Saison Un

: Obscure Prophétie

De bon matin et déjà le vieux garde faisait son entraînement quotidien. Après avoir prié aux Laudes, le voilà parti faire sa course hebdomadaire afin de réveiller son corps. Pour commencer une bonne journée. En chemin, et comme à son habitude, il s'arrêtait chez le boulanger pour prendre son pain quotidien. Les mauvaises langues disaient qu'il était réglé comme un vieillard, les autres attendaient sagement que le colosse ne s'arrête devant chez « lui » et profite de la vue d'un combattant se rinçant au seau et dépourvu de son haut.

Ah ça, son rituel n'était pas passé inaperçu et lui qui voyait de l'hospitalité auprès des dames du peuple n'avait pas encore comprit que ce n'était que par voyeurisme qu'elles se levaient toutes à la Prime. Ainsi, toujours avec un sourire amical, il les saluait avant de rentrer chez lui et de prendre un frugal repas. Quelques tartines et de la confiture constituaient son repas du matin qu'il partageait volontiers avec son Escouade et sa protégée.

Ensuite il retournait dans la cour et faisait quelques entraînements avec son Hexadron sous l’œil de Duchesse qui préférait le moelleux de son coussin à la rudesse de leurs échanges. Il semblerait que le guerrier ait fait mouche en la nommant ainsi même s'il avait hésité avec « Fleur de Lys ».

Sonnaient ensuite la Tierce et pour lui le temps d'aller dans la bourgade afin d'y aider le bas peuple dans ses tâches. Il avait beau avoir quitté sa vie passée, celle-ci ne se faisait pas oublier pour autant et les habitudes avaient la vie dure. Il y avait toujours une dame ou des aînés pour quérir auprès de sa personne de l'aide. Des toitures à réparer, en passant par de lourdes charges à transporter il y avait toujours de quoi faire et ce n'était pas leur démoniaque technologie qui pouvait toujours leur venir en aide.

L'huile de coude, il n'y avait que cela de vrai !

Pas d'oisiveté pour l'ancien garde qui se montrait toujours poli et courtois envers ce peuple qu'il avait juré de protéger et même s'il n'attendait nulle récompense en retour, il finissait par accepter quelques offrandes pour ses services rendus. Part de pâtisseries par-là, quelques œufs par-ci ou même un coup à boire, qu'importe son langage qui en perdait plus d'un, il avait réussi à se faire accepter par la société.

Une vie simple et pourtant qu'il quittait de temps en temps pour aller s’entraîner avec celui qu'il considérait désormais comme un frère d'arme voir même un véritable ami : Anty. En plus de lui avoir donné une place dans ce monde en le laissant entrer sous son commandement, il lui indiquait les subtilités de la vie moderne. Il lui apprit notamment que les latrines étaient désormais un bien accessible à tous et qu'il n'y avait plus besoin de hurler « à l'eau ! » pour prévenir les badauds qu'il vidait ses déchets par la fenêtre. Il lui montra même comment fonctionnaient ce qu'ils appelaient toilettes. Quelle chose étrange qu'un mot ayant jadis désigné une parure se retrouve attaché à de basses tâches. Décadence quand tu nous tient.

En repensant à son ami, voilà que le Pokématos se mit à vibrer tout en chantant l'hymne national de Mistral de bip plus ou moins agréables à ses oreilles. Le coup de main enfin prit, le colosse décrocha pour entendre une voix familière et sous large sourire pouvait aisément s'entendre à travers sa voix.

« - À l'eau mon ami ! Comment vas-tu mon ami ? »

Toutefois son allégresse fut de courte durée lorsque ce dernier lui énonça les raisons de son allocution. Le visage grave qu'il affichait désormais n'annonçait rien de bon et malgré ses adieux polis auprès de la personne qu'il était en train d'aider, cette dernière pouvait aisément sentir l'urgence qui l'avait fait arrêter son geste. Pas de soucis, priorité à la nation avant tout. Le brun s'excusa tout de même à maintes reprises avant de foncer derechef vers son gîtes pour y quérir l'assistance de son Escouade et de Duchesse. Avec tous ses soldats à ses ordres, ils pourraient couvrir plus de terrain et le flair de la chienne serait un atout non négligeable pour trouver quelque indice.

Pour l'occasion, il dû dépenser un peu de son argent afin de louer les services d'un coursier afin de le mener jusqu'à Cochignon. Le voyage dans les airs n'était toujours pas son fort et à peine eut-il posé pied à terre qu'il vomi une nouvelle fois son repas avant de se diriger vers la zone chaotique où l'attendait son supérieur. Bien entendu des policiers tentèrent de l'arrêter mais l'insigne que lui avait offert son compatriote suffit à les remettre à leur place. On ne dérange pas le secrétaire dans l'exercice de ses fonctions !

