Saison Un

: Obscure Prophétie

La rencontre avec la sœur avait été un échec, un échec cuisant. Je ne m’attendais pas à pareil résultat. Au moins, je pense que j’arrivais à lui servir de point d’appui. La voir triste me déprimait. Elle avait toujours été un rayon de soleil. La voir ainsi était vraiment dur. Je voulais lui apporter de l’espoir.

J’aurais bien fait un tour à la bibliothèque pour trouver une solution, mais je craignais que, si on ne trouvait rien, cela la mettrait dans un état encore plus déprimé. Alors que faire ? Hm, peut-être que je pourrais lui montrer que même en Funécire, elle était encore super utile… Après tout, elle était un pokemon ! Elle pouvait surement utiliser des attaques et tout. Même qu’elle devait avoir une capacité spéciale.

Alors, je l’avais emmené dehors (de nouveau) pour l’entrainement spécial. J’allais essayer de lui redonner le sourire… Sourire… Je me forçais à lui sourire d’ailleurs. J’avais beau l’avoir avec moi, j’étais toujours une enfant et j’avais l’impression que je risquais de tomber en crise de panique à chaque instant. Mais il fallait être forte. Pour Aurora.

Assise sur un banc, je regardais ma chère et tendre bougie sur mes genoux. J’étais motivée.

« Ok. Aurora. Je suis sûre que tu peux faire des trucs incroyables comme pokemon maintenant. Tant qu’on a pas de piste, on va faire avec. Je te propose qu’on essaie de voir si on peut développer tes nouvelles capacités. »

Par chance, j’étais spécialiste des spectres. Même si je ne connaissais pas très bien les attaques des pokemons en général et que je ne pensais pas que je deviendrai une grande dresseuse, j’en connaissais un rayon sur celles des spectres.

« Hm, avant de commencer les attaques, on peut vérifier ton talent. Hmm. On devrait mettre au point un langage pour que je te comprenne. Je te propose de remuer tes bras de haut en bas pour dire oui et de gauche à droite pour dire non ? D’accord ? »

Oui, qu’elle utilise ses bras dans la mesure où sa tête est son corps ou, du moins, une grande partie de son corps. C’était assez dure à déterminer la limite entre tête et corps.

« D’après mes souvenirs, les Funécires ont soit infiltration, Corps Ardent ou Torche… On essaie de voir si tu as infiltration ? »

Je préférais commencer par le moins risqué des trois.

Je soupirai intérieurement et me laissais conduire au gré des pas de Vivia qui voulait me changer les idées. Après la douche froide chez les Linéssoufles...
Et pouf. On s'était arrêté sans vraiment que je me rende compte qu'on avait finalement trouvé un endroit. J'étais calé entre ses deux jambes alor qu'elle semblait vouloir me voir à l'oeuvre.
De l'exercice... Ok, d'accord. Ca peut pas être pire qu'autre chose.

Sans grande conviction, j'essaye de faire la communication comme elle voulait me le faire savoir. Alors pour confirmer que j'étais d'accord je remuais les bras de haut en bas comme elle disait. On aurait dit les séances de gymnastique ou d'étirement. Ca avait le mérite de faciliter certaines choses...
Bon pas d'attaque... J'avais pas envie d'attaquer de toute façon. Juste... Ne rien faire. Alors quand elle me proposa de découvrir mon talent, ça me tentait déjà un peu plus. Mais comment faire pour savoir si mon talent était celui dont elle parlait... Aucune idée. De souvenirs, c'était un talent pour passer à travers les clones les barrières et tout... Non décidemment je n'avais aucune façon de pouvoir le découvrir comme ça. Ou alors il fallait que je tape au travers de quelque chose ? Genre comme si il y avait rien ?
Au fur et à mesure, je commençais à avoir un peu d'intêret à la reflexion sur cet exercice. Ca avait le mérite de me tenir occupée à autre chose.

Bon bah... Première tentative : je fonce sur le premier être venu, pokemon ou humain, en tapant dans un truc qui bloque ma progression. Bah tu parles, je me suis mangé un sac et le mec ça lui a rien fait.

Deuxième tentative : Foncer sur Vivi. Mais je suis tellement nulle que je m'écrase encore une fois mollement sur sa jambe...

Well, je la regarde en rebaissant les yeux... J'ai pas ça

Je ne pensais pas à ça, à vrai dire… J’avais simplement pensé à lancer un Protego et qu’elle verrait si elle pouvait passer à travers. Bon, je préférais me taire sur mon idée. Elle avait déjà essayé et elle en semblait dépitée. Je la regardais et je commençais à comprendre ce que je lui avais infligé dans le passé.

