Saison Un

: Obscure Prophétie

[Pokémon sur lui : Léviator ♂ ; Sarmuraï ♂ ; Amphinobi ♀ ; Togekiss ♀ ; Bargantua ♂ ; Poissirène ♀]

Après les mésaventures liées à la « petite » vadrouille et au mariage, Azur finit par rentrer dans les environs de Cochignon et Fricke. Il avait également repris ses vêtements habituels, moins incompatibles avec sa destination. Effectivement, la Plage Sable Doux l’y attendait : c’était un de ses lieux d’entraînement de prédilection. Il avait prévu d’amener ses deux nouveaux partenaires poissons dans la mer pour les entraîner. Carl, le Bargantua capturé en ces lieux deux semaines plus tôt, allait sans doute très mal le prendre, là où le Maître croyait faire un geste qui serait bien accueilli. Quant à Rena, la Poissirène rencontrée au Jardin Marcacrin sur le chemin aller, celle-ci n’était pas spécialement affectée par le choix du lieu tant qu’il n’était pas désagréable. Elle n’était pas tant princesse par exigence que par ego ! Jojo, Robert et Blue seraient également de la partie, puisqu’ils étaient expérimentés et présentaient trois styles de combat très différents qui pourraient peut-être inspirer les deux poissons. Ils maîtrisaient également des capacités telles qu’Aqua-Brèche et Rebond, qu’Azur voulait leur apprendre au plus vite par praticité. Quant à Blanche, elle se porterait garante du bon déroulement de la séance, en tant que pilier du moral de l’équipe et gardienne de la paix en ces lieux.

Soudainement, alors qu’Azur sortait déjà tous les Pokémon pouvant mettre pied à terre – à savoir tous sauf les deux poissons, il s’arrêta net ceci fait. Ses yeux, écarquillés d’émerveillement, reconnurent une silhouette argentée unique : le fameux Stari d’il y avait deux semaines ! Azur ne connaissait pas le terme chromatique mais l’idée y était. Il poussa une exclamation émerveillée par la beauté de cette teinte de gris sur l’étoile de mer. Son joyau bleu s’avérait tout aussi ravissant ! Admiratif, il s’approcha doucement mais sûrement pour en avoir le cœur net.

« Ouah ! C’est le Stari gris de l’autre fois ! »

Il tourna alors la tête en direction de celle qui semblait être sa dresseuse. Cette resplendissante jeune femme était donc également présente lors du précédent incident. Que de cran d’être revenue ici ! Azur n’avait pas trop fait attention lors de la dernière fois, mais il aurait volontiers été disposé à parler de Pokémon Eau s’il avait pu ! Loin de s’imaginer à qui il avait à faire – les Kedaliens ne lisent pas, même les rares qui savent lire, le Maître la salua comme il saluerait une personne lambda parmi tant d’autre. De toute la région, il était un des êtres les moins discriminants qui furent. Il parlait franchement, droit dans les yeux, comme un vrai Kedalien. Kedal ne réfléchissait que dalle, après tout.

« Bien le bonjour, madame ! C’est bien vous qui étiez là y a deux semaines avec ce superbe Stari ? »

Bien que ce genre d’abordage risquât parfois d’être connotée, elle aurait sans doute la lucidité de deviner qu’il n’y avait rien de tel. Le Maître fut toujours complètement étranger à ce volet des relations humaines, et ne s’y intéresserait probablement jamais. En revanche, les Pokémon Eau ainsi que les divers talents et qualités des gens suscitaient toujours son admiration ! C’est pourquoi il fut si élogieux envers Judas la fois précédente. Le summum était qu’ils soient forts en combat Pokémon à leur manière.

« C'est pas si commun qu'ça de voir des Pokémon Eau qui ont pas trop l'air mal ! Ils sont tellement nombreux, mais tellement plus complexes qu'on imagine ! Oh pardon, j'en oublie presque la polie stress : je m'appelle Azur. Et vous ? »

Alors que Joris, le Léviator, entrait déjà dans l'eau et s'éloignait des côtes, les trois autres Pokémon sortis suivirent Azur. Ils saluèrent à leur tour la célèbre inconnue.

Le saviez-vous ? Théa a une passion à la plage. Dormir. Allonger sur son transat, elle est dans un sommeil semi-profond tandis que ses pokémons voguent à leurs activités. C’est à dire. Poésie qui roupille sur le ventre de Théa tout en étant alerte. Comédie qui volette tranquillement, cherchant probablement un camarade. Enfin, Fantasie et sa fameuse petite piscine qui sommeille en toute quiétude. Du moins, jusqu’à ce que le mec de la dernière fois s’approche d’elle et la reconnaisse, réveillant notre demoiselle.



Tel une Oratoria qui se réveille, notre écrivaine se réveille et s’étirant et en baillant élégamment. Poésie s’installe sur ses genoux en jetant un regard noir au champion. La personne était arrivée au bon moment du sommeil, Théa était parfaitement réveillé. Par contre, elle ne s’était pas attendue à voir… Le Maître ?! Encore ? Mais il habite ici ou bien ? En tout cas, ses lunettes de soleil avaient visiblement cachés le fait qu’elle dormait.



Une histoire de poisson carnivore. Un truc comme ça. D’ailleurs, il allait bien Judas ? Elle avait envoyé une lettre, mais elle n’avait pas eu de réponse. Espérons que ce n’est pas annonciateur de mauvais présages. En tout cas, le maître avait de réelle connaissance sur les Type Eau. L’écrivaine l’avait senti, il ne parlait pas de sa stari comme d’un monstre de foire un peu rare. Il avait un réel respect pour ce pokémon.
L’abordage était peu cavalier, mais Azur semblait presque innocent qu’il en était sympathique. Comme un gamin oui, exactement.



Il a bien dit, la Polie… Stresse ? Genre… En deux mots non ? Sa langue avait fourchés peut-être.









