Saison Un

: Obscure Prophétie

Pokémon pouvant apparaître à Kedal :
Sur soi :
Chez Jojo :
Chez Kata :
Famille de Kata :
Pokémons de Jojo :

Aaaah ! L’air frais de Kedal en cette période printanière, ça fait du bien !
Résumons. Moi, Hector, Blessés. Volti, renfort. Musteboués, chargés. Direction, Kedal ! Déchargez, soignez, c’est réglé !

Bref, ça c’est le plan. Mais là, on est qu’à l’entrée du village. Entrée marquée par un unique chemin de terre qui commence au milieu de nulle part et se dirige en ligne droite vers l’unique place du village, servant de marché à d’autres heures. De toute façon, on va pas par-là ! Volti, elle, elle se dirige vers la maison de Gaston qui pourra s’occuper d’étendre toute cette viande dans son énorme pièce froide ! On s’entraide tous à Kedal, c’est ça qu’est chouette !

D’ailleurs, plus besoin de s’embêter avec l’autre gros bœuf à porter. Alors qu’on pourrait se croire au milieu de nulle part, je lâche la corde qui me permettrait de trainer le gros Pokémon eau derrière nous puis expire un profond soulagement avant de m’exclamer :

— Ouf ! C’est bon, on est assez loin ! On peut le laisser là avec Flammy, Gaston il viendra le chercher tout à l’heure.

On est à Kedal, plus trop de risque de tomber sur des voleurs de gibier ici. Tous les habitants savent bien qu’ils profiteront du festin de toute façon, et les Pokémon sauvages… y’a pas vraiment de Pokémon sauvage ici, juste des troupeaux. C’est pour ça qu’on doit aller aussi loin pour chasser, nous !
J’offre une caresse à Flammy puis lui demande de nous attendre en lui promettant un gros os bien mérité après toute cette dure journée de travail !
Je me retourne vers Hector, puis reprends sur ce qui me parait le plus évident :

— Faut qu’on aille chez Jojo ! C’est le plus mieux bon pour soigner les gens ici, il a tout plein de crèmes et autres trucs qui soignent ! En plus y’a Vanille aussi chez lui !

Vanille ? C’est mon copain Cupcanaille. D’habitude il m’aide surtout à faire des livraisons à Bayette pasqu’il connait bien la ville, mais avec Krystal quand on l’a rencontré, on a remarqué qu’il était aussi super doué pour soigner les gens !

— Il est dans la petite maison là-bas, avec la grosse grange à côté et tous les Vivaldaim dans le pré !

En effet, on peut déjà entendre les brames répétées des camarades de Truc s’amusant sur leur grand espace entouré de maigres barrières en bois. Deux Haydaim adultes se pavanaient au milieu du troupeau, en particulier un dont les bois magnifiques marquaient la qualité irréprochable du bestiau.
Une qualité dissonante par rapport à l’état plus que douteux de la piètre masure où semblait se terrer le fameux Jojo. Mais en observant le reste de Kedal, cela n’avait rien d’étonnant. Toutes les maisons semblaient faites à la main, avec les moyens du bord. Des baraques étonnamment solides, pour celles qui avaient survécu à la dernière apocalypse, mais sans ce côté carré attribué aux maisons des villes.

Truc parait particulièrement enjoué d’arriver chez lui, il s’empresse d’aller bramer en direction de ses semblables, où certains réagissent en se rapprochant des barrières qui nous séparent. Mais bon ! La priorité, ça va être d’aller chez Jojo pour se soigner.

Quoi que… je sais pas trop ce que Truc a dit, mais l’un des Haydaim, la femelle plus petite et moins resplendissante que l’autre, a sauté la barrière pour venir nous renifler, visiblement très inquiète de nous voir aussi blessés. Oui pasqu’on a des barrières pour nos troupeaux, comme tout le monde, mais elles sont pas vraiment efficaces. Mais ça semble pas gêner grand monde, puisqu’on continue.

— Vi ! C’est Barnette, la Haydaim de Jojo !

J’offre une caresse sur la tête du grand cervidé qui insiste vigoureusement pour offrir les premiers soins elle-même avant même qu’on ne soit rentré chez Jojo. Moi ? J’explose de rire, tout simplement. Entre Hector qui semble complètement dépassé et Barnette qui fait tout comme elle veut, c’est trop marrant à voir !

