Saison Un

: Obscure Prophétie

Pourquoi je dois venir de jour ? Il y a toujours du monde. C’est tellement gênant d’être entourée d’autant de personnes. Bon, être discrète et calme. Tout se passera bien. Je dois vérifier s’il n’y a pas de missions concernant les spectres. Je dois rester concentrée. Aucune raison que j’attire l’attention. Bon, Laspiritomb, fidèle aspirateur, est bien rangée dans mon sac. Donc pas de soucis d’attirer l’attention. Allez, il y a qu’une chose qui pourrait mal tourner.

« S’il te plait, reste calme aujourd’hui. »

Levant ma main, je venais appuyer avec mon index la joue de mon Sepiatop, Luna, tronant fièrement sur le dessus de ma tête. Je pouvais sentir ses tentacules tenant fermement ma nuque et ma tête. Penchant son corps flasque, je pus voir son regard interrogateur.

« Sepia ? »
« Oui, c’est à toi que je parle. Pas de bêtises. »

Je lui souris. Ce n’était pas vraiment sa faute s’il fonçait dans les murs. Je n’arrivais juste pas à lui faire comprendre qu’il n’était pas un spectre. Comme seule réponse, je reçus une petite tape d’un tentacule sur le front. Mouais, pas sûre qu’il ait compris.

Oui, je sais. Je pourrais la faire rentrer dans sa pokeball. Mais je n’aime pas l’enfermer. Je connais ce sentiment et je n’ai pas envie qu’elle connaisse ça (bon, même si c’est elle qui a choisi de me suivre). Prenant une profonde inspiration, je rentrai dans la base.

Objectif : le tableau. Bon, il n’y avait pas trop de personnes. Ca allait bien se passer. Tranquillement, naturellement, je marchais, mon cœur battant la chamade. Être discrète. Sur ma tête, Luna observait les alentours, curieux. Ses pensées ? Je n’en avais aucune idée… Et je crois que je ne voulais pas vraiment le savoir.

Ha, enfin, le tableau. Tellement de missions. Et tellement peu faites pour moi. Trop dure… Pas assez d’expériences… Pas le permis. Mais alors je la vis ! La perfection ! Le Saint-Graal des missions. Une affaire de spectres ! Dans un cimetière ! A Fricke ! Parfait ! Le prenant sans tarder et, oubliant ma gêne, je montrai le papier à Luna.

« Tu as vu ? Une affaire de fantôme ! On va enfin pouvoir se rendre utile ! Je me demande sur quels spectres on va tomber ! »
« Sepiatop ! »

Ce fut la dernière que j’entendis avant de voir Luna sauter sur le tableau des missions. Et comme d’habitude, elle s’écrasa dessus. Et en plus, elle restait accrocher avec ses tentacules… Parfait… Je sentis rapidement le rouge me monter aux joues et il me fallut quelques secondes pour me ressaisir.

« Luna ! A bras ! »

En un saut, elle se retrouva dans mes bras. Mais le mal était fait et je sentais déjà les regards pesaient sur moi. En plus, Luna avait les larmes aux yeux. Oui, parce qu’en plus, elle pleure à chaque fois. La serrant, je la réconfortais.

« Calme. C’est pas grave. Mais tu peux pas traverser les murs. »

Bon, ça me permettait d’oublier un peu les autres. Jusqu’à ce qu’un bruit sourd retenti devant moi. Le tableau des missions venait de tomber… Comment avoir une bonne réputation…

Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? J’ai envie de m’enterrer et de plus bouger. Que faire ? La fuite ? Tomber dans les Verpoms ? Et Luna qui avait un regard si abattu… Bon sang, il fallait vraiment que je trouve un moyen pour lui faire comprendre qu’elle ne peut vraiment pas passer à travers les murs…

Totalement tétanisée, je n’osais pas lever les yeux, le visage empourpré. Je n’aimais déjà pas attirer l’attention en temps normal. Mais, en plus, quand c’est pour quelque chose d’aussi gênant, c’étais la pire situation. Mais dans ce malheur, un petit ange est venu me porter secours. Elle m’entoura de son bras et me guida loin des yeux inquisiteurs. Elle était mon héroine.

En tout cas, elle avait raison. J’étais bien trop stressée. Elle avait l’œil. Elle devait être du genre vif. Ou alors, c’était vraiment si flagrant que ça ? Je ne sais pas trop. Mais ce n’était pas important. L’important, c’était qu’elle m’avait tiré d’affaire. Elle venait d’acquérir ma reconnaissance éternelle.

« Elle a … habitude. Elle fonce dans les murs. Souvent. C’est pas moi qui la jette… Elle fonce dans les murs… Comme ça. Après, elle pleure… Puis, ça va. »

J’ai un peu de mal à parler à des inconnus, surtout en plein jour et en public. Alors oui, je cafouille, je me répète. Je sais, ce n’est pas très glorieux. Je préfère quand on n’est en petit comité. Là, je n’ai pas envie qu’on m’entende, surtout que je suis sûre que certains m’observent du quoi de l’œil. En tout cas, Luna semblait s’apaiser et, se dégageant de mes bras, elle commença à léviter autour de nous.

