Saison Un

: Obscure Prophétie

Alors qu'elle foulait la terre meuble du sous-bois, Lizbeth eut une petite pensée satisfaite pour ses bonnes habitudes. Beaucoup de ses consœurs scientifiques semblaient oublier que l'utilité première des chaussures était de pouvoir marcher, plutôt que tenter d'embellir la silhouette avec des talons et des modèles tout sauf pratiques. Sans doute un reste de son éducation kedaloise, mais la jeune femme dédaignait ces manières  à ses yeux futiles, au manque de pragmatisme flagrant. D'autant plus lorsque les crampons de ses bottes à elles, loin d'être laides mais indéniablement pratiques, s'enfonçaient dans l'humus glissant du parc. Les lueurs de son Motisma jetaient sur le visage de la jeune femme des reflets colorés. D'un geste elle le rappela à l'ordre. Un peu récalcitrant, son compagnon s’exécuta pourtant et voleta bien à coté de sa maîtresse, alors que tous deux progressaient sous les arbres.

- Reste près de moi Joeboy, allez.

Le Professeur Snappy avait un assistant similaire, aussi espérait-elle mettre quelques pokémons en confiance. Snappy... Quelle situation tout de même, ne put s'empêcher de se dire encore une fois Lizbeth. Tout cela était d'autant plus alarmant que, alors que les bases venaient d'être posées pour un plan d'action vis à vis du problème des Mines, la communauté scientifique se retrouvait soudain privée d'un de ses membres les plus importants. Une véritable tragédie quand on mesurait l'importance des répercutions... C'était d'ailleurs à cause de cela que la jeune femme était là, un gros sac de nourriture sur l'épaule.

Une fois l'incident clos, et la tâche ardue de retrouver le kidnappé remise entre les mains des autorités compétentes, presque personne n'avait eu la présence d'esprit de se soucier du laboratoire. Un remplaçant avait été appointé, quelques mesures de sécurité prises, et sans plus. Lizbeth était la seule à être venu voir comment il s'en sortait. Enfin, presque la seule... Et malheureusement les choses semblaient ne pouvoir que s'empirer après le terrible enlèvement.

- Il a l'air bien gentil ce Jack, oui... Gentil, quoi... Il aime les pokémons cela dit, normalement ça devrait aller pour lui...

O'Lope n'avait clairement pas impressionné la frêle blonde par son intellect, elle devait l'admettre. Un bon bougre, indéniablement, et un amoureux des pokémons à n'en pas douter. Mais ce serait mentir que de nier qu'elle aurait préféré quelqu'un à l'air plus compétent. Le jeune homme semblait si peu assertif, si hésitant, qu'il était pour elle difficile de lui faire confiance. Lizbeth n'en était cependant pas au point de refuser son aide, oh non. Vu l'état dans lequel le parc était, c'eut été assez gonflé de toute façon. Déjà que la jeune femme n'était pas là de gaieté de cœur...

- Quand même, peut-être que j'aurais dû aller dans la zone aquatique. Quoique non rien à faire, je ne serais pas aussi à l'aise dans l'eau. Oui, oui, j'ai bien fait. Enfin...

Avec ses marmonnements incessants, la frêle blonde était au moins sûre de rendre son arrivée bien évidente. On n'avait pu lui dire très précisément les pokémons qu'elle pourrait rencontrer, seulement qu'il y avait beaucoup de types Insecte et Plante. Joeboy n'était donc pas l'idéal, si les choses venaient à devenir violentes, mais Lizbeth n'était clairement pas ici pour électrocuter du bestiau. Et surtout espérait qu'elle n'aurait pas à en venir là... Autour d'elle, la forêt se faisait plus dense, les arbres plus hauts, et certains troncs arboraient des marques plus ou moins profondes sur leur écorce, signe d'activité. Un cri retentit sous les cimes, suivi d'une volée d'autres exclamations accompagnant des bruits de percussion qui résonnèrent sourdement. Décidément, ça s'agitait. La jeune femme ouvrit son sac et répandit un peu de nourriture sur le sol, comme lorsqu'elle nourrissait les Poussifeux à la ferme.

- Hrmm... Allez allez, si vous avez faim venez ! Allez allez !