C’est bizarre. Maintenant, quand elle se présentait, elle montrait systématiquement les pokémons qui l’accompagnaient. Comme si c’était des vrais personnes. Pour Poésie, on pouvait avoir des doutes, mais pour les autres… Un peu Biopoké peut-être ?







Non mais… C’est incroyable hein ? Les pokémons étaient fantastiques de manière générale, pas étonnant qu’elle se soit inspirée autant de ces créatures pour faire ses petits monstres à elle. La Feuforêve se met à piailler tout à coup.



La demoiselle glisse sa main sur les cheveux du pokémon. Ce n’est pas très agréable, c’est comme tendre sa main dans du brouillard, le froid en plus, mais cela était appréciée de son pokémon donc bon. D’ailleurs, Théa remarquait les pokémons d’Azur. Sans doute des créatures aussi rares que puissantes















Théa n’est pas scientifique. Par contre, c’est une curieuse qui aime apprendre du vocabulaire et glisser des petits mots intelligents pour ses lecteurs. En vrai, si elle n’était pas écrivaine, peut-être qu’elle se serait intéressée davantage au merveilleux mondes de la connaissance.



Les pokémons, c’est un sujet intarissable ! Théa a toujours été très intéressés et pourtant, ce n’est que tardivement que les bestioles la suivent. La demoiselle prends une grande respiration, essayant de retrouver son calme.
En vrai, s’il avait des informations à lui apprendre sur sa Stari, elle ne serait pas contre ! Maintenant qu’elle était accompagnée, elle faisait attention à ses petits protégés.
Par contre, la Feuforêve bouillonnait intérieurement. C’est quoi ces touristes qui captent l’attention de Théa ? Elles étaient bien, tranquille et tout, en plus, pour s’intéresser à une étoile de mer décolorer. Non mais oh, il est où le respect ?

Lancé de dés :
Réussite : La Feuforêve n’attaque pas.
Échec : La Feuforêve tente d’attaquer un des pokémons d’Azur avec une Ball’Ombre (Au choix du joueur).

Le membre 'Théa Louest' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé désobéissance 2' :

« Heum… Oui oui. C’est moi. On n’a pas eu trop l’occasion de parler la dernière fois, c’est dommage. »

Étonné, Azur ne sut comment réagir à cela. Il n'était pas habitué à ce que quelqu'un regrette d'avoir manqué une occasion de lui parler. À Kedal, il avait au mieux fini par être toléré grâce à sa chance. Parmi les Dresseurs, seuls les novices et les rares aspirants kedaliens l'admiraient encore sérieusement, outre les cas singuliers comme Judas. Les Éleveurs, sur la question, étaient généralement comparables à des Kedaliens. Les Rangers ne le connaissaient que de nom mais ne s'y intéressaient pas non plus. Il en déduisit que son interlocutrice exerçait sans doute une profession proche de la science, ou arborait une situation civile plus commune. Azur revint au sujet initial.

« C'est pas si commun qu'ça de voir des Pokémon Eau qui ont pas trop l'air mal ! Ils sont tellement nombreux, mais tellement plus complexes qu'on imagine ! Oh pardon, j'en oublie presque la polie stress : je m'appelle Azur. Et vous ? »

« La... quoi ? »

De nouveau surpris, le Maître se demanda quel mot elle n'avait pas compris. D'habitude, c'était plutôt lui qui soi-disant manquait de vocabulaire. Avant qu'il ne puisse trouver la faille dans sa compréhension, elle se rattrapa d'elle-même.

« La politesse oui pardon, je manque aussi à mes devoirs ! Je m’appelle Théa et cette Stari, c’est Fantasie. Cette petite chipie, c’est Poésie et lui c’est Comédie. »

« Enchanté ! Mais c'est marrant, il m'a toujours semblé que les Stari étaient asexués ! Comment ça se fait qu'elle soit une femelle ? »

« Je ne vous apprends probablement rien, mais la première fois que je l’ai rencontré, elle avait un tentacule arraché. Au bout de quelques jours, il avait repoussé ! »

« Bah... Si, je vous avoue que comme ça repousse à merveille j'aurais jamais deviné. »

« Mais toi aussi tu es incroyable. Tu es le Pokémon le plus économique que je connaisse. Elle se nourrit de tout type de peur. »

Cette personne semblait véritablement gentille avec ses Pokémon, même les plus compliqués à appréhender. Elle apparaissait vraiment comme différente des autres, et ferait sans doute une Dresseuse au grand cœur si jamais elle s'y intéressait. Le Maître l'apprécia immédiatement.

« Whoa ! Vos Pokémon sont très impressionnantes. »

Peu habitué aux éloges, le Maître rougit. Il ne savait pas d'où venait cette chaleur et cette sorte de baume au cœur que procurait la gentillesse de quelqu'un d'autre.

« Oh, merci... »

« C’est marrant cette espèce d’écharpe… Ah mais suis-je bête, c’est le Lingua ! »

« Elle ? C'est Blue, un Amphinobi femelle venue d'une contrée lointaine. »

« Oh et celui-là, est-ce que son armure est faites de plaques osseuses ? Ou c’est son péristome ? Comme un Foretress ? J’ose pas toucher, mais c’est probablement résistant. »

« Robert ? Ouais, un vrai bastion pour l'équipe ! »

« Et ce Pokémon volant. Il est très aérodynamique. Il doit piquer des pointes de vitesses à la limite du mur du son. »

« Blanche est toujours pacifique, mais je l'ai jamais vu foncer dans un mur. »

« Pardon, je peux aussi bavarde qu’un Pijako. Roh, je recommence ! Faut pas hésiter à me couper la chique, sinon je ne m’arrête plus ! »

« Pas de problème, je suis surtout é tonneau par manque d'habitude plus qu'au treuchose. Pour être tout à fait honnête, j'ai pas compris grand-chose à ce que vous disiez. Genre lingua, péristo... Heu... fin le deuxième truc, et tout... ? Ça veut dire quoi ? »

Azur marqua une courte pause. Son expression faciale traduisit les efforts intellectuels dont il essayait vainement de faire preuve pour deviner des définitions auxquelles il n'avait jamais été confronté. Loin d'être idiot, il n'avait seulement pas d'éducation littéraire.

