Saison Un

: Obscure Prophétie

— Shérif, shérif !

Je tape à la porte avec l’espoir que notre gardien de l’ordre kedalien soit présent aujourd’hui. Cela fait plusieurs mois qu’on a pas eu l’occasion de se recroiser, entre mes nombreux voyages, mes problèmes de santé et le chaos des derniers mois. J’espère qu’il va bien, monsieur le shérif !
Mais aujourd’hui, je ne suis pas là pour ça. J’ai une requête ! Enfin, pas moi… On m’a envoyée lui porter une requête. La porte encore close, j’exprime quand même la raison de ma venue d’une voix forte, au cas où il entendrait :

— C’est Gaston qu’il a dit qu’un groupe de voleurs de Pokémon sont dans les plaines au nord !

C’est terrible ! C’est vers là où les Moumoutons gambadent toute la journée. Ce serait pas les premiers ni les derniers à essayer d’en profiter pour dérober l’un ou l’autre de nos Pokémon. Et vu la rareté que représentent les survivants de la dernière apocalypse cavalière, pas question qu’on les laisse faire ! Si on veut ravoir nos grands élevages comme c’était le cas avant, faut qu’on fasse super attention à plus en perdre.
D’habitude, j’aurais demandé à mon papa, ça lui est arrivé plus d’une fois de gérer ce genre de cas. Mais depuis la mort de maman, il fait plus rien le pauvre, à part déprimer tout seul dans son coin. Pas une seule mission ranger effectuée, c’est vraiment triste ! Heureusement qu’on a pas vraiment besoin d’argent : c’est lui qui chasse, alors on a toujours à manger. Mais quand même, c’est terrible de le voir comme ça !
Et le pire ? Bah Volti, elle est dans le même état ! Et en prime, les deux peuvent plus se regarder dans les yeux. Résultat ? C’est à moi de pousser ma grande sœur pour l’obliger à sortir ! Et aujourd’hui, c’était l’occasion. Après que Gaston m’ait interpelée sur la place du marché pour m’ordonner d’aller chercher le shérif, je suis passée à la maison pour la récupérer. Résultat ? je suis sur le pas de la porte avec une Voltali dépitée qui soupire d’avance. Elle préfèrerait continuer à broyer du noir, étalée sur les dalles de la cuisine.

Et y’a aussi Couenne ! Faudrait pas l’oublier, la petite Couenne. C’est ma toute jeune Gruikui ! Je la garde entre les bras pasqu’elle préfère ça plutôt que marcher : ça lui évite de se salir les patounes. C’est bizarre, non ? Un cochon qui n’aime pas se salir. Pourtant, elle est comme ça, Couenne. Depuis qu’elle a éclot, je m’occupe d’elle à Kedal !
Même que j’ai qu’elle aujourd’hui, tous mes autres Pokémon sont soit rangés, soit ailleurs. Enfin… Elle, et Ciboulette, dans ma tête. Le Pitrouille va mieux depuis qu’on se repose à Kedal ! Et ça se lit dans mes yeux : ils brillent à nouveau d’un bel orange. Pas aussi resplendissant qu’au meilleur de sa forme, mais je sens qu’il est bien présent désormais. Ciboulette tiré d’affaire, c’est une bonne nouvelle, pas vrai ?!

Ah ! La porte s’ouvre enfin ! J’accorde un énorme sourire au shérif sitôt que je le vois dans l’entrebâillement et qu’il me salue.

— Shérif ! Oh oui, ça fait trop trop longtemps, ça m’a trop manqué !

Le shérif, c’est un monsieur super important à Kedal ! C’est lui qu’il arrête les méchants, quand même ! Et quand on travaille ensemble… Enfin, quand papa et maman ils travaillaient avec lui et que moi je venais, j’apprenais toujours plein de trucs supers ! C’est même tellement bien que j’en oublierai presque la raison initiale de ma venue.

De toute façon, il veut parler d’autre chose d’abord, monsieur le Shérif. Mes yeux ? Je fais une tête surprise, penche la tête…
Il parle de moi.
Ah bah oui, bien sûr ! Le sourire me revient à la pensée de Ciboulette parmi les miennes.