Toute ma dépression, ma tentative de suicide, mes mises en danger incessantes… Je lui avais infligée pareille douleur que j’avais en ce moment ? La douleur de voir l’être aimé souffrir d’une douleur intérieure. Je voyais qu’elle n’allait pas bien, que sa bonne humeur avait disparu… Et je ne pouvais rien faire qu’assister impuissante à sa tristesse.

Cela me faisait remettre en question mon propre comportement. Est-ce qu’elle craignait que je puisse rechuter à chaque instant ? Est-ce des fois elle se réveillait en se demandant si je m’étais pas tuée ? Ou était-elle inquiète de ne pas réussir à voir si j’allais mal ? Quelle peur, quelles douleurs je lui infligeais sans le savoir ? Je ne pouvais le savoir et je savais qu’il me fallait faire des efforts. Je ne pouvais lui réinfliger une douleur comme celle que je vivais en ce moment.

Je la prenais dans mes bras et posais un petit bisou sur son front.

« Ce n’est pas grave Aurora. Ce n’est pas ta faute. »

Pourquoi je lui disais ça ? La tentative de vérifier son talent ? L’histoire avec sa sœur ? L’histoire avec moi-même ? J’avais du mal à savoir à faire dire. Les mots ne venaient pas. Ma gorge était sèche. Mais je devais être forte. Je devais être un appui. Délicatement, je la prenais dans mes bras pour nous poser sur un banc.

« On va essayer autre chose. »

Je sortais ma baguette et je raclais ma gorge. Je n’avais jamais lancé de sort. Voyons voir. Je me concentre et je prononce le mot.

« Incendio. »

Une petite flamme apparut au bout de celle-ci. Oh. Pas mal. Mes yeux brillèrent de surprise. Je ne pensais pas que ça fonctionnerait aussi bien. Je pointais la flamme vers elle.

« Essaie de toucher la flamme… Tu peux peut-être l’absorber ? »

Même si elle n’y arrivait pas, cela ne devrait pas la blesser vu son type feu. Je lui souriais, tentant de lui donner du courage comme elle avait pu me le faire.

Etrange... Même les mots de ma Altaria ne semblait pas faire effet ajourd'hui. L'impression qu'un mur s'est installé entre moi et tout les autres s'accentue d'autant plus avec cette triste découverte. Mon coeur bat toujours pour toi, mais today... Je sais pas... Hanw... Il y avait bien la petite embrassade sur le front qui avait bien ravivé momentanément la petite flamme qui arbore ma toute aussi petite tête de cire... Mais bon...
Mais elle ne veux pas abandonner maintenant, et lorsque j'entends le son du sort qu'elle souhaite utiliser après, je sais ce qu'elle veux essayer. Je crois qu'elle veut voir si je posséde Torche, qui te permet d'être plus ou moins immunisé au feu. J'admet ne pas du tout être sereine à cette idée même si je sais qu'au fond Vivia n'a pas du tout envie de me blesser. Elle essaye de m'aider comme elle peut avec ma condition. J'aurai fait pareil si elle s'était retrouvée à ma place d'une manière ou d'une autre. Mais elle non plus n'a pas l'air dans son assiette... Et ça faisait un cercle vicieux. J'étais pas bien donc elle était pas bien, et comme elle est pas bien je ne suis pas bien non plus et ainsi de suite. Bon, je vais prendre exemple sur elle et essayer, qui ne tente rien n'a rien.

Mes petits bras se levèrent pour approcher la baguette, mais leur longueur et mon manque d'envie m'empêche de l'atteindre, alors je tente de sauter doucement, avant d'abandonner également cette tentative et qu'elle rapproche la flamme un peu plus.
Etait-ce ça qu'elle voyait à présent lorsqu'elle me regardait ? Une petit flamme qui vascillait au bout d'un petit bâton de cire ? Qu'est-ce que je pouvais avoir de si différent. Etais-je différente tout simplement, au-delà d'être simplement sa copine... Ou son Ex-copine... Je vois pas comment notre relation pourrait continuer dans ces conditions, ou à cet âge aussi. Toute ma vie (au sens littéral et figuré) a pris le plus gros stop ever. J'avais tenté de garder la tête haute et de positivé mais depuis tout à l'heure, impossible. Je fais sûrement pitié à voir, je suis pathétique, qui se contenterai de quelqu'un comme moi qui pourrait crever à la moindre bourde hein ? Pas ma soeur visiblement ! Et... Je sais même pas comment Vivia le prendra, me prendra, à la longue... Si on se réveille demain, j'espère avoir repris mon apparence. Si ce rêve dure trop longtemps je commence à vraiment avoir peur de ce qu'il pourrait m'arriver. Je veux pas être abandonnée parce que ma chance m'a fait défaut. Limite... Limite cette situation serait presque une deuxième chance. Un moyen de me rattraper auprès de tout le monde parce que je n'ai pas été assez bien ? Je sais que Vivia est à fond sur les spectres mais je ne veux pas rester qu'une simple amie qui la regardera encore grandir et peut-être trouver quelqu'un d'autre. Je vais être égoiste à le penser mais c'est ma Vivia ! Je suis sa Aurora ! Je ne veux pas finir par devenir juste... Sa pokemon... Son amie... Sa bougie...