Lizbeth n'eut pas à attendre longtemps pour que les premiers occupants du parc ne se montrent. Sortant des fourrés dans un concert de petits cris, des Mystherbes, la plupart encore encroûtés de la terre humide dont ils venaient probablement de sortir, accoururent et entamèrent férocement une partie des victuailles répandues au sol. Et alors que rampaient prudemment quelques Chenipottes, Chenipans et Lépidonilles, un vacarme bien particulier se fit entendre entre les branches de la forêt, se rapprochant de plus en plus. Prudente, la jeune femme continua d'avancer, lançant encore un peu de nourriture un peu plus loin, pour que les pokémons qui semblaient de plus en plus nombreux n'aient pas à se retrouver trop près les uns des autres.

Des arbres dégringolèrent bientôt tout un groupe de Ouistempos, dont les hurlements bruyants s'ajoutaient au martèlement excité des bâtons qu'ils tenaient dans leurs petites pattes. Sans avoir eu à faire avec ces petits singes auparavant, la scientifique en savait assez pour éviter de les faire attendre trop longtemps, et leur jeta de généreuses poignées au pied du hêtre qu'ils venaient de descendre. Le grand Badabouin qui menait cette bande, jeta un regard distrait à la blonde alors que, tout absorbé à sa tâche, il faisait pleuvoir les coups sur le pauvre tronc, ses petits congénères attendant patiemment qu'il se mette à manger le premier.

- Pas de bêtises hein... À manger pour tout le monde, et tout le monde est content. Allez Joeboy, vient.

Aussi curieux que nerveux, le Motisma de Lizbeth récoltait de nombreux regards de la part des pokémons du parc. Ils avaient presque tous l'habitude de celui du Professeur Snappy, après tout. Avec le boucan des petits singes, de plus en plus des résidents du parc affluaient vers la jeune femme, qui poussait elle-même quelques exclamations de temps à autre avant de jeter à droite à gauche de la nourriture. Sans doute pas la méthode la plus attentionnée, certes, mais aucun des résidents à poil, à écailles ou à carapace de l'endroit ne la connaissaient. Dans ces conditions, toute proximité pouvait s'avérer... risquée.

Pour le moment tout se passait bien. Arrivée dans une clairière dégagée, la jeune femme repéra un nombre assez conséquent de différents cocons, avec chaque espèce dans son propre petit coin. Et un bourdonnement clairement perceptible lui fit savoir que des Dardargnans patrouillaient juste au dessus de sa tête. Se rapprochaient, même. Joeboy tenta de jouer les durs, et se gonfla d'étincelles bleutées. Lizbeth le rappela vivement à l'ordre.

- Du calme Joeboy !

Et d'un mouvement rapide, elle piocha dans son sac et lança ce qu'elle pouvait à sa droite, avec une trajectoire suffisamment en cloche pour que les gros insectes les repèrent aisément. Après une terrible seconde d'hésitations, les pokémons bourdonnants fondirent sur la nourriture et se mirent à la ramener vers les Coconforts. La frêle blonde n'aimait pas la situation, aussi trottina-t-elle sur toute la périphérie de la clairière, distribuant quelques poignées à chaque petit groupements, que les formes volantes se soient montrées ou non. Vu les quantités, elle osait espérer que les premiers arrivés n'allaient pas essayer de tout s'accaparer. Et alors que le ciel de la trouée se remplissait de plus en plus de bruits d'ailes membraneuses ou poudreuses, Lizbeth continua prestement son chemin avant de se retrouver entourée par les essaims.

- Il reste encore ceux qui vont près de l'eau. Hum... J'espère qu'il n'y a pas de soucis avec des Tortipousses ou des Bulbizarres...

Vu ce qu'on avait pu lui dire malheureusement, la scientifique craignait que quelques pokémons ne s'amusent à faire de la pêche au fouet-liane... Elle avait encore du chemin avant d'arriver à la lisière avec l'eau, cependant.

