Saison Un

: Obscure Prophétie

Dans ce rp, il n’y a que Poésie et Odyssée qui seront joué. Théa et Fantasie font dodo.

[HS : Kata est absente également pour ce RP. C’est entièrement la faute de Krystal dont l’auberge est bien trop accueillante et agréable pour dormir ailleurs !]


Vous savez : il y a une chose que j’abhorre chez les humains : ce besoin incessant de dormir. Chaque nuit, c’est le même spectacle horripilant : ils s’allongent dans leurs draps soyeux et ferment les yeux, bien heureux de perdre la moitié d’une journée à ne rien faire. Pas étonnant que j’ai pris l’habitude de flotiller de droite à gauche durant ces longues heures d’attentes. Parfois, je fais des blagues à quelques rêveurs. Parfois, je chercher Croa pour l’empêcher de dormir (mais celui-là l’a bien compris et s’éloigne bien avant la nuit chaque soir, quand il ne demande pas simplement à sa dresseuse de le rappeler.). Et parfois, je divague parmi mes pensées en voyageant au gré des lueurs nocturnes.

Comment ? Vous pensiez que j’en profiterais pour aller quérir des âmes afin de les emporter dans l’au-delà, comme devrait le faire chaque membre de mon espèce ? Sincèrement, vous m’avez bien regardé ? Je ne suis pas minuscule sans raison : ça me gonfle. C’est plaisant et amusant, bien sûr, d’autant plus lorsqu’on peut effrayer l’âme d’un enfant paniqué. En revanche, une star de ma trempe ne se fatiguera pas à fouiller les quatre coins du monde à la recherche d’âmes errantes ! J’attends qu’elles viennent à moi. Et ça a dû arriver… trois ou quatre fois ? Sans compter qu’avant, j’habitais au cimetière : je vous laisse imaginer les ruées de Pitrouille chaque fois qu’une âme errante passe dans le coin.

Bref, tout cela vous laisse imaginer l’état d’esprit dans lequel j’étais ce soir au clair de lune avant qu’un miracle n’ait lieu : Croa ! Le rapace bat des ailes à quelques mètres devant moi, surement à la recherche d’une proie pour contenter à la fois son estomac et son besoin de supériorité. Bon sang… je rêve de devenir roche afin de lui rétamer sa vieille frimousse d’orgueilleux.
Et comme si les cieux avaient entendu ma prière, un rayon gemme s’échappa du lac pour venir frapper au hasard les pauvres oiseaux qui oseraient le survoler.
Je ricane en le voyant esquiver au dernier instant. Puis déglutit aussitôt en sentant une ball’Ombre de trois fois ma taille échauffer ma citrouille en la frôlant in-extremis ! ON M’ATTAQUE ! Mouvements de panique dans les airs. AAAh, un rayon gemme cette fois ! C’est pas moins dangereux pour moi ! Nous voilà deux idiots à naviguer dans une tempête d’attaques lancées au petit bonheur la chance. Enfin deux… lui, il n’évite que les rayons gemme et ricane chaque fois qu’une ball’Ombre vient lui souffler un peu d’air sur le visage.  

Attendez… je rêve où justement, Monsieur Croa vole en cercle autour du point d’origine de tous ces assauts ? On dirait qu’il surveille quelque chose. Il n’a même pas réalisé ma présence ! C’est honteux ! Heureusement, il va bientôt regretter d’avoir ignoré la star.

Une nouvelle ball’Ombre. L’audace du rapace n’a aucune limite : il se rue dessus, amusé à l’idée d’encaisser sans douleur les assauts de cette tyran qui a osé s’en prendre à lui autrefois. Sa vengeance est proche, il en est persuadé ! Il n’a qu’à attendre qu’elle s’épuise et…

SURPRISE ! Eblouissement dans les yeux, et une petite onde folie pour la peine ! L’oiseau recule de panique. Et là, coup de théâtre : un énième rayon gemme, comme par hasard juste derrière lui… oh, c’est pas de chance ! Aurais-je fait exprès ? Non, voyons, je n’aurais pas osé ! Mon rire machiavélique résonnera un bon moment à ses tympans. Au moins tout le temps de sa longue chute jusqu’au sol, et de son retour jusqu’à l’auberge avec son aile blessée par l’attaque du monstre spectrale qu’est Poésie. Quel bonheur de voir ses rêves se briser ! Je meure d’envie de le suivre pour poursuivre mes hantises… mais un rapace blessé est dangereux et…

OULÀ ! Faudrait pas que j’en oublie l’autre démone en bas ! J’évite de justesse une énième ball’Ombre puis redescend enfin jusqu’au sol.

Sans surprise, la Feuforêve remarque ma présence avant même que je l’ai rejointe. Et… oh ? Mais qui est cet étranger à ses côtés ? Un Machoc ? Un bien étrange duo s’est formé. Serait-il la proie de ses manigances du jour ? Non, il n’a pas l’air effrayé…
Mais passons sur ce petit être (trois fois plus grand que moi) :

— Pitrouille ! Pitroupi : trouille !


Je m’approche sans crainte des deux travailleurs de la nuit, mes pupilles s’illuminant d’une lueur aussi vivace que mon intérêt pour ces deux-là. J’applaudis de mes ailettes sur ma citrouille avant d’ajouter :

— Pipitrouille. Pi ?


Je m’approche alors du curieux Machoc et commence à lui tourner autour pour l’observer sous toutes les coutures :

— Pi ? Pitrouille ?

Vraiment ? Ma tige s’agite d’un air intrigué à la réponse de Poésie. Une surprise que le rire rattrape bien vite lorsque son camarade Machoc se joint à la discussion. Mes ailettes se courbent vers le haut pour forcir de petits muscles simulés par les feuilles de mon corps spectral, bien loin des biscotos du jeune vivant.