— Voui, t’as vu ?! Ils sont tout brillants ! C’est pas pratique en ville, les gens ils arrêtent pas de vouloir m’envoyer à l’église pour me noyer sous l’eau magique. Alors que c’est juste Ciboulette qu’il fait ça, mon copain Pitrouille ! Il est fatigué tout plein depuis qu’il a envoyé touuutes les âmes perdues des gens tués par les cavaliers dans l’après-vie, alors moi je l’aide comme ça il peut se reposer dans ma tête !

Malgré l’improbabilité de ce que je viens de raconter, la Voltali à mes côtés hoche la tête avec tranquillité, souhaitant confirmer mes paroles, et surtout, l’innocence de mon possesseur. De toute façon, mes réactions ne laissent aucun doute : même un spectre manipulateur aurait du mal à simuler mon insouciance naturelle.
La renarde a d’ailleurs ignoré le caïd du shérif pour tourner les talons, entamant les pas que nous aurions déjà dû faire si j’avais pris la peine de répéter la raison de ma venue. Elle s’arrête après quelques mètres, voyant que je ne la suis pas, puis soupire et s’assoit d’un air las.
Heureusement que Couenne est plus sociable ! la Gruikui grogne gaiement à l’intention du Flingouste. Remarquant sa bonne humeur, je la dépose au sol et la laisse trottiner jusqu’à l’autre Pokémon pour le renifler et faire connaissance. Tout juste née, la minuscule cochonne est encore loin de différencier ceux qu’elle peut approcher de sa joie enfantine et ceux qui pourraient se montrer plus réfractaires à tant d’agitation.

— En tout cas, Je suis trop contente d’être rentrée à Kedal ! Tu sais que j’ai visité tout Mistral depuis que j’ai commencé à devenir ranger ? J’ai l’impression d’avoir fait dix fois le tour du monde entier ! Même que c’est ici le mieux !

Et je suis aussi contente de retrouver quelqu’un avec qui je peux en discuter sans qu’il ait les vilains préjugés sur Kedal que les gens des villes ils ont ! Je sautille sur place, toute excitée. Ça faisait longtemps que j’avais pas été d’aussi bonne humeur ! Entre les gens d’ailleurs qui sont tous bougons et papa qui est pas mieux, la vie devenait déprimante ces derniers temps !

Au début, l'explication de la jeune ranger laissa le cow-boy perplexe. « Église, eau magique, Pitrouille, âmes perdues, après-vie... » Drôle de réponse ! Il était du genre sceptique avec les histoires de fantômes et autres phénomènes paranormaux. Mais là, il se trouvait quand même en face de Kata qui débarquait devant sa porte avec une lueur orange dans les yeux et qui faisait allusion à un pokémon qui se « reposait dans sa tête ». Il prit une moue suspicieuse, se demandant qui parlait réellement. Kata ou le pokémon ? Se pourrait-il que ce dernier puisse posséder parfaitement un humain pour en tromper au autre ?

Edwin secoua légèrement la tête. Non, aucun pokémon ne pourrait imiter Kata comme ça ! Personne n'en était capable ! Et la Voltali hocha également la tête, comme si elle souhaitait appuyer les propos de sa dresseuse. Elle était visiblement pressée de se mettre en route car elle fit rapidement demi-tour, ignorant royalement le Flingouste au passage ! Custer n'appréciait guère de se faire snober ainsi mais il n'eut pas le temps de vraiment réagir. En effet, la Gruikui se retrouva au sol et se rapprocha de lui en grognant gaiement ! Notre crustacé cherchait à restait sérieux tout en plaçant sa pince devant lui afin de garder la jeune pokémon à distance.

Kata expliqua ensuite avoir voyagé durant un long moment, traversant tout Mistral. Elle reconnut cependant que Kedal était « le mieux » et Edwin hocha la tête avec un grand sourire, entièrement d'accord avec cette affirmation ! Il répondit :

T'as fait tout le tour de Mistral ? Impressionnant ! Tu as du voir des tas de pokémons et apprendre plein de choses ! Les gens des villes n'étaient pas trop bizarres ?

Les grandes villes... Le cauchemar du shérif qui évitait autant que possible d'y mettre les pieds. Il n'avait pas peur, il les trouvait juste étouffantes et il avait parfois envie de baffer la moitié des habitants quand il s'y rendait...
Sans attendre, il s'empara de son long manteau qui trônait à côté de la porte et l'enfila ! Il prit également ses clefs et tapota sa poche histoire de vérifier que son carnet et son crayon étaient bien là. En un mot, il se préparait à partir ! La Voltali avait raison au fond, mieux valait ne pas trop traîner s'il s'agissait de voleurs de bétail.