Un détail se faisait de plus en plus sentir pour Lizbeth, alors que son pas soutenu la conduisait à nouveau sous le couvert des arbres, et que le chemin se faisait plus accidenté et tortueux, dans une descente mesurée menant jusque, apparemment, une assez large étendue d'eau. Un détail dont elle avait eu conscience dès le début , mais qui se révélait de plus en plus problématique. Un détail quelque peu gênant. Elle n'avait pas eu la possibilité de se changer avant de partir crapahuter ainsi, d'enfiler un pantalon, quelque chose de plus pratique. Non, elle était toujours en jupe, une belle jupe crayon grise. Et, alors qu'elle manqua de trébucher avant même que le sentier ne se gâte, ce tissu qui l'empêchait de mettre ses jambes comme elle l'entendait devint à ses yeux une vraie plaie.

- Allez quoi, je ne vais quand même pas me promener culotte à l'air maintenant...

Même si l'idée ne lui plaisait guère, peut-être devrait-elle s'y résoudre. Une nouvelle brassée de nourriture répandue plus tard, que des Aspicots s'empressèrent d'entamer avec appétit, et la jeune femme s'engagea dans la descente, Joeboy passant devant elle dans un effort aussi bienvenu que peu efficace, pour la guider et l'aider à trouver de bons appuis. Barré de racines apparentes et raviné par les eaux de ruissellement, le terrain n'était pas une partie de plaisir. Comme pour se moquer de Lizbeth et ses difficultés, deux Grainipiots passèrent non loin d'elle en roulant gaiement. La scientifique fit une petite pause, tenta en vain de retrousser sa jupe pour prendre sa marche plus facile, reprit la route en soupirant, cahin-caha. Sa progression était particulièrement lente, dans ces conditions. La frêle blonde jetait de fréquents coups d’œil aux alentours, mais le chemin prenait une bonne part de son attention. Un gros arbre creux attira son regard en contrebas, brouillé par tout un escadron d'insectes qui s'affairaient autour.

- Bon, allez... À ce rythme-là je ne vais jamais... Ah !

Lizbeth se prit le pied sur un gros caillou, et tomba en avant dans une chute effarée. Elle se rattrapa presque miraculeusement grâce à une branche, alors que Joeboy s'affolait en vain autour de sa maîtresse. La jeune femme, les genoux un peu tremblants de la chute tout juste évitée, souffla quelques secondes, les yeux posés sur ses pieds, et ne remarqua pas tout de suite le bourdonnement croissant. Il fallut que son Motisma la picote d'un air pressant pour qu'elle relève la tête.

- Oh non...

Les habitants de l'énorme souche était des Apitrinis, manifestement. Et la pierre sur laquelle sa botte avait butté avait dégringolé et heurté leur ruche... Des ouvriers furieux s'agitaient déjà pour réparer les dégâts, et d'autres... D'autres semblaient avoir fait le rapport avec l'inconnue qu'elle était. Et ils n'étaient pas contents du tout. Aïe. Lizbeth n'avait plus trop le choix si elle voulait éviter les ennuis, maintenant.

- Joeboy, on fonce !

Retroussant complètement sa jupe, la jeune femme prit ses jambes (dénudées) à son cou, et courut aussi vite que possible dans la descente, culotte au vent et les Apitrinis aux trousses.

Quelques branchages malvenus lui fouettaient de temps à autre le torse alors que Lizbeth dévalait la pente, glissant, sautant, courant au gré du terrain accidenté de la butte forestière. Pour un peu la jeune femme se serait crue de retour en enfance, à jouer dans les bois des alentours de Kedal avec ses frères et sœurs. Le bourdonnement furieux qui la suivait, cependant, aurait effacé toute trace de nostalgie heureuse. Joeboy fonçait devant elle, la guidait du mieux qu'il pouvait entre les arbres, et se retournait de temps à autre pour jauger un peu de la déterminations des Apitrinis qui les poursuivaient. Et malheureusement, ils le lâchaient pas l'affaire, et les talonnaient d'un peu trop près.

La scientifique n'avait même pas eu le temps de leur donner à manger avant que les choses ne prennent un bien vilain tournant. Peut-être étaient-ils un peu trop en manque de pollen et de nectar pour réagir avec plus de retenue, qui sait. Au vu de la situation actuelle, la jeune femme ne se voyait pas se contorsionner pour leur envoyer de la nourriture, dans l'espoir qu'ils ne prennent pas avantage du moment pour la rattraper et la barder de piqûres. Et elle ne se ridiculisait pas à sprinter ainsi, la jupe remontée jusqu'au nombril dans la forêt, pour se faire avoir de façon aussi stupide.

