Oui, j’ai tout compris ! Chouette ! Enfin, je crois. Tout sauf sa dernière phrase, là, sur les orages. Pasqu’il pleut pas aujourd’hui, alors y’aura pas d’orage ! C’est facile de rester calme du coup ! Puis les orages, moi, ça me fait pas peur. J’ai même déjà chassé sous les éclairs, c’était marrant comme tout ! Par contre, on différenciait plus les attaques de Volti des éclairs normaux.
MAIS c’est pas le sujet !
Je reste les yeux rivés sur le vieux monsieur, buvant ses paroles sans en comprendre la moitié. J’espère que Ciboulette saura me faire un résumé après tout ça ! Moi je devine, mais c’est difficile !
AH, on en revient au volcan. Chouette, chouette, chouette ! Il est dirigé sur Kedal ! Oui ! Pourquoi tout est devenu clair d’un coup ? Bizarre. C’est moi qui suis devenue super intelligente, peut-être ? Je suis devenue une grande sage, et maintenant je comprends les autres sages ! Tadaaa !
Ah, en fait nan. J’ai compris qu’il fallait monter en haut de la tour, mais je comprend pas trop ce que je dois y chercher. Mon peuple… C’est Kedal, ça ! Ils sont pas en haut, ils sont en bas ! À Kedal, quoi. Beeeh… Peut-être qu’une fois en haut, ça va me téléporter sauf que je saurais pourquoi le volcan il fait tout ça ? Surement ! De toute façon, c’est ma seule piste, et le monsieur il a vraiment l’air de tout savoir, alors je dois l’écouter ! Après-tout, c’est un ancien, comme les anciens de Kedal ! Faut bien les écouter même si c’est toujours compliqué ce qu’ils racontent !
— Merci beaucoup monsieur ! C’est super gentil de m’avoir expliqué tout ça ! Je sais pas si j’ai tout compris… Mais je vais essayer d’y arriver, promis !
Je tends les bras et m’essaye à un câlin pour le vieux sage ! En serrant pas trop fort, comme les câlins à Jack, pasqu’il a l’air quand même un peu fragile le vieux monsieur.
Allez, direction le haut de la tour ! Enfin, non… D’abord, y’a un monsieur qui me demande 100$. Ah bah bon ? C’est payant de rentrer ici ? Rooooh, c’est pas juste, moi j’ai pas le choix d’y aller ! Allez, c’est pour Kedal ! Du coup ça vaut le coup, pas vrai ? Je donne l’argent au monsieur avec un grand sourire puis franchi les portes de cette immense tour. Sauf que le monsieur il me rattrape : apparemment il a besoin d’autres trucs. Genre, ma carte de dresseur.
Mais je suis pas dresseur moi ! C’est nul les dresseurs, ils font se taper dessus leurs Pokémon tout le temps pour rien ! Moi, je suis ranger, j’aide les gens !
On s’explique avec le monsieur, et finalement, il me dit aussi que je dois monter tout en haut en marchant tous les escaliers, ainsi que tout un tas d’autres trucs que j’ai pas retenu pasqu’on s’en fiche pas mal de ses histoires de kilogrammes. Je suis pas là pour calculer la viande que je vent, je veux juste aider Kedal !
Bref, entrons ! Et grimpons !
Je sens que ça va être long… Genre très long ! J’en voyais pas le sommet de dehors, alors en étant dedans… POUAH, j’vais en avoir pour des heures ! Alors que ça fait déjà des heures que je marche… Et que j’ai mangé ces deux baies dégueulasses ! Oui, bon, ça c’est du détail.
Allez ! Une, deux, une, deux ! On y va de bonne humeur, en petites foulées. Hop, hop, hop…
Eh ?
Boum.
Et voilà que je reglisse jusqu’en bas, la chute s’accompagnant d’un petit "Ouille" à chaque marche redescendue.
Oulàlà, quelle maladroite je fais ! Même plus capable de monter un escalier ! Je dois vraiment être fatiguée. J’ai eu comme l’impression que mon pied il s’arrêtait pas sur la marche, plus haut, et qu’ensuite ça faisait un gros tobogan jusqu’en bas ! Mais pas comme les tobogans au festival festif… Un où les gens auraient oublié de tout bien revisser et qu’à chaque passage de tunnel, ça frotte le derrière et ça fait mal !
— Allez, on y retourne !
Ben oui, j’ai pas trop le choix ! Faut bien que j’aille aider Kedal. Alors cette fois, je fais attention. Je marche tranquillement, d’un rythme naturel pour éviter de refaire la bêtise. J’observe même les marches à la recherche de celle qui m’a faite glisser tout à l’heure ! Mais en regardant de plus près, bah…
Elles sont toutes aussi moisies.