— C’est grâce à ses deux gros Haydaim que Jojo il soigne tout le temps ! C’est grâce à lui que Truc il a appris tout plein des choses !

Même si le jeune padawan est encore loin de maitriser ses capacités curatives aussi bien que ses ainés, comme le montre ma blessure encore bien rouge. D’accord, ça coule plus, mais c’est pas propre et encore moins guéri !

Une fois Kozuki traité, Barnette nous laisse enfin avancer jusqu’à la porte ouverte de chez Jojo, sans pour autant nous laisser seule. Au contraire, après que j’ai tiré Hector par la manche pour entrer, la Haydaim fait de même comme si de rien était, malgré ses grands bois qui frôlent l’un après l’autre les étagères en bois à l’intérieur.

— Jojo ? Jojo, c’est moi ! (je me tourne alors vers Hector, offrant un dernier aperçu du grand Jojo avant les présentations.) Tu vas voir, il est super cool Jojo !

Après tous ces compliments, comment pourrait-il en être autrement ?!

Lorsqu’on arrive dans le très modeste salon de cette cahute paysanne, le monsieur est effectivement là. Enfin le monsieur… il doit avoir 2 ou 3 ans de plus que moi, pas plus ! Il a l’air tout essoufflé, comme un ado qu’on viendrait de prendre sur le fait au mauvais moment. D’ailleurs, sa position écrasé en biais dans son canapé moisi a tout du résultat d’un mouvement brusque, et un œil aguerri devinerait sans peine le paquet d’herbes déjà à moitié roulée balancé in-extremis sous le canapé à notre arrivée. M’enfin… surement qu’un nez aguerri comprendra la chose mieux qu’un œil aguerri. Tout la baraque empeste l’odeur caractéristique des herbes "médicinales" du hippie, dont la dégaine n’est guère différente de ce qu’on pourrait attendre de lui. Plutôt crasseux, des cheveux mi-long négligés, un regard plus perché que fatigué… Yep, il vient vraiment d’être interrompu.
Mais moi, je remarque rien de tout ça, comme d’habitude. Pasqu’en fait, pour moi, c’est tout à fait normal : il est quasiment toujours comme ça.

— Yooooo, Kata !... Oh, et msieur. Z’êtes bien ? Qu’est-ce que c’est quoi… vous êtes là ?

Il cligne un peu des yeux, cherchant à se tirer du brouillard de la drogue pour discuter avec nous tandis que je réponds de mon enthousiasme habituel :

— Y’a tout un grooooos troupeaux de Mustebouée qu’ils nous ont attaqué, et on a plein des griffures partout ! Tu peux nous soigner tout tout tout ?

Il fixe nos tenues en plissant les yeux d’un regard insistant, comme s’il réalisait seulement à cet instant le sang qui nous recouvre l’un et l’autre.

— Euuuh… Wéééé… Z’avez qu’à m’montrer… Pas d’bleeeem !

Enfin, si, peut-être un… son regard se porte vers Hector, et ce qu’on peut y lire n’est pas vraiment l’assurance d’un médecin en chef, contrairement à la confiance que je semble lui vouer. La suite risque d’être un peu compliquée…

Jojo il a regardé d’abord Hector, puis moi. Rien qu’il ait pas l’habitude de voir ! Je vais souvent me faire soigner chez lui, moi. Vu qu’on a pas d’hopital ici, on fait avec les quelques personnes qui savent soigner ! Et Jojo c’est celui que je préfère ! Y’a bien l’autre vieux monsieur, mais il sent mauvais de la bouche quand il parle alors c’st une torture d’attendre qu’il panse les blessures. En plus il prend une éternité ! Avec Jojo, ça va vite !

Comme d’habitude, il me donne d’abord sa super potion qui fait qu’on sent plus rien ! Je l’attrape en le remerciant tandis qu’il me demande ce qu’est arrivé plus en détail.

— AH ! J’ai oublié !

