Saison Un

: Obscure Prophétie

Je l’écoutais, silencieuse. Elle s’ouvrait à moi. Elle me montrait ses failles, ses doutes. Je comprenais sa douleur. Vouloir bien faire, mais se faire reprocher que ses erreurs, c’était une chose pénible et qui pouvait faire de nombreux dégâts. J’en étais la preuve vivante. Je comprenais sa peine, mais il n’y avait pas de mots que pour la soulager. Elle était en quête de rédemption. Que pouvais-je faire ? Pas grand-chose. Si une chose me semblait importante à dire, une chose qui pouvait peut-être la rassurer.

« Je savais Aurora… Enfin, je m’en doutais. Que tu n’as pas toujours été une fille tendre. C’est pour ça que je ne peux que t’admirer ma douce. Même si j’avoue que je ne savais pas que j’étais une motivation pour ton changement. »

Encore deux larmes qui coulent… D’émotions, simplement. Je pensais juste l’avoir rencontré au bon moment. Mais les signes étaient toujours là et je savais que le feu coulait dans ses veines. Elle qui avait menacé de casser la figure de mes harceleurs, elle qui avait pris la parole dans un bar, elle qui avait menacé de mettre son poing dans la face de Roger.

« Et oui, peu importe ton passé, ça ne changera pas d’un iota mon amour. Si je peux pardonner à mes harceleurs, je ne pourrais jamais t’en vouloir de quoique ce soit de toute façon. Tu connais mon cœur, mais je le redirai : jamais je ne te reprocherai d’être triste ou d’être malchanceuse. Je peux pas changer le cœur de Théa. Et tu sais, c’est pas grave si je ne peux pas te retirer tes œillères. Ce n’est pas nécessaire… Je n’ai qu’à juste faire tourner ta tête jusqu’à….moi… »

Que faire ? Qu’elle se repose. Juste, repose-toi. N’écoute que moi, ne vois que moi, ne ressens que moi. Une berceuse pour ma douce. Cette fois-ci, pas dans ma tête, mais à l’oral.

« Count to one, count to two, where do flowers grow?
Underneath the window where children softly doze
The moon shining brightly makes every petal glow

Count to three, count to four, where do flowers bloom?
Resting upon the mirror frame in mamma's room,
A sweet little bud of a beautiful flower of blue

Let us count them all, let us count them all,
All the lovely flowers blooming, let us count them all!

Count to seven, count to eight, as we fall asleep
Every child is dreaming of fragrant flowers sweet
And momma makes a bouquet for you to keep »

Je me tus. Mes pensées reprenant le dessus.

« Reste autant qu’il te le faut. Reste pour profiter de tout mon amour. »

C'était plus que bizarre... D'être là je veux dire. J'étais elle, et elle me disait quoi faire. Et moi j'écoutais sans rien dire. Profitant de sa voix. Profitant d'elle tout simplement. Profitant de ses douces paroles qui me réconfortent, de sa bienveillance... Elle multipliait les surnoms mignons et tout et puis j'allais lui dire que d'accord j'allais me reposer un petit peu... J'allais lui dire que je n'avais pas besoin detourner la tête pour sentir sa lumière tel le soleil qu'elle était devenue pour moi en si peu de temps. Elle qui avait allumé une énorme ampoule dans mon coeur. Non je n'avais pas eu l'occasion de lui dire. Ou peut-être que si je ne sais plus, mélangé avec toute nos informations précédentes. Toute nos images, nos paroles et nos pensées.

Et lorsqu'elle chanta, on aurait presque pu imaginer que je m'étais simplement allongée et j'avais fermé les yeux (dans sa tête). Cela me rappelait des choses, comme le fait que je n'avais finalement pas chanté depuis un certain temps et le fait que même si c'était timide et pas parfait, c'était la voix qui me donnait le plus de plaisir à écouter. Comme si sa voix transportait tout ce que j'aimais en elle. Ou que tout collait à son timbre je ne sais pas. Mais à mes oreilles c'était parfait. Parfaitement parfait. Personne d'autre aurait pu le faire ainsi et personne ne pourra l'imiter.

Calme, voilà. Elle devait seulement se reposer. Hm, que voulait-elle me dire ? Rester pour toujours ? Non, ce n’était pas ce que je voulais dire !

« Non… Je veux pas dire toujours. Enfin, si tu veux, tu peux. J’aime bien quand tu es en moi. Et…et je veux pas que tu sois moi. Je veux que tu restes toi parce que c’est toi…que…j’aime. Je veux juste dire que, quand tu es fatiguée, quand tu es triste, quand tu as des doutes, tu veux juste venir en moi pour que je te console… Et… et… puis, comment je fais pour te faire de gros câlins si tu es toujours en moi ? »

C’était peut-être un peu bizarre à la vitesse à laquelle je m’habituais à cette situation… J’avais tellement passé de temps avec des spectres que, pour moi, la possession était quelque chose de tout à fait naturel. A vrai, rien ne changeait, mais tout changeait ici. C’était un sentiment, une situation complexe dans laquelle nous étions.