— Pi, trouille ! Pitrouille ! Pi, pitrouille.

Je continue à tourner autour du Machoc tandis que Poésie engage les présentations, rapidement suivie par son camarade. Il n’a pas l’air futé à hurler comme ça. Mon sourire s’élargit tandis que j’achève ma visite juste au-devant de sa tête. Est-ce un choix de la Feuforêve ? Il est vrai que les sots sont parmi les meilleurs seconds rôles. Fidèles, prêts à tout pour leur idole qu’ils ne pourront jamais dépasser. Une collaboration idéale !
Oh, voilà qu’il charge. Je ricane en le sentant me traverser sans qu’aucune prise ne le retienne. Mais voyons, la blague ne doit pas s’arrêter là ! Puisqu’il veut s’entrainer, qu’il résiste à ça : il se retourne et…
Éblouissement soudain pour le faire paniquer, puis je lui tombe sur la tête avec étonnement. Oui, je connais ça ! L’une des attaques les plus pitoyables qui n’aient jamais existées en termes de puissance ! Mais très plaisante quand il s’agit d’effrayer du monde. En plus, c’est l’occasion de répondre à la question de Poésie :

— Pi, pitrouille. Pi, pi ! Pitrouille ?

Je retourne alors vers Poésie, tournant autour de la Feuforêve d’un air coquin :

— Pitrouille, pi. Trouuuuille ?~

Je reprends un semblant de sérieux en me frottant le menton de mon ailette gauche, ma lumière perdant en intensité tandis que mes réflexions s’expriment à voix haute :

— Pi… pitrouille. Pi. Pi, pitrouille. Pi, pitrouille. Trouille, trouille ?

Je m’incline de remerciement aux louanges de Poésie, flatté d'être complimenté par une si grande combattante, moi qui ne suit qu’acteur en ce monde sans y épandre la moindre puissance. Néanmoins, le bonheur d’une flatterie n’est rien en comparaison de mon intérêt à l’entente des mésaventures de cette incroyable Feuforêve.


J’observe à présente le manège du Machoc, celui-ci démarrant un curieux entrainement. Non pas qu’il parvienne à grand-chose, en revanche, le regarder faire est des plus divertissant ! Mon sourire s’élargit à chaque nouvelle tentative, une idée des plus amusante s’échappant peu à peu des limbes de ma conscience…

Mais avant cela, je me dois de répondre à cette chère Poésie !

— Pitrouille, Pipipi ! Pi, pi. Pi, pitrouille : trouille, pitrouille. Pi, trouille. Pi, pi, pitrouille ! Troutrouille, pi. Pitrouille.

Une lueur malsaine vacille au cœur de ma citrouille tandis qu’un sourire des plus machiavélique s’étire sur mes lèvres. En voilà un plan formidable. J’ai bien fait de venir discuter avec elle aujourd’hui. La suite promet d’être des plus intéressantes…
Toutefois, je devrais commencer par lui rendre la pareille. Ce Machoc me fait pitié à s’acharner sur sa sphère spectrale. Il n’a rien dans le crâne, c’est évident. Il manque d’expérience… Et j’ai justement l’expérience idéale pour lui :

— Pitrouille ?  Trouuuuille…


Mes paroles s’achèvent sur un timbre macabre des plus inquiétants tandis que je retourne flotter auprès du Machoc. Mes pupilles se plissent et l’observent avec malisse, figée un temps sur sa personne avant que d’un coup, ma citrouille ne le percute sans aucune douleur. Juste une lumière orangée qui englobe sa vue tel un couvre-chef d’halloween. Lorsque la lumière achève de le traverser et qu’il recouvre l’usage de ses sens, le Machoc a quitté le monde des vivants pour rejoindre celui des spectres.

— Piiiiiitrouuuuuuille… Pi, pitrouille !


Je porte également mon regard sur Poésie. Si ses attaques combats devraient rester sans effet, il devrait en revanche pouvoir toucher la spectre à présent. Alors, que va-t-il faire ? Risquer ses mains contre la ball’Ombre ? Chercher à attraper Poésie ou moi ? Ou voler dans les airs comme un idiot de daim le ferait ?

Je réfléchis, tout en écoutant Poésie. Mes yeux se plissent, perplexe. Elle en sait des choses ! Beaucoup, vraiment beaucoup. Un point, en particulier, ramène immédiatement mon regard sur elle, interloqué :

— Pitrouille ? Pipitrouille ?


Hum ? on dirait qu’il y a du mouvement côté Machoc. J’y jette un œil. Cependant, j’avoue être plus intéressé par ce qui vient d’être dit que les progrès non négligeables de notre star du bodybuilding. Il va y arriver, tout est entre ses mains désormais, sans mauvais jeu de mot.

Puis vient l’idée de la puissante Feuforêve. Je l’écoute sans dissimuler le sourire narquois que m’inspire une telle prestation.

— Pitrouille… Trouill, pi. Pitrouille. Pi, Pit. Troutrou, pitrouille.


Intense réflexion de ma part. Oui… Oui, ça tient la route ! Le spectacle pourrait avoir lieu, passer d’une mise en scène improvisée à une splendide conclusion ! Les premiers arcs nécessiteraient une minutie sans pareil de notre part, cependant, une fois le plus dur passé, l’apothéose de notre exploit se révèlera des plus envoutantes ! Une histoire digne d’être contée aux quatre coins de Mistral.
Ce n’est pas une blague, certes, mais le projet m’enchante ! Toutefois, avant cela, j’aimerais davantage de détails sur certains points :

— Pitrouille, pi, trouille ? Trouille ?