Saison Un

: Obscure Prophétie

Je ne sais pas quoi faire pour l’aider, le pauvre, à part le soutenir. Heureusement, bientôt le monsieur tombé du plafond durant la mine et de véritables médecins arrivent pour s’occuper du malade. Je me retrouve rapidement à l’écart – plus gênante qu’autre chose avec mon plâtre – et retourne donc auprès d’un pupitre. Le mien ? Oh, non : j’ai pris le plus proche. J'ai aussi fini par remarquer que tout le monde arrivait à se faire entendre sans hurler ! Me voici donc affublée du nom "Théophile Defer" sur l’écran géant, tandis que je prends la parole d’une voix lasse :

— Pourquoi vous vous énervez tous comme si vous saviez tout ? Vous êtes pas d’accord, du coup y’en a forcément qui se trompent !

C’est vrai, quoi ! Ils gueulent tous leurs "vérités" et clament au peuple de Mistral ce qu’il doit faire, comme s’ils avaient la science infuse. Moi ? J’y connais rien au fonctionnement du pays. J’sais juste que ma famille, elle a bien vécu ces dernières années, alors si rien changeait, elle vivrait encore bien beaucoup d’années.

— En plus, les gens, ils font comme ils veulent, c’est pas en leur criant dessus qu’ils vont changer d’avis. S’ils préfèrent rester comme maintenant, ils votent pour moi. Et s’ils veulent faire comme vous dites, bah ils votent pour vous, madame. (je désigne mamie Kim du doigt, persuadée qu’il s’agit de la candidate principale) Et pareil pour tout le monde, même monsieur biopoke.

J’appuie sur ce dernier, bien qu’il soit évident que personne de saint d’esprit n’accepterait un biopoke au pouvoir, on sait tous que ses semblables contaminés voteront pour lui aussi, et c’est leur droit… malheureusement ! C’est le principe de la mairie, non ? Même moi je le sais ! C’est mon papa qui m’a expliqué. Je soupire, ennuyée par ce débat qui fut encore plus inutile que prévu. Faut dire que voir l’autre idiot atteint de la maladie biopoke lancer une bouteille sur le pauvre vampipi pour l’achever, ça n’a pas aidé. J’avais espéré rencontrer des gens intéressants, durant ces élections. Mais non, y’a bien que Monsieur Plafond – que je connaissais déjà du coup – qu’est pas trop bête et qui pense un peu aux autres.

— C’est pas important celui que les gens y choisiront. On est tous là pour qu’à Mistral ce soit bien, non ? On devrait s’entraider et se conseiller pour faire que le gagnant, il sache encore mieux ce qui serait bien à faire !

Que d’idéalisme ! Le pire, c’est que j’y crois, moi, à ce que je raconte. En revanche, mes paroles étaient calmes, parce que au fond, comme mon discours l'indique, le résultat m'importe peu. Moi, j'suis là pour aider ! Si personne veut de mon aide, bah tant pis... j'aurais essayé. Mon regard se reporte régulièrement sur monsieur Plafond qui aide le mourant : j’espère qu’il va s’en sortir, le pauvre !