« On me dit toujours que j'ai un vocabulaire très terre à terre, mais j'ai jamais compris pourquoi. Je comprends déjà pas comment du vocabulaire peut se retrouver au sol. »

Maintenant qu'il y pensait, Théa différait des autres. Elle semblait plus gentille et respectueuse que le commun des mortels auquel il était confronté. Certes, cela avait un lien étroit avec le fait que ce commun fût souvent composé de Dresseurs, mais nombreux étaient les détracteurs qui le jugeaient sur sa chance par simple principe méritocratique. Cette fois, il parlait à une personne qui, sans être aveuglément admirative par manque de lucidité, le respectait et semblait percevoir que son équipe et lui n'étaient pas les Maîtres par hasard. S'il inspirait une telle impression sans qu'elle s'y connaisse, peut-être était-ce une remarque légitime pour nuancer les reproches fondée sur un mérite non reconnu. Avec un peu de chance, Théa accepterait peut-être de lui donner un coup de main.

« Mais vous, ça sonne déjà plus clair, ou en tout cas moins sombre, que quand c'est les autres. Vous voudriez pas m'apprendre à comprendre ? En plus, vous avez l'air de bien connaître la langue. Si ça se trouve, vous pourriez faire un métier en rapport avec ça ! »

Alors qu'ils discutaient, la Feuforêve commençait à s'énerver de façon plutôt visible en préparant une Ball'Ombre. Avant même qu'elle ne termine de constituer la boule, un Coup Bas de Robert l'arrêta immédiatement. L'écart de puissance et les dégâts doublés en raison de son type Spectre suffirent probablement.

« Merde ! Doucement, Robert ! Désolé Théa, il a réagi comme ça sur un réflexe et ne s'est que moyennement retenu car il est protecteur. Après, mieux valait lui que Blue ou Blanche qui auraient été plus impitoyables mais voilà... J'espère que vous m'en voudrez pas, normalement Poésie n'a rien de grave... »

Malgré ce qu'il disait, Poésie aurait probablement bien gravé la leçon en elle, consciente ou non.

Les… Staris étaient assexués. Ah ? Ah ? Et… PERSONNE NE LUI AVAIT RIEN DIT ???!!! Une goutte de sueur coula le long de sa nuque et elle regarda Fantasie. En vrai, l’étoile de mer s’en battait les tentacules mais d’une force inimaginable. Le genre ? Elle ne savait pas vraiment comment le définir. Elle était juste elle. Ou lui. Enfin. Vous avez compris.



Qu’Azur ne sache pas tout des fabuleuses capacités de tous les types Eau semblaient bien moins graves tout à coup. En tout cas, le maître semblait… très humain et très innocent durant leurs échanges. Peut-être même une petite touche d’enfantine sur certains points.
Il échangeait avec Théa, présentant ses différents pokémons au passage et les décrivants petit à petit jusqu’à ce que la demoiselle se rends compte qu’elle utilisait des termes beaucoup trop techniques parfois. Le dialogue restait cependant très rafraîchissant, le genre de discussions que l’écrivaine pourrait utiliser dans un de ses livres ! Ah ça, elle ne perdait jamais une occasion de s’inspirer de son vécu.



C’est l’heure de la leçon.











Peut-être qu’Azur manquait de vocabulaire, c’est vrai. Cependant, la brune ne le jugea pas sévèrement. C’était son métier d’écrire des histoires et de cultiver un peu son audience. Elle aurait dû s’adapter et ne pas s’emballer ainsi. En tout cas, il était très mignon lorsqu’il réfléchissait. On voyait qu’il se donnait beaucoup de mal pour comprendre.  

La demoiselle ne put s’empêcher de cacher son petit sourire amusée sur sa remarque du vocabulaire très terre à terre. Elle ne se moquait pas, loin de là. C’est juste que l’interprétation très littérale de l’expression était assez rigolote, elle-même n’y aurait jamais pensée ! Décidément, le maître était beaucoup plus intéressant que prévue et il n’avait pas cette aura de prétention que dégageait de nombreux champions. Comme quoi, on pouvait attendre le sommet et être humble !

En vérité, peut-être que le Maître et Théa n’étaient pas si différents. Azur devait avoir des détracteurs et des admirateurs qui ne prenaient peut-être pas le temps de bien le connaître. C’était une célébrité, pas une personnalité. L’écrivaine ne pouvait qu’être compatissante et tenter de l’aider à vivre un moment disons… normal ? En tout cas, plus commun, sans jugement.
Puis, elle le faisait rire un peu. Il voyait les choses différemments ou plutôt, au premier degré. C’était amusant.



C’est trop bon quand les gens ne savent pas immédiatement qui vous êtes. Vraiment, elle appréciait de plus en plus la compagnie d’Azur.



Soudain, la Feuforêve avait lévité des genoux de Théa et s’était positionnée face aux trois autres pokémons du champion. L’écrivaine haussa un sourcil, puis comprit ce qu’elle voulait faire en voyant une boule sombre se former devant sa bouche.



Pourtant, si elle donnait l’impression qu’elle initiait le combat, l’insecte Samurai lui expliqua rapidement qu’il était le plus fort. Il se déplaça à une vitesse impressionnante et percuta la type Spectre qui semblait… KO ? Ce n’était pas le pokémon d’un maître pour rien !



Théa se leva immédiatement et attrapa son pokémon dans ses bras. Elle semblait bien sonnée, voir très amochée, mais elle réagissait tout de même en couinant. Dans sa malchance, elle avait probablement attaqué le pokémon le moins dangereux de la situation.









Théa adopta son expression sévère qui dura… 30 secondes maximum, le temps que la Feuforêve baisse les yeux en mode dépité.







