Saison Un

: Obscure Prophétie

Que ? Quoi ? Mes yeux s’ouvrirent en grand ? J’entendais bien ? Il voulait me mettre à la tête des opérations ? Je sentis le poids de l’univers sur mes épaules. Je devais admettre que j’étais un peu submergée et très peu confiante sur le sujet. Je ne pensais pas avoir l’âme d’une leadeuse. Bon, j’avais bien essayé de créer un groupe pour arranger les problèmes de ce type, mais ça n’avait rien donné.

« Je… sais pas si je suis taillée pour diriger, mais je suppose que ça fait sens… que je donne mon avis sur les spectres… J’ai un peu peur de te décevoir… Mais, je crois que si tu me donnes des conseils et que tu me guides, on devrait s’en sortir. Tu pourras toujours me tenir au courant de l’avancée du problème.»

Je lui adressais un sourire alors que je réfléchissais à la situation du bal. Je n’avais guère envie de m’en rappeler. Tous ses évènements avaient été terribles. Les possessions, les cavaliers… Ils s’étaient passé beaucoup de chose.

« Je connais l’un des cavaliers… Je crois qu’il m’appréciait. Je peux essayer d’avoir des informations… Mais je ne peux rien promettre là-dessus. »

Ce n’était pas mon but premier de retrouver Jack pour l’interroger sur les cavaliers. Clairement pas. Je voulais savoir comment il allait. Je me doutais qu’il irait mal, mais je voulais qu’il sache que tout le monde ne lui en voulait pas. Mais m’accepterait-il ? Voudrait-il me voir ? Je ne savais pas.

« Heu… Anty… Il y a une chose que j’aimerais de te demander… Avec les nouvelles lois, j’ai reçu…une arme. Je n’aime clairement pas ça, mais est-ce que tu pourrais m’apprendre…à m’en servir ? »

Cette arme me semblait incroyable lourde et j’avais peur de l’utiliser. Je n’osais même pas y toucher. On m’avait dit que la sécurité était encore mise… Je ne savais même pas c’était quoi la sécurité sur une arme !

Je souriais à Anty en retour. Allez, je devais prendre courage. Ça allait bien se passer. Je ne serai pas seule. Mais ça restait une grosse responsabilité de prendre la responsabilité du groupe et potentiellement de leur vie. Car il fallait se dire que les spectres pouvaient être dangereux, malgré tout. Ils restaient des pokemons. Il fallait les respecter.

« Jack… Il était extrêmement timide… et gentil. Il était comme moi. »

Cette pensée me pesait. Il était comme moi. J’avais du mal à voir pourquoi je ne pourrais pas plonger au final si lui avait pu. C’était une idée réellement terrifiante. Je n’en parlais pas, j’imaginais déjà les réactions. On me dirait surement que ce n’est pas la même chose, que je n’étais pas la même. Cela ne me convaincrait pas trop et je n’avais pas envie de mentir pour les rassurer.

« Merci beaucoup. J’ai un peu peur d’en avoir une, je t’avoue. »

C’était tellement dangereux d’avoir une telle chose. Comme Kata faisait pour avoir un fusil ? Quoique la dernière fois, elle n’en avait plus. Ha… Oui, on lui avait pris et cassé. Quoiqu’il en soit, Anty était disposé à m’aider. C’était une excellente nouvelle. Je me sentirai moins sans défense et moins menacée par moi-même.

Silencieuse, j’écoutais les dires d’Anty sur le cas Kataboulette. Qu’est-ce que je pensais de ce cas ? C’était d’une complexité sans nom. Mais c’était le moment de donner mon avis. Alors qu’est-ce que je pensais de cette situation. Hé bien, j’étais mitigée.

« Déjà… Ce n’est pas une simple possession. C’est quelque chose d’inédit. En gros, son pitrouille est faible, mais son aura est comme mélangé à celle de Kata. C’est compliqué à expliquer sans avoir la vue. A l’heure actuelle, il est possible que ce lien les maintient en vie. Après, je ne crois pas que ce soit une bonne nouvelle. Je ne peux pas vraiment en dire plus. C’est la première fois que je vois un cas comme ça. »

Bon, cela ne commençait pas super bien, je devais l’avouer. Je devais être la spécialiste des spectres, mais je séchais à la première problématique. Ce n’était pas le plus simple.

