Saison Un

: Obscure Prophétie

Le Moumouton noir

C’est une journée comme une autre à Vigneaux pour Sören. Comme depuis quelques jours, quelques nuages cotonneux paissent dans un ciel légèrement gris, triste. Parfois, une fine bruine plonge la ville dans une sorte de mélancolie humide, noircissant les pavés et roulant sur les vitres. Un temps relativement maussade pour un début de printemps, où chacun rêve de beau temps, de renouveau. Notamment pour oublier les terribles événements survenus quelques semaines plus tôt, et dont la ville garde encore les stigmates. Parfois, Sören se sent bien triste en réalisant que ce paysage fait désormais partie d’une sorte de normalité. La surprise des premiers jours a laissé place à un sentiment de résignation. Lorsqu’il traverse les couloirs de la faculté, le kedalois ne s’étonne plus des vitres explosées et des murs effondrés. Il espère évidemment que sa ville d’accueil retrouve prochainement toute sa splendeur d’antan, mais il faudra du temps, beaucoup de temps pour que tout reprenne à peu près fière allure. Néanmoins, plus rien ne sera comme avant et cela, chacun des habitants de la jolie ville en a malheureusement conscience.

Voilà qui cause bien des soucis à tout le monde et pourtant, les habitants s’efforcent à faire avec. Certains n’ont d’ailleurs pas tarder à reprendre leurs bonnes habitudes, notamment les enfants qui retrouvent leurs rues fétiches pour s’y amuser tous ensemble. Il y a encore quelques soucieux cloîtrés chez eux mais en règle générale, la vie a repris son cours. Ainsi Sören se rend-t-il en cours chaque jour, pratique-t-il la course dans le club du campus et travaille-t-il dans la supérette au coin de sa rue. Ce n’est que quelques heures par semaine, histoire de payer son loyer et sa nourriture. Des heures en moins à travailler ses cours, certes, mais essentielles s’il veut garder un toit au-dessus de sa tête. Heureusement, ce n’est pas tous les jours et il a la chance de pouvoir profiter de son vendredi après-midi pour faire autre chose. Notamment, c’est le moment qu’il choisit pour courir tranquillement en dehors de la ville mais examen en vue oblige, le voilà obligé de réviser. Alors Sören s’est trouvé un petit coin d’herbe non loin de la Place de la Grosse Cloche, où s’installer tranquillement pour bûcher en toute tranquillité.

Du moins, c’est ce qu’il espérait. Cela ne fait même pas une heure qu’il a le nez plongé dans son livre qu’une ombre vient dissimuler le peu de soleil parvenant à percer à travers les nuages. En levant les yeux, le kedalois a la mauvaise surprise de reconnaître l’un de ses bourreaux habituels : Lucas Bruti, un type suivant le même cursus que lui et qui a décidé de lui mener la vie dure pour une raison obscure. Généralement, Sören prend toujours grand soin de l’éviter pour ne pas avoir à subir sa désagréable présence mais il faut croire que Lucas ne l’entend pas de cette oreille. Avant que Sören n’ait le temps de dire quoi que ce soit, l’autre étudiant s’est déjà saisi de son sac, qu’il tient du bout des doigts d’un air parfaitement dégoûté.

▬ Franchement, vous êtes des bouseux, les kedalois. Pas moyen d’avoir un sac à dos neuf. On dirait un vieux torchon dégueulasse. Ta mère devait sûrement passer la serpillère avec.

Se redressant lentement, Sören referme son livre et tend sa main en direction de son sac à dos.

▬ Rends-le moi.
▬ Non mais mec, sérieux. Jette-le ton torchon, il pue la vieille Ecremeuh. Comme toi d’ailleurs.

Luttant pour conserver son sang-froid - ce qui n’est pas évident dernièrement, entre la pression des cours, la douleur du deuil et le manque de fatigue - Sören réitère sa demande, en vain. Lui riant au nez, Lucas lui lance un dernier regard provocateur avant de lancer son sac dans l’arbre le plus proche, le bloquant entre les branches entrelacées. Retenant toutes les insultes lui venant en tête, refusant d’apporter ne serait-ce la moindre goutte d’eau au moulin de cet idiot de première, Sören attrape le tronc entre ses mains rugueuses et le secoue de toutes ses forces, en vain. L’arbre ne frémit même pas, et Lucas s’éloigne en riant à gorge déployée, visiblement fier de son méfait. Un profond sentiment de lassitude prend alors possession de Sören, qui pousse un long soupir. Quand est-ce que cet abruti arrêtera de l’emmerder ? Ne peut-il donc pas réviser tranquillement dehors sans avoir à redouter quoi que ce soit ? Son regard noisette se perd dans les branches au-dessus de sa tête. Comment récupérer son sac …? Grimper ? Ce n’est pas vraiment dans ses cordes mais … de toute évidence, il n’a pas vraiment le choix...