Ça c’est de la réponse ! Mais c’est vrai que j’ai oublié de sortir Piège et Split qui sont tout aussi blessés que moi. Piège fait dodo : ça fait bizarre de pas la voir flotter dans les airs. Split, lui, il a l’air d’aller bien en revanche. Cette fois, c’est pas Jojo qui s’en occupe ! Mais Vanille : mon Cupcanaille qui sort de la salle de bain où il toilettait probablement Fouifi. C’est un peu con de laisser un Cupcanaille faire la toilette de quelqu’un, mais passons.
Il a une méthode de soin très… passive ? Il s’agenouille devant les Pokémon, fait comme une grosse prière pour eux en se concentrant beaucoup beaucoup… puis ensuite y’a une lumière qui illumine la pièce comme une étoile filante, et les blessures elles se soignent ! C’est bizarre, vœu, quand même. La Haydaim de Jojo vient s’en mêler également, ajoutant une couche de ses pouvoirs curatifs habituels. Avec tout ça, je suis sûre que mes Pokémon seront rétablis en un rien de temps !

— Tien ! B’vez ça, m’sieur ! C’pour mieux s’sentir ! C’est l’tooop !

Jojo offre une deuxième tasse à Hector contenant son fameux liquide qui rend tout groggy. Oui, c’est de l’alcool. Un bon rhum des familles fait maison, mélangé d’un peu des poudres qu’il sait bien utiliser le Jojo. De quoi faire planer n’importe qui ! Avec ça, comme je l’ai déjà dit, on sent plus rien de la douleur !
Bref, je dois répondre à Jojo :

— En fait, je chassais, et j’ai trouvé Hector qu’il se faisait attaquer par des Mustebouée ! Alors PAN, j’en ai descendu un ! Mais le plus gros il est parti, et il nous a attaqué avec touuus les autres. Alors y’en a un qui m’a griffé, et un qui a fait bobo à Hector aussi, pis cha ch’é fini qmême, epi Volti qu’y ici aussi, fin c’est top, trop trop gagné ! P’vrai Totor ?

Totor.  Je dis ça en tournant la tête vers Hector, un sourire niais sur le visage tandis que Jojo se frotte les mains :

— Ah, ç’fait l’effet, j’commence !

Je hoche la tête, ricanant avec un air un peu bête. On peut passer à la guérison maintenant ! Cette fois, c’est une crème plus normale que Jojo va utiliser. Un onguent particulièrement efficace qu’il produit grâce aux synthèses et autres aromathérapies de ses Haydaim. Mais bon ça brule un peu, normalement, d’étaler des trucs sur des blessures. Là, il s’en fiche, et ça se voit ! Ça me fait même rire tout plein vu comment ça chatouille alors qu’il étale son machin parmi le sang, retirant au passage la saleté accumulée entre la plaie et mes vêtements. Quelques minutes plus tard, je suis bandée, le ventre tout blanchi par sa crème, et je chantonne bêtement une chanson sur les trois petits Gruikui qui me passe par la tête.

— Allez, c’t’a toi, mec !

Jojo s’approche d’Hector, prêt à lui faire subir le même traitement. Il a bu sa tisane, au moins ?

Kozuki ! Si choupiiii ! Caresse caresse caresse ! Et gros câlin ! Il peut rester dans mes bras tant qu’il veut le mignon petit bout de chou !
Je suis un peu pompette. Et très joyeuse, du coup. Je rigole beaucoup, même pour rien !
Allez, zou ! On a tout fini, alors on se met en route.
AH ! NON ! J’ai oublié Fouifi ! Alors sans prévenir personne, je repars dans la maison, puis je vais dans la pièce où y’a Fouifi, et je lui fais un groooooooooos câlin ! Comme le câlin que Kozuki il a fait au Cupcanaille, mais en plus plus gros !

Et là je ressors. Je laisse Split et Piège dans la maison pour que Vanille et les Pokémon de Jojo s’occupe d’eux. Puis ensuite ça fait Wouf wouf ! Pasque là, c’est Flammy qu’elle a fini d’attendre pasque Volti elle est reviendu et elle a ramoné euh… ramené le monsieur pour la viande. Enfin c’est compliqué tout ça, du coup BREF BREF c’est bon, y’a Flammy et Truc qui sont avec moi et Hector !

Hector il veut visiter. OUI ! Visiter tout plein !

