Saison Un

: Obscure Prophétie

Aaaaaah, la route Graffiti ! Que de souvenirs lorsque je l'ai traversée pour la première fois avec Ez et Sally ! Ça fait déjà plus d'un bon mois ! Hâte de retrouver Ez après ça !

Ignorant le fait qu'il ne le retrouverait pas, Alphonse maintenait une haute motivation à l'idée de reprendre correctement son voyage avec son ami à travers la région. Le jeune homme s'était également entraîné à plusieurs reprises sur cette route, notamment une fois en vue du salon de l'agriculture précédemment déroulé. Accompagné de son équipe complète, Alphonse marchait à bon pas jusqu'à apercevoir une série de graffitis atypiques. Sur des gammes de couleur évoquant la fête d'Halloween, ce qui semblait être un grand groupe de personnes repeignait la route de leur art pictural. Ils n'hésitaient même pas à recouvrir les graffitis des autres, quitte à les brutaliser si ces derniers se faisaient remarquer d'une quelconque manière. Fronçant les sourcils, Alphonse soupçonna quelque chose de fort louche dans ce qui ressemblait alors à un étrange gang.

Leurs membres étaient tous vêtus de noir et d'orange, masqués d'une tête de citrouille.

Ils doivent crever de chaud...

Le jeune homme dut faire signe à Fulgur et Atlas de rester calmes voire en retrait afin de ne pas susciter le moindre soupçon. Les héros en herbe devraient prendre leur mal en patience. Afin d'en observer et d'en entendre davantage, Alphonse se positionna à une dizaine de mètres avec ses Pokémon. Il choisit un angle suffisamment discret pour qu'il ne soit pas accidentellement mêlé à cette mascarade. De loin, il n'était qu'un simple passant, contemplant avec curiosité les représentations centrées autour de la citrouille. Il avait probablement trop de Pokémon avec lui pour ne pas attirer le moindre regard, mais n'aurait pas l'air de coopérer avec eux. Même les langues pendues ne se faisaient pas corriger de son côté. Il n'affichait ni grand enthousiasme, ni grande hostilité, mais une simple forme de curiosité moralement indifférente.

Merci le théâtre... À force de jouer des émotions, je peux même jouer au plus lambda ! Constatons donc ce qu'ils foutent plus précisément...

La route graffiti. Je n’aimais guère cet endroit. Pour être plus exacte, je ne l’aimais pas l’emprunter dans ce sens. Car ça me rapprochait de mon ancien chez moi. Et je n’avais aucune envie de revenir à Vigneaux… Mais je devais y retourner. Je le sentais. Au moins pour voir le manoir, un des rares endroits où je me sentais mal (surtout que je devais éviter le cimetière à présent).

Lévitant à mes côté, Luna était plus que ravie de se dégourdir correctement les tentacules. Loin de la foule du salon, elle pouvait se dégourdir comme jamais. Morphée, lui, faisait sa vie, bien plus discret. Il préférait voyager dans les ombres. Obscura, elle, elle restait enfermée. Elle ne m’obéissait pas encore très bien. Et Haret ? Il n’était pas vraiment adapté à la vie terrestre.

Quoiqu’il en soit, c’était anxieux que je revenais dans ma ville. Au début, je ne fis guère attention aux peintures d’Halloween. Ce fut lorsque je vis du coin de l’œil un gros rassemblement de personnes que je remarquais enfin les étranges graffitis… C’était joli… Mais étrange de voir ça… Et le groupe, encore plus bizarre… C’était quoi cet uniforme ? Et pourquoi ils dessinaient tout ça ?

Je me stoppais deux minutes, les observant. Du coin de l’œil, je remarquais que je n’étais pas la seule à être intéressée. Un autre jeune homme semblait lui aussi curieux. La curiosité l’emportait sur la prudence. Et j’aurais dû être plus prudente car d’un coup, j’entendis un bruit trop connu.

« Feuvo ! »

Morphée venait de traverser un mur pour effrayer le gang. Et cela ne rata pas. L’un d’eux chuta même sous la surprise. Surprise générale. Satisfait, Morphée retourna à mes côté. Parfait… Maintenant, ils me regardaient tous… L’un d’eux commença à s’approcher, son visage impossible à lire à cause de la cirtouille.

« Wesh, madzelle, c’est à toi ce poké ? »
« Ou..oui… »

Je reculais, par réflexe. Il n’y avait nul peur dans mes yeux. Juste un peu génée d’être interpellée. Je ne craignais pas un seul instant pour ma vie. Juste, je ne voulais pas de problèmes inutiles.

« Et faut pas r’culer. C’est quoi ton ptit nom ? »

Oh, sérieusement ? J’avais vraiment droit à ce genre de racaille. Mais bon sang… Pourquoi cela devait arriver à moi. Je fis encore un pas en arrière. Luna et Morphée perçurent mon malaise et me regardèrent, attentant un ordre. Mais qu’est ce que je pouvais dire ? Je n’allais pas leur demander quelqu’un !

Alphonse remarqua rapidement un début d'agitation : le Feuforêve d'une jeune femme, visiblement insouciante, avait effrayé des membres du gang. L'un d'eux en tomba. Les intéressés firent alors volte-face et se dirigèrent vers elle. Leur espèce de casque à l'effigie d'une citrouille masquait leur expression faciale, mais leurs intentions n'étaient ni compliquées à déterminer, ni louables. Pendant ce temps, Alphonse s'approchait également du groupe.





Il fit signe à Fulgur de les contourner à moitié comme si de rien était, tel un gentil chien se promenant en ces lieux. En revanche, il avait bien conscience qu'un Noarfang de jour, accompagné d'un Salamèche ou encore de deux Pokémon combattants, n'auraient jamais l'air sauvage. Cela valait malgré la présence de Méditikka sauvages dans la zone.