« - Maréchal Anty, j'ai fait aussi vite que j'ai pu. Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur cet incident ? »

Premier arrivé de l'escouade dépêchée par le Maréchal Anty, le vieux guerrier en profita pour parcourir les environs de son regard ambré. Mis à part le petit chapiteau enrubanné pour il ne savait trop quel mystère, rien d'alarmant ne lui venait à l'esprit. Quelques badauds ébaubis par les événements, un peu de casse et ce qui l'interpellait étaient plus les manèges, étranges amoncellements de ferrailles qu'il n'avait jamais vu de sa vie.

Arriva alors la dernière, mais non des moindres, membre de la troupe. Cette tignasse flamboyante, pour sûr il reconnu la gérante du stand à la boisson de feu. Alors, en plus d'être une éleveuse, elle possédait une quelconque capacité pouvant les aider à élucider ce mystère ? Par quel prodige ? La réponse allait venir de même que les explications qu'il attendait depuis son arrivée.

Silencieux, bien droit dans ses bottes et les bras croisés dans son dos, il écoutait les informations octroyée par leur supérieur.  Un trou venait d'engloutir une voyante et son Pokémon, quelle tragique histoire que voilà, à la suite d'un tremblement de terre. Quelque peu songeur,le soldat ne se souvenait pas avoir vécu de tels phénomènes de son temps.

« - Est-ce devenu choses récurente ? »

Il voulait parler du comportement des Brouhabams. Après la réapparition des quatre cavaliers, quelle autre sorcellerie allait leur tomber dessus ? Décidément le destin tenait à ce qu'il se réveille pour tirer tout cela au clair.

La terre qui se mettait à trembler sous les effets de l'homme. Une diseuse de bonne aventure disparaissant car elle en avait trop vu sur une certaine organisation. En repensant à ces maudits, les poings du guerrier se serrèrent de même que ses mâchoires. À cause d'eux, il avait perdu son Roi. À cause d'eux, il avait perdu son titre. Bafoué et traîné dans la boue, jusqu'où s'amuseront-ils à l'enfoncer ? Plus qu'une raison d'état, c'était devenu une raison personnelle que de traquer tous ses maudits et de les traîner jusque devant l’Église du Saint Helix afin qu'ils y soient châtiés.

Par contre le don de la damoiselle serait lié à des pouvoirs ? Était-ce une sorcière elle aussi ? Ainsi donc le Maréchal Anty avait décidé de combattre le feu par le feu. Qu'il en soit ainsi. Le garde acquiesça et rompit sa position pour se diriger vers le trou. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant l'extérieur de la tente intacte : comme le craignait son ami, la victime avait été délibérément visée.

« - Sacrebleu ! Ça puire ! »

Il ne put garder bien longtemps son nez à l'air libre. L'environnement était nauséabond. Pire que les latries lorsque ses anciens camarades avaient la courante. Il se plaqua le bras devant le nez tout en examinant le lieu alors que Duchesse couinait d'inconfort tout en se frottant le museau. Pauvresse, elle qui devait faire ses preuves venaient de tomber sur un obstacles bien trop ardu pour elle. Fallait-il plonger pour tenter de chercher un indice dans ce bourbier ? Rien que d'imaginer cette odeur les suivre durant toute leur enquête et gêner le flair de la caniche ne l’enchantait guère. Ils y enverraient des agents faire cette basse besogne.

Bredouille, le voilà donc retourner auprès de son supérieur qui écoutait le témoignage d'un des badauds. Cette piste semblait bien plus prometteuse et l'envie d'aller voir cette ruelle, dans ces égouts, poussa le vieux guerrier à quitter ses alliés au plus vite. Plus le temps passait et plus les traces et odeurs risquaient de disparaître.

« - Duchesse, L'escouade ! Suivez-moi et je vous promets que ce soir, tu auras le meilleur des toilettages de toute ta chienne de vie ! Et pour vous le meilleur des polissages d'armure ! »

Il n'en fallu pas plus pour que la Couafarelle ne consente à suivre son maître, rapidement imitée par l'Hexadron, qu'importe l'odeur qu'elle allait devoir affronter dans les égouts. Si les Rattatas avaient fuient quelque chose, c'était que ce quelque chose devait être une sérieuse menace. Peut-être en apprendrait-il d'avantage sur ses origines en y allant...