Saison Un

: Obscure Prophétie

Vie de grotadmorv. Pendant quelques instants, je ne bougeais pas. J’espérai que, en restant immobile, tout le monde m’oublierait ou que le sol m’engloutirait. Evidemment, cela ne se passa pas. J’entendis un ricanement de Kata. C’était à prévoir, la situation devait être drôle. Mais elle ne me laissa pas dans ma misère. Elle me tendit une main.

Relevant la tête, je la regardai un peu hébétée. Elle me tendait la main… Pour de vrai ? J’approchai la mienne et elle m’aida à me relever. Pas de blagues ? Pas de coup en traitre ? Mes yeux se remplirent de joie et de surprise. C’était décidée, je la considérai comme une vraie amie (trop tôt, vous dites ?). A son questionnement, mon expression passa à l’inquiétude.

Avec ma chute, j’avais totalement oublié Luna. Je la sentais sur ma tête. L’attrapant, je la retirai de ma tête pour l’examiner. Pitié, faites qu’elle ne soit pas blessée en se cognant sur la tête. Rapide coup d’œil. Pas de dégât visible ! Ouf. Le soulagement se lisait sur mon visage.

« Ha, tu n’as rien. Tu es sûre que ça va ? »
« Sépia. »

Un tentacule se pose sur mon nez un instant. Alors qu’elle retirait son membre, je pouvais y voir du sang. Je voulais bien qu’elle pouvait avoir mal, mais au point de saigner. Et puis je compris. Je saignais du nez. Faut dire, je me suis pris le sol directement dans la face. Prenant un mouchoir dans ma poche, j’en déchire un bout que je me mets dans le nez. J’avais une belle tête de vainqueur maintenant.

«Je suppose qu’on s’en sort pas trop mal ? »

Je rie un peu, mais au fond, je suis morte de honte. Comment pouvait-on enchainer les malchances à ce rythme ? Enfin, ça aurait pu être pire. Au moins, je ne suis pas toute seule. Alors qu’elle continuait de parler, je me demandais si Kata parlait de Luna ou de moi actuellement ? Bon, c’était sûrement involontaire… Secouant la tête, je niai son hypothèse.

« Je ne crois pas. Des fois, lorsque je rentre ou sors d’un bâtiment, elle se prend les murs. Et je crois qu’elle vise elle-même le mur. J’ai l’impression qu’elle pense qu’elle peut passer à travers… Je sais, c’est bizarre, mais on s’est bien trouvée ! »

Toujours plus débrouillarde que moi, Kata me rappelle la mission. C’est vrai que j’étais venue pour ça au début. Bon, je pensais aussi que ça allait être réglé en deux secondes, mais ça avait un peu tourné autrement. Me penchant, je ramassais le papier.

« Oh ! Tu as raison. Merci ! Tu es ma sauveuse du jour. »

Un coup d’œil et je vois Truc qui sort sa tête. Oh, à première vue, il était sorti observer le bazar que j’avais mis. M’approchant, je m’inclinais vers lui.

« Pardon d’avoir été aussi peu délicate. »

Si j’avais des baies, j’aurais pu lui en donner… Note à soi-même. Toujours avoir des baies. Mission en main, je me rendais jusqu’à la femme qui allait m’inscrire. Bon, elle devait surement croire que j’allais juste décéder en faisant une mission, au vu du piètre spectacle que j’avais pu offrir.

« Bonjour! J’aimeraisbeaucoupm’inscrireàcettemission,s’ilvousplait. Mercibeaucoup ! »

J’avais parlé un peu vite, juste un peu. Mais j’étais au bout de mes forces. C’était l’épreuve le plus dur de ma vie. Si au moins je n’avais pas attiré l’attention de tout le monde, ça aurait été plus facile. Mais là, trop de pression. Allez, plus que quelques pas et, enfin, la liberté !

Bon, ce Vivaldaim semblait compliqué à comprendre. J’étais incapable de savoir si il me boudait encore ou s’il m’avait pardonné. Rha, c’était à me rendre folle. Je n’aimais pas quand les gens avaient encore une dent contre moi. Je voulais trouver une solution, mais je ne préférais ne pas insister (pour le moment).