Alors comme ça c'est Gaston qui t’envoie ? Celui-là, un beau parleur mais pour le reste...

Edwin soupira. Oui il se méfiait de Gaston, un peu trop « grande gueule » à son goût...

Chouette, il a l’air d’avoir tout compris à ce que je lui ai raconté, monsieur le Shérif ! La preuve : il a pas posé de question, ni cherché à contredire ! Enfin quelqu’un qui comprend du premier coup ! C’était pourtant simple, non ? Ciboulette il est gentil et c’est mon copain alors je prends soin de lui !

Du coup, on peut continuer sur le reste, et appuyer ensemble sur l’horreur des grandes villes et des gens qui les habitent :

— Mais siiii, trop ! C’était épuisant ! Ils sont toujours à avoir peur de tout, puis y’a du monde partout, et ils écoutent rien quand on parle… Enfin, y’a aussi des gens cool ! Mais beaucoup moins que chez nous.

Néanmoins, je renchéris aussitôt sur la partie la plus intéressante d’un voyage :

— Par contre, j’ai mangé partout partout, et je te jure, à Bayette, y’a plein des restaurants qui font bien à manger ! Et à Kalank aussi ! Par contre, surtout pas à Vigneaux, pasque là-bas ils veulent manger que des graines…

Cette mode de pas manger de viande, y’a rien de plus débile ! Après ils deviennent tous des gens tout maigres et fragiles, c’est dangereux !

Mais ne perdons pas plus de temps à discuter. Comme Volti le fait comprendre en initiant la marche, il faut qu’on se dépêche ! Sinon Gaston va encore râler.
Il râle beaucoup Gaston ! Mais au final, tout le monde fini par l’écouter.

— C’est vrai que là où il est le plus fort, c’est embêter les gens pour qu’ils fassent des choses à sa place ! Même que tout le temps ça va plus vite de le faire que dire non, hahaha !

C’est ni plus ni moins ce qui est arrivé aujourd’hui : il a vaguement râlé sur ces brigands, et plutôt que d’essayer quoi que ce soit pour comprendre la situation, je suis tout de suite partie chercher le shérif !
Mais bon, il a beau être énervant, Gaston, il est quand même gentil avec moi. C’est grâce à lui les rumeurs me concernant, après la venue de ma copine Krystal, elles ont pas duré longtemps ! Il a expliqué à tout le monde que c’était faux et que j’étais une bonne kedalienne !

— Il a dit qu’il a vu des voleurs au nord ! Alors faut aller voir si ils sont pas en train de voler les Moumouton, c’est l’heure où ils vont à la colline pour faire leurs roulades ! Mais à nous deux on les empêchera, pas vrai ?

Je force les muscles, toute fière de travailler avec mon ami le shérif et d’être utile à ses côtés !

Voyant que l’on quitte la maison, la Gruikui s’inquiète que je ne l’ai pas reprise entre mes bras. Bon sang, il va falloir qu’elle marche dans l’herbe ? Et s’il y avait du crottin sur la route ?! Sacrilège, elle risquerait de se salir ! La voilà qui se place juste derrière le Flingouste qui l’empêchait d’approcher et imite sa trajectoire. En bon gentleman, ce grand bonhomme se prendra bien les bouses avant elle, pas vrai ?
S’il y en a une qui n’a rien à faire dans cette opération, c’est bien elle ! Mais je n’allais pas perdre le temps de ramener le bébé à la maison, c’est bien trop urgent ! Heureusement que Volti est plus efficace, même dans son état de déprime avancée.
Tandis qu’on se dirige vers le champ des Moumouton, j’interroge notre shérif préféré sur la suite des opérations :

— Dis, dis ! Comment on fait du coup ? On les prend par surprise et on crie : "haut les mains !" ? Et s’ils s’arrêtent pas, on leur court après ?

En vrai, j’y connais rien ! C’est pas dans mes habitudes de gérer des humains, j’interviens le plus souvent sur des affaires de Pokémon sauvages dangereux, moi !

