Saison Un

: Obscure Prophétie

C'était atroce. Cette douleur. Cette haine. La première chose qui me réconforta avant que le petit garçon meurt, ce fut qu'il ait eut la présence d'esprit de sauver son petit frère.

Lior ouvrit les yeux, la joue droite contre le sol. Son regard semblait étrangement vide, son énergie envolée. Ce qu'elle avait vécu l'avait beaucoup touché, peut-être plus que beaucoup ici, elle ne le savait pas. Son coeur lui paraissait vide et rien n'émanait d'elle contrairement à d'habitude. Elle ressentait la nausée mais elle était tellement déconnectée qu'elle n'y faisait pas vraiment attention. Son corps était cloué au sol mais de toute manière elle ne faisait pas le moindre effort pour se relever. Elle entendait une voix mais n'y faisait pas attention, perdue dans les affres de son âme. Elle détestait celui qui les avait forcé à vivre telle tragédie. Elle détestait tous les humains ici qui s'étaient pris pour ce qu'ils n'étaient pas et ne seraient jamais : des héros. A cause d'eux, elle avait dû vivre ça. Ne ressentaient-ils donc rien ? Etaient-ils tous des êtres dénués d'instinct de survie ? Lior ferma les yeux, les mâchoires serrées. Elle entendit alors la fin du discours de Véronica, cette fille qu'elle pensait pourtant sympathique. La trahison semblait être culturelle dans cette région.

L'Ordre Noir. La fin des temps ? La royauté ? Elle s'en fichait. Elle s'en fichait des rois et des reines, de leurs histoires. Pourquoi ils avaient été forcé de vivre ça ? N'y avait-il pas d'autres moyens de le montrer ? La force colossale, sombre et implacable s'envola soudainement en même temps que Véronica et Lior expira longuement. Elle se sentait mal. Autant physiquement que mentalement. La maladie revenait. Elle entendit la trompette tandis qu'elle se redressait, le regard dans le vide. Où était Gunter ? Técla ? Le regard carmin de la jeune femme aperçu alors l'Amphinobi de dos, visiblement les pattes croisées. Lior approcha, posant sa main sur son épaule.

« Gunter ? ...Tout va bien ? On va trouver Técla et partir... Je... Je me sens... Gunter ? »

Le regard de l'Amphinobi était étrange. Elle l'observait sans cette tendresse habituelle. Elle se dégagea même de sa prise, anormalement neutre. Lior eut un mouvement de recul en sentant une brisure. Comme si le lien la reliant à Gunter venait d'en prendre un vilain coup. La championne Ténèbres déglutit difficilement. L'Amphinobi l'ignora finalement, commençant à partir vers la sortie. Par réflexe, Lior la rappela dans sa Pokéball, observant la sphère d'un air incompréhensif. Son coeur se serra et elle passa une main sur son visage, serrant les dents pour se retenir de pleurer. Que se passait-il ? Où était Técla ? Elle avait besoin de Técla. Elle saurait quoi faire. Oui. Técla saurait.

Cherchant sa meilleure amie comme quelqu'un en train de se noyer le ferait pour une bouée, elle s'avança. Son regard croisa brièvement celui d'Alphonse, elle s'apprêtait à lui dire quelque chose mais soudainement, elle vit Técla face à elle.

« Técla... On peut partir maintenant s'il te plaît ? »

Puis, elle remarqua qu'elle saignait. Son aînée lui attrapa la main et la tira avec elle sans un mot. Lior glissa son regard vers Alphonse et lui offrit donc un très léger sourire, juste pour essayer de faire en sorte qu'il ne s'inquiète pas trop. Il irait bien, n'est-ce pas ? Il avait des amis. Elle l'avait vu quand il s'était fait tiré dessus. Oui. Il ira bien. Elle, elle devait quitter la foule. Elle avait besoin de calme et de Técla, la seule personne qui pouvait la comprendre à la perfection. Silencieuse, Lior suivit. Dehors, Colossus semblait comme dans un autre monde. Lior sentit la main de Técla serrer la sienne et elle baissa son regard vers elle avant d'hocher légèrement la tête. Elles marcheraient donc, de toute manière, elles n'avaient pas le choix.

« Pourquoi... Pourquoi ils ne nous répondent plus ? Et pourquoi tu saignes ? » Demanda Lior, l'air perdu.

Elles se mirent en route pour se couper des autres.

Anty avait suivit tout le processus sans pouvoir en placer une, enrageant aux décisions prises. Surtout sur les dernières. Le lieutenant s'éveilla par la suite avec les autres, ses prunelles céruléennes scrutaient les alentours et s'il tenta de bouger, il en fut incapable. Même son petit doigt ne bougeait pas d'un poil. Il vit alors la femme qui avait ouvert la dans, celle avec une tête bizarre. Et ce qu'elle disait était absolument délirant. Une mascarade ? Une imposture de la famille royale ? Certes après ce qu'ils avaient vécu, ça faisait sens mais est-ce qu'au moins c'était vrai ? Rien ne le garantissait et la disparition de la famille royale actuelle non plus. Vu ses grands pouvoirs, peut-être que c'est elle qui avait causé leur disparition. Anty préférait envisager toutes les possibilités. Il n'avait guère envie de se faire tourner en bourrique. Si certains y croyaient sans y réfléchir au préalable, ce n'était pas son cas.