De toute façon, même si elle le voulait, elle ne pouvait pas vraiment lutter contre ces trois grosses brutes et elle n’avait plus beaucoup d’énergie (même si Théa lui en a redonné inconsciemment, ses perles brillaient légèrement). La demoiselle poussa un petit soupir de soulagement, s’imaginant naïvement que la petite frayeur d’aujourd’hui calmerait les ardeurs de son type spectre.
BIEN AU CONTRAIRE ! Elle avait la hargne ! Plus jamais on n’allait l’humilier de la sorte ! Elle retournerait s’entraîner, encore et encore, jusqu’à être invincible ! Le pouvoir du fanatisme !

Théa retourna s'asseoir, posant la Feuforêve sur le transat à l’ombre pour qu’elle se repose. On pouvait même l’entendre roupiller légèrement, ses rêves l’emmenant dans un territoire où elle était devenue balèze et pouvait avoir Théa pour elle toute seule.



L’écrivaine glissa ses doigts dans la chevelure de la Feuforêve qui souriait dans ses songes, poussant un petit soupir avant de se reprendre.

« Ah, vous saviez pas ? Y a pas de problème, hein ! Au moins vous l'aimez et la traitez correctement, c'est le plus important ! Ah bah regardez, même moi j'en parle au féminin du coup, haha ! »

Inconsciemment, Azur prêta moins attention au détail des paroles de Théa. Il chercha plutôt à saisir ce qu'elle voulait réellement dire à travers des éléments paraverbaux tels que son intonation. Cependant, cela ne réussissait que moyennement au Maître malgré ses efforts. Fort heureusement, si elle ne savait pas que les Stari étaient asexués, elle sut toutefois traduire ses propos en mistralien courant. En d'autres termes, la Lingua était la langue, d'où la ressemblance de ces deux mots et le fait qu'elle se soit référée à la langue de Blue ! Le péristome, qu'Azur retint cette fois presque magiquement, lui parut enfin clair. En effet, Robert était incassable !

« Ah, je voiiiis ! J'y connais rien en nanatomie ni en bio l'eau gicle, mais c'est sa carapace. Donc ouais, normalement c'est surtout du péristome. »

Quant au mur du son, l'explication devint immédiatement claire comme de l'eau de roche. Azur saurait désormais remployer l'expression comme bon lui semble, car il y voyait enfin du sens concret. Il savait que le son pouvait faire comme un mur brisé à grande vitesse, mais ne fit pas le rapprochement avec l'expression car il avait arrêté d'essayer de comprendre avant de rencontrer Théa.

« Ah, oui, plutôt ! C'est pas sa caractéristique fondamentale, mais à son niveau c'est vrai, faut suivre avec attention ! »

Théa sembla amusée par les remarques d'Azur sur son propre vocabulaire. Cela ne le vexa toutefois pas, bien au contraire.

« Ah, si c'est drôle c'est que vous voyez parfaitement où je veux en venir et que vous y voyez clair ! C'est bien pratique, pour une fois que quelqu'un comprend ! »

Cela se confirma quand elle accepta de lui venir en aide.

« Vraiment ? C'est trop bien, vous jugez pas du tout ! Merci beaucoup ! »

Survint alors l'incident avec Poésie, qui choqua profondément Théa au grand dam d'Azur. Celle-ci ne lui en voulut pas et réprimanda sévèrement sa Feuforêve. Cette dernière ne s'en vit finalement que plus énervée et plus jalouse, mais se tint tranquille par impuissance. Lorsque Théa présenta ses excuses, Azur posa sa main sur son épaule en signe d'amitié et de sérénité.

« Séchez vos larmes ! Je suis sûr que vous êtes pas nulle, tout est une question de pratique. En plus, les gens qui traitent bien leurs Pokémon ont toujours plus de potentiel que les autres, si vous voulez mon avis. Et puis vaut mieux avoir l'air faible que débile, c'est moi qui vous le dis... Et si vous voulez, je peux vous entraîner en retour ! »

Quoi qu'il en fût, Théa se montra pédagogue en se concentrant sur le cas de son interlocuteur plutôt que sur des règles générales souvent ennuyeuses et pénibles à retenir pour un Kedalien.

« Heu... Bah par exemple, j'ai souvent des fans qui débarquent me saluer et tout. On discute, tranquille, mais parfois y en a des timides. Genre l'autre jour, y en a une qui vient et qui me demande avant tout si elle est pas trop cavalière. Mais moi j'en sais rien, j'l'ai jamais vu à dos de Galopa ! Du coup je lui dis ça, et en général elle rigole. C'est un cas très fréquent avec les femmes, d'ailleurs. Parfois elles rigolent juste et continuent en ayant l'air soulagée de leur complexe d'équitation. Autrement, elles se cassent en me regardant comme si j'étais con comme un balais. Les autres me disent alors que c'est un succès mitigé avec les femmes, sauf que je les ai pas combattues, je vois donc pas comment j'ai pu gagner contre elles. J'imagine que vous comprenez déjà tout, mais du coup c'est vrai que c'est trop perché pour moi. Et y a plein de situations comme ça. »

Il marqua une courte pause, conscient de la longueur de sa tirade. Il était simple de distinguer toute l'innocence de ce grand benêt sur la question amoureuse. N'importe qui aurait pu sentir qu'il ne suspectait pas une seule seconde le moindre rapport avec l'attirance quelle qu'elle fût.

« D'ailleurs, on peut se tutoyer ? Je me dis que ça serait plus simple. »

Théa souriait. Azur avait raison, le plus important, c’était de prendre soin de leurs petites bébettes. L’écrivaine regarda l’étoile de mer qui se sentait concerné. Pour ce qu’elle savait, son amie ne semblait pas malheureuse. Surtout quand elle était dans son petit bain à la plage.