« D’ailleurs, Aurora, tant que nous sommes aussi… fusionnées, il y a autre chose que tu aimerais te soulager ou quelque chose sur lequel tu aimerais être rassurée ? »

Nous n’avion jamais été aussi proches. Si elle voulait me confier quelque chose, si elle voulait libérer son cœur, jamais nous n’aurions un moment aussi intime et aussi à l’écart du monde.

Bizarrement... "Etre en elle" sonnait vachement pervers dans ma tête. Et plus je me le faisait remarquer et plus c'était à moitié excitant... HMHM je m'égare ! Moi aussi je préfère être moi et elle rester elle, c'est ce qu'il me plaît et tant que je peux faire en sorte que cela le reste alors tout ceci restera ainsi autant que faire se peut. Au pire il sera toujours possible de tenter des choses "ensemble" pour faire des tests. Après tout on sait que c'est un rêve donc autant également faire des choses que nous ne pourrions pas faire dans notre vie à nous. Des expériences, nous sommes toute deux scientifique et attiré par les spectres (ou inversement). Il y a moyen de faire en sorte que la fusion apporte quelque chose en dehors de venir là que quand ça ne va pas....

Est-ce que je me perd encore dans mes propres pensées ? Ca a l'air d'être plutôt le cas, en effet ! La possession en soit n'est pas dérangeante au contraire je trouve ça agréable encore une fois d'être ici, mais bon... BREF

Première chose, elle avait enfin pu avoir la confirmation de mes sentiments. Tant mieux, j’étais certaine ainsi qu’elle ne douterait plus de mon amour… Du moins, en l’instant présent. Elle voulait confirmation que je l’aimerai même si elle était comme ça dans le vrai monde ? Mais si ce n’était que ça qui l’inquiétait, ce n’était guère compliquée pour moi de la rassurer.

« Evidemment que je t’aimerai. Toujours. Peu importe en quoi tu te transformerais, je t’aimerais. J’ai côtoyé plus souvent les spectres que les vivants. Ce n’est pas la mort qui m’empêchera de t’aimer ! Mais… »

Parce qu’il y avait toujours un mais. J’aurais beau l’aimer, il y avait certains aspects du couple qui devenaient compliqués voire impossible à réaliser. C’était le problème entre un humain et un pokemon, un vivant et un mort.

« … Je vais pas te mentir, certaines choses deviendraient plus… compliquer. Mais c’est pas grave. Parce que le principale, ce serait que tu sois là. Alors n’aie jamais peur de ça, ma Funé… Hum… C’est un peu bizarre de dire ça maintenant. »

Oui, définitivement, ce n’était plus aussi mignon de l’appeler par ce petit nom maintenant. Mais ce qui était moins mignon aussi, c’était l’arrivée d’un groupe de trois garçons. Des Néméliors à n’en point douter. Je les reconnus. Et, involontairement, le cocon d’amour que j’avais créé se teinter de peur, de tristesse et de douleurs.

Je ne pouvais empêcher les souvenirs de remonter. J’étais désolée Aurora. Scènes de brimade, insulte, moi qui finissais avec toutes mes affaires à l’eau, œufs jetés dessus, mes nombreuses chutes. Et dans ses souvenirs, ces trois garçons avaient une bonne place.

« Hey, mais c’est la fille aux fantômes ? »
« Même en rêve, elle a pas d’amis. Trop drôle. »
« Et avec la magie, on peut même renouveler nos blagues. Tu verras, ce sera drôle. »

Je blanchissais. Je ne voulais pas, pas encore. M’accrocher, je devais m’accrocher à Aurora. Pas me laisser aller.

C'était disons normal d'un point de vue éthique je le savais bien. De son côté en tout cas je comprenais qu'embrasser un pokemon c'était pas le plus conseillé dans la vie de tout les jours (surtout genre une bougie). A l'inverse pour moi je penses que cela aurait été moins pire à imaginer puisque j'ai toujours ma Vivia dans la meilleure des formes. T'inquiète pas pour le surnom, je suis d'autant plus ta Funécire que jamais ici-même. Au contraire tu peux le faire sans soucis !

Mon attention ne se porta pas tout de suite sur les gens qui arrivaient. J'étais toujours concentré sur la manière dont les choses pourraient se faire pour reprendre une vie normale à deux. Vais-je aller dans une pokeball ? C'est l'occasion de savoir à quoi ressemble l'intérieur ! Est-ce que les pokemon peuvent manger de la nourriture que les humains mangent ? Je parle surtout de la viande. Je penses pas que Funécire soit une espèce végétarienne... Et puis les bisous ? Les choses à deux ? Oh j'ai peut-être une idée mais nous verrons cela ensemble plus tard, l'ambiance change du tout au tout dans l'esprit de ma compagne... Et pas en bien.

