Saison Un

: Obscure Prophétie

« - Nous sommes arrivés Monsieur Tremblotti, après vous.

-Votre maison a l’air si jolie et humaine, cela me rappelle la demeure des parents de ma femme… Sinon Sérène, maintenant qu’on se connaît un peu mieux, vous devriez m’appeler Lorenzo ou papa et non monsieur bwahahahaha. »

Tandis que Sérène ouvrit le portail, le Tremblotti rigolait encore de sa blague précédente. Le natif de Cosa avait bien remarqué que la guide d’Hélix n’était pas insensible au charme de son fils et pourtant l’amour et lui ça faisait deux. Le duo emprunta le jardin qui ne semblait pas particulièrement entretenu, mais il était qui pour juger. En effet, la notion de tâches quotidiennes n’était pas dans le lexique de Lorenzo. Non seulement Maison s’occupait du ménage, mais le reste était géré par le majordome de la famille Tremblotti. La natif de Frîme ouvrit la porte de la demeure avant d’appeler ses parents qui arrivèrent dans le hall d’entrée quasiment dans la foulée. La championne fît les présentations et Lorenzo lâcha un sourire en coin quand les parents de la jeune femme parlèrent d’Alessio

« -J’ignorais que cela faisait si longtemps que les deux se connaissaient. Je dois vous avouer que chez les Tremblotti nous ne sommes pas du genre à exposer nos sentiments, ma femme étant une exception à la règle »

Sérène échangea avec ses parents, puis le père de famille s’empara de Lorenzo pour l’amener au salon pour parler de choses d’hommes comme il le disait. Le Tremblotti n’était pas forcément misogyne ou macho, mais il était vrai qu’il avait tendance à considérer l’homme comme étant un poil supérieur à la femme. Le natif de Cosa se dirigea vers le salon, avant de s’installer dans un fauteuil qui donnait sur la cheminée Calim Nithé à ses côtés. Le vieillard regarda autour de lui et se demanda si la décoration était typique des humains ou pas. En effet, Lorenzo n’avait pas l’habitude de voir des décorations sur les murs, car Maison étant chatouilleuse et un poil sensible, il avait appris à ses dépends que planter un clou pour accrocher un cadre était inadmissible. L’homme était perdu dans ses pensées, quand son hôte l’interpela

« -Monsieur Tremblotti, Lorenzo... On peut se tutoyer ? Sérène m’a dit que tu étais un grand goûteur.

-Bien évidemment que l’on peut se tutoyer, après tout le destin a réuni nos deux progénitures, ce n’est pas pour rien ! Votre fille vous a raconté la raison de ma venue au moins ? »

Ajouta Lorenzo avant de voir le père de Sérène se diriger vers une armoire qui contenait divers breuvages et autres produits. Le natif de Cosa scruta du regard l’inventaire de l’armoire et se rendit compte qu’il y avait de belles bouteilles, dont le Whisky de lamproie – Année 1993 que son hôte pris. Le vieillard n’était pas trop whisky, mais il savait que ce genre de produit était réservé en temps normal à une certaine élite. Calim servit deux verres, en tendit un au Tremblotti avant de se rasseoir. L’ancien éleveur trinqua avec son ami d’un jour, dégusta une gorgée qu’il apprécia tout particulièrement. Pendant ce temps là, le père de Sérène lui raconta comment Alessio et sa fille se sont rencontrés

« -Presque vingt ans d’âge ! Tu m’en diras des nouvelles ! A ce qu’il parait vous êtes des coriaces dans la famille ! Votre fils à sauvé ma fille, je pense que c’est pour ça qu’elle en est devenue raide dingue. Elle n’arrête pas d’en parler. Bref, parlons peu parlons bien, comment trouvez-vous ce whisky ?!

-Il est tourbé !

-Ah mince…

-NON NON au contraire j’aime bien, ça me rappelle mon ancien foyer à Cosa !

