Saison Un

: Obscure Prophétie

Il te fallut que quelques secondes pour tout engloutir dans ta petite bouche. Le goût était bien différent de tout ce que tu avais mangé jusqu'à maintenant, bien loin des racines, des maigres fruits et des herbes. C'était même peut-être meilleur et pour montrer que tu avais aimer, tu te léchas les babines, un grand sourire aux lèvres.

Tu observes sagement, toujours accroupis sur tes quatre membres alors que l'inconnue sort de nouveau un paquet. Devinant facilement ce qu'il y avait à l'intérieur, tu t'approchas légèrement mais tout en gardant une distance de sécurité. Tu avais appris de tes parents maraistes d'éviter à tout prix ce qui n'était pas dans la norme du marais et cette créature qui marchait sur ses deux jambes en faisait parti. Tu ne l'avais jamais vu ici, elle devait faire parti des territoires voisins mais tu n'osais t'y aventurer, bien trop habituer à vivre dans la vase, à te peloter contre la peau humide de ta famille improvisée.

Alors, quand elle s'éloigna avec le paquet, tu restas juste assis, faisant tomber ta tête de côté tel un animal qui ne comprenait pas pourquoi il devait faire quelque chose qu'il ne voudrait pas. Et toi, tu n'avais pas spécialement envie d'aller en dehors de chez toi. Mais tu voulais bien la nourriture, ça, c'était indéniable. Alors, tu sautas sur le côté, rentrant dans la boue pour la suivre en dehors du chemin, vite suivi par tes frères axoloto qui se demandaient bien ce que tu faisais pendant tout ce temps.

Les axoloto étaient nerveux, bougeant dans tout les sens alors que tu suivais la dame et la nourriture alléchante, si alléchante que tu te léchais les lèvres à l'idée d'en remettre dans ta bouche. Finalement, elle s'arrête, dépose le paquet par terre et ouvre la bouche. Mais toi, tu ne comprends toujours rien, tu sors juste de la boue, rampant à quatre pattes sur le sol avant de te relever maladroitement, laissant alors dégouliner le liquide visqueux sur ta peau. Elle était amusante, cette étrange personne et pourtant, elle te ressemblait bien plus que les axoloto ou les maraiste. Conquis par ses manies, tu commences alors à l'imiter, sans pour autant jeter le moindre mot, puis te mis à rire toujours en silence.

Avant de ressentir cette fois-ci une aura agressive. La même qu'avant, mais hostile. Ton visage blêmit et te jette sur le côté, retombant sur tes quatre membres et commence à tourner en rond, effrayé. Il en était de même pour tes frères qui préfèrent rejoindre les tréfonds du marais. Mais toi, tu avais d'abord ce paquet de nourriture à récupérer mais cette sensation d'agressivité t'en empêchait. Alors, tu commença à gémir.

- Mmmh...

Afin de montrer ton angoisse, tu finis même par observer la bipède d'un regard malheureux, commençant alors à gratter le sol de tes petits doigts d'enfant d'une main, ouvrant la bouche et la refermant dans un silence de mort.

Tu t'agitais, mal à l'aise de cette lourde présence qui semblait te fixer, t'en vouloir. Tu n'appréciais guère sentir un mauvais regard sur toi, ayant l'impression de te transformer en proie, toi, Prince, si vulnérable au danger, tu continues de gratter le sol alors que tes lèvres s'ouvrent et se referment dans un silence de mort, tentant de prévenir l'esprit derrière la bipède. Mais cela ne semblait rien n'y faire, pas la moindre inquiétude de ce qui lui planait au dessus de la tête, sûrement habituée de la présence fantomatique. Combien de temps cela faisait-il qu'ils étaient ensemble pour qu'elle l'ignore ?

Nerveux, tu finis toutefois par abandonner, voyant qu'elle ne réagissait pas à tes appels d'alerte et finis donc par t'asseoir confortablement sur le sol marécageux de l'endroit, t'embourbant un peu plus alors que ton regard tombe au sol, vaincu par l'ignorance de la dame.

- ...

Toutefois, ta tristesse s'envola aussitôt alors que l'étrange créature décida de ressortir son fameux sac à nourriture pour te le donner. Tu avais trouvé ça très bon, très différent de ce que tu trouvais et mangeais dans les marais alors, bien sûr, ce fût sans attendre que tu parcourus la distance qui vous séparez à quatre pattes pour l'attraper entre tes petites dents, tout heureux. Puis, la méfiance revint, reculant d'un grand bond en arrière afin d'éviter qu'elle te touche avec une de ces drôles de sphères bicolores. Parce que oui, tu avais vu quelques habitants de cet endroit disparaître dans ces objets appartenant à d'autres monstres sans peau.

Bien qu'elle avait l'air totalement gentille et inoffensive, tu savais rester sur tes gardes mais lui sourit tout de même afin de la remercier de ton geste avant de disparaître dans les marais, prêt à rejoindre ta famille de Maraistes et Axolotos.