En quelques mots, Kata résuma exactement ce qui agaçait Edwin lors de ses rares voyages dans les grandes métropoles de Mistral. Mais elle retenait tout de même un point positif de son périple : la nourriture ! Elle semblait avoir apprécié les restaurants de plusieurs grandes villes à l'exception de Vigneaux où les habitants ne mangeraient que des graines. Le shérif fut d'abord surpris avant de laisser échapper un petit rire :

Des graines ? Qu'est-ce qu'ils ont encore été inventer ces bougres là avec leur cloche...

Il ne se souvenait pas de ce détail culinaire sur Vigneaux mais il ne l'oubliera pas maintenant ! Il connaissait surtout les Vignelais pour leurs superstitions.
A la remarque sur Gaston, notre cow-boy se contenta d'acquiescer. Pour le moment, il préférait ne pas en dire d'avantage. Il n'appréciait pas Gaston mais il était conscient que celui-ci avait le soutien de bon nombre de Kedalois. Inutile de devenir un paria pour avoir oser critiquer le leader charismatique. Edwin devra attendre qu'une opportunité se présente.

Kata évoqua à nouveau la raison de sa venue avant de se porter volontaire pour accompagner le shérif. Celui-ci avait l’habitude de travailler en solitaire, enfin juste lui et Custer ! Devait-il dire à la jeune ranger que cela pouvait être dangereux et qu'elle devrait attendre au village ? S'il s'agissait de quelqu'un d'autre, ce serait sûrement la meilleure chose à faire. Mais là, c'était Kata et Edwin savait qu'elle était plutôt douée pour la chasse et le pistage ! Ses connaissances seraient utiles et après tout, elle était ranger elle-aussi ! Sans compter qu'elle savait se montrer persuasive. Tout en fermant la porte, le shérif acquiesça :

Ouaip, avec nous deux, ils n'ont aucune chance !

Pendant ce temps, le Flingouste finit par comprendre qu'il devait ouvrir la voie pour la jeune Gruikui. Ça ne lui plaisait guère et il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle venait aussi. Néanmoins, au final, il pouvait peut-être la protéger si ça tournait mal et cette idée lui donnait un sentiment de fierté !
Kata prit à nouveau la parole et souhaitait obtenir quelques précisions sur les plans du shérif pour intercepter cette bande de voleurs. Pas faux ! Edwin était du genre « fonce dans le tas, réfléchis après » mais de temps en temps, un peu de stratégie c'était bien aussi !

Hum, l'effet de surprise est une bonne idée ! On les trouve, on s'approche le plus possible sans se faire repérer et on leur tombe dessus avant qu'ils n'aient le temps de déguerpir ! Je n'ai pas envie de courir aujourd'hui...

Notre cow-boy ne voulait pas courir mais la suite lui réserverait peut-être quelques surprises.

Tâchons déjà de savoir à qui on a affaire. Attention, ça pourrait être dangereux, pas de risques inutiles jeune ranger !

Et c'est lui qui disait ça... S'il s'agissait de simples voleurs de bétail mal organisés et un peu patauds, ce serait vite réglé. Une simple formalité et le shérif retournerait dans son fauteuil pour finir sa sieste.

Vigneaux, c’est la pire ville du monde ! J’en aurais des choses à dire sur cette ville ! Malheureusement, on a pas le temps. La sécurité de Kedal passe avant le crachat sur les villes décadentes !

Effet de surprise. C’est noté ! Je serre le poing en l’air, montrant à la fois enthousiasme et compréhension à son égard. Ensemble, on va les mater, ces voleurs ! Même Couenne semblait se laisser tenter par notre engouement de groupe… Tant qu’elle pouvait rester derrière son camarade aquatique et qu’il ne l’éclaboussait pas !
J’acquiesçait de mon air le plus sérieux qui soit à sa dernière phrase. Bien sûr qu’on prend pas de risque ! On est des rangers, on fait les choses bien pour que tout le monde il s’en sorte !

— Pas de problème, je ferais tout comme tu dis !

Moi, je suis très obéissante ! Pasque c’est important d’écouter les gens qui savent mieux que toi.
Voilà un conseil que tu pourrais davantage appliquer.
Oui, bon, je sais ! Quand c’est Ciboulette qu’il donne des conseils dans ma tête, parfois, je fais quand même ce que je crois bien, et ça fait que des bêtises. Mais c’est pas pareil, c’est toujours des situations compliquées ! Là, on est dans du travail de tous les jours, tout va bien se passer !