« Concernant son lien avec les cavaliers, ce qui dit Kata est largement possible. C’est un peu leur but. Elles permettent vraiment à des âmes errantes de rejoindre l’autre côté et c’est aussi un peu leur mode d’alimentation. On peut pas vraiment lui reprocher de les avoir suivi. C’est comme reprocher à un Caninos d’avoir mangé le jambon qui trainait par terre. »

Ca, c’était l’aspect positif, le négatif était à venir.

« Par contre, je ne suis pas sûre qu’il ne veuille que du bien à Kata. Quand il la possédait au bal, il avait pris un malin plaisir à me torturer avec ce qui était arrivé à Kata. Après, c’est un spectre… Il n’a pas la même vision de l’amusement que nous. Je ne suis même pas sûre qu’il ait réellement fait ça par bonté d’âmes. C’est difficile à dire. »

Quel bordel cette histoire. Je ne savais pas quoi en penser.

« Pour le moment, je pense que c’est la seule solution que nous ayons pour leur bien à tous deux. Mais je crois que le mieux serait de les séparer au plus vite. J’ignore quelles conséquences désastreuses ça peut avoir. »

Anty m’écouta et accepta ce que je dis sans discuter. Il me faisait définitivement confiance. J’aurais aimé donner plus d’informations, mais j’étais totalement bloquée. Je ne pouvais rien faire de plus. Le lieutenant proposa d’autres pistes. Je me figeais un instant et les mots sortirent avant que je puisse faire quoique ce soit.

« Pas les prêtres ! »

Je rougis un moment avant de m’éclaircir la gorge et mes idées. Ce n’était pas mon genre de refuser de parler à un groupe de personne, mais disons que je n’avais guère de très bons souvenirs avec eux, sans parler de leur tendance un peu plus superstitieuse.

« Je veux dire que… je pense pas qu’ils soient les mieux placés au final… Déjà la dernière fois, cela s’était assez mal passé… J’ai peur qu’ils n’essaient pas de comprendre la situation. Et je crois que ça n’aidera personne. Surtout Kata, elle a pas besoin de revivre une mauvaise expérience. »

Elle avait été rejetée par ses amis, son modèle l’avait malmenée. Sa fouinette avait été volée et elle était assez folle. Son vivaldaim était handicapée. Elle était tombée dans le coma. Sa mère était morte. Elle avait assez souffert comme ça. Je voulais au moins lui épargner une nouvelle douleur. Finissant mon sandwish, je réfléchis à son autre proposition.

« J’aimerai bien parler à Ciboulette mais, la dernière fois que j’ai vu Kata, Ciboulette semblait agir…bizarrement. Il voulait me parler, mais n’en avait pas la force. Il est possible aussi qu’il ait voulu que j’évite de toucher Kata. Je ne sais pas vraiment son avis sur moi. »

Ce n’était pas encore très concluant. J’avais l’impression que je balayais une à une toutes les possibilités. C’était tellement peu encourageant. Je soupirai. Quel bazar.

« Oui, je pense qu’elle s’y trouve souvent. Elle m’avait invitée à aller là-bas une fois, mais j’avoue ne pas être… sereine pour y aller. Je sais que je ne dois pas faire de généralisation… Je suis la première à combattre ce genre de choses… Mais j’ai peur d’être mal reçue… Je suis…euh…biopoke… et amie de spectres. J’ignore si les Kedaliens verrait ça d’un bon œil. »

Je me sentais tellement odieuse de parler ainsi. Je ne les avais même pas rencontrés. Cette pensée était tellement inadmissible pour moi. Je gigotais sur ma chaise tant j’étais mal à l’aise.