L'orée du bois, qui semblait de plus en plus proche jusqu'à présent, apparut clairement sur la droite de Lizbeth sous la forme d'une éclaircie brusque, laissant apercevoir des eaux bleues dont les remous miroitaient sous les rayons du soleil. Sous les indications de Joeboy, la jeune femme fit un brusque virage, dérapa un peu dans l'humus dans la manœuvre, réajusta fébrilement le sac à son épaule en courant. Quelque chose avait l'air de barrer la route... Un filet ? L'obstacle disparut avant qu'elle ne puisse bien le voir. Au passage, elle crut sentir que quelque chose tombait de sa besace, mais n'y prêta pas plus attention alors qu'elle courait hors du couvert des arbres.

Le sang battait à ses tempes sous l'effort, aussi mit-elle quelques secondes à entendre les cris de son Motisma, qui s'agitait furieusement devant elle. Difficile de comprendre ce qu'il voulait dire à sa maîtresse, mais le pokémon prit les devants, et  la percuta franchement dans un flash électrique, l'arrêtant  nette, presque jusque la projeter au sol.

- Eh ! Qu'est-ce que tu... Oh.

Derrière elle, les Apitrinis semblaient finalement avoir abandonné leur poursuite bloqués par ce qui était bel et bien un filet, et s'affairaient à ramasser elle ne savait quoi par terre... Ou plutôt, si, elle savait quoi. Elle avait fait le mauvais choix... Sans quitter les insectes des yeux, Lizbeth agrippa la sangle du sac, l'amena jusque son autre main, et lança un peu plus de victuailles jusqu'aux pokémons.

- Sans rancune hein ! Huh... Quelle idiote tout de même, franchement... Mais courir le risque de... Ah... Je n'aime pas ce genre de situation...

Un peu trop absorbée par ses réflexions marmonnées, la jeune femme mit quelques longues secondes à se rendre compte de la situation dans laquelle elle se trouvait. Une main sur ses hanches où reposait le tissu remonté et tire-bouchonné de sa jupe, la frêle blonde observa les alentours, et repéra enfin la grosse plante, ou plutôt ce qui y ressemblait.

- Une... Une Lillia ? Merci beaucoup, mais qu'est-ce que tu fais là... Oh.

Joeboy pépiait à ses oreilles dans un mélange d'excitation et d'hilarité, mais permit tout de même à Lizbeth de tourner la tête pour apercevoir celui qui se tenait sur la berge du plan d'eau. De son regard calme, la jeune femme inspecta le jeune homme des pieds à la tête, avant de se rendre compte de sa propre situation. D'un geste brusque, elle cacha ce qu'elle put du sac qu'elle avait encore en main, détourna les yeux en rosissant quelque peu, et pas uniquement à cause de l'effort physique récemment fourni.

- Hrm... C'est, ce... Enfin... La Lillia est à toi je crois, Jack ? Oui Jack, c'est bien ça... C'est euh, enfin, merci beaucoup pour ça, j'ai eu... un petit problème. Joeboy, tais-toi.

Loin de s'arrêter, le Motisma avait l'air prêt à tomber par terre tant tout cela lui paraissait comique, et riait aussi fort qu'il le pouvait. Heureusement que ce petit pokémon n'avait pas une machine appropriée à sa disposition, où il aurait fait un chambard de tous les diables. Plus gênée qu'agacée, Lizbeth commença à descendre sa jupe comme elle le pouvait d'une seule main.

Malgré son débit bredouillant, Lizbeth semblait d'une assurance démesurée en comparaison de Jack, qui peinait à boucler ses phrases tant il était intimidé. Ou gêné, ou même les deux, au vu de leur situation. Mais pas au point de ne pas jouer les pointilleux sur le choix des mots de la jeune femme, bien évidemment. La blonde n'avait pas côtoyé son très jeune confrère bien longtemps, mais cela avait été suffisant pour remarquer que ce gringalet était d'un caractères plus complexe qu'il n'y paraissait. Loin de la pusillanimité qu'on pourrait lui attribuer de prime abord, lui et ses manières pleines d'un inconfort profonde et d'une incapacité notoire à recevoir l'attention d'autrui, le petit brun savait ce qu'il pensait, ce qu'il voulait et se donnait les moyens de le faire. Ou du moins, il faisait de son mieux.

