Prophétie

Reprenons le fil des événements. Après avoir éclairci un peu ses idées auprès de sa grand-mère, Otto s'étais attaché à effectuer une nouvelle mission sur place. Par l'intervention quasi-miraculeuse d'Adèle, la situation n'avait pas trop dégénérée. Mais bien décidé à confronter la plus haute autorité en laquelle il croit, Otto s'enquiert d'un nouveau voyage vers Arnac-le-peuple en récupérant sur le chemin quelques pokémons utile à ses interventions, comptant également profiter de ce moment pour remplir quelques missions, en bon Ranger. Une série de tentatives de capture plus tard, Otto se retrouvait ici, au beau milieu de la Grotte Bifurcation. Prêt ou pas, à l'aise ou pas avec cette idée, il lui faut compter sur la lumière produite par Gympie pour poursuivre sa progression dans cet univers souterrain.

Le balafré doit bien se faire à l'idée, il ne dispose pour l'instant d'aucune autre source de lumière suffisante, pour l'aider dans son cheminement. Soudain, derrière lui, une voix s'interroge :


Une nouvelle rencontre ? Est-elle perdue ? C'est une situation dans laquelle le brûlé aurait très facilement pu se retrouver sans indications, cartographie grossière et surtout, sans avoir l'habitude de se promener par ici. Un petit sourire naît sur les lèvres d'Otto tandis que l'étreinte qui enserrait son cœur se relâche un peu. Il n'est pas particulièrement à l'aise dans les environnements exigu, d'autant plus lorsque l'on ajoute à l'équation la présence d'un certain pokémon. Le Ponyta pour sa part poursuit son bonhomme de chemin, non s'en jeter une oreille vers son compagnon et l'agitation à l'arrière, mais sans ralentir le pas pour autant. Toujours aussi borné celui-ci.


D'une voix, chaleureuse, accueillante, notre jeune homme se présente spontanément à cette inconnue, le contexte aidant, il a toujours fonctionné de la sorte : il aura beau ne pas apprécier de lui-même une expérience quelconque, s'il y est accompagné, de surcroît par une personne que cela dérange également, il tâchera systématiquement d'avoir du courage pour deux. Non pas en se mentant et en « forçant » un état d'esprit plus positif, c'est plus simplement que la compagnie le libère d'un poids qu'il aurait dû mal à porter seul. Toujours aussi intriguant de la part de notre pseudo-misanthrope assez craintif du reste des Hommes.

Elle doit être malade, se dit Otto. Elle semble avoir la peau très légèrement brillante, comme maculée d'un brin de sueur par endroit et en dehors d'une réaction de son propre corps à un mal qui la rongerait. Il ne voit aucune autre raison de souffrir d'une quelconque chaleur par ici. Un brin inquiet, le Ranger accélère imperceptiblement le pas vers son interlocutrice, comme s'il allait poser sur son omoplate une main réconfortante et chaleureuse (peut-être la dernière chose dont elle aurait envie). Que fait-elle ici ? Est-ce que tout va bien pour elle, a-t-elle surestimé ses forces, surprise par la fièvre, ou aurait-elle décidé de sortir malgré son état ? Tout un flot de questionnements s'emparent d'Otto très rapidement. Au final, le grand brûlé stoppe ses pas à une distance respectable de la jeune femme, il ne compte pas vraiment entrer la sphère intime de cette inconnue, même s'il pouvait en ressentir l'envie.


Le sourire du brun ne le quitte pas au fur et à mesure que Sally prend la parole. Il la trouve dotée d'une certaine aura, apaisante, douce. C'est assez fou de se rendre compte des effets si disparates que les êtres humains peuvent avoir sur les autres. L'un peut vous vrier les nerfs sans prononcer un mot ou vous renverser dès sa première tirade d'autres sans rien dire sauront vous laisser savoir que vous n'êtes pas seul dans votre malheur, d'autre encore n'ont qu'à parler pour faire fondre votre cœur, agréablement. Sally, si elle se devait catégoriser, se rangerait plutôt dans ce dernier groupe pour le moment. L'énergie relative qui provient de ce petit brin de fille, malgré la fatigue qui doit l'accabler, le doute, la crainte tout à fait exprimée, mais dans une certaine indélicatesse, maladroite, tout cela est très touchant aux yeux d'Otto.


Un rire léger s'échappe d'entre les lèvres du balafré.


Otto n'aura pas pu s'en empêcher, la mauvaise foi éhontée de Sally et la réaction de son Pokémon auront achevé de faire sauter les barrières qu'il met usuellement entre lui et les gens, se lâchant même jusqu'à rire en face d'une tierce personne. Il n'y avait dans ce rire pas la moindre moquerie, pas la moindre amertume cachée, rien qu'un remerciement d'avoir été là, sur son chemin. Une brise printanière au cœur de l'hiver, un rayon de soleil dans les entrailles du monde.