Le Moumouton noir

En bas de l’arbre, l’air bien embêté, Sören observe son sac à dos coincé entre les branches. Heureusement qu’il avait pris la peine de le refermer, sinon ses affaires se seraient éparpillées aux quatre vents. Néanmoins, ce petit contretemps ne l’arrange absolument pas. Si Sören est plutôt fort, il n’est pas aussi agile qu’un Ouistempo. Alors grimper le long du tronc pour récupérer son bien lui paraît bien dangereux, d’autant que son sac est perché relativement haut. Il lance alors un petit regard en direction de Jasper, assis à côté de son livre comme si de rien n’était. S’il a bien évidemment assisté à toute la scène, il n’a pas remué une griffe pour lui venir en aide. Sören ne peut cependant pas le blâmer pour ça : petit comme il est, un seul coup de pied de la part de Lucas aurait pu sérieusement le blesser. Et de toute façon, il préfère que son Pokémon ne s’en mêle pas. S’il avait attaqué, c’est encore lui qu’on aurait accusé et Sören ne veut pas qu’il arrive malheur à son petit compagnon. Néanmoins maintenant que Lucas est parti, Jasper pourrait au moins faire l’effort de grimper à l’arbre pour aller déloger le sac des branches.

Il s’apprête donc à réclamer l’aide du Lixy lorsqu’une femme, essouflée, arrive près de lui, accompagnée de son Mustéflott. La demoiselle est une jolie rouquine, à peu près de son âge, qui semble avoir suspendu son jogging pour venir lui prêter main forte. C’est bien la première fois qu’un passant de Vigneaux fait ne serait-ce que l’effort de lui demander s’il va bien après une scène pareille ! Généralement, ils préfèrent passer leur chemin comme s’ils n’avaient rien vu. Une belle bande de couards, pour sûr. En tout cas, la jeune femme, elle, lui propose gentiment de l’aide pour son sac. Et d’ailleurs, Sören n’a même pas le temps de lui répondre ou seulement de la saluer que le Mustéflott de la rouquine agite ses queues pour provoquer une rafale de vent suffisamment puissante pour secouer les branches et, ainsi, en déloger le sac. Rassuré et sincèrement reconnaissant, Sören attrape son sac à dos comme s’il s’agissait d’une relique sacrée et le serre un peu contre son torse. Ce n’est peut-être qu’un vieux truc rapiécé mais, maintenant plus que jamais, il lui est très précieux.

▬ Merci beaucoup pour votre aide, vraiment. Moi c’est Sören, enchanté.

Gentiment, l’étudiant tend une main en direction de la jeune femme afin de sceller leur rencontre. N’ayant jamais eu le moindre mal à converser avec des inconnus, Sören ne semble absolument pas dérangé par la présence de Vivia, d’autant qu’elle et son Pokémon l’ont sorti d’une belle galère. La prochaine fois, il y réfléchira à deux fois avant de choisir de réviser si près de la fac. Lucas et ses copains débiles traînent souvent dans les parages, comme s’ils n’avaient pas d’autres choses à faire. Pourtant, ce n’est pas le travail qui manque, ces derniers temps. Sûrement s’estiment-ils tous trop intelligents pour avoir à réviser … Pour cette mentalité sutpide, le kedalois ne leur souhaite que de bien se louper aux prochains partiels. Après tout, nous récoltons ce que nous semons.

▬ C’est bien la première fois que quelqu’un vient m’aider. Généralement, les gens passent leur chemin. Ils veulent s’éviter des histoires, mais ça ne les rend pas plus malins que ceux qui se permettent d’emmerder les autres.

