Saison Un

: Obscure Prophétie

Mais qu'est-ce donc que cette chose ?!? Ne lui avait-on point vanté une joute ? Alors pourquoi en lieu et place de montures se trouvaient des charrues n'étant pourvues que de deux roues ? Comment allait-il tenir sur pareille chariote ? Où étaient les Bourrinos ? Les Galopas ? Fidèles et braves montures plus adaptées à pareil exercice. L'ancien garde royal était en tous points dubitatif face à la chose métallique qu'il tournait et retournait entre ses bras. Comment cela fonctionnait-il ?

Un instant, il examina les autres participants et découvrit qu'il fallait s'installer sur ce qui ressemblait à une selle mais en miniature et qu'il fallait utiliser la force de ses jambes pour faire tourner les étriers. Son regard se porta alors vers sa troupe, toute aussi ébaubie que lui. Fallait-il déclarer forfait face au désastre qu'il sentait arriver ?

Non !

Il perdrait, s'en était presque écrit dans les étoiles, mais il perdrait en ayant au moins essayé. Il devait assimiler en quelques minutes ce que le peuple actuel avait pu perfectionner durant de longues décennies. Ce n'était clairement pas gagné. Premier essai : il n'eut même pas le temps de faire un quart de cercle que le « vélo » se mit dangereusement à tanguer sur le coté et qu'il ne finisse à terre. Deuxième essai : il réussi enfin à faire deux trois tours... d'étriers avant de festoyer de nouveau le goût du sol. Et dire que le maréchal Anty allait l'encourager. L'ancien combattant se passa une main devant le visage, de honte, face au spectacle qu'il allait offrir.

Le coup de grâce lui fut asséné lorsqu'il découvrit son adversaire : Dame Félicia en personne ! Et si lui avait déjà du mal à tenir sur le deux roues en simple vêtements de civil, la voir se déplacer aisément et avec son armure lui mit un coup à son moral. En plus la damoiselle aux cheveux blonds semblait un peu trop motivée pour cette histoire de Pain au chocolat/Chocolatine dont il ne comprenait pour ainsi dire presque rien des tenants et aboutissants. Une querelle aussi lointaine que viscérale et qui divisait le peuple mistralois.

De son temps, on guerroyait pour des motifs bien plus sérieux que cela. S'il pouvait remonter le temps et trouver les deux corniauds à l'origine de toute cette mascarade, pour sûr qu'il leur ferait passer le goût du pain !

« - Je vous remercie gente dame mais je n'ai point besoin d'aide pour chuter ! Je vous remercie tout de même ! »

Répondit-il à sa rivale et future gagnante de cette joute. Au moins, il aurait participé et c'était tout ce qui comptait. Priant donc le Saint Helix de ne pas trop le déshonorer dans sa disgrâce, il se mit en position, baguette en avant et attendit le signal pour s'élancer le plus vite possible en direction de son adversaire. Par bleu, que les chevaux lui manquaient terriblement ! Le tonnerre de leurs sabots avait beaucoup plus de panache que le couinements de ces roues minuscules.

Un pied à terre et l'autre à l'étrier, l'ancien soldat de la garde royal attendit le signal pour démarrer ce simulacre de joute. Il fallait assurément se concentrer car toute cette mascarade demandait énormément de coordination entre le pédalage de ses jambes, tenir l'une des cornes de sa monture d'infortune tandis que l'autre devait garder en position sa baguette et bien entendu le tout en essayant de ne pas perdre l'équilibre.

Fort heureusement, il pouvait compter sur un de ses alliés pour l'encourager et cela lui fit chaud au cœur et le conforta un peu plus dans le fait de lui offrir un tonnelet de bière afin de remercier d'un tel dévouement et cela lui donna la force de subir l'affront qu'il allait subir d'ici peu. Ce soir, ils festoieront à sa défaite mais le cœur léger !

La cloche sonna et il donna un violent coup sur l'un des étriers pour se donner le plus d'élan qu'il pouvait. Par contre cela le desservi dans sa tentative de garder l'équilibre. Il aurait dû se renseigner un peu plus sur cette « joute » avant d'y participer. La prochaine fois, il demandera à son entourage avant de réitérer pareille sottise.

En face de lui, son adversaire était si à l'aise, contrairement à lui qui commençait à zigzaguer dangereusement. Mais contre vents et marées, il garderait sa selle entre ses fesses comme le lui conseillait son colossal ami.

Un nouveau virage incontrôlé et sa baguette glissa d'entre ses doigts pour aller se fixer juste sous sa roue. Un bond de la part de son moyen de locomotion et il venait totalement de perdre totalement son contrôle. La ligne de sa trajectoire bifurqua sur le coté, face à la foule, et voulant éviter de finir par un bain de spectateurs, il donna un nouveau et violent coup dans les cornes de sa monture de fer. Après cela, il n'avait plus le moindre contrôle et fini son voyage par un magnifique soleil qui lui coupa le souffle.

Mais comme on lui avait conseillé, il n'avait pas desserré l'étreinte de son postérieur sur sa minuscule selle. Ainsi le voilà donc dos sur le sol, mais tenant toujours sa monture dont les roues tournaient encore dans les airs. Comme un psaume, il répétait sans cesse le conseil donné tandis que son opposante fini par s'approcher de lui. Il semblerait que son répondait lui plu fort car après l'allure belliqueuse qu'elle avait pu porter jusqu'alors, la voilà lui proposer son aide.

« - Mon honneur est plus blessé que ma personne. Merci pour la proposition. »

Et il fini tout de même par desserrer l'emprise qu'il avait sur le vélo pour se relever du mieux possible avec l'aide de Dame Félicia. Par bleu ! Après son dos, voilà que c'était au tour de ses entrailles et son postérieur de le faire souffrir. Toutefois c'est une barbe souriante qui accueilli ses supporters et ses amis. Il était perdant mais au moins il ne s'était pas désisté.

« - La prochaine fois, je vous en conjure, liez-moi si je m'essaye à un autre de vos étranges duels. Je suis trop vieux pour ces conneries... »

Cette phrase, il l'avait entendue dans la boite où étaient enfermés une multitudes de troubadours. Il se souvenait d'un vieux loup prononçant ces paroles et trouvait que cela pouvait être cité aux vues des circonstances même s'il n'en comprenait pas la fin. Par contre il faudrait qu'il aille faire examiner ses blessures car respirer lui devenait de plus en plus ardu.

« - Je suis désolé messire Anty pour cette défaite. Mais j'ai tenu aussi longtemps que j'ai pu la selle, comme vous me l'aviez demandé. »

Et voilà pour le premier round : Chocolatine venait de remporter sur Pain au chocolat ! Toutefois les supportrices n'avaient pas tout perdu dans cette mésaventure car voilà l'ancêtre relever son t-shirt pour examiner un énorme bleu traversant de part en part ses abdominaux. Vive les tablettes de chocolat, n'est-ce pas ?