-Ça doit être beau Cosa, j’aimerais bien y aller un jour avec Uma

-La plus belle île que j’ai jamais vu, mais là où notre famille habite, on va dire que c’est un peu plus… inhospitalier.

-Comment ça ? J’ai entendu des rumeurs sur la Notre, c’est de ça dont tu veux parler ?

-Bwahahaha non la Notra c’est des gens accessibles et sympathique tant soit peu que l’on comprenne le concept de famille, mais ça chez les Tremblotti ce n’est pas un soucis, enfin je ne crois pas… Sinon tu me disais qu’Alessio a sauvé ta fille ? »

Le natif de Cosa écouta Calim lui raconter le récit de la rencontre entre les deux tourtereaux, à la sauce Sérène bien évidemment. Le natif de Cosa était rassuré de voir que son fils suivait la parfaite lignée des Tremblotti.

« -Alors ça, c'est du rhum de rapion. Si vous regardez bien à l'intérieur il y a quelques queue de rapions. C'est un ami de longue date qui nous l'a donné. De ce qu'il a dit c'est bon pour l'arthrite. J'ai aussi du Whisky de baie Oran, je l'ai fait une ou deux semaine avant l'arrivée de ces foutus cavaliers ! On a eu chaud Uma et moi, heureusement qu'on est un peu loin de la ville. Gouttes moi ça ! 

-Dit donc c’est une sacrée collection que vous avez, enfin que tu as ! Chez les Tremblotti on a plus tendance à boire du vin coupé au sang de pokémon, mais j’avoue que je suis jaloux de tes bouteilles…

-Du sang de pokémon ? ajouta le père de Sérène visiblement interloqué

-C’est une spécialité de la famille, morbide certes, mais c’est la marque de fabrique de notre famille

-C’est vrai que ma petiote m’en a parlé des penchants paranormaux de ton fils, au début ça m’a surpris mais si elle l’aime c’est le principal !

-Bien d’accord avec toi, d’ailleurs ma femme aussi était une personne tout ce qu’il y a de plus humain… »

Répondit Lorenzo avec une certaine pointe de nostalgie dans sa voix. Il arrivait parfois au natif de Cosa de lâcher une larme en pensant au fait qu’il ait tout abandonné, même sa défunte femme. Le vieillard l’aimait tout particulièrement malgré les remontrances qu’il pouvait subir, encore plus depuis qu’elle était devenue fantôme. L’ancien éleveur se reprit afin de ne pas pleurer devant son hôte, car non seulement un Tremblotti ne pleurait pas, mais il n’allait pas exposer ses états d’âme devant un inconnu aussi sympathique pouvait-il l’être. Calim resservit un verre à son invité, puis il enchaîna sur la fameuse journée à Carcakrok. Lorenzo avait eu vent de l’histoire lorsqu’il avait rendu visite à son fils à l’hôpital, mais il trouvait intéressant d’avoir la vision des choses de la guide d’Hélix, enjolivé par un père qui avait visiblement bien entamé son verre. Le natif de Cosa ne put s’empêcher de rigoler quand le père de Sérène fit tout un tas d’allusions sexuelles sur sa fille et Alessio. Ce qui le faisait rire, c’était de savoir qu’il n’y avait aucune chance que sa vision des choses arrive car les Tremblotti n’étaient pas des gens très portés sur le service 3 pièces. Bien sûr, comme tout le monde, ils se reproduisaient afin d’assurer une descendance, mais ça s’arrêtait là, du moins pour l’éleveur. Ce dernier se sentait gène d’un blanc qui s’installa, si bien qu’il répondit à son hôte

« -Nous sommes des nobliaux, nous ne sommes guidé par aucune pulsion sexuelle, juste des codes moraux qui se transmettent depuis des temps immémoriaux.

-Ah ouai quel genre de codes dont tu veux parler ?

-Des règles somme toutes assez simple comme sauver la veuve et l’orphelin ou toujours rester digne et droit.