La vive et courte douleur de brûlure me ramène à la réalité des choses. Mes yeux durant tout ce temps était dans le vague à fixer quelque chose d'invisible et qui au final n'existait même pas. A moins que mes doutes ai pris forme, non... Je regardais ma rousse. Tu n'a pas changé entre tes 11 et tes 18 ans... Et j'espère que malgré ma condition... Tu me regardes toujours avec les yeux que tu avais jusque là. Ceux qui reprennaient tellement de couleur depuis notre rencontre. Mais je veux pouvoir les adminer autrement qu'en te regardant. Je vais le ressentir se plonger dans les miens tandis qu'on s'enlace sous une couette. Ceux qui sont gênée lorsque je me balade en petite tenue (ou sans rien d'ailleurs) dans la chambre... Je veux pas que tu finisses par détourner le regard.
Un long soupir sort de ma petite bouche. Bref, ce n'était pas non plus ce talent. Donc il s'agissait forcément du dernier...

Visiblement mes petites attentions ne la réconfortaient pas. Mon petit bisou sur son front avait, semble-t-il, un peu raviver sa flamme, mais ce n’était que temporaire. Elle semblait tellement amorphe, sans volonté. Ah. Moi qui avait passé ces derniers mois à devenir meilleure, à me servir d’une arme, à essayer de me renforcer, de devenir plus forte pour qu’Aurora puisse être tranquille, j’étais totalement coincée.

Pendant de longues secondes, je la voyais immobile, mettant ses petites mains dans le feu. Je trouvais ça bien long qu’elle mette autant de temps pour absorber les flammes, mais je n’osais intervenir. Peut-être qu’il se passait quelque chose que je ne pouvais voir. Mais, au final, elle fut blesser par un tel sort… Je ne voulais pas ça.

« Vibra-soin »

Ma baguette s’illumina alors qu’une onde se répandait dans les membres blessés d’Aurora. A défaut de puissance de feu, j’étais plutôt bonne en soin… Douce ironie, moi qui étais incapable de soigner les douleurs de son cœur. Ainsi donc, elle devait posséder le talent corps ardent… Finalement, cela ne nous apportait pas grand-chose. Cela ne lui rendait pas le sourire. Je n’arrivais pas à lui faire retrouver le sourire, l’espoir.

Je posais ma baguette. Saisissant Aurora de mes deux mains, je la soulevais face à mes yeux. Je la regardais. Je la regardais vraiment. Je fixais son œil unique. Les yeux étaient le reflet de l’âme. Je la regardais avec intensité et je voulais qu’elle me regarde aussi. Je voulais qu’elle y lise tout l’amour que je lui portais, toute la tendresse que je pouvais.

« Possède-moi »

Je l’avais dit aussi naturellement que si j’avais dit que j’irais acheter du pain. Je voulais lui parler. Pas de langages codés. Je voulais lui parler directement. Peut-être même lui expliquer, lui montrer des choses que je ne pouvais lui expliquer avec des mots. Je voulais une conversation à cœur ouvert.

« Possède-moi Aurora. On a besoin de parler. Toutes les deux. RIEN que toutes les deux. »

Mon regard se porta dans du vide pour autrui, mais le mien se porta sur Mad qui se tenait là sourire aux lèvres. Il se contenta de hausser les épaules avant de disparaitre lâchant une dernière phrase.

« Je ne serai pas loin de toute façon. »

Je reportais mon regard sur Aurora et je lui souris alors que je le lui demandais, ou exigeais la même chose pour la troisième fois.

« Possède-moi. Il n’y a rien que je veuille te cacher. »

Dans mon regard, nulle trace de marchandage. Je voulais cette possession.