En tout cas, le maître semblait content d’apprendre des mots. Quel enthousiasme, mais attendez, personne ne lui avait expliqué auparavant ? Ce n’était pas très gentil. Il côtoyait tout de même du beau monde en tant que maître. La compétition avant tout ? Aucun n’était ami ? Pourtant, à la plage, il était allé sauver Judas dans hésiter (ce que les autres champions n’avaient pas vraiment fait… mais peut-être ne pouvaient-ils pas après tout ? La scène était si floue).
C’est étrange, c’est comme si les gens considéraient Azur comme étant radicalement différent. Alors qu’il était comme Théa et les autres, le talent de dressage en plus. Enfin, elle ne s’est pas particulièrement intéressée à son parcours, mais on ne devient pas maître en claquant des doigts !



Théa avait toujours été assez claire, à l’oral comme à l’écrit. C’est pour ça que ses romans ont beaucoup de succès, ils sont aussi accessibles que subtiles pour ceux qui veulent vraiment se plonger dans l’univers.
En tout cas, elle avait enrichi son vocabulaire. Cela faisait plaisir d’être utile aux autres.



En parlant de rendre service… Azur était super cool. Si on se repositionnait dans le contexte, c’était Poésie qui avait attaqué la première, ses pokémons ne faisant que se défendre. Pourtant, il ne semblait pas lui en tenir rigueur. Même, il lui posa une main sur son épaule ce qui lui faisait chaud au coeur. Elle essuya ses yeux, comme il lui avait demandé.
Pourquoi tout le monde semblait le détester ? Il est ultra gentil avec une personnalité attachante ! Est-ce la jalousie et le fait de vouloir le détrôner à tout prix provoquait cette véritable vague de haine ? Le pauvre… Il lui faisait presque de la peine.









Alors… Commençons la leçon. Le maître joua le jeu d’ailleurs. Théa attrapa son carnet et un stylo, puis écouta Azur sur les drôles de situations “bizarres” qu’il pouvait rencontrer. Elle baissait seulement la tête pour écrire quelques mots de temps en temps.
Notre écrivaine devait réunir toute sa force intérieure pour ne pas rire. Elle avait tellement peur de vexer le pauvre Azur, mais elle s’imaginait tellement la scène ! Pauvre demoiselle et pauvre Maître qui ne parlait pas sur la même longueur d’onde.



Théa arracha la page de son carnet où elle avait noté deux phrases.
Etre cavalier
Avoir du succès







Théa connaissait cette situation. Elle aussi avait des fans très timides qui réunissaient beaucoup de courage pour lui demander un autographe ou même seulement la saluer. Ils sont très choupi, ces fans-là.







Ouch… Il semblait tellement ne rien n’y connaître dans les relations amoureuses. Pourtant, il semblait genre… beaucoup plus vieux qu’elle non ? Peut-être que son entraînement intensif l’avait détourné de cette question du commun des mortels. Olala, elle avait l’impression de marcher sur des oeufs.
Allez Théa, on se lance.







Théa se racla la gorge. En vrai. Elle ne voulait pas trop le prendre pour un idiot sur ces questions. Il a… il a forcément les bases. C’est juste qu’il ne percevait pas les signaux de drague, ça arrive quand on est très terre à terre comme lui. Oh, elle l’espère ne pas trop l’avoir pris pour… ben… un simplet sur le sujet.
Il pourrait se vexer.

Face à l'approbation souriante de Théa, qui lui confirmait qu'il avait tout compris, Azur se sentit profondément satisfait : pour une fois qu'il réussissait autre chose que des combats Pokémon ! Théa s'avéra d'ailleurs très mignonne (au sens purement platonique du terme, il s'agit d'Azur...) quand elle expliqua qu'elle aimait simplement être serviable.

« Ah ! Super alors ! »

Bien qu'Azur comprît que Théa l'appréciait déjà, il n'en fut pas moins surpris de voir qu'elle le trouvait très gentil et surtout « loin d'être idiot ». Théa semblait presque incarner l'opposé symétrique d'Alex : claire, empathique, douce et encourageante. Azur n'avait pas assez de vocabulaire pour définir plus de traits, mais avait très certainement trouvé d'autres aspects certes ineffables pour lui. Quoi qu'il en fût, la littéraire ajouta même que la bêtise venait de ceux qui le jugeaient directement au lieu d'être compréhensifs.

« Haha ! C'est gentil, je dois dire que je suis très touché. Après, pour les autres qui sont bêtes, j'suis pas sûr, ça ferait un peu trop de bêtes même parmi les champions ! »

Genre Alex ou Nirvana.

Ce fut également le cas de Daisy mais nul ne le savait encore.

« Après eux, c'est surtout parce que je suis hyper chanceux. Du coup ça masque mes vraies capacités puisque la chance me devance à chaque fois. Et quand ils voient que je parle même pas correctement la langue, c'est ça qui qui leur fait se dire que j'ai vraiment rien à faire là en tant que Maître. Genre c'est plus parce que c'est « le truc de trop » qu'autre chose. »

Dans tous les cas, Azur serait ravi d'aider Théa en dressage de Pokémon lorsqu'elle aurait terminé son coup de main. Elle accepta également de se tutoyer, ce qui fut plus confortable pour lui. Bien qu'attentive, Théa semblait réprimer quelque chose en elle. Ce n'était pas péjoratif mais cela suscitait quand même une certaine perplexité dans l'esprit du Maître. De toute façon, il n'y avait là aucune entourloupe : la gente dame élucida enfin le mystère de l'attitude cavalière. Et la lumière fut.

« AAAAAAAH ! Ils avaient peur d'être impolis en fait ! »

En reprenant ses explications, Théa parut plus gênée. Le Maître aurait dit qu'elle abordait un sujet sensible. Cependant, il ne voyait pas en quoi des sentiments pouvaient causer tant de problèmes de bienséance. Les gens en exprimaient toujours : rien que le souhait du bonjour impliquait une quelconque forme de sentimentalité puisque l'on faisait le geste de souhaiter un agréable jour à son prochain. Toutefois, si tout lui parut plus clair, il n'eut pas moins de difficultés à saisir certaines nuances.

