Il y avait les pauvres et les riches. Principalement des riches aveugles et d'autres un peu benêts. Toi, tu faisais parti des pauvres, avec ta famille et vous mourrez souvent de faim, chaque jour qui passe. Alors, t'avais appris à voler, à amadouer et arnaquer les gens de passage. De base, c'était toi qui faisait en sorte d'être le leurre, mais cette fois-ci, tu allais faire le contraire, étant donné qu'un de tes frères étaient malades et les autres partis ensemble puisque vous formiez des groupes afin de mieux voler vos victimes. Tu te retrouvais donc seul avec ta petite soeur.

- Ok, Anya. Alors, tu te rappelles que tu dois demander une pièce pour manger ?

Le but était simple, faire en sorte que la personne sorte son portefeuille ou baisse sa garde puis, que le voleur arrache l'un d'eux au propriétaire en détalant le plus vite possible. Le plan le plus simple en soi avec des gens naïfs.

Bivouac était bondé de monde, en ce jour, à cause de la chasse. Il y avait donc beaucoup d'étrangers, ce qui voulait dire beaucoup d'argent donc gros repas pour toi et Anya. Et pour les autres aussi. Du coup, tu laisses filer ta petite soeur de sept ans marcher dans la foule, la suivant de quelques mètres tout en restant discret. De temps en temps, tu glisses ta main dans la poche des gens pour retirer quelques monnaies. Le vol, c'était un don, chez toi, si discret qu'on aurait dit un tour de magie.

Puis, finalement, ta petite soeur s'arrête devant une dame. Elle a l'air connue, puisque des gens semblaient lui demander quelque chose. Avec un peu de chance, tu pourras lui dérober des trucs intéressants.

- Bon'zour, madame ! J'ai faim.

Miauda l'adorable Anya.

Tu attends calmement dans la foule, essaye de te fondre parmi les fans de la dame. Tu gardes toutefois un oeil sur ta petite soeur, elle est un peu bousculée, les gens l'ignorant, mais pas votre proie. Elle porte son attention sur elle, semble désolée et lui parle. Alors, tu fixes le moment opportun pour foncer droit devant toi et lui piquer ses affaires mais l'instant ne vient pas. Tu vois clairement que Anya tourne la tête sur les côtés, un peu perdue. Tu comprends alors que la dame ne sortira pas son portefeuille, tant pis. Puis avec, son pensement au bras, elle ne risque pas de faire grand chose, encore moins ce machopeur pris au piège dans la foule. Toi, t'es moins costaud mais très rapide, alors tu fonces à toute vitesse.

Il ne te faut que quelques secondes à peine pour attraper son sac d'un mouvement rapide et bien précis, roulant alors sur le côté, passant entre les jambes de la foule, tu t'y glisses comme une ombre. Malgré ton don pour le vol, tu risquais fortement de te faire poursuivre. Du moins, c'est plutôt Anya qui rata le coup puisqu'elle te vit et se mit à courir vers toi, espérant pouvoir te rattraper.

De peur, tu sautes quelques obstacles, puis monte sur un pan de mur, espérant être à l'abri. Ta petite soeur est toutefois lente, puisqu'elle est très jeune. Elle souffle, épuisée et s'arrête en bas du mur, te fixant.

Bon, te manque encore un peu d'expérience, Anya. Tu t'es fait suivre ?

Tu remarques vite le visage de l'enfant pâlir, elle est gênée et commence à se tortiller sur place. Son ventre gargouille. Alors, t'ouvres le sac pour voir si y'a pas un truc à bouffer dedans.

Mais genre, y'a que des livres ! Comment j'vais faire pour te nourrir, Anya ?!

Mauvaise cible.

Alors que tu fouillais le sac, tu ne t'attendais pas à recevoir un pigeon dans la figure, te faisant alors lâcher le sac et tout son contenu sur le sol. Anya sursauta, prise de panique face à ce pokémon. Quant à toi, tu attrapas un caillou que tu jetas sur l'infâme volatile pour l'éloigner de toi et ta petite soeur. Personne ne touche à Anya !

Puis arrive la dame sur son galopa, semblant furieuse. Tu en étais sûr, la gamine n'était vraiment pas douée pour semer ses poursuivants et tu soupiras, t'attendant déjà à vous faire sermonner et vous faire embarquer par votre victime. Tu détestais ces gens, toujours à vouloir rendre justice pour leur propre pomme, ils se fichaient guère des pauvres. Il n'y avait rien pour vous, rien que de la misère. Alors, tu sautas de ton mur et te positionna devant Anya, bras écartés pour empêcher qu'on s'approche d'elle et la blesse. Ta petite soeur vint s'agripper vers toi, toute tremblante.