« Je ne sais vraiment pas… D’habitude, elle arrivait à faire passer les informations directement dans sa tête, mais avec moi, rien… Je ne sais même pas si un spectre serait utile. Mais on pourra toujours essayer. »

C’était tellement compliqué cette situation. Je me demandais bien comment on pouvait s’en sortir. Bon, concernant le sujet Kedal, j’étais rassurée qu’Anty veuille bien m’assister. Visiblement, il n’était pas très bien vu dans ce coin. Je me demandais ce qui pouvait provoquer une telle haine envers le membre de la maréchaussée.

J’avais entendu beaucoup de rumeurs sur eux. Ce n’était pas vraiment très élogieux, mais était-ce si vrai ? Je n’en avais aucune idée. S’ils détestaient tout ce qui pouvait un peu trop les bousculer… Cette simple idée me donnait des crampes au ventre. Je ne voulais pas ressentir des regards hostiles.

« Merci beaucoup Anty… Peut-être que ça se passera sans encombre au final… »

Qui essayais-je de rassurer ? Moi ou lui ? Je crois que c’était définitivement moi. Je ne voulais pas croire à toutes ses rumeurs et je voulais avoir foi aux paroles de Técla. Mon esprit était sur ce fil d’incertitude. Finissant mon repas, j’hochais la tête.

«Moi, aussi. Cela fait me fait très plaisir que nous puissions parler tranquillement et nous pouvons y aller. »

Ainsi, le repas était derrière nous. Il était temps de penser à cette arme à feu. Clairement, moins je l’utiliserais, plus je me sentirais à l’aise. Mais si je savais m’en servir, je me sentirai encore plus à l’aise. C’était un mal pour un plus grand bien. Ainsi, nos pas nous menèrent jusqu’au commissariat.

« Hm, tu crois que ça ira pour moi apprendre ? Je te cache pas que j’ai beaucoup d’appréhension sur le sujet. »

J’étais une non-violente de nature. Pour moi, les armes ne m’avaient jamais donné l’impression de sécurité que certains revendiquaient. Mais il fallait bien que j’apprenne à gérer cette bête.

Tirer sur quelqu’un ? Cela me semblait tellement inenvisageable. Tirer en l’air pour effrayer, pourquoi pas ? Mais s’en servir en situation réelle ? Sur quelqu’un ? Improbable pour moi. J’hochais silencieusement la tête rentrant dans le commissariat. Oh, beaucoup de gens… J’étais un peu intimidée. Par chance, un des membres sut un peu apaisé mon axiété. Il semblait particulièrement aimable.

Bon, avec Anty, la situation fut rapidement expédiée. J’étais une ranger qui devait être formée au tir. C’était un résumé très rapide de la situation. Hm, je me demandais un instant s’ils se poseraient des questions sur mon identité. C’était la deuxième fois que je venais ici après tout. Visiblement, il n’y avait personne de la dernière fois.

Silencieuse, je le suivais au pas. J’avais certes adressé un signe de la main timide à l’assemblée, mais je n’osais définitivement pas prendre la parole devant tant de personnes. C’était bien trop impressionnant. Bien rapidement, on arriva à la salle de tire… Et ça ressemblait vraiment à ce à quoi je m’attendais.

Une zone où on tirait et une zone pour la cible. Je supposais que c’était pour éviter tout risque. Comme une élève attentive, j’observais avec attention ses gestes. Je n’étais pas forcément la plus douée physiquement, la plus agile, la plus forte, mais j’étais une élève très studieuse. J’observais, retenant avec application les gestes à faire.

« Comme ça ? »

Je vérifiais que j’avais bien compris le principe. Bon, maintenant, les protections… Autant dire que cela me rassurait de moins en moins cet engin. Je pouvais avoir mal aux oreilles et des éclats pouvaient atterrir dans les yeux.

« Je ne pensais pas que je ferais ça un jour… »

Je m’adressais plus à moi qu’à lui. Je ne pensais pas arriver un jour à utiliser une arme. C’était tellement particulier. C’était prendre conscience qu’on faisait réellement ça. C’était spécial. Quoiqu’il en soit, je devais me mettre en position. Ok, respirons. Je plaçais droite comme un I et je tendis le pistolet devant, le tenant à deux mains, bras tendus et droit devant.

« Heu… Voilà… »

Cela ne devait pas être terrible à voir.