Oui ! Tout comme tu dis ! Elle a l’air super vieille la tour ! Genre encore plus vieille que le vieux sage ! Si ça se trouve, en haut, ça va être Hélix lui-même qui va nous accueillir tellement c’est vieux ici !
Ça fait au moins rire Ciboulette. Un temps, du moins, avant qu’il ne réagisse d’un coup :
Attention !
AH ! Mince, j’ai arrêté de faire attention, et du coup revoilà mon pied qui perd pied ! Je suis comme une idiote, sur un seul pied aussi mal chaussé que l’autre, mes bras s’agitant dans tous les sens à la recherche d’une prise dans le mur le plus proche, que je trouve… j’agrippe… mais je glisse trop d’un coup, alors juste ça m’arrache la peau des doigts avant que je m’écrase au sol une seconde fois, puis redévale la pente. Même Ciboulette a tenté de prendre le contrôle à un moment, histoire de faire s’accrocher mon bras à quelque chose, mais… y’a rien ! Elle est toute pourrie cette tour !
Boum. Fin du tobogan, me revoilà en bas.
— Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !
Je me redresse juste assez pour m’asseoir devant ces marches maléfiques. Elles font exprès, j’en suis sûre ! Les joues gonflées, je fusille du regard les premières marches comme si je mourrais d’envie de les tabasser ! Mais si je casse une marche, ça va être encore pire. Pffff !
— Et pourquoi ils ont pas mis un barreau pour se tenir, c’est trop bêta !
Et pourquoi tu rigoles, toi ? C’est plus drôle, là ! J’me suis fait super mal en plus, regarde ! Mon bras il est tout rougi, et j’ai les doigts de la main avec laquelle je me suis rattrapée tout abimés ! Je suis pas venue pour monter et redescendre un escalier, je veux aider Kedal !
— AH ! Je sais ! On va ressortir et monter sur Croa ! Ça ira beaucoup plus vite que de monter les marches ! Allez, zou !
Voyons, voyons… tu abandonnes déjà ?
Abandonner ? Je me fige dans ma démarche de faire marche arrière. Mais j’abandonne pas, je prends un chemin plus rapide ! C’est débile d’insister si on peut pas passer par là alors que je peux voler !
Et penses-tu que le second sage, là-haut, t’accordera son savoir s’il te voit débarquer par l’extérieur ?
Quel second sage ? Eeeeh ! Qu’est-ce que t’as compris que j’ai pas compris ! C’est de la triche, Ciboulette, si tu dis pas tout !
J’ai compris que cette tour n’est pas compliquée à franchir sans raison.
Et ? Et c’est tout ? Meeeh, je suis sûre que t’as compris des tas d’autres trucs et que tu veux pas le dire.
Évidemment.
— ALORS POURQUOI TU DIS RIEN ?!
Oué, celle-là je l’ai gueulée d’un coup au lieu de la penser pasque je suis un peu fatiguée, ça tape sur les nerfs.
Qu’est-ce que cela changerait ? Tu vas monter cette tour et le savoir, non ?
Beeeeen… ben oui, mais…
Alors à toi de jouer, ne perd pas ton temps en suppositions inutiles, je suis là pour ça.
Grmblblblb. Bon, d’accord ! C’est bien pasque c’est toi qui le dit ! Allez, on se relève, on secoue la poussière sur les jambes, et on y retourne !
Cette fois, tranquillement. La main sur le mur. Bien, comme ça. Avance autant que tu le peux.
D’accord. Je monte une marche. Deux marches. Dix marches. Vingt marches.
C’est long, chiant, fatiguant, inutile, ennuyeux, stupide, affamant, épuisant, agaçant, répétant, creugneugnan, et plein d’autre trucs en "ant" que j’ai bien le temps de me rappeler !
— POURQUOI C’EST AUSSI HAUUUUUUUT !
Je l’ai crié aussi fort que possible, pasque d’abord ça soulage, et ensuite ça occupe.
On demandera au propriétaire des lieux.
— Ben il a intérêt à avoir une super grosse explication ! Genre qu’en fait, en haut y’a un cristal géant qu’il mange la lumière et que ça donne de la lumière à tout Mistral !
Mais voyons, c’est la centrale qui se charge de ça.
— Oui ben la centrale, au moins, ils ont pas des millions de milliards d’escaliers !
Et tu as tout de même réussi à t’y fourrer dans un sacré pétrin.