C’est finalement Volti qui réagit en première, malgré son désintérêt de notre mission. À croire qu’elle veut en finir au plus vite ! Elle s’arrête d’un coup, dresse les oreilles, jappe à l’intention du shérif puis lui montre une direction d’un mouvement de museau. Par-là ! Elle a entendu des voix ! D’habitude, elle aurait bondi en tête de cortège pour massacrer les voleurs. Hélas, c’est déjà un miracle qu’elle nous aide dans son état de déprime. Alors je la remercie d’une caresse sur son crâne avant qu’on continue avec le shérif.
Je murmure à son intention :

— Je crois qu’elle les a trouvé. Tu entends ? Les Moumouton ont l’air tout paniqués là-bas.

En effet, au niveau de la colline des Moumouton se trouvaient un groupe de trois voyageurs, probablement égarés, qui étaient tombé sur l’un des troupeaux de Moumouton du village. Le propriétaire, comme beaucoup d’éleveur le faisaient à Kedal, avait laissé ses bêtes vadrouiller pour toute la journée tandis que lui-même se rendait sur la place du village pour vendre sa laine. Il n’y avait que son Ponchien sur place pour garder le troupeau. Hélas, si l’animal était un bon chien de berger bien élevé, il avait très vite cédé aux avances des humains lorsque ceux-ci lui présentèrent des biscuits en abondance pour le détourner de son travail.
Quant aux trois voyageurs, ils s’amusent à présent avec les Moumouton. Un leur coure après pour essayer de les attraper au sens littéral (surement pour se jeter dans leur laine comme moi-même j’adore le faire !) sous le regard moqueur de son camarade qui se contente de grignoter sur le côté, tel un observateur rusé. Quant au troisième, il semble avoir eu une idée bien plus inquiétante que ses camarades ! L’homme a sorti son fidèle Carapuce et s’amuse à tester la résistance des pauvres moutons à son attaque écume, très amusé de voir les bulles d’eau s’éclater sur la laine des Moumouton terrifiés.

Nous approchons donc de cette scène sans le savoir. Pour ma part, je suis prête à tout, sous les ordres du plus grand de tous les shérifs de Kedal !

HS : Hésite pas si tu veux inventer/faire réagir/ajouter ce que tu veux concernant les PNJ :P

La jeune ranger était sans aucun doute la plus motivée et enthousiaste de tout le groupe pour aller stopper ces voleurs de bétail. Néanmoins, elle se disait prête à se plier aux ordres du shérif ce qui rassura un peu ce dernier. Il savait à quel point Kata pouvait déborder d'énergie et en plus, elle avait un tempérament bien trempé, sûrement hérité de sa mère. Il acquiesça :

Parfait ! Nous s'rons vite rentré !

Edwin plongea sa main dans la poche intérieure de son manteau et en extirpa une cigarette ainsi qu'une boite d'allumette. Le genre qu'on gratte sur un jean pour les enflammer. Un vrai cow-boy ne partait jamais sans son arme et ses clopes ! Et le trajet vers les plaines du nord passerait plus vite avec une bonne cigarette.
Après quelques minutes, le petit groupe s'approchait de leur objectif. Mais la Voltali se stoppa brusquement et jappa brièvement tout en désignant une direction avec son museau. Instinctivement, Edwin s'immobilisa lui-aussi et s'accroupit, cherchant à se dissimuler dans la végétation environnante. Kata fit remarquer au shérif les cris affolés des Moumoutons qui se trouvaient à proximité. Il murmura à son tour :

Ouaip, j'crois qu'on a trouvé nos voleurs ! Attends, baisse-toi, je jette un œil.