Un petit coup de baguette et mon petit corps à peine meurtri revient à son état d'origine, blessé, mais uniquement dans ma tête et mon coeur. Aller, il en fallait plus à Aurora Louest pour se sentir abattre non ?
Non... ?
Bon peut-être un peu finalement....

Et c'est peu après que je me suis envolé. Envolé dans les bras de ma Altaria qui est venue jusqu'à me porter auprès de ses deux yeux de jade et d'émeraude. Je n'ai pas besoin de grands bijoux lorque m'accompagne ces deux pierres précieuse que je me fais toujours plaisir à scruter. Sauf là où, même si j'appréciais la chose, la seule chose qui me venait c'était des résidus de larmes. Je sais que tu m'as défendue tout à l'heure c'était vraiment... Très gentil de ta part et je t'en remercie. Mais pourquoi me fais-tu ces yeux... J'ai fais quelque chose de mal ? Pourquoi tu es si... Hypnotisante.

Posséde-moi.

Le mot résonne un peu dans ma tête avant qu'elle réitère la formulation. Vraiment... Tu veux que je revienne en toi ? (Ola dis comme ça j'ai l'impression qu'il se passe plus de chose que prévu dans cette espèce de symbiose...) Mais tu n'as pas peur, enfin non si tu le demandes comme ça tu n'as pas peur c'est vrai. Surtout qu'on l'avais déjà fait une fois aujourd'hui et que c'était pas si terrible. Sauf quand je suis sorti mais...
D'accord d'accord j'arrive deux secondes...

Je souffle avant de me laisser tomber contre elle en basculant contre son ventre, et de tomber.

Les yeux fermés, je... Ressentai plus que la première fois. J'avais été aspiré la première fois jusqu'à son esprit mais là, pour je ne sais quelle raison, ce ne fût pas le cas. Un mélange presque de sereinité, comme si j'étais revenu à la maison après un long moment d'absence. Je n'ai plus aucun doute sur le fait que tu dois être mon âme soeur, je me sens bien à tes côtés... Emportée par le flot de ses envies de discuter et l'éternel attirance qu'elle me faisait, j'arrive finalement jusqu'à elle sans trop me presser. J'étais presque de nouveau détendu, neutre. Ma tristesse ne s'est pas envolé mais... j'étais bien.



Et là, la phrase qui fit s'envoler toute la pression d'un coup, je fondais en larme en essayant de cacher cela à ma douce partenaire... Elle ne méritait pas une fille comme ça qui pleure pour des disputes, ça arrive les disputes... Et je sais pas si c'était moi qui provoquais ça, mais en m'imaginant la serrer ses bras se sont exécutés de la même manière...

Elle avait encore des restes de larmes dans ses yeux. Cela me faisait un pincement. Cela ne faisait que confirmer que je devais la recouvrir d’amour. Je devais prendre soin d’elle. Elle était ma flamme, ma lumière. Mon Aurore à moi.

Elle prit sa décision bien plus rapidement que je ne le pensais. Elle accepta très vite l’idée de revenir en moi. Mais cela prit plus de temps que prévu. Elle avait disparu dans mon ventre, mais elle prit assez bien de temps pour arriver à mon esprit. Quelque chose avait changé sans que je puisse dire quoi. C’était plus harmonieux…

Elle me posa une question d’une grande banalité, mais qui fut une espèce de déclencheur. Je me pris une vague d’émotions directement dans ma tête. Trop d’émotions… Elle qui pleurait dans mon esprit fit s’écouler de mes yeux des larmes. Non, ne pleure pas.

Sous son impulsion, mes bras bougèrent d’eux-mêmes m’enlaçant. Je ne fis pas un geste, pas une volonté pour l’arrêter. Elle était désolée ? De quoi ? Je connaissais les risques de possession. Je lui envoyais une vague d’amour, un tourbillon. Je me remémorais toutes les émotions positives qu’elle m’avait fait connaitre. Souvenirs d’une première nuit, souvenirs où j’avais ris avec elle pour la première fois, souvenirs de l’espoir renaissant, souvenirs d’une auberge. Une valve était ouverte et je voulais qu’elle ressente tout ce qu’elle avait pu m’apporter. Il n’y avait pas de mots.

« Ne sois pas désolée… C’est pas grave. Fais le autant que tu veux. Je t’aime tellement. »

Je voulais l’inonder dans cet océan d’émotions. Je ne voulais qu’il n’y ait plus que ça, plus que mon amour. Je ferai tout pour compenser.