« Amicalement et sentimentalement ? Mais l'amitié ça compte pas comme un sentiment ? C'est quoi alors quand on dit qu'on est ami avec quelqu'un ? »

Il marqua une courte pause pour revenir sur l'explication plus globale.

« D'ailleurs c'est dommage qu'ils aient peur de me parler parce que je suis Maître. Moi qui pensais m'être fait réputer pour être accessible, c'est pas gagné. Vous êtes bien l'une des rares à me prendre au sérieux sans flipper, haha ! En tout cas vous me rassurez, je pensais pas qu'il y avait des gens qui voulaient devenir des amis malgré ma chance. »

La pause qui suivit servit surtout à réfléchir pour structurer ce qu'il allait enchaîner.

« Car ce que j'ai oublié de préciser, c'est qu'on me dit parfois que je suis une puce Eau, en riant. Sauf que comme je visualise pas de quel Pokémon ils parlent, je peux même pas essayer de comprendre la symbolique de cette mystérieuse puce de type Eau. Ça vous parle ? »

Il ne put s'empêcher de questionner ensuite Théa sur son embarras.

« Je saurais pas dire quoi car je m'y connais pas en pisco... Psylo... Psygolo... Psycholo... Non, je sais plus. Je m'y connais pas en esprit humain, mais je pourrais jurer que vous êtes mal à l'aise depuis tout à l'heure, sur cette histoire de succès. Vous qui maîtrisez les mots, vous semblez presque avoir peur de les prononcer. Pourquoi donc ? »

Le Maître de l'Eau n'avait pourtant pas peur de l'eau, lui. Quant à ses Pokémon, ils vaquaient à leurs occupations de détente. Blanche regardait maternellement le beau Stari dans son petit coin tranquille, Robert bronzait et Blue restait aux côtés d'Azur, visiblement dépitée par la naïveté de son vieil ami. Enfin, Joris semblait méditer dans la mer, à l'horizon.

Apparemment, Azur ne s’entendait pas du tout avec ses collègues champion. En soit, le combat pokémon était un sport, il y avait rarement une égalité dans un match. Cependant, en tant qu’activité physique adulée dans la région, il devait normalement y avoir un certain fair-play. Attaquer Azur sur d’autres de ses facultés que ceux demandé en combat était petit et bas. Décidément, les champions n’avaient pas beaucoup la côte auprès de Théa ces derniers temps.











Il y a toujours une part de hasard dans un match. C’est indéniable. Une attaque de Statut qui ne réussi pas… Un Hydrocanon qui passe à côté de sa cible. Un pokémon star un peu fatiguée… Mais Théa avait vu Azur sauver Judas. Il ne pouvait pas être défini que par sa chance, son lien avec ses pokémons étaient trop forts pour que ce soit la seule explication. Et en match, il donnait l’impression de ne pas avoir juste un coup d’avance. Il en avait au moins trois !
Théa se doute que le Maître ne se faisait pas berner par de telle sottise, mais entendre un autre son de cloche pouvait lui faire un peu de bien. Il le méritait en plus, parce qu’encore une fois, il était très gentil.

En tout cas, nouvelle expression acquise pour Azur. Être cavalier. Rien à voir avec la compétence de monter à cheval. Superbe ! Comme quoi, il était loin d’être bête comme le prétendait les autres ! Il fallait juste prendre un peu de son temps pour lui expliquer les choses. C’est pas la mer à boire !



Pour la deuxième partie, évidemment, c’était plus compliqué. Cela se sentait, Théa avait toujours un peu de mal à parler de l’amour de manière général. La raison, c’est qu’elle était extrêmement pudique sur le sujet et avait toujours peur de froisser son interlocuteur. Oh, dans ses écrits, il y en avait bien sûr, mais dialoguer est différent de rédiger. D’ailleurs, Azur soulevait des points très pertinents.





Tu le sais Théa. Il va falloir que tu lui expliques. Maintenant qu’elle était persuadée d’être en face de la personne la plus terre à terre de l’univers…
Pauvre Azur. Il ne se rendait pas compte que la célébrité pouvait être un fardeau qui mettait la distance avec les autres.







Puis elle était contente de se présenter en tant que Théa et non en tant que romancière beaucoup trop connu. L’échange lui faisait du bien et, peut-être que cela pouvait paraître précipité, mais elle le considérait déjà comme un ami. Oui, ça fait moins d’une heure qu’ils se connaissent et alors ?

Et là, le kedalien lâcha une explosion. Digne d’un smogogo géant. La romancière ne l’avait vraiment pas vu venir. Puce d’eau. Puce Eau. Puceau. Olala. OLALA. Est-ce que c’est un problème qu’il le soit ? Absolument pas. Chacun devait trouver son rythme sur ce domaine là. PAR CONTRE ! Que ce soit elle qui lui explique ?! Vraiment ?
Le soucis… C’est que si elle ne le faisait pas… qui le ferait ? Aie. Aie.
Aie.
Bon… Il allait falloir crever l'abcès un jour, son nouvel ami se rendait bien compte que le sujet était délicat pour elle.





C’était la parenthèse vocabulaire ! Une parenthèse nécessaire qui permettait à Théa de reprendre un peu ses esprits et d’aller au-delà de sa pudeur non justifié. Du moins, pour cette fois.



Bon, autant rentrer dans le lard maintenant. De toute façon, elle avait le sentiment qu’Azur était complètement étranger à ces choses là et AU PIRE, elle allait s’excuser. Promis.  









Le coeur qui bat, les bouffés de chaleurs, les papillusions dans le ventre, la façon d’admirer l’autre quand cette personne se met à rire… Et quand on est dans un couple heureux, les moments de partage, de complicité. de soutien… Oh, Théa ne se souvient que des bons instants et c’est ce qu’il faut faire. Elle n’a pas été en couple souvent, mais les deux fois, c’était d’agréables instants.