Notre cow-boy se fit le plus petit possible, rampant presque au sol, cherchant à se rapprocher de l'endroit désigné par Volti. Camouflé derrière un buisson, il releva la tête et observa la scène qui se jouait devant lui. Une bande de trois fauteurs de trouble était tombée sur un troupeau de Moumoutons. Ils étaient parvenu à « neutraliser » le chien et semblaient s'amuser au détriment des pauvres pokémons laineux. L'un courait après les Moumoutons sous le regard de son ami qui cassait  la graine tranquillement. Le dernier, peut-être le génie de la bande, possédait un Carapuce et lui faisait enchaîner des attaques sur le troupeau de boules de laine. Edwin chuchota à nouveau :

Sont juste là. J'pense pas que ce soit de dangereux voleurs de bétail, juste une bande d'idiots qui s'ennuient ! Mais ils sont gênant donc on va s'en occuper. Approchons-les discrètement, on va leur tomber dessus et leur remonter les bretelles ! Ça leur passera l'envie de recommencer ! J'm'occupe de l'apprenti dresseur !

Vous espériez une stratégie plus évoluée ? Pas le bon personnage ! Joignant le geste à la parole, le shérif s'approcha lentement, zigzaguant entre chaque arbre et chaque buisson, cherchant à ne pas se faire repérer trop rapidement. Une fois qu'il estima être suffisamment près, Edwin se releva, toujours avec sa cigarette au coin de la bouche et ajustant son manteau. Custer l'avait imité mais avec une petite nuance : il était resté caché histoire de préparer son effet de surprise bien à lui. Notre cow-boy prit sa grosse voix s'adressa à celui qu'il estimait être le plus gênant du trio : le propriétaire supposé du Carapuce !

Ça va ? On s'amuse bien ? Bon allez, fini de rigoler ! Tu m'ranges ce Carapuce dans sa pokéball et tu dis à ton pote d'arrêter de courir après la boule de laine ! Exécution ou vous allez tous prendre mon pied aux fesses !

La diplomatie selon Edwin... L'idiot avec le Carapuce sursauta et se figea un moment, un peu surpris par cet inconnu qui lui gueulait dessus. Était-il le « chef » de la bande d'idiots comme le shérif l'avait supposé ? En tout cas, il était long à la détente car la tortue n'était toujours pas dans sa pokéball et celle-ci semblait s'amuser autant que son apprenti dresseur...

Hrp: Pas de soucis! Pour le moment, je me contente d'une approche diplomate!

C’est parti pour la mission ! Tout sourire, je hoche la tête aux instructions du shérif puis me mets à l’imiter dans ses moindres faits et gestes. C’est marrant, j’ai presque l’impression qu’on est en train de chasser ! C’est le même principe. On se fait discrets, on approche, et dès qu’on est bien placés… PAN ! Enfin non, pas pan… BOUH, du coup, vu qu’il s’est fait voir d’un coup avec sa grosse voix ! Il ferait presque peur ! Moi j’ai envie d’applaudir, mais je me retiens : ça gâcherait tout !

À mon tour, je sors de ma cachette pour bondir devant le coureur de Moumouton.

— BOUH !

L’humain recule d’un bond, pris de court, pour le plus grand plaisir du Moumouton qui peut enfin souffler. Allez, à mon tour de faire un discours !

— Faut pas courir après les Moumouton si ils veulent pas, ça leur faire peur tout plein !

Si la surprise avait marché, mon discours en revanche manqua son but premier. Voyant que je n’étais qu’une gamine, et bien qu’il soit honteux devant son camarade qui se moquait de lui, le garçon se reprit d’un air agacé :

— Mais qu’est-ce qu’elle raconte la gamine ? Dégage de là, on ne veut pas de môme dans nos pattes ! Pas vrai les…

Là, il vient de se tourner vers le reste de la bande pour avoir leur approbation. Sauf que c’est aussi là qu’il réalise la présence d’Edwin. Non seulement lui, c’est un adulte, mais il trimballe un fusil le bougre ! Ça a de quoi faire flipper ! Le principal concerné est d’ailleurs tout aussi paralysé devant la stature du shérif !

— Bah alors, tu pisses dans ton froc devant les paysans maintenant ?