-Ca m’a l’air un peu cucul la praline tes principes, mais je respecte totalement !

-Bwarf… Je suis du genre à penser que tout homme se doit de suivre un credo pour pouvoir vivre sa vie de la meilleure façon qui soit. répondit Lorenzo avant de reprendre Regarde ta fille, elle a dévoué son existence à Helix et cela l’a amené à devenir championne d’arène !

-Je suis fier de la tiote ça c’est sûr ! Après j’ai tendance à lui dire qu’elle en fait trop et qu’elle devrait penser à elle parfois… »

La discussion continua un petit moment, moment durant lequel Lorenzo en apprenait plus sur sa potentielle belle-fille. Plus le natif de Cosa en apprenait, plus il se rendait compte qu’elle pourrait être une femme parfaite pour Alessio. Pour son fils, le Tremblotti se disait qu’il lui fallait une femme la plus humaine possible, car c’était connu, les opposés s’attirent. Le duo discuta un long moment de Cosa et l’ancien éleveur lui fît une description d’une belle carte postale, n’oubliant pas omettre les lieux à voir sur la côte. Quand le père de Sérène lui demanda pourquoi il ne parlait pas de l’intérieur des terres, Lorenzo se contenta de lui expliquer que le centre de l’île était inhospitalier et que les pokémons régnaient en maître sur cette portion de l’île. Calim visiblement satisfait de la réponse de son comparse lui demanda ensuite la raison de sa venue sur le continent

« -Je ne sais pas pour toi, mais vient un âge où tu as l’impression d’avoir fait le tour de la question et tu te poses la question de savoir ce qu’il te reste à faire dans le peu de temps qu’il te reste. Pour ma part j’ai dévoué corps et âme pendant des décennies à mon élevage de pokémons, si bien que je me suis dit qu’il était enfin temps pour moi de découvrir de nouveaux horizons. Et quel est le meilleur moyen de découvrir les différentes régions de Mistral qu’à travers sa gastronomie ?

-T’as bien raison, la bouffe c’est la vie et la boisson aussi pour ma part héhé 

-La boisson c’est pas mon fort, je suis tombé sur une bouteille d’absinthe à Carcakrok, j’ai cru que mon cerveau allait exploser… D’ailleurs c’est là-bas que j’ai rencontré ta fille pour la première fois, elle était avec Alessio.

-Ma fille dans un bar ? Tu m’apprends quelque chose !

-J’aurais pas dû te le dire ?

-Non au contraire, ça me conforte dans l’idée que c’est bien la fille de son père ahahaha »

Lorenzo et Calim étaient en pleine discussion, lorsque Sérène arriva dans la pièce pour leur indiquer que le dîner était prêt. Les deux hommes suivirent la jeune femme dans la salle à manger, puis chacun prit une chaise qui était disponible. La famille était au complète et le dîner aller être dégusté, quand la championne demanda à Lorenzo s’il voulait bien dire les bénédicités. Il s’agissait d’un terme que le vieillard avait déjà entendu une fois ou deux sur son île, mais qu’il n’avait jamais mis en pratique. En somme, c’était une sorte de baptême du feu

« - Je remercie le Saint Hélix pour ce généreux repas, mais également pour qu'il nous transforme tous en spectres après la mort bwahahaha »

Les deux femmes étaient gêné, tandis que Calim ne put s’empêcher de rigoler. Il fallait dire que le père de famille aimait bien ce Lorenzo même s’il trouvait le spécimen un peu étrange.

« - Magnifique, ma fille ! T'es vraiment bonne à marier, dit-il en lui faisant un clin d'œil. Comment trouves tu le repas Lorenzo. Oh, mais ton verre est vide, passe le moi je te le rempli. Il n'est pas question de voir un verre de vin vide chez les Nithé.