— Ouiiiiii ! On peut aller dans les chaaaaaamps, dans les maisooooons, dans la plaaaaaace ! Tout partout ! OH, LÀ-BAS ! C’est là-bas le plus mieux bien, viens !

Et vas-y que je m’élance toute joyeuse vers mon endroit préféré. Surtout quand je suis bourrée, apparemment. Sinon mon endroit préféré c’est d’aller chasser, je crois. Mais ça compte pas pasque c’est pas Kedal ! Pffffft !
Alors on est où ? Bah la colline des Moumouton bien sûr ! Si Hector il a vu assez de Vivaldaim pour trois siècles, bah maintenant on va faire tout pareil avec les Moumouton ! Y’en a une armée ici, toujours tout le temps ! Pasque c’est là que presque tous les éleveurs du coin qui font des Moumoutons ils viennent pour les balader un peu. Comme ça les moutons ils se mettent en haut de la colline, puis ZOUUUUUU, ils descendent tout en bas ! Et moi ? Bah je fais pareil, comme on a fait avec Adele !

— Regarde, c’est trop marrant de faire comme eux !

Aie. Non en fait c’est une mauvaise idée. Quand j’arrive en bas, je grimace un peu.

— Ah bah en fait, faut pas le faire quand on a bobo, je crois, hihihi !

Truc me léchouille le visage, un peu atterré de me voir aussi bécasse. Flammy par contre : elle m’imite et tente une roulade à son tour. Elle a pas besoin d’être bourrée pour faire des bêtises, elle !

Sisi, j’ai bu la même chose. En plus fort, même. Jojo diminue en général un peu le dosage pour les étrangers moins habitués à boire. Faut dire qu’à Kedal, la boisson, c’est habituel. Surtout le bon vin ! Et les soirées autour du feu finissent rarement autrement que complètement torchés.
Bref, tout cela doit bien continuer à la bonne humeur qui règne dans le village, tant qu’on y vit à l’année. Les étrangers ? Roh, détail.

— Comme toi tu dis ! Kedal c’est le meilleur endroit pour vivre ! Hihihi !

Toute heureuse que je suis, moi ! Surtout que Kozuki il a l’air de s’amuser tout plein aussi, comme Flammy ! Mais Hector il a raison : faut que je lui montre le reste du village aussi ! Alors je me redresse, calmant peu à peu mon rire aux éclats pour essayer de redevenir sérieuse. Chose bien difficile dans mon état !

— Vi, vi, vi ! Alors, euh… Là ici y’a le petit lac, du coup, à côté de la colline. C’est là que mon copain Jack il a appris à nager à Truc ! Enfin je crois que Truc il nageait déjà, mais il nage encore mieux maintenant !

Et en guise de preuve, le Vivaldaim s’élançait déjà jusqu’à l’eau, bien que bloqué à l’entrée par ses roulettes qu’il ne voulait pas abimer. Il était plus sage qu’avant, où il aurait tout simplement foncé dans l’eau sans réfléchir. Aujourd’hui, le daim savait réfréner un peu ses envies, et il avait bien conscience qu’on se baignerait pas aujourd’hui. C’était juste l’occasion de plonger sa tête dans la flotte et en ressortir tout trempé !

— Et juste derrière, c’est touuuuus les champs de Kedal ! C’est IMMENSE ! Parfois on s’amuse à juste faire le tour de tous avec mes Pokémon pour se balader, et ça prend des heures !

En effet, puisqu’ils surplombaient légèrement le tout du haut de la colline aux Moumoutons, Hector pouvait discerner ces champs visibles jusqu’à perte de vue parmi lesquels les paysans avaient replanté ce qu’on pouvait appeler les récoltes de l’espoir. Une nouvelle année pleine de nourriture, contrairement à l’an passé où toutes les récoltes furent dévastées par les cavaliers. Si l’an passé fut celui de la famine, le prochain serait celui de l’abondance. En espérant que le reste de Mistral accorde enfin un peu de crédit aux paysans pour leur dur labeur.

Malheureusement, c’était aussi la partie la moins intéressante du village pour quelqu’un venant de la ville. Mais si Hector n’en disait rien, Kata risquait de s’y perdre et lui montrer un à un les différents champs de fruits et légumes.