L'Ordre Noir. Le lieutenant tâcha de l'encrer dans son crâne. Tout abandonner pour les rejoindre ? Y faire allégeance ? Cela sonnait comme une secte, non ? Anty fronça ses sourcils, furieux de ne pas pouvoir se lever pour l'arrêter. L'incroyable pression cessa brusquement et il expira longuement pour reprendre son souffle, sentant son coeur soulagé par la fuite de la femme. Bien, il fallait agir. Maintenant. Anty se redressa lentement, attrapant sa casquette qu'il vissa sur sa tête. Il fallait retrouver cette femme mais aussi la famille royale, c'était urgent. Où était Azur Bain, le maître de la Ligue ? Ils avaient besoin de lui et de la Ligue entière. Des Conseil 4 et des champions. Même si le lieutenant ne les portait pas du tout dans son coeur, il devait protéger le peuple et la région, pour cela, l'alliance entre Ligue et Maréchaussée devait se faire. Il subirait un temps leur présence, pour le mieux. Pour l'Avenir.

Et cette fichue nausée qu'il sentait encore. Elle n'aidait vraiment pas.

Ce son de trompette, d'où cela provenait ? C'était étrange, aucun musicien n'avait un instrument. N'était-ce pas un son annonciateur de sombres tourments ? Anty observa autour de lui, le coeur battant. C'est là qu'il vit la petite Vivia attraper un morceau de verre, prononçant d'horribles paroles qui lui glacèrent le sang. Il fit un mouvement vers elle mais alors un puissant coup au menton le fit trébucher. Le lieutenant grimaça, posant sa main où la douleur était lancinante. Son regard bleu trouva alors l'initiateur du coup : Lieutenant Qiu. L'immense Pandarbare avait les crocs serrés, le regard plus sombre que jamais. Pourquoi l'avait-il frappé ? Qu'est-ce qu'il lui prenait soudainement ? Anty évita de peu une nouvelle attaque en bondissant sur le côté avant de se relever, faisant face au panda en rogne. C'est alors qu'il la sentit. La brisure. Ce n'était plus vraiment Qiu face à lui. Du moins... Pas comme il le connaissait. Et autour, il voyait ce phénomène aussi. Les Pokémon attaquaient, partaient, se détournaient.

« Qu'est-ce que... »

Et Qiu était de ceux agressifs. Le Pandarbare avait vu beaucoup de choses dans sa vie aux côtés de son dresseur et maintenant qu'il ne se retenait plus, la rage semblait devoir s'évacuer. Il arma son poing, prêt à frapper mais Anty le rappela à temps dans sa Pokéball, une chose qu'il ne faisait que très rarement. Anty rangea rageusement la sphère dans sa poche avant de se diriger rapidement vers Azur.

« Monsieur Bain, j'espère et j'imagine que nous sommes sur la même longueur d'onde : Ligue Pokémon et Maréchaussée doivent s'allier. Nous avons du pain sur la planche. »

Comment faire sans les Pokémon ? Anty savait faire sans, on ne lui avait pas apprit à compter exclusivement sur eux mais il savait que ce n'était pas le cas de tous. Sans Pokémon, certains devaient être perdu. Anty se retourna alors en entendant de l'agitation : un Pokémon venait de planter sa dresseuse ! Bon sang, ça allait aussi loin ?

« Je vais dire à deux de mes gars de vous accompagner, ils l'emmèneront au centre de soins le plus proche. »

Assura Anty, laissant Azur gérer. Il devait lui-même s'occuper de certaines choses que lui seul pouvait faire alors il laissait Azur s'en charger : c'était aussi une partie de son travail. Encore plus si ça concernait un Pokémon. Le lieutenant approcha donc de deux de ses hommes, leur expliquant rapidement qu'ils allaient obéir temporairement à Azur. Ils partirent donc sans en rediscuter tandis qu'Anty touchait ses lèvres en sentant un liquide. Bon sang, Qiu ne l'avait pas raté, il saignait des gencives. Le lieutenant soupira avant d'aller dehors avec une partie de ses hommes. Il leur expliqua donc la marche à suivre : s'occuper des blessés et des paumés pendant qu'il verrait pour gérer la situation avec le maître de la ligue. Ce qui embêtait Anty c'est qu'ils n'avaient aucun moyen de prévenir les hauts-gradés si tous les Pokémon débloquaient. Ils n'avaient pas de véhicules, pas un type vol pour aller prévenir un capitaine ou un plus haut-gradé. Quel merdier.

Pour ne pas arranger les choses on avait un nouveau Spectre en furie. La mère de la célébrissime écrivaine : Théa Louest. C'était sérieux ? Anty se détourna, fronçant ses sourcils. Bon sang. On en avait jamais assez ici ou quoi ? Fallait toujours que ça en rajoute ? On dit quoi à un spectre pour l'arrêter ? Anty s'avança.

« Madame Louest, arrêtez-vous, mains en l'air et sortez immédiatement de votre fille. Je vous mets en joue, plus un geste après avoir levé les mains. »

Déclara Anty d'une voix forte en pointant son arme sur l'écrivaine. Il doutait que ça fonctionnerait et il ne comptait de toute manière pas blesser une innocente possédée, il avait déjà fait assez de mal avec Kata. Peut-être que bluffer marcherait, après tout Anty semblait extrêmement sérieux. Mais il y avait cette fichue nausée qui ne cessait de revenir en force. Pourtant, il devait se concentrer. Puis il avait mal à la mâchoire aussi.