Sans parler de certaines célébrités qui abusaient de leurs images pour obtenir des faveurs auprès des plus fragiles qui ne faisaient que rêver. L’amour n’est pas sacré, non, bien sûr que non. Il est complexe et elle-même connaissait les travers de ce sentiment (qui vous fait vraiment faire n’importe quoi). Mais utiliser son influence pour profiter de personnes rêveuses, c’est dégueulasse.









Ce sujet était tellement complexe, même Théa sentait qu’elle pataugeait un peu dans son explication. Elle connaissait ses défauts sur le sujet et pourtant, si elle était vraiment libérée des contraintes qu’elle s’imposait… Elle pourrait en parler des heures sans s’en lasser.



Respire… Expire. On se concentre.



Théa prends une nouvelle grande inspiration. Revenons à nos petites puces. D’eau. En soit, expliquer le concept ne la dérange pas. C’est s’il ne saisit pas tout que ce serait un peu plus… pas compliqué, mais délicat.



Amour et plaisir sont deux éléments très distinct. On peut coucher en n’étant pas amoureux. C’est une activité, ni plus ni moins. Même si cela lui remonte quelques souvenirs loin d’être désagréable, on ne va pas se mentir.



La Feuforêve semblait aussi dépité que l’Amphinobi de la naïveté de son dresseur et admirait son idole pour la patience dont elle faisait preuve. Enfin, Théa était naturellement gentille, même si Poésie ne se demandait pas si Azur n’en profitait pas un peu. Par contre, elle découvrait véritablement son côté romantique et craignait que cela complique leurs relations futures… Comment y remédier ?
Fantasie avait sentit le regard de Blanche et la regardait longuement. Il semblait qu’elle rassemblait tout son courage pour lui demander un service, ma foi, un peu saugrenue. La pauvre bégayait dans son langage et hésitait énormément dans ses mots, mais en gros, elle demandait à la Togekiss si… cela la dérangeait pas de lui offrir un… un petit tour sur son dos. Dans les airs. Et si elle veut pas, c’est pas grave ! Fantasie s’excusait déjà d’avoir fait cette drôle de demande.
Concernant Comédie… Il lévitait.
Tranquillement.

« Laisse-moi te dire une chose Azur. »

« C'est pas ce que je fais déjà ? »

« Ne. Les. Ecoute. Pas. Ta place est légitime et s’ils sont incapables de te la prendre... Hé ! C’est parce qu’ils n’ont pas ce qu’il faut. Au lieu de te critiquer sur ta prétendue chance, ils feraient mieux de travailler sur leurs compétences à eux. C’est trop facile de dire que c’est la faute de l’autre pour ne pas faire face à ses propres problèmes. »

Bouche bée mais souffle coupé, Azur prit un temps avant de réagir verbalement.

« Ouah... C'est trop bien, t'as l'essence de la répartouze ! En tout cas merci Théa, ça me réconforte beaucoup d'entendre ça. »

Avant même que Théa ne décortique le mot psychologie plus tard, Azur commençait déjà à déduire son vocabulaire de la construction des termes ! Dans ce but, Azur se remémora le « fameux » Alain Tellectuel, grand « philosophe » de Kedal réputé pour ses essais oraux. Il n'écrivait pas à cause d'une mauvaise plume souvent jugée trop « fellacieuse », si la mémoire du Maître était bonne. Il parlait souvent de l'essence des êtres vivants et dissertait même sur des choses qu'Azur qualifierait de « pas vivantes ». Il impliquait souvent d'autres notions liées comme le sens des choses, mais le Maître se disait suffisamment instruit pour connaître les fameux cinq sens ! Il ne fallait tout de même pas exagérer ! Il était même au courant pour l'existence d'un sixième sens, bien qu'il ne comprit jamais ce que ce fut réellement. Quant à la répartouze, cela relevait d'une confusion entre les mots partie et partouze, parce que Tonton Robert utilisait souvent le second pour désigner les deux. Oui, dans tous les sens possibles de ces termes.

Avec des étoiles dans les yeux en entendant la très gentille Théa nuancer les méchancetés des autres, Azur sentit presque des larmes monter aux yeux mais elles ne se virent pas. Quant au sujet du sentiment, Théa lui expliqua que ce mot était couramment et particulièrement connoté d'une façon très précise. La précision fut telle qu'elle en devint paradoxalement imprécise pour lui. Avant de tenter de deviner, il laissa sa déjà chère interlocutrice continuer. Au moins, il ne s'était pas trompé sur le sens originel du mot.

Le mot en question doit vraiment être SUPER LONG pour que ça prenne autant de place dans la vie quotidienne !

« La célébrité mettra toujours une barrière malheureusement. Ta “chance” aussi visiblement même si j’ai un peu plus de mal à saisir le pourquoi… En tout cas, moi je suis très contente de te connaître en tant qu’Azur et non en tant que Maître. »

Confus, Azur rougit. C'était peut-être la première fois que quelqu'un fût content de le connaître en tant qu'Azur, déjà que les gens contents de le connaître en tant que Maître ne constituaient pas non plus grand monde au balcon. Cette étrange sensation d'enthousiasme relationnel, doublé d'une compréhension et d'un sincère plaisir à échanger, relevait d'un sentiment d'amitié complètement nouveau à ses yeux. En effet, Azur n'était pas habitué à ce que cela fonctionne avec les êtres humains.

« Plaisir partagé ! Enfin, t'es pas Dresseuse connue que je sache, mais t'as compris l'idée. En tout cas, si jamais tu deviens connue un jour et que c'est chiant, n'hésite pas à venir m'en parler. Je sais que je l'ai déjà dit mais je te verrais vraiment bien te faire un nom avec les littéraires. Tu parles aussi bien qu'eux, mais en version compréhensible. »

Vint alors le fameux passage de la psychologie.