-Je n’avais jamais goûté un plat aussi bon, cela change de la salade que ma femme me servait… ajouta Lorenzo avant de reprendre Hum c’est-à-dire que bon d’accord mais c’est le dernier hein ? Je ne sais pas si c’est typique du continent, mais depuis que je suis ici ma consommation d’alcool a grandement augmentée…

-Tu sais c’est bien connu Lorenzo ! Un pasti à l’apéro, un verre de vin pour accompagner le diner et un verre de gnôle pour la digestion ahahah

-Vous m’apprenez quelque chose, enfin tu m’apprends un truc ! Nous autres à Cosa avons l’habitude de servir de l’alcool que durant les grandes occasions et puis entre nous, surveiller des pokémons en étant ivre je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure idée qu’il soit…

-Et sinon vous pensez rester combien de temps ici ? Pas souvent que l’on a de la visite !

-C’est juste pour la nuit papa, je dois me rendre à Fricke le plus rapidement possible.

-Pour retrouver ton bien aimé je suppose ? ajouta Calim en faisant un clin d’œil à Lorenzo

-Tout comme Sérène, je dois rejoindre Fricke assez rapidement pour me rendre à l’arène de mon fils, il m’en a dressé un tableau des plus flatteurs, du coup je suis intrigué. »

Calim posa des questions sur Alessio auxquels Lorenzo tenta de répondre tant bien que mal. Le père de famille voulait en savoir plus que le fils du vieillard, mais les réponses du Tremblotti ne semblait pas le satisfaire totalement, se disant que son invité ne connaissait pas vraiment son fils au final. Dans un sens, le natif de Cosa se disait qu’il n’avait pas tort, mais je l’autre côté il s’agissait de la marque de fabrique des Tremblotti. Ces derniers misaient essentiellement sur la pureté et la noblesse de la descendance plutôt que sur le bien être et l’amour. Il s’agissait d’un choix que peu comprenait, mais qui était payant. Quoi qu’il en soit, Lorenzo se mit à raconter son périple sous les yeux des parents de Sérène qui semblaient admiratif. Le natif de Cosa raconta notamment comment il avait chevauché un tritosor sauvage pour se rendre à Carcakrok, ce qui surprit la guide d’Hélix qui n’était pas au courant de ce passage. Calim y alla de son commentaire, exprimant au passage son désir d’ailleurs, mais également son envie de service 3 pièces. Pour le Tremblotti, les rapports sexuels se résumaient à la reproduction, en ce sens il n’était pas si différent des pokémons. Son hôte insista sur le service 3 pièces, ce qui gêna Lorenzo qui répliqua

« -Tu sais Calim, nous autres chez les Tremblotti, voyons le coït comme un acte purement reproducteur, nous n'éprouvons aucun plaisir à le faire !

-Décoince toi un peu du cul Lorenzo, faut profiter de la vie bon sang !

-Chérie s’il te plait…

-Pas de soucis Dame Nithé enfin Uma… Je comprends le raisonnement de ton mari et peut être que dans une autre vie je l’aurais partagé, mais les Tremblotti nous sommes guidés par d’autres pulsions que sexuelles ! »

Répondit Lorenzo avant de voir que Sérène sortait de table, visiblement par gêne. Il sauta sur l’occasion pour la suivre, se disant que la jeune femme ne lui parlerait pas de ce sujet que les Tremblotti évitaient de mentionner. Le vieillard remercia ses hôtes pour le magnifique diner, mais aussi pour les breuvages qu’il avait pu déguster. Le natif de Cosa expliqua qu’il était déjà tard et qu’il devait se reposer afin d’être en forme pour demain. La guide d’Hélix emmena l’éleveur à l’étage afin de lui montrer sa chambre pour la nuit, ainsi que la salle de bain. Elle lui souhaita bonne nuit à sa façon et le cosien en fit de même, ajoutant une petite blague morbide au passage

« -Bonne nuit à vous Sérène, en espérant que les spectres ne viennent pas hanter vos rêves bwahahaha »

Lorenzo alla dans sa chambre, se changea avant de s’allonger dans son lit pour plonger au pays des spectres.