« Tu peux y aller Aurora… Tu peux te lacher. Tu n’as pas toujours à être forte devant moi. Tu as été un soutien, une aide, un pilier pour moi depuis qu’on s’est rencontré… Laisse-moi être, pour une fois, l’épaule où tu puisses juste pleurer, sans jugement, seulement avec le regard bienveillant de l’amour. »

Je n'étais que tristesse lorsque des images et des sensations se mirent à apparaître soudainement, calmant instantanément mes larmes. C'était... Des souvenirs ? Ses souvenirs ? Non. Nos souvenirs. Chaque moment que nous avons passé ensemble, chaque chose qu'elle pensait et ressentai à mon égard... Je me sentais idiote de tout avoir laissé de côté et ne pas penser à tout cela...

Joie, bonheur, plaisir, envie, futur, projet... Elle était tout pour moi et pour elle, j'étais tout aussi. Un échange entre mes sentiments et les siens qui m'apaisèrent chaque seconde passé dans ce torrent, assez pour me lâcher une deuxième fois en larme, entre un mélange de relâchement de stress et d'angoisse ainsi qu'une joie mélancolique... Ca me donnait tellement envie de rester ici à profiter de toute ses pensées. Rester ici, bercer par son corps et son âme. Rester ici. Juste... Je ne veux plus partir...
Au fur et à mesure que mes pleurs cessent (car un moment il faut bien que les larmes laissent place à la chaleur), mon être se réchauffe doucement, comme auréolé par la couronne d'un mini soleil, uniquement alimenté par l'amour mutuel que l'on s'envoit depuis tout à l'heure... Mon corps chauffe de l'intérieur, j'ai littéralement le *corps ardent*.

J’avais réussi à la calmer. Je ne l’espérai plus. J’avais réussi. Nous avions réussi. Je lui renvoyais tout l’amour qu’elle m’avait donné et elle me renvoyait le sien. Nos sentiments se mélangeaient. Nous formions une vraie symbiose. C’était comme si, en cet instant, nous n’étions réellement plus qu’une.

Une nouvelle crise de larmes nous prenait. Mais il y avait de la joie dans celles-ci. Si seulement tous les pleurs pouvaient être aussi salvateurs. Je la sentais se calmer. C’était reposant aussi pour moi. Je la laissais dans ce cocon que nous avions réussi à créer.

« Aurora, je vais devoir reprendre une de tes expressions : espèce de patate. »

Ce n’était évidemment pas dit avec méchanceté ou colère. Juste, une expression qu’elle disait quand je faisais n’importe quoi ou disais n’importe quoi. J’aurais tant voulu la couvrir de bisous pour la rassurer.

« De quelles attentes parles-tu ? Aurora, tu me donnes tellement. Tu m’as sauvé la vie… deux fois. Tu es patiente, compréhensive. Tu me fais rire, espérer, voyager. Tu es créative, intelligente. Alors que je n’attendais plus rien de la vie, tu m’as donné…tout donné. »

Tellement de reconnaissances dans mes pensées.

« Alors ne dis pas n’importe quoi. Tu me combles bien au-delà de toute espérance. C’est moi qui devrais m’excuser. Je me rends compte que je dois beaucoup t’inquiéter et que cela doit pas toujours être simple de s’y prendre avec moi… Mais tu le fais avec une telle bonté. Alors ne le dis plus et ne t’en veux pas. Tu es incroyable Aurora. Et jamais, jamais, tu ne dois croire que tu me déçois. C’est compris ? »

Oui j'avoue je l'ai bien mérité cette patate... Je ne sais même plus pourquoi j'étais triste ou énérvée à présent, comme si ça s'était mystérieusement dissipé dans cet océan que nous avions formé à partir de nos propres ressenti. Je me sentais libérée (oui j'ai déjà du le dire mais bon tant pis). Bon, maintenant va falloir que je parle des attentes ? Bon en vrai j'avais dit ça pour montrer que je pensais mon attitude comme une faute envers elle... J'avais toujours tenté d'être à l'écoute, courageuse, ou tout un tas d'autres choses qui pourraient presque m'idéaliser au final. Je voulais être la plus parfaite des Aurora pour la plus parfaite des Vivia mais là... Je lui avais fait de la peine parce que j'étais trop concentré sur mes propres soucis... Elle me comblais de compliment et tentait de me rassurer avec des mots qui en d'autres circonstances m'auraient rendu le sourire mais c'était un peu plus compliqué tout de même







J'avais l'impression d'être chez le psy, à dévoiler ma vie et mes ressentis sur ce que je penses être la cause ou l'origine de certains problèmes... M'enfin qui mieux qu'elle pourra m'écouter et me réconforter...