Saison Un

: Obscure Prophétie

Elle profitait autant que moi. Elle ria même quand je lui assénais un coup. A quel plaisir de donner coup pour coup. Poing contre pieds. Intense. Magique. Par contre, le combat commençait à ennuyer nos pokemons. A vrai dire, le seul bruit était celui de notre combat, la parquet qui grince, se brise. Le son de nos souffles, la rencontre de nos coups.

Balaise ? Seulement maintenant qu’elle le remarquait ? Toi aussi, tu l’étais. Forte, résistante. Je m’étais posée une question en rentrant ici. Était-elle celle que j’attendais ? Oui. Elle l’était la rivale que j’avais toujours voulu. Une personne qui pouvait me comprendre, qui connaissait la sensation d’être au-dessus des autres, isolés.

Elle m’attrapait par le top, un moment d’inattention. Un coup de boule. Le choc me sonna. Je vis des étoiles. Je commençais à faiblir. Pas bon, ça. Mais je ne m’avouerai pas vaincu. Me servant de mon bras comme centre de rotation, j’effectuais un cercle parfait, enserrant son cou entre mes jambes. Je pouvais voir ses yeux rouges de plus près. Je lui adressais un léger sourire.

« On s’amuse bien. »

Mes deux mains s’abattirent sur ses oreilles et j’enserrais sa tête avec tout mon corps. Si elle ne tombait pas, je risquais d’avoir du mal à tenir avec ma tête en compote. Je ne réfléchis plus. Je sers. Qui tombera première ? Elle ? Moi ? Nous deux ? Peu importe, on s’était bien marré.

Une étreinte puissante. Je sentais ses bras puissants enserrés mon corps, compressant mon dos. Ma tête tournait, ma tête tanguée. Je sentais le sang battre mes tempes, ma cage thoracique se serrait. Elle commença à perdre l’équilibre. Elle tombait à genou. Juste tenir encore un peu. Juste un peu. Elle chutait. Mais nous restions enserrées, obstinées.

Au loin, j’entendis les murmures inquiets des spectateurs et la voix de Lior. Repos… Je desserrais mes jambes comme elle desserrait ses bras. Je tombais sur le côté, sans essayer de me dégager, sa tête restant ainsi posé sur une de mes jambes pendant que mon autre jambe trainait encore sur son torse.

Reprenant une respiration régulière, j’essayais de calmer la douleur que je ressentais dans mon crâne, ma machoire, mon plexus, mes mains, mes pieds. Je vérifiais également que je n’avais pas été trop loin avec Lior. Mais elle respirait. Toujours couchée sur le côté, je vis sa main se lever vers moi. Je la saisis, la serrant.

« Egalité. »

Constat pour moi. Personne n’avait gagné le combat. Mais je me sentais infiniment plus gagnante que si j’avais réussi à la battre. C’était une victoire pour moi. Une victoire contre l’ennui qui me rongeait jour après jour.

Dans tout cela, nos pokemons furent assez surpris. La bataille était fini et le résultat dut surprendre les deux. Du moins, Minerva fut surprise que je me retrouve dans cet état. Elle était déjà auprès de moi, lançant un regard mortel vers Lior. Et alors qu’elle allait m’aider à me relever, je l’arrêtais d’un geste mou.

« Je peux me débrouiller. »

Difficilement, je me retirais, faisant attention que la tête de Lior ne claque pas sur le plancher (même si ce n’était pas ça qui allait lui faire mal). M’asseyant en indien, je reçus ma veste de Minerva. Je lui lançais un regard interrogateur et elle me désigna mon torse. Ha… Oui, une partie de mon top était arraché et mon soutien-gorge était visible. A première vue, elle voulait conserver ma pudeur (mais vu la gueule de mon sous-vêtement, il n’y avait rien de bien affriolant). Quoiqu’il en soit, la seule chose qui était révélée était une énorme cicatrise qui faisait tout le tour de mon épaule.

« J’ai la dalle… On se mange un truc ? »

Ouais, j’étais épuisée. Mais j’avais surtout la dalle !

Quoi ? Ses joues venaient de rougir ? Hm, je n’étais pas vraiment sûre. Ca devait être mon imagination. Aucune raison qu’elle rougisse de cette proposition. Je devais juste encore avoir la tête un peu embrouillée. Quoiqu’il en soit, elle accepta avec joie. Parfait. Qui pouvait résister à l’appel de la nourriture après tout.

Alors qu’elle lâchait un amphinobi, je finis par me lever. Je n’étais pas au mieux de ma forme, mais je survivrais. De toute façon, j’étais très heureuse en ce moment… Si je vous jure… Malgré ma poker face. Par contre, rapide coup d’œil à Minerva me confirma un soupçon. Elle n’était guère ravie.