« En tout cas, Kata, merci infiniment de ton aide. Je m’excuse de t’avoir dérangée. Je m’appelle Vivia. Vivia Lowine. Et, elle, c’est Luna. »

Le regard baissé, j’évitais le contact visuel direct. Je n’aimais pas déranger les gens pour ma petite personne. Ils avaient mieux affaire que s’occuper d’une ranger et de son pokemon qui fonce dans les murs. Inclinant la tête, les mains croisées devant moi, je continuais sur ma lancée. Peut-être un peu trop cérémonieux ? J’avoue que je ne suis pas la plus douée quand ça vient aux relations sociales.

« Je n’ai pas grand-chose à t’offrir, mais si tu as besoin de quoique ce soit, fais le moi savoir. C’est le moins que je puisse faire. »

Pensive, je considérais sérieusement sa proposition du bonnet. C’était mettre un plâtre sur une jambe de bois. Ca ne réglerait pas la source du problème, mais au moins, elle pourrait moins souffrir lorsqu’elle se prend des coups. C’était une bonne solution transitoire.

« C’est une bonne piste… A voir quel matériau utiliser pour bien absorber les chocs. »

Bon, faudrait que je me trouve un scientifique pour mettre cette idée en place. Où je m’y mets moi-même, mais je ne m’étais jamais penché outre mesure sur les sciences. Et j’avais jamais rien essayé de bricoler. Peut-être un jour, je m’y pencherai.

Ne pas l’aider ? HA. Non, encore de question. J’allais l’aider. C’était sûr et certain. Ou du moins, j’essayerai. Peu importe le temps que ça prendra, je lui rendrais service. (Quoique, avais-je vraiment besoin d’une raison pour aider quelqu’un ? )

« J’aime ta philosophie ! Oh ? Tu es aussi débutante ? Tu as l’air tellement à l’aise, je n’aurais jamais cru que tu débutais. »

Me grattant l’arrière du crâne, je riais doucement, quelque peu gênée, surtout que je ne le trouvais pas appropriée pour moi. Je ne crois pas que je suis réellement courageuse.

« Haha. Pas vraiment. Je sais que c’est bizarre, mais je trouve pas les cimetières spécialement flippants, ni les spectres d’ailleurs. Donc, c’est pas un souci. »

Pitié, pitié. Qu’elle ne me trouve pas bizarre. Pour une fois que je rentre quelqu’un de gentille avec moi malgré ma gourde, je ne veux pas qu’elle me rejette déjà. Bon, elle présentait son Vivaldaim. Truc… C’était… spécial… Bon, après un coup d’œil plus approfondi, Kata ne correspondait pas à une ranger typique non plus, particulièrement par la présence d’un fusil.

Clairement, j’étais la dernière personne à pouvoir juger la bizarrerie de quelqu’un. Elle avait surement une bonne raison d’avoir un fusil. Je suis sûre que quelques Biopokés me traiteraient de traitre, mais cela ne me choquerait pas vraiment qu’elle puisse chasser des pokemons. C’était le cycle de la vie et de la mort. En plus, elle ne semblait pas non plus être insensible à la douleur des pokemons. Alors même armée, elle pouvait rester une bonne personne.

Levant les yeux, mes yeux s’ouvrirent de surprise. Je ne connaissais pas du tout ce pokemon. N ? C’était vrai qu’il avait une forme faisant penser à un N. Souriante, je saluais les deux compagnons.

«Bonjour Truc. Bonjour N. Enchanté. »

Revenant à Kata, je pus voir Luna attirer par N. Elle avait trouvé un copain lévitant.

« Ils sont marrants les noms de tes pokemons. Mais, d’ailleurs, je suis pas experte sur le sujet, mais les Vivaldaims, ils ont pas censé avoir une fleur sur la tête ? »

« C’est un risque, c’est vrai. »

Cela dépendait, mais c’était possible que certaines âmes puissent rester après leur mort, particulièrement si ils ont eu une mort violente. Pour ça que je refusais même de manger des pokemons. Mais je préférais garder cette information pour moi. Les Biopokés n’étaient pas forcément appréciés.

Et quant au fait qu’elle est déjà tuée, je ne pouvais pas dire que cela me plaisait forcément. Je détestais la violence. Mais tout le monde n’était pas aussi sensible que moi. Le cycle de la vie et de la mort était naturel. Je n’allais pas lui jeter le premier racaillou… Je n’en allais jeter aucun même.

J’ai eu une réponse à ma question. Et, finalement, ce n’était peut-être pas la meilleure question à poser. Kata était responsable de l’état de Truc. Triste. Pour les deux. Je savais ce que c’était de transporter le poids de ses erreurs. Si j’avais su, je n’aurais pas posé la question.