Le Moumouton noir

Vivia semble très timide, réservée. Elle répond aux questions de Sören dans de petits murmures et ne paraît pas très à l’aise. L’intimide-t-elle ? Il est vrai que du haut de son mètre quatre-vingt huit, le kedalois a une stature plutôt impressionnante. Une belle pousse, comme s’amusait à l’appeler sa mère. Cela dit, il a tout hérité de son père, quasiment aussi grand que lui. Les années l’ont un peu tassé et son fils aîné le dépasse bien maintenant, mais il paraît que monsieur Camiski était un véritable géant dans ses jeunes années. Comme on dit, la pomme tombe jamais loin de l’arbre. En tout cas, malgré sa stature imposante, Sören ne ferait pas de belle à un Bombydou, bien au contraire. Il est plutôt considéré comme une force tranquille, un gentil géant qui ne cherche pas vraiment à dominer les autres. Bon, il faut bien avouer que sa taille est bien utile pour impressionner les petites racailles de Vigneaux. Lucas et sa bande sont bien les seuls à ne pas se laisser impressionner, parce qu’ils ont appris avec le temps que Sören n’était pas un violent. Ils mériteraient bien que Sören les mette par terre au moins une fois, comme il l’a fait par le passé avec un type particulièrement violent à son égard. Après l’avoir renversé au sol avec une force de Frison, l’autre ne lui a plus jamais chercher de noises. Néanmoins, ce n’est pas une solution que Sören apprécie. Il ne veut pas faire peur - il veut seulement qu’on lui témoigne le respect qui lui est dû.

Contre toute attente, Vivia semble connaître Lucas. Il est donc une sorte de célébrité à Vigneaux ? Ça ne serait pas étonnant, un crétin pareil, il est connu de tous - et pas toujours en bien. A moins qu’il n’en soit pas à sa première victime, et que la jeune fille ait été dans son collimateur par le passé. Ce genre d’idiot ne peut pas s’empêcher de recommencer encore et encore, comme si harceler les autres lui apportait un certain crédit. Néanmoins, Sören est confiant : la roue tourne. Et un jour, Lucas paiera pour tout le mal qu’il a pu faire autour de lui. Vivia enchaîne, et le kedalois hoche la tête à chacune de ses théories. Elle a du juste sur toute la ligne. Et cela confirme à Sören qu’ils sont à peu près du même âge, comme il l’a songé précédemment. Néanmoins, jamais encore il n’a croisé la demoiselle, que ce soit en ville ou à la fac. Et pourtant, cela bien deux ans qu’il vit à Vigneaux. Elle est peut-être native du coin, mais plus une habitante de toute évidence. Ou alors, leurs routes n’ont simplement jamais eu l’occasion de se croiser jusqu’à maintenant.

▬ C’était Lucas, oui. Sa réputation semble le précéder. Le fait que je vienne de Kedal ne lui plaît pas, alors il s’amuse à m’emmerder régulièrement. Comme s’il n’avait rien de plus intelligent à faire …

L’attention de Vivia se porte alors du Jasper, resté assis à côté du livre de Sören. Aussitôt, ce dernier se hâte de récupérer l’ouvrage et son Lixy s’approche, non sans lancer un regard méfiant au Mustéflott. Comme d’habitude, la présence d’un congénère Pokémon ne le ravi guère. Tant que la loutre demeurera à distance, tout se passera bien. Mais si elle décide de s’approcher un peu pour faire connaissance, il y a de grandes chances que Jasper suréagisse. Impossible pour Sören de le prendre dans ses bras pour éviter tout incident, car le Lixy déteste ça et c’est à lui qu’il risquerait de s’en prendre. Alors le kedalois le laisse au sol, essuyant plutôt la couverture de son livre sur laquelle se sont collés quelques brins d’herbes.

▬ Il est à moi oui, il s’appelle Jasper. Mais il déteste les autres Pokémon alors il faut faire attention à ce qu’il n’attaque pas ton Mustéflott. Je vais aller m’asseoir sur le banc là-bas, tu peux venir aussi si tu veux. Je dois lire ce livre pour mes révisions mais il est d’un barbant… Du coup, j’avance à la vitesse d’un Lançargot !