Ça, c’est celui qui mange. Lassé de se moquer du coureur de Moumouton, voilà qu’il s’en prend à l’autre. Et ça marche ! L’apprenti dresseur retrouve un semblant de courage (et de stupidité) et décide finalement de répliquer :

— N… nan ! C’est vrai, on ne fait rien de mal, en plus ! On joue avec les Pokémon du coin, ça a rien d’interdit ! Alors, alors, retournez…

…dans vos champs bande de pouilleux. Il aurait bien aimé le dire jusqu’au bout, mais le courage a ses limites quand on est devant un type armé. Surtout un paysan qu’il imagine aussi con que ces moutons et donc capable de dégainer !
Comme beaucoup, ceux-là ignorent que les Pokémon en liberté de la région appartiennent quasiment tous aux éleveurs du coin.
En tout cas, son Carapuce est plus courageux que lui ! Le voilà qui s’interpose entre le shérif et son dresseur. Si cet humain croit pouvoir menacer son dresseur, il se met le doigt dans l’œil ! Qu’il continue et il va se prendre une série d’écumes dans la face !

Ça risque de déraper. Encore planquée avec Custer, Couenne observe tout ça sans aucune intention d’intervenir. Pas question de se salir dans une bagarre ! Elle se rapproche légèrement du Pokémon d’Edwin, espérant que celui-ci la protégera elle en priorité !... Bien qu’ils soient encore planqués. Quant à Volti, elle n’est pas encore sur place. Elle marche tranquillement en arrière. Ayant autant la flemme de jouer les discrètes que d’intervenir, elle nous a laissé partir devant le temps qu’on fasse nos machinations d’arbres en arbres. On dirait qu’Edwin est la seule autoritée qu’on aura pour aujourd’hui !

Kata était parvenu elle-aussi à se faufiler discrètement. Elle avait choisi de bondir sur l'idiot qui courait après les Moumoutons et son apparition le stoppa net ! Parfait, le troupeau retrouvait un peu de tranquillité pendant que la jeune ranger sermonnait le garçon. Ce dernier n'apprécia guère les remontrances et voulut répliquer mais la présence du shérif le rendit soudainement moins agressif.

Bien, tout le petit groupe allait donc partir sans faire d'histoire ? Et bien, pas vraiment... Il semblait y avoir une forte tête dans le groupe : celui qui grignotait depuis tout à l'heure ! Cherchant à galvaniser ses troupes, il redonna du courage à l'apprenti dresseur qui répondait à son tour, affirmant que lui et ses amis ne faisaient rien de mal. Il ne termina pas sa phrase et c'était sûrement mieux ainsi...
Même son pokémon jouait au caïd, cherchant à s'interposer entre son propriétaire et le cow-boy de Kedal. Custer, toujours caché, lança un bref regard en direction de la Gruikui avant de viser le Carapuce avec sa pince. Si l'autre pokémon tentait quoi que ce soit, il risquait d'avoir une petite surprise...

Edwin posa un regard sévère sur le garçon qui se tenait en face de lui et laissa échapper un profond soupir qui ressemblait presque à un grondement animal. Ensuite, il reprit la parole, un poil agacé :

Je vais reprendre lentement parce que z'êtes pas des flèches... Primo, j'suis ranger et elle-aussi ! Il leva le bras, pointant Kata du doigt. Faites preuve d'un peu plus de respect ou ça va barder. Secundo, mauvaise nouvelle pour vous, z'êtes sur mon territoire et ici, la loi c'est moi !

Le shérif ajusta son long manteau et tapota fièrement son insigne, seule preuve de son appartenance aux forces de l'ordre.

En réalité, j'pourrais même vous botter les fesses jusqu'à Bayette, personne n'y trouverait quelque chose à redire. Tertio, ces Moumoutons appartiennent à un éleveur de Kedal et j'crois pas qu'il apprécie beaucoup votre petit jeu... D'ailleurs, la majeure partie des Pokémons du coin ont déjà un propriétaire, vous n'avez donc pas le droit d'y toucher. Compris ?

Edwin faisait quand même un peu de prévention, même si c'était toujours sur un ton assez dur. Il se tourna ensuite vers Kata en affichant un rictus amusé et poursuivit, un peu ironique :

Ils ressemblent pas vraiment à des voleurs de bétail mais ils sont quand même suspects. Dans le doute, s'ils ne veulent pas partir, on pourrait les enfermer le temps de faire une petite enquête ! Qu'est-ce que t'en dis, partenaire ?

Le shérif cherchait surtout à faire peur aux voyageurs en les menaçant d'un petit séjour en cellule. Le Flingouste observait la scène attentivement mais finit par se tourner en direction de la Voltali qui approchait lentement. Pourquoi diable ne se dépêchait-elle pas ?