Le commissariat ? Il nous connaît. Et puis, qu'est-ce qu'ils peuvent faire, hein ? Enfermer six gosses sans le sous ?

Puis, pas très sûr de toi parce que t'étais jamais aller à l'école, tu te mis aussitôt à compter sur tes doigts tout en récitant le nom de tes frères et soeurs.

Six. Plus les parents et Princesse. Ca fait combien ? Neuf ? Treize ?

Tu te grattes l'arrière de la tête, faudra vraiment redemander à ton père.

Bref. De toute façon, j'vous laisserai pas toucher à un cheveu de ma petite soeur, la richou et tes pokémons. Puis, t'as rien d'intéressant pour nous remplir la panse.

Tu grimaces alors que tu entendais clairement le ventre de Anya gronder. Les pauvres, tu les faisais passer avant toi, mais surtout, Anya était la prunelle de tes yeux et t'allais tout faire pour qu'elle survive.

Tu la laisses parler et récupérer ses affaires pendant que tu continues à faire barrage avec ton corps pour protéger Anya. La petite fille s'accroche continuellement à tes habits, craintive et ne sachant comment réagir face à cette situation. Toutefois, toi, tu restes calme, remarquant que la présence de ta soeur calmait un peu le jeu. Famille d'accueil ? Il en avait déjà entendu parler, vu. Mais la plupart des cas, c'était uniquement pour recevoir des allocations que les familles acceptaient de prendre en charge des enfants ne leur appartenant pas, les laissant de côté comme des objets de décoration. Tu préférais largement vivre dans la rue que de rejoindre ce genre de personne.

Puis, la dame propose à manger. Tu vois dans les yeux de Anya des petites étoiles et tu entends à ton tour ton ventre gronder. Mais tu te méfies quand même un peu, elle pourrait très bien mentir et vous emmener au commissariat.

Ouii ! Manger ! Manger !

Anya piaille, saute partout et va rejoindre l'adulte, bras en l'air à l'idée de pouvoir manger quelque chose. Alors, tu soupires, t'as perdu. Tu peux pas refuser parce que ta petite soeur a faim du coup, tu acceptes.

Bon, c'est d'accord. J'vous suis.

Tu réponds, attrapant alors Anya dans tes bras pour suivre la dame. Tu jettes quand même un oeil au roucool, pour pas qu'il s'en prenne à la petite si quelque chose tournerait mal et la tient fort.

Qu'est-ce que vous voulez savoir sur des pauvres comme nous ?

C'était vrai qu'il y avait une épicerie non loin de là. Mais vous avez toujours préféré vous en prendre aux touristes de Bivouac que de voler ceux habitant ces lieux. Alors, nonchalamment, tu acquiesças, tout en suivant d'une bonne distance la femme et ses pokémons. C'est que le machopeur qui vient d'arriver, il serait capable d'écraser la p'tite boîte crânienne de ta soeur et toi.

Tu ne savais pas trop si avoir quelque chose dans le ventre allait te faire changer d'attitude ou non mais qu'importe, tu répondras comme il se doit à la riche. Peut-être qu'au fond, celle-ci est différente des autres personnes que vous avez croisés jusqu'à ce jour. Mettant alors sur ton dos Anya qui tapait joyeusement dans ses mains à l'idée de pouvoir se mettre quelque chose dans la bouche, tu remarquas qu'elle évitait les grandes rues. Etait-elle si connue que ça pour éviter la foule ?

Euh... Ils sont d'anciens potiers. Mais avec toute cette crise économique, ils ramassent du poisson.

Du poisson mort en les faisant passés pour du frais. Mais le revenue était vraiment peu, juste à peine de quoi payer le loyer de la vieille baraque ainsi que les parents. Les enfants, quant à eux, devaient se démerder à trouver eux-mêmes la nourriture. C'était ainsi pour dire la loi de la jungle.

Vous finissez par arriver à l'épicerie, laissant alors la dame prendre à manger pendant que Anya lorgnait sur quelques pâtisseries. Toi, t'avais principalement soif et t'hésitas un court instant à glisser quelques produits dans tes poches. Mais tu te retins, sentant sur toi le regard du volatile.

Tant pis pour Marc et les autres. Nous, on aura l'estomac plein, Anya.

Dis-tu en repensant au reste de la fratrie qui était parti chasser de l'autre côté de la ville. La petite soeur vint alors à s'approcher de la dame et lui faire un câlin, toute contente qu'on lui offre un repas.

Merci, m'dame au galopa !