Mais... C'est des petits batards eux.

« Non. Je veux pas de violence. »

C’était ferme. Je ne voulais pas d’une bataille rangée. Pas de violence. Pas de combat. Je détestai ce genre de chose. Surtout pour moi. Je savais que tu voulais bien faire. Mais je ne voulais pas de cette façon. Pas de cette manière.

« Pourquoi on peut pas juste être amis ? »

Mon regard était suppliant. Je voulais juste des amis. Je n’avais voulu que ça. Pourquoi tant de méchanceté ?

« Toi ? Des amis ? Mais les fillettes bizarres qui parlent toute seule, elles ont un gros problème. Personne veut d’une chtarbée ou faudrait être une sacrée débile. »

Eclat de rire et moi, je baissais les yeux. Bizarre, étrange, folle. C’était ça que les gens voyaient de moi ? Non… Aurora ne me voyait pas comme ça. Et surtout… Personne n’insulte Aurora. Le reste, je pouvais passer l’éponge, mais pas ça.

« C’est FAUX. Retirez ça ! »
« Et tu vas faire quoi, la lippoutou de Kabuto ? »

Statique. Je ne répondis pas. Qu’est-ce que j’allais faire ? Je ne pouvais combattre. Je n’avais pas la force, ni l’envie de combats. J’étais faible. Mais j’étais prise au piège. J’allais… Hein, quelqu’un tapait des mains derrière moi. Je me retournais, en fait, même les trois garçons se retournèrent. C’était lui, Mad… Wait. Tout le monde le voyait. Mais. Il était sérieux. Mais pourquoi il avait l’air d’avoir 11 là ? Je ne comprenais rien là.

« Formidable. Remarquable. C’est à mourir de rire. Regardez-moi cela. Trois contre 1. Très chère Galifeu… Comptez-vous réellement utiliser ce corps ? Avez-vous oublié sa fragilité ? Allons, sortez de là. Nous avons un objectif commun. »

Il me regardait pour dire ça. Non, il visait Aurora. Moi, j’étais comme absente ici. Je me sentais embrouillé, comme si j’étais loin, presque endormie. Depuis qu’il était là, en chair et en os, moi, j’étais pratiquement sans force. Hm, je pourrais presque dormir debout.

« Trop chelous, son pote »
« Ca doit être son copain. »
« Raconte pas n’importe quoi, qui voudrait de ça. »

Je bouillonais de rage à mesure que la conversation avançait. Je. Vais. Me. Les. Faire. ET VOUS ÊTES QUI POUR LA TRAITER AINSI BANDE DE PETIT SALOPARD DE SES MORTS ? M'en fiche de savoir si ils parlent de moi indirectement Vivia, ce que je ne supporte pas c'est de savoir ce qu'ils te disent à toi !

La voix, la voix de l'esprit chelou qui accompagnait Vivia l'autre fois. Cette sensation dans sa tête qui revient... Je ne savais toujours pas qui il était ni ce qu'il faisait ici très concrétement. Il semblait ressembler plus ou moins à un truc gardien mais il n'en avait pas l'allure du tout. Il avait de beaux discours mais cela était encore plus malaisant avec ce qu'il faisait transparaître. Ce qui me faisait chier c'est qu'il avait raison, je ne devrais pas abîmer Vivia, pas comme ça. Et si il elle fait quelque chose alors que ce n'était pas sa faute cela lui retombera dessus alors que ça devrait revenir sur moi. Non c'est chiant, mais il a raison.



Une voix grave, assez sèche. La flamme de la colère monte rapidement dans mon coeur et, lorsque me voilà ressorti de son corps, ma vraie flamme qui surplombe ma tête est dans le même état. Elle chauffe, grandit, d'un éclat plus foncé que d'ordinaire caractérisé par une haine qui ne pouvait être stoppé.



Traduisez : Surchauffe. Je tenais ma baguette mais il m'étais impossible de distinguer qui d'elle ou de moi lançait vraiment ce torrent de flamme dans leur direction. J'espérais sincérement pouvoir toucher quelqu'un dans le tas, mais peut-être était-ce ma trop grande rage envers eux qui me fit rater l'attaque à leur pied, de quoi brûler l'herbe et provoquer des gerbes de flammes dans leur direction tout de même...
J'avais... Réussi...

Ca tourne... C'est moi ou le ciel tombe... ?

Ah non... C'est juste moi...