« Haha, désolée. Ma faute. »

Mi-rire, mi-gène. Si ça avait pris aussi longtemps, c’était essentiellement par la succession de malchance qui s’était abattue sur moi. Mais on avait enfin nos missions ! Moi, j’avais le cimetière et Kata avait… Elle avait pris quoi d’ailleurs ?

« Je ne pense pas. J’aimerais d’abord explorer un peu plus Fricke et le cimetière. Pour me familiariser avec les lieux. Je préfère que les spectres s’habituent un peu à moi avant d’enquêter. Mais sinon, tu as choisi quoi ? »

Je devais avouer que j’étais assez curieuse. Les missions que je voyais n’étaient pas adressées aux débutantes comme nous deux. Elle avait peut-être trouvé une des dernières missions acceptable pour nous …

Maintenant que nous étions dehors. Je me sentais libérer d’un poids. Nous n’étions que deux filles au milieu de la foule. Pas de regards curieux ou accusateurs. Luna avait quitté mes bras pour se poser sur ma tête. Elle n’avait manifestement pas envie de léviter. Je préférais ça à ce qu’elle voltige et fonce sur un passant. J’avais eu ma dose de honte pour la journée.

« Cochignon ? Tu continues par là. Tu arriveras à la Promenade des Galarois. Là, prends le sentier à gauche. Si tu vas tout droit, tu finiras dans la grotte givrée. Au bout du sentier, tu arriveras à Cochignon. Je crois que tu pourras d’économiser un voyage en taxi, ahah. »

Et la réponse à vos question est « non, je n’ai jamais mis les pieds à Cochignon ». J’avais juste étudié la carte de la région par cœur. Alors, oui, j’aurais pu juste prendre une carte, mais je préférais ne pas dépendre d’un bout de papier, surtout que ça ne m’avait pas pris tant de temps que ça à mémoriser. Je ne m’en vantais pas.

« Alors tu comptes partir tout de suite ou tu vas rester un peu à Fricke ? »

D’après ce que j’avais lu sur Fricke, c’était une ville assez accueillante, mais j’ignorais si c’était le truc de Kata, ce genre de ville aussi riche. Elle m’avait l’air plutôt d’aimer la simplicité. Je sais, ce n’était pas bien de juger à l’apparence. Après tout, elle pouvait très bien me surprendre.

Surveillance d’un musée ? J’espérais pour elle que ça allait bien se passer. Personnellement, ça sentait les fantômes cette histoire. Après, ça ne devait être que mon imagination. Pas la peine d’effrayer Kata avec ce genre de pensées négatives… Surtout si elle n’était pas à l’aise avec les spectres. Ca n’arrangerait rien à l’histoire.

Elle avait pris sa décision. Elle allait partir. J’étais un peu triste, je ne pouvais le nier. Cela me faisait du bien de parler avec quelqu’un qui ne me jugeait ou qui ne me désignait pas que comme la folle qui parle avec des fantômes. Semblant lire dans mes pensées, elle me promit que nous nous révérerons.

« J’espère bien ! Je croise les doigts pour ta mission. A la prochaine alors. »

Et la voilà qui s’éloignait déjà. Bien vite, elle fut engloutie dans la foule. Se revoir ? J’aimerais qu’on puisse se revoir. Peut-être qu’elle pourrait même me considérer comme une amie ? Cette idée me donnait des papillusions dans le ventre. Ce serait génial ! Mais je secouais la tête.

Non, ressaisis-toi Vivia. Tu sais parfaitement ce qu’il se passe quand on reste trop longtemps avec toi. Le meilleur pour elle était encore qu’elle ne me recroise plus. J’étais une vivante qui marchait parmi les vivantes. Je ne devais pas la plonger dans mon monde, surtout si elle avait peur des spectres. Me retournant, je partis vers le cimetière.

« On y va Luna ? On a une mission à accomplir ! »

Luna, égale à elle-même, me regarda les yeux interrogateurs. Elle avait perçu l’émotion qui transperçait ma voix, mais elle n’en comprenait pas la raison. Aucune importance, je n’allais pas l’étouffer avec mes états d’âme. Respirant un bon coup, je partis vers ma mission. J’allais régler ce problème de cimetière, quoiqu’il m’en coute.