Le Moumouton noir

Généralement, les gens ont beaucoup de mal à croire qu’un adorable petit Lixy puisse être aussi méfiant et craintif. Il est vrai qu’avec ses grandes oreilles rondes et sa queue en étoile, Jasper est très mignon. Le genre de petite peluche que tout le monde à envie de câliner et de papouiller. Néanmoins, le petit lynx bleu n’apprécie vraiment pas ça, et c’est d’ailleurs bien rare qu’il gâte son propre dresseur de douces attentions. Il lui arrive parfois de se coucher sur ses genoux ou bien d’accepter quelques caresses mais en règle générale, il est un Pokémon plutôt solitaire et renfermé. S’il tolère relativement bien les êtres humains - du moment qu’ils ne l’embêtent pas trop - il ne supporte juste pas la présence des autres Pokémon. Il s’en méfie tellement qu’il n’hésite pas à attaquer le premier pour dissuader l’autre de s’approcher de lui. Un comportement que Sören aimerait beaucoup corriger chez Jasper, ne serait-ce que pour sa propre sécurité. Si un jour Jasper a à faire avec un Pokémon plus fort et plus hostile, il risque de ne vraiment pas apprécier. Or, le kedalois ne veut pas qu’il arrive malheur à son petit compagnon. Il a de toute évidence suffisamment souffert dans sa vie pour ne pas qu’il souffre à nouveau.

Vivia met donc en garde son Pokémon, puis tous les quatre rejoignent un banc libre, à l’ombre d’un arbre. Sören tourne quelques pages de son livre pour retrouver son chapitre pendant que Jasper se glisse sous le banc pour s’y coucher à même les pavés de la place. Quant à Vivia, elle sort un ouvrage sur la langue des signes. Voilà quelque chose qui intéresse énormément Sören. Depuis qu’il a commencé ses études, il s’est juré d’apprendre à signer également. Néanmoins, il a bien trop de travail à la fac pour s’y plonger tout de suite, alors il attend le moment où il pourra s’y plonger pleinement. Il serait bien mieux qu’il apprenne d’abord à écrire naturellement dans l’alphabet classique avant de se lancer dans un nouvel apprentissage … Au lieu de quoi, il risque de sincèrement s’emmêler les pinceaux.
Lorsque Vivia lui fait mention d’une amie à elle vivant à Kedal, Sören se demande s’il peut la connaître. A part les dernières naissances des trois dernières années, il est quasiment sûr de connaître tous les habitants de Kedal. C’est l’avantage des villages de campagne : tout le monde connaît tout le monde !

▬ Euh… Si c’est pas trop indiscret, qu’est-ce qui s’est passé avec ton Lixy ? Je veux dire. Pourquoi il aime pas les autres pokemons ? Un mauvais souvenir ? T’es pas obligé de répondre… Je suis juste un peu curieuse.
▬ Je ne le sais pas trop moi-même. Je l’ai trouvé il y a quelques années entre la vie et la mort, je pense qu’un autre Pokémon a tenté de le tuer. Depuis que je le connais, il a toujours été comme ça. Terroriser par les autres. Mais je ne sais pas comment l’aider…

Sören a bien essayé de tenter quelques contacts avec les autres Pokémon de Kedal, notamment l’Ecremeuh la plus gentille de son père ou les gentils Moumouton du pré d’à côté. Mais Jasper a toujours refusé de s’en approcher, menaçant d’attaquer si jamais l’autre Pokémon osait, lui, faire quelques pas dans sa direction. Sören a fini par lâcher l’affaire, en espérant que Jasper reprenne confiance aux autres au fur et à mesure. Il côtoie notamment assez régulièrement Horace, le Chaglam de son ami Frann. Mais les deux félins étant fiers comme des Passerouge, il doute sincèrement que quoi que ce soit d’intéressant peut ressortir de leur fréquentes rencontres.

▬ J’espère qu’il reprendra confiance un jour. J’ai pour projet d’adopter un nouveau Pokémon sous peu et … je ne veux pas que ce soit une guerre permanente entre eux.

Le Moumouton noir

Pour son bien-être personnel autant que pour celui de Jasper, Sören espère vraiment que la phobie de son petit compagnon s’amenuise un jour. Ne s’ennuie-t-il pas de cette existence solitaire ? Le kedalois ne peut pas toujours passer son temps avec lui, notamment lorsqu’il est en cours ou au travail. Le Lixy doit parfois trouver le temps long, à demeurer seul sans jamais avoir l’occasion de s’amuser avec un congénère. Jasper est encore jeune, il est à l’âge où il veut jouer et dépenser sa folle énergie. Mais au lieu de ça, il préfère demeurer la journée entière sur le lit de Sören, à attendre qu’il rentre pour aller courir un peu avec lui. Il aurait la possibilité de sortir dans Vigneaux en toute liberté, mais jamais il n’a osé se glisser seul par la fenêtre pour explorer le monde de son seul point de vue. De toute évidence, le simple fait de se retrouver seul face à l’immensité du monde suffit à réveiller en lui une terreur profonde. Bien qu’il se donne des airs de matou solitaire et fier, Jasper est en réalité très dépendant de Sören. Sans lui, il ne serait même plus de ce monde. Le kedalois ignore ce qui a pu lui arriver, mais dans tous les cas, le Lixy en conserve un terrible traumatisme. Comment le guérir ? Sören aimerait tellement le savoir. Mais à l’heure actuelle, il n’y a rien qu’il puisse faire pour son petit compagnon …