Il n'empêchait que, à ses yeux, la distinction qu'il voulait opérer était purement nominale. Que Jack parle de "poké-assistant" ou autre chose, restait que la relation entretenue était fondamentalement asymétrique, qu'il le veuille ou non. Et quel mal y avait-il à cela, après tout ? Inégale n'était pas inéquitable, et les deux partis pouvaient tout à fait trouver leur compte. Enfin. Toute cette petite réflexion était bien utile à Lizbeth pour faire retomber sa propre gêne alors qu'elle retrouvait une apparence plus décente. Ignorant la chemise humide qu'on lui tendait, entre autre parce qu'elle aurait dû faire au moins un pas ou deux pour l'atteindre, la jeune femme s'ébroua en lissant d'une main délicate le tissu de sa jupe sur ses cuisses enfin couvertes.

- Hahem, je... Je pense avoir fini la forêt, pour ma part. Je me demande si le parc ne souffre pas de surpopulation d'ailleurs, mais c'est un autre sujet... Mais pour revenir à ce que tu as dis plus tôt, je ne pense pas qu'être aussi dur avec le remplaçant de Snappy soit très juste. Tout le monde a été pris de court par les événements, s'il est coupable de quelque chose, c'est surtout de ne pas s'être rendu compte suffisamment vite de l'ampleur de sa tâche. D'une certaine façon, la faute revient aussi à ceux qui ont estimé qu'une seule personne pourrait s'occuper de tout cela. Enfin, une seule autre que le Professeur...

Le fond de sa pensée, c'était aussi et surtout que, il fallait bien le constater, la communauté scientifique de Mistral, et les autorités par la même occasion, avaient une fois de plus fait la démonstration de leur incompétence notoire, puisque Jack avait prononcé le mot. En l'occurrence, une sécurité à la défaillance pour le moins effarante... Mais Lizbeth garda ce sujet dans un coin de son esprit pour se concentrer sur des affaires plus présentes. On venait de lui proposer quelque chose de curieux et d'intéressant.

- Oui en effet, oui... L'isolation et l'imperméabilisation ne devrait pas poser trop de problèmes, mais... Je pense que des appareils totalement mécaniques n'est pas une solution idéale si l'on veut un coût de maintenance faible. Une horloge, même bien conçue, doit être régulièrement remontée ou elle ralentira puis s'arrêtera inévitablement. Mais un design disons "hybride", par exemple... Huh, oui... Quoique, on accumulerait les pertes... Hum... Non, ça doit être largement suffisant même avec une efficacité énergétique réduite. Hahem... Donc !

La jeune femme, qui jusqu'à présent avait parlé plus pour elle-même que pour son comparse, releva la tête et chercha le regard de Jack.

- C'est une bonne idée oui ! C'est peut-être un peu... Enfin... Original, mais je pense qu'un système mettant à profit les résidents du parc pourrait être la clé. Ce que nous voulons faire, pour être grossier, c'est une horloge mécanique à distribuer de la nourriture, n'est-ce pas ? Les pokémons auront rapidement compris que c'est cette chose qui leur fournit à manger. Et ils sont intelligents, mais pas omniscients. Nous pourrions donc avoir un système de leurre, quelque chose sur lequel, moyennant l'incitation appropriée, ils pourraient appuyer, ou frapper, permettant ainsi de donner l'impulsion mécanique nécessaire à remonter le contrepoids. Est-ce que concevoir cette partie rentre dans tes compétences, Jack ? J'ai cru comprendre que le comportement des pokémons était une de tes spécialités...

Joeboy, enfin calmé, voletait de-ci de-là autour d'eux, bien guilleret après le moment de franche rigolade qu'il venait d'avoir. Sa maîtresse l'était aussi d'ailleurs, guillerette, revigorée par cette suggestion inattendue qui lui donnait du grain à moudre.