Alors que Lior donnait des instructions, je m’approchais de mon plus proche pokemon. Je mis ma main sur sa tête, la gratouillant. Je n’avais guère envie de manger avec Minerva si, à chaque instant, elle risquait de se jeter sur ma nouvelle amie. D’une voix très douce, qui contrastait à mon ton indifférent, je lui expliquai mon point de vue.

« Ecoute, je t’obligerai jamais à rien. Mais j’aimerai passer un peu de temps seule avec Lior. Je t’empêcherai pas de venir, mais tu sais ce dont j’ai envie. »

A contre cœur, elle acquiesça. Elle connaissait très bien mes émotions. Elle savait ce que je voulais et je savais qu’elle voudrait me plaire avant de satisfaire ma jalouise. Surtout lorsque j’avais réellement envie de quelque chose.

« Reste avec eux et apprends à faire connaissance ou amuse-toi avec eux. »

Elle regarda les deux autres pokemons, peu satisfaite. Bon, j’espérais qu’elle n’allait pas non plus défouler toute sa jalousie sur les deux autres pokémons. Car ils avaient beau être forts, Minerva était à un autre niveau et son niveau d’artiste martial était proche du mien.

Laissant ma veste sur place, je ne me couvrais pas. De toute façon, avec ma tenue, une veste aurait vraiment eu l’air bizarre. Tant pis, les gens verront ma cicatrice. Ce ne sera pas un gros problème. Donc, viande ? Ouais, je validais.

« Va pour de la viande. Je te laisse choisir l’endroit. »

Son arène, sa ville, son choix. Même si j’avais parcouru tout le pays, des dizaines d’endroits différents et des centaines d’endroits de restaurations, Lior devait surement connaitre les meilleurs endroits. Alors que nous sortions, je la laissais nous guider.

« En tout cas, tu as pas volé ta réputation. C’est cool de rencontrer quelqu’un de ton niveau. Ca me change des faiblards habituels. »

Une réputation qui n’avait cessé de grandir. Elle était devenue une espèce de légende. Le corps de diamant. Je n’avais pu la briser totalement. Et ça c’était la meilleure des récompenses.

Avec notre duo spécial, les passants nous jetaient des regards quelques peu intéresser et intriguer. Ca ne devait pas être tous les jours qu’ils voyaient deux femmes aussi bien bâties.

Se réjouir d’être blessée et d’avoir des bleus. Elle souffrait bien du même problème que moi. Aucun adversaire n’avait dû la faire trembler depuis des lustres. Elle était bien comme moi, expression en plus cependant. Pendant un instant, j’eus envie de sourire et lui offrir une tape amicale sur l’épaule, mais j’étais restée de marbre. Vieille habitude.

Et, finalement, la question fut posée. Ma cicatrice. C’était vrai qu’elle était assez conséquente. Elle avait failli me couter mon bras, voir ma vie. Sacrée histoire, mais elle avait eu un très bon dénouement.

« Je me suis fait ça peu après être rentré au conseil. Il y a une carchacrock qui bouffait des gens. Alors je suis allé pour l’arrêter et elle s’est jeté sur moi pour m’arracher le bras. Mais bon, je lui ai crevé un œil et je l’ai balancée d’une falaise. M’enfin, maintenant que je l’ai matée, elle est devenue un compagnon puissant. »

Oui, même si je devais la tenir à l’œil avec son instinct de chasse. Elle n’était pas vraiment du genre sociale ou amicale, mais elle restait puissante, c’était indéniable. Et enfin, voilà le resto. Oh, que rien d’extraordinaire aux premiers abords, mais il ne fallait jamais se fier aux apparences. Buffet à volonté… Pauvre gérant. Surtout quand j’entendis sous commentaire. Lior était aussi une grosse mangeuse. Okay, il n’était définitivement pas prêt pour ce qu’il allait suivre.

Hmm, tellement de choix de nourriture. Et beaucoup de viande. Ca avait l’air succulent. Ouais, il risquait de faire faillite là. Mais bon, il n’avait qu’à faire de buffet à volonté aussi. Quelle idée ! Adressant un simple geste de la main comme salut, je me dirigeais vers le tapis roulant.

Par où commencer ? Du grotichon ? Du Frison ? Du Tauros ? De l’étourmi peut-être ? Je regardais les assiettes avancées. Sans trop savoir le meilleur. Léger coup de langue sur mes lèvres, signe d’appétit, je me retournais vers Lior.

« Tu sais comment me plaire. »

Je prenais déjà deux assiette, un peu au hasard… Oui, juste deux, parce que j’avais deux mains.