« On dit psychologie. »

EH MAIS J'Y ÉTAIS PRESQUE AVEC PSYCHOLO !

« Psycho, qui se prononce comme l'attaque de type Psy mais qui s'écrit avec avec un C et un H à la place du K et logie qui est couramment utilisé en préfixe pour le nom d’une science. »

« Heu... »

Azur avait un doute. En temps normal, il se serait tu, a fortiori devant une personne aussi intelligente et cultivée que Théa. N'empêcha qu'il eût un gigantesque doute. Ce GARGANTUESQUE doute, après avoir frôlé le bon terme pour désigner la psychologie, l'incita à tenter sa chance.


« Logie, c'est pas plutôt en suffixe ? Fin je sais que tu t'y connais infiniment mieux que moi hein, mais on m'a toujours dit que le pré de préfixe c'était avant. Et comme y a que préfixe et suffixe, j'en avais déduit que c'était suffixe pour les... Heu... Terminaisons, j'crois, non ? »

Après un petit rire léger et amusé, Azur reprit la parole.

« En tout cas, c'est plus facile avec les attaques ! J'avais jamais fait le lien entre leur nom et les vrais mots alors que c'est d'une logique évidente en fait. Bah d'ailleurs, le mot logique en lui-même, tout s'explique ! Mais c'est que c'est super bien pensé les langues en fait ! »

S'ensuivit alors la révélation de la réponse à l'énigme : l'amour.

« Quand je te parlais d’être proche quelqu’un “sentimentalement”, cela signifiait que la personne pouvait être “amoureux” de l’autre. »

« Aaaaaaaah ! »

Une personne n'ayant jamais été véritablement aimée et n'ayant jamais eu l'occasion de véritablement aimer ne saurait se douter d'une telle réponse. Pour Azur, l'amour était une émotion abstraite et compliquée pour laquelle il n'était pas faite. Il lui semblait avoir vécu quelque chose en rapport avec ce sentiment, mais ne s'en souvenait étrangement plus. Le trentenaire écouta sans interruption le monologue de sa nouvelle amie sur l'amour. Sa gêne venait donc de sa crainte de l'influencer ? Mais il n'y avait là pas le moindre mal, voyons !

« Je vois, je vois... C'est peut-être pour ça que Tonton Robert disait Ouais, les politichiens ils nous mentent à travers les médias... Mais après on peut très bien être comme sur les médias si on est honnête. Fin perso je me sens pas tellement différent. Y a juste l'intimité qui change quand tu vas directement voir les gens, mais ça c'est pareil pour tout. Et t'en fais pas pour l'influence. Rien qu'en se parlant, on s'influence déjà un peu quoi qu'il arrive non ? Même en sachant juste l'un que l'autre existe, sans plus, ça peut changer une pensée et donc un choix non ? »

Azur ne parvint décidément pas à recouvrer le souvenir qu'il semblait avoir perdu en rapport avec ce mystérieux mot que fut l'amour. Il ressentit qu'il eût déjà compris cette notion par le passé, mais que cela lui paraissait désormais très vague, malgré la clarté des dires de Théa. Peut-être était-il tombé amoureux sans s'en souvenir ? Dans ce cas, comment aurait-il pu oublier une période censée être aussi marquante ?

« En tout cas, je suis d'accord avec toi pour laisser les gens libres, t'inquiètes. Et je me sens pas du tout manipulé. Comme tu disais autrement tout à l'heure, avoir un vocabulaire limité ça m'empêche pas de détecter les mecs louches qui veulent la faire à l'envers. Bon après pour le côté romantique, j'en sais rien, du coup je peux pas me sentir ennuyé sur quelque chose qui m'échappe. »

En revanche, les deux interlocuteurs ayant eu déjà maintes digressions, Azur s'abstint de questionner Théa sur la possibilité d'oublier complètement un amour. Cela attendrait peut-être plus tard. Comme elle le disait, il était grand temps de revenir au cœur du sujet.

« Sache… que Puceau est considéré comme un terme péjoratif. Littéralement, ça désigne un jeune homme n'ayant aucune expérience dans le plaisir charnel. C’est un cliché sexiste. On pousse les hommes à rapidement avoir une partenaire pour coucher avec… Afin enlever leur “virginité”. Un autre concept idiot si tu veux mon avis. »

Azur parlait avec le sérieux d'un homme qui visualisait de quoi Théa parlait, sans parfaitement visualiser de quoi elle parlait.

« Ah, ouais... Ça je vois. Ils font souvent ça à Kedal quand ils se mettent en couple et veulent faire des enfants. Ou même quand ils font juste des enfants en scred, mais c'est mal vu. Après personnellement, je comprends pas l'engouement autour. De toute façon, personne veut me forcer la main, donc ça va. »



L'attention d'Azur s'échappa alors vers Blanche. Elle écouta sans le moindre jugement la timide requête de Fantasie, à laquelle elle accéda sans se faire prier. Par un grand sourire, elle lui répondit à sa manière qu'il n'y avait aucun problème, salua son courage et encouragea son geste. Il n'y avait pas à s'excuser. La toute mignonne petite étoile de mer s'avérait si gentille ! Ce fut avec plaisir que le Togekiss femelle d'Azur fit découvrir les cieux au Stari.

« En tout cas, si j'ai bien observé ta façon de t'exprimer, je crois avoir une piste pour commencer à comprendre tout seul les gens. Merci infiniment, ça va me changer la vie ! »

Le Maître contempla le baptême de l'air avec un grand sourire. La vitesse et l'intensité de l'expérience s'adapteraient au bon vouloir de Fantasie, afin de lui faire vivre un beau vol. Cela égaya la digression sur un mot de vocabulaire au contexte fort peu joyeux.

« Tu voudras essayer aussi ? Les conseils de dresseur ne s'envoleront pas entre temps, haha ! Et après ça, pareil pour toi : n'hésite pas à exposer directement tes difficultés pour que j'y réponde. J'ai tout mon temps. »