Néanmoins, l’hypothèse de Vivia est intéressante. Peut-être Jasper se sent-il trop vulnérable sous cette apparence pour accepter faire confiance aux autres. Mais une fois évolué … une fois devenu un fier Luxio, plus grand, plus fort, peut-être qu’il ouvrira plus facilement son coeur. Il se sentira plus capable de répliquer si un danger venait à le guetter, plus capable de se défendre si l’on menaçait sa vie. Cependant, pour évoluer, il faudrait qu’il s’entraîne et ça … ça n’a pas vraiment l’air de l’intéresser. Et comment s’y prendre étant donné qu’il refuse de s’approcher des autres Pokémon ? Frapper des cibles serait suffisant ? Sören n’en a pas la moindre idée. Le dressage de Pokémon, ce n’est pas vraiment dans ses cordes. Les kedalois élèvent du bétail et dressent des chiens pour garder les troupeaux, mais ça n’a rien à voir avec des combats Pokémon. Mais peut-être Vivia pourra-t-elle lui en dire plus sur tout cela ? De toute évidence, elle a de l’expérience s’il en croit l’histoire de son Tentacool. C’est d’ailleurs bien étrange qu’un Pokémon aquatique ait peur de l’eau mais si elle le dit, c’est que c’est sûrement vrai ! Dans tous les cas, Sören est sincèrement intéressé d’accueillir son expérience.

Pendant ce temps, le Musteflott de Vivia est parti récupérer un ballon un peu plus loin, espérant de toute évidence pouvoir s’amuser un peu avec Jasper. Du bout de son museau, il pousse la balle droit entre les pattes du Lixy, qui lui lance un regard interrogateur. Pendant une demi-seconde, il est tenté d’ignorer tout simplement Matagot mais après un peu de réflexion - et l’assurance qu’il resterait à un bon mètre de lui - Jasper pousse le ballon à son tour pour le renvoyer vers son camarade de jeu. Un échange simple, mais qui fait sincèrement plaisir à Sören. Ça ne peut faire que du bien à Jasper de se sociabiliser un peu, quelque soit la manière. L’important, c’est le résultat plus que le déroulement. Néanmoins, l’enthousiasme du kedalois est de courte durée puisqu’il aperçoit au loin Lucas et son groupe - et pas de doute, ils se dirigent droit vers eux. D’après leurs éclats de voix, ils sont à la recherche … d’un ballon ? Evidemment ! Il a fallu que Matagot trouve la mauvaise balle. Sören se doute qu’il ne l’a pas volé mais pour Lucas, ce sera tout comme. Ainsi bondit-il sur ses pieds et attape-t-il doucement le poignet de Vivia, l’encourageant à se lever également.

▬ Vite, déguerpissons en vitesse avant que Lucas ne nous voit. Je n’ai vraiment pas envie d’avoir à faire à lui à nouveau !

Le jeune homme se hâte donc de quitter le banc, prenant la direction de la faculté toute proche. Evidemment, Jasper et Matagot sont sur leur talon, bien que Sören ignore si les Pokémon ont abandonné la balle ou non. Il préfère se faufiler à travers les quelques ruines aux abords de l’université et se dissimuler derrière un mur détruit de moitié. Il s’agissait d’un local couvert avant que le Cavalier de passage à Vigneaux ne l’écroule. Depuis, personne n’a pris le temps de le remettre en état - il y a plus urgent qu’un local dans l’immédiat. Tendant l’oreille, Sören s’assure que personne ne les a suivis avant de se permettre de souffler un peu.

▬ Pardonne-moi, mais je préfère éviter un nouveau face à face avec Lucas. Ma patience a des limites et je n’ai pas envie de les dépasser… Je crains que Matagot n’ait trouvé le mauvais ballon !

D’ailleurs, l’a-t-il abandonné lors de sa fuite, ou bien est-il parti avec …?