Si Alphonse savait déjà dans quel état finiraient ces membres du gang, il lui fallut encore trouver un moyen d'atteindre cette issue.





Le temps que la distraction fasse effet, Oculus éloigna la jeune femme avec courtoisie avec son aile. Méline fit brièvement signe à ses Pokémon de reculer, tandis qu'Atlas et Ignis se tenaient déjà suffisamment loin. Ils se positionneraient en première ligne une fois les autres à l'abri. Alphonse ne fit qu'un pas en arrière et claqua des doigts.

Alors que les goujats se retournèrent, Fulgur fonça au milieu d'entre eux et libéra un Coup d'Jus relativement retenu. Cette capacité de zone touchait tout le monde autour du lanceur, d'où la prudence nécessaire avant d'y recourir. Elle demeurait toutefois la plus grande source de dégâts du jeune chien. Le choc électrique ne fut pas létal, et les dommages occasionnés furent retenus de sorte à ne pas leur laisser de séquelle. Alphonse ne trouvait pas constructif de bêtement anéantir les gens jugés mauvais de la sorte.



Sur cette déplorable blague, Alphonse fit volte-face vers l'inconnue.



Alphonse ne s'exprimait pas toujours avec une telle bienséance. Il cherchait en l'occurrence à éviter d'enfoncer le couteau dans la plaie, d'où cette précaution sur le choix des mots. Il jeta alors un œil aux autres membres, qui semblaient s'approcher d'eux avec hostilité après avoir assisté à la scène.

Je n’aimais pas la situation dans laquelle je me trouvais. Je ne voulais pas d’ennuie… J’étais juste de passage. Ha, pourquoi il fallait que ça me tombe sur moi. Bon, j’aurais pu essayer de les endormir. C’était une bonne méthode, mais je n’avais pas envie d’empirer ma situation.

Finalement, je ne fis aucun choix. Une âme charitable me vint en aide. Par une ruse basique et efficace : un queulorior qui peignait sur les murs. Clairement un mensonge (ça aidait de voir le dit mur). Mais ce fut efficace. Ils se retournèrent prêts à se venger.

Profitant de ce moment, un Noarfang me fit gentiment reculer. Luna suivit docilement le mouvement alors que Morphée, lui, semblait déjà avoir compris le but de la manœuvre. Il s’éloignait prudemment. Roti, lui, était surement quelque part dans les cieux. Je n’avais pas à m’en faire pour lui.

Et un formidable courant électrique frappa un grand groupe de personnes. Ha… C’était gentil de venir m’aider, mais c’était un peu violent non ? Je veux dire, oui ils étaient pas sympas et ils voulaient pas m’offrir des roses, mais que tant de gens soient blessés par ma maladresse, m’était dur à supporter.

Et il acheva son action sur une blague ? Je… Ne pas juger l’humour des autres… Enfin, quand même… La qualité du jeu de mots laissait à douter. Et il se retourna vers moi. Je baissais les yeux, un peu gênée. Il m’avait aidée alors que j’étais seule responsable.

« Je… oui… Désolée de vous avoir dérangé. »

Mais déjà, l’action avait amené encore plus du membre du gang. Ca allait devenir problématique.

« Ho, toi, tu vas morfler le ptit con. Et ta copine aussi. »
« NON »

Je criais de toute mes forces. Pas plus de blessés, pas à cause de moi. Ce jeune homme avait juste essayé de m’aider, il ne devait pas être blessé à cause de moi.

« C’est entièrement de ma faute. Pas la sienne. Laissez-le, je vous en supplie. »
« Ouah, regardez les mecs. Cte cruche qui essaie de nous supplier. Trop drôle. Allez, si tu viens tranquille avec nous, on laisse tomber pour le guignol à côté de toi ! »
« Je…. »

C’était encore la meilleure chose à faire pas vrai… Il ne pouvait pas tous les affronter. Et je n’avais pas envie de plus de violence. Bon, je ne savais pas ce qu’ils allaient me faire, mais tant pis. Alors que je me retournais, je ne fis guère attention à Morphée qui venait d’aller chercher une pokeball dans mon sac. Il n’allait pas attaquer seul cette bande d’incapable. Il délivra ainsi sa comparse, Obscura.

« Merci d’avoir essayé de m’aider, mais je ne veux pas que plus de personnes soient blessés par ma… »

BAM.

Je me retournais pour voir l’homme qui me parlait tomber d’un coup, endormi. Juste devant Luna. Et le groupe ? Et bien, ils commençaient à se démener alors qu’ils étaient bombardés par les ondes folies de mes deux feuvorêves… Heu, depuis quand Obscura était sortie ? En tout cas, en quelques instants, ils se tapaient tous dessus…. Mais, je ne voulais plus de conflits…

« Heu, revenez-vous tous… »

Bon, Morphée reviendrait, mais Obscura, s’était une autre paire de manche. Me retournant vers mon nouvel ami, je demandai sans être sûr…

« On devrait fuir, non ? »


Si le pokemon obéit: Obscura revient près de Vivia
Si le pokemon désobéit: elle continue à balancer des ondes folies.

Le membre 'Vivia Lowine' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé désobéissance 1' :

« Hein ? Ah, pas de souci. »

Pourquoi la jeune femme n'en profitait-elle pas pour continuer son chemin tranquillement, tandis que d'autres imbéciles approchaient de l'équipe ? Alors que l'équipe d'Alphonse se préparait à riposter, elle prit sa défense.

« Quoi ? Mais non ! Arrêtez de culpabiliser ! Vous êtes pas responsable de la bêtise humaine. »

Alphonse apprécia