Formidable ! Oh, oui, excusez-moi. Ici Mad Nece. Notre Vivia nationale est momentanément indisponible. Ou plutôt, je prenais tellement d’ampleur à me matérialiser dans ce monde que sa personnalité s’effaçait quelque peu. Je suppose que c’était une façon pour ce monde onirique de nous représenter. Enfin bref, revenons sur la scène magnifique qui se passait sous mes yeux.

Ma très chère Galifeu, quelle puissance magnifique ! Splendide ! Ha, mais quelle piètre précision… Une si belle action ruinée par ça. Mais quel gâchis. J’aurais tant aimé les voir bruler. Enfin, il y avait toujours possibilité de s’amuser un peu. Je m’avançais, sourire fixe.

« Quand les larmes de la compassions disparaissent pour la flamme de la colère, il ne reste plus que les cendres de vos regrets. »

Et mes mots étaient accompagnés par une main qui se levait alors que les flammes grandissaient, léchant leurs vêtements. Oui, le feu vous consummait, s’installer. Courrez comme des chiens que vous êtes. Oh, l’un avait eu le réflexe de se reculer. Croyais-tu donc t’échapper ainsi ? Il te fallait aussi une leçon.

« Fuis, fuis. Comme tu l’as fait fuir. Ce n’est que justice ce qu’ils vous arrivent. Hmm. Crache Sancoki. »

Un sort fusa de ma baguette alors qu’il tombait au sol, vomissant des minis-sancoki. Oh, ses deux amis avaient retiré leurs robes enflammées et fuyaient déjà, apeurés. Par de si petites flammes ? Ou par l’optique de mourir ? Que de ridicule. Et votre ami qui se tordait au sol ? Hm, il était finalement que peu intéressant. Qu’il vomisse, cela me fera quelques belles photos souvenirs.

Mon regard se porta sur notre amie spectre.

« Très chère. Votre tête tourne ? Faites attention. C’est littéralement la seule chose qu’il vous reste. »

J’allais rire, mais je me sentais… Partir. Je fixais Vivia. Elle arrivait à reprendre le dessus. Elle arrivait à empêcher mes actions ? Ce n’était pas prévu ça. Mais c’était exaltant ! Un peu de résistance, je n’y croyais plus. Ainsi, je repartais dans un monde invisible. J’avais eu droit à mon petit moment. Mais n’oublions pas que je n’étais pas le personnage principal… de cette vie.

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Mes souvenirs étaient flous, mais j’avais vu Aurora tombée. Je ne savais pas trop où étaient passés les 3 garçons, mais Aurora n’allait pas bien. Je me jettais littéralement sur elle, la prenant dans mes bras, et la berçant un peu.

« Aurora ? Qu’est-ce que tu as fait ? Tu m’as inquiété. »

Je n’étais pas en colère. Juste inquiète. Je ne comprenais rien à rien. Mais elle n’allait pas bien. Je la regardais dans son œil turquoise.

« Je t’aime, ma Funécire. »

Je ne savais que dire, que faire. Je le voyais et l'entendais toujours, avec dans un coin de ma vision le visage statique de ma Altaria qui semblait complétement déconnecté de la réalité. Etait-ce la faute à ce personnage étrange et sadique qui semblait s'être déjà fait une place dans sa tête ? Et une autre question me vient, était-il déjà là avant ce rêve ou est-il annonciateur de sa propre venue prochaine ? Je ne savais pas et mon esprit était trop fatigué pour penser au-delà de cette simple supposition. J'espère me rappeler de tout ça à mon réveil pour demander à Vivia...

Impossible de savoir où était reparti l'esprit alors que Vivia se jetais littéralement sur moi. Aie... Non en fait j'ai pas mal, mais toute cette situation qui dégénère soudainement ne présageait pas grand chose de bon. Est-ce que d'autres personnes que ces trois là ont vu le bonhomme ? Est-ce que Vivia avait simplement était témoin immobile de cela ou sa stase momentané lui avait fait passer les événements imminents ? Trop de question... La par contre ça me donne mal à la tête...
Heureusement qu'il y a des câlins et des mots doux pour m'aider à me sentir mieux. Qu'est-ce que je ferai sans toi...



Un petit "Je t'aime" également pour lui indiquer qu'au moins j'étais toujours là, présente malgré ma fatigue. Bon je ne sais toujours pas comment me servir de mes pokepouvoirs, à la limite je savais juste que d'une manière ou d'une autre j'avais réussi et qu'on savait mon talent... Cette session n'aura pas apporté grand chose à part des émotions fortes d'un extrême à un autre.
La cloche sonne indiquant que l'inter-cours est fini. Je resterai avec toi même si je suis actuellement dans un état de mort (pas littérale, juste morte/épuisée). Je sais pas ce que tu veux faire après mais je suis pas en l'état de continuer notre séance de découverte...