J’avais ruiné l’ambiance. Kata venait de perdre de sa bonne humeur (et dire que j’avais réussi à lui plaire). Truc était même parti se réfugier dans son sac. Haaaa. Je me déteste.

« Pardon, pardon, pardon. Si j’avais su, je me serais tu. Je n’avais pas envie de vous faire remonter de mauvais souvenirs. »

Bon, je tente un truc ? Ou pas ? Allez, j’essaie. Tendant ma main, je la posais sur la chevelure rousse, l’ébouriffant. Mon geste était quelque peu maladroit, c’était vrai, mais le cœur y était. Je n’allais pas lui laisser avec sa culpabilité. Je ne pourrais probablement pas la faire disparaitre, mais au moins l’assurer que je ne l’accusais pas, pour ce que ça valait.

« Je trouve pas ça bizarre. La vie est ainsi faite. Et je te trouve très brave de t’occuper de lui. Même si certains penseraient du mal de toi, je vois que tu es quelqu’un de bien. Tu as du cœur ! Alors, essaie de pas trop t’en vouloir. »

Retirant ma main, je regardais sur le côté, quelque peu gênée. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’avoir des contacts physiques avec des humains. Jetant un coup d’œil à Luna, je remarquai ses vaines tentatives pour attirer l’attention de N. Ce n’était pas sa journée. Enfin, Luna pouvait du genre tétu. Alors elle se mit en tête de se poser devant l’œil de N. Elle allait attirer son attention qu’il (ou elle, aucune idée) le veuille.

Avec tout ça, je n’avais toujours aucune idée de qui était cette femme au chapeau. Elle devait probablement être quelqu’un de spécial si elle pouvait soigner une blessure par balle. En plus, c’était peut-être le surnom de quelqu’un d’important. Il fallait que j’évite les gaffes.

« D’ailleurs, qui est cette femme au chapeau ? Elle a l’air gentil. »

Câlin surprise ! Ha. C’était inattendu. Bon, je supposais que c’était ok si je la prenais à bras aussi, n’est-ce pas ? Bon, elle était plus petite, c’était plus simple. Je l’enlaçais. C’était donc ça de recevoir un câlin. J’avais beau prendre à bras Luna régulièrement, elle ne m’avait jamais fait de câlin. C’était pas mal, même si je devais admettre que je sentais le rouge venir. Parce que les gens nous s’observaient ? Ou juste à cause du contact ? Surement beaucoup de la première option saupoudrée de la deuxième.

En tout cas, elle semblait être contente de ce câlin. Hé bien, on était deux. La chaleur humaine était quelque chose d’assez agréable au final. Surtout quand je n’avais jamais connu que la froideur de la mort.

Quand Kata commença à parler de la dame au chapeau, il fut évident qu’elle était une sorte de modèle, une source d’admiration. J’enviais immédiatement Kata. Pas négativement, juste je voulais connaitre ça aussi. Cette femme semblait être aussi une personne très optimiste. Inspirante, encourageante… Elle ne semblait pas non plus qu’elle ait accablée Kata de tous les maux. Ce qui me titilla aussi était sa tenue. Ce n’était clairement pas une paysanne (et encore, ma mère aimait s’habiller chiquement alors que nous n’étions guère riche). Intéressant qu’elle est prise de son temps pour encourager Kata.

Cela me donnait envie de la rencontre. Peut-que j’en aurais la chance un jour ? Je l’espérais. Des yeux rouges, un oiseau de métal (un corvallius comme les taxis ?) et une fée à taille humaine… Je devrais pouvoir la reconnaitre facilement, non ? A défaut, d’avoir un nom.

« Tu l’aimes vraiment cette dame, hein ? »

Pas une question, c’était une affirmation.

« Je suis contente pour toi d’avoir pu trouver quelqu’un qui te motive. C’est toujours bon d’avoir un modèle aussi impressionnant. Je suis sûre que tu réaliseras de grandes choses, motivée comme tu es. »

Alors que nous étions en train de discuter calmement, nos deux pokemons psy étaient en plein jeu. Du moins, du côté de Luna. J’espérais que N ne le prenait pas trop mal d’être autant poursuivie. Mais cette course allait s’arrêter brusquement. J’ignore encore aujourd’hui comment c’est arrivé. Peut-être que N avait esquivé au bon moment, peut-être que Luna n’avait pu contrôler sa trajectoire, ou juste elle pensait pouvoir traverser les gens.

Finalement, peu importe. Parce que Luna venait de me foncer directement à l’arrière de mon crâne. Premier instant, la surprise. Deuxième instant, la perte d’équilibre. Troisième instant, mon front sur le sol. Quatrième instant, la douleur. Cinquième instant, moi qui rougit, encore. Et pour finir, Luna qui se pose sur ma tête.

« Sépia ? »

Finalement, je vais acheter des casque pour nous deux.