— C’est pas mwaaaaa ! C’est les machines qui se sont mises à fait des BIIIIIBOUUUUBIIIIBOUUUUBIIIIBOUUUU à en faire mal aux oreilles !
Ciboulette il rigole encore ! Et… et moi aussi, en vrai. Sur le coup, c’était vachement effrayant ce truc ! Mais aujourd’hui, on peut en parler sans…
Ta main.
— OUPS !
Je m’immobilise complètement, histoire d’être sûr de bien être stable avant de reposer ma main sur le mur. Heureusement que Ciboulette est là, j’ai failli oublié de me tenir et retrébucher !
Allez, on y retourne.
— D’accord !
On est tout sérieux maintenant ! Enfin, pendant un moment. Puis ça redevient long. Jusqu’à ce que je m’arrête d’un coup pour souffler tout mon air dans le plus gros soupir de toute ma vie !
— C’est horriiible ! J’ai mal aux jambes, tu penses qu’on est bientôt arrivé ?
Hum, je n’aimerais pas avoir à te mentir là-dessus pour que tu continues d’avancer.
— C’est un oui ou un non, ça ?
Selon toi ?
— Raaaah !
Je tire la langue dans le vide et reprend la marche. En plus c’est vraiment ennuyeux ! J’ai horreur des trucs comme ça. C’est comme quand j’ai suivi l’entrainement de Lior l’autre fois ! Genre tu fais un truc dix mille fois juste pour faire un truc dix mille fois ! Ça sert à rien !
Je pensais qu’on était là pour Kedal.
Oui, oui, oui ! Mais… Mais…
— MAIIIIS ! Arrête d’avoir raison, vilain !
Tes mains.
— OUPS !
Je reporte sur le mur mes mains qui s’agitaient d’agacement. Pfiou, c’était juste !
Je râle, je râle… Mais petit à petit, on monte, avec l’insistance de Ciboulette. Bon et puis j’ai pas trop le choix en vrai. C’est ma toute seule piste pour aider Kedal ! Et là, ça sent la piste vachement vachement vraie ! Beaucoup plus que les scientifiques qui disent que des bêtises et le volcan qui fait semblant.
Tu imagines ? Tu pourras rabattre leur claquet à tous ces idiots en blouse.
MAIS NON ! Ceux en blouse c’est les vrais ! C’est tous les autres qui disent des bêtises !
Ah ? Tiens, je l’ignorais celle-là.
— HAHA ! C’est la première fois que c’est moi qui t’apprend quelque chose !
Il dit rien ! Je l’ai bien eu le Ciboulette ! Petit danse de la vic… oui, non en fait. On va juste continuer à marcher.
C’est moi ou ça fait des heures qu’on marche ? J’en ai maaaaarre !
Courage, chaque pas te rapproche un peu plus du sommet.
— Sauf si c’est celui qui me fait trébucher ! Hahaha !
Tu me feras le plaisir d’éviter celui-là !
— Chef, oui chef !
Gros sourire, et on repart ! Heureusement qu’il est là, quand même, Ciboulette ! Vous imaginez comment je me ferais suer sinon ? OH ! Le pire du pire ! Imaginez de monter tout ça avec Fouifi ! Roooh, je suis sûr qu’elle aurait rien dit de tout le trajet en restant sur mon épaule pour être plus lourde, et une fois tout en haut, POUF, elle m’aurait poussé pour retomber tout en bas !
Eh bien, aurais-tu fini par la cerner ?
Rooh, ça va ! Je sais comment elle est. C’est pas pour autant que je l’aime pas ma Fouifi.
Silence.
C’est un peu dur de penser à Fouifi. Jojo continue de veiller sur elle quand je suis pas là. J’aimerais pouvoir l’emmener partout, mais quand c’est dangereux, je peux pas. …
ATTEN…
Ciboulette ne finit pas sa phrase. Je sens son esprit s’agripper au mien et lui laisse la place sans la moindre hésitation. Déjà, mon corps perd l’équilibre, chute. Mes bras s’agitent, cherchent quelque chose à quoi se rattraper. Le mur. Peu importe si j’y laisse des morceaux de peau, Ciboulette puise toute la force qu’il peut trouver pour s’accrocher à un pan de mur et ralentir notre chute jusqu’à finalement nous immobiliser dans une position des plus inconfortable, mais figée.
Pfiou… Dire qu’on a failli tout redévaler… Avec tout ce qu’on a monté, je sais même pas dans quel état j’aurais été !
Pause.
Oui, il a bien raison. J’en peux plus. Je me retranche sur le coin d’une marche, adossée contre le mur pour essayer de reprendre mon souffle. Mes mains plongent dans mon sac, en ressortent ma gourde. Un peu d’eau, ça fera déjà du bien.
— Ah… c’est quand même dur pour juste une montée d’escaliers.
Tu veux faire demi-tour ?
— Ah bah non ! On peut pas, faut qu’on aille tout en haut pour arrêter les boules de feu sur la forêt !
Content de te l’entendre dire.
Bon, allez ! Tout ça m’a fait un regain de motivation, on peut reprendre notre escalade foireuse du mont gélatine ! Plus on monte, plus j’ai l’impression de jouer ma vie à chaque pas. C’est horrible comme sensation ! Vous imaginez si je retombe ?
Non. Inutile, puisque ça n’arrivera pas.
Maiiis, façon de parler !
Et il rigole, le vilain ! Du coup, on continue de monter, le sourire aux lèvres. Au final, c’est plus facile une fois qu’on est habitué. C’est pas comme si d’un coup, la difficulté elle augmentait ! C’est juste des marches encore et encore avec toujours cette même sensation horrible qu’on peut glisser à tout moment ! En vrai, ça aurait pu être pire ! Genre, je sais pas… Pourrait y avoir des gens dans les murs qui passe la main à travers une pierre qui manque pour te pousser !
Des fantômes pour te faire sursauter.
Une grosse boule tout en haut qui redescend et essaye de t’écraser !
La musique de ton ami joueur d’ocarina incapable d’utiliser plus de 4 notes qui se joue en boucle.
Des crottes de Ponchien étalées partout partout, même sur les murs !
Des photos de la reine placardées sur tous les murs !
— LA TEAM ROCKET !
Silence.
Je m’avoue vaincu.
— HAHA, c’est moi que j’ai trouvé le pire !
Nouveau fou rire, rattrapé par Ciboulette qui ne perd décidément pas le nord dans toute cette histoire et surveille toujours le moindre de mes gestes. Je me rends compte que ça doit être encore plus épuisant pour lui que pour moi, au final, même si c’est moi que je fais tout le physique. Heureusement que t’es là mon copain !
C’est un plaisir, voyons.
— Hihihi, tu dis ça mais tu dois autant t’emmerder que moi !
Même si au final, je m’ennuie moins qu’au début, à présent. Le temps passe plus vite ensemble. Et puis, tout cela me motive encore plus à vouloir arriver en haut. On va y arriver, tous les deux ! Je pense même plus au début, à mes chutes, au fait que mes jambes brulent comme jamais et que j’ai les doigts si abimés que je commence à laisser des marques sur les murs. Nan, je me dis juste que moi et Ciboulette, on va arriver en haut de cette tour, pis on va sauver Kedal !
D’ailleurs, enfin… Après tout ce temps, la lumière libératrice nous apparaitre.
— REGARDE ! C’…
Plus un mot. J’arrive plus à parler. Plus à bouger. Je suis complètement figée, Ciboulette ayant une nouvelle fois pris le dessus au moment où j’allais m’élancer gaiement sur les dernières marches.
Pardon. Je devance juste une chute de dernière minute. Reste concentrée jusqu’au bout, d’accord ? Rien n’est gagné avant d’avoir véritablement gagné.
Je sens mes membres me revenir un à un, délicatement, jusqu’à pouvoir reprendre le control de moi-même sans forcer. Il a raison ! J’allais taper un sprint sur les dernières marches, en bonne enfant que je suis, mais si ça se trouve la toute dernière est la plus piégée de toute ! Alors voilà, je fais dix fois plus attention sur ces ultimes obstacles entre moi et la fin, sur conseil de Ciboulette.
Les deux mains sur le mur et les yeux rivés sur mes pieds, j’achève enfin cette véritable torture que fut la montée d’un simple escalier. Et ce, jusqu’à enfin en sortir à l’air libre. Les paroles de Ciboulette résonnent encore en moi après avoir fini l’épreuve, tant que je n’ose signifier mon soulagement immédiatement. Je reste béate un instant, observant le ciel avec une main en visière. Puis un sourire reprend place sur mon visage.
— On a enfin réussiiiiii !
Je bondis de joie… puis grimace en réatterrissant, jusqu’à trébucher et retomber sur les fasses. J’ai plus trop l’énergie pour faire ça, moi ! Tout ça a été éprouvant. Mais plutôt que de m’en plaindre, cette fois, ça me fait bien rire ! Pasqu’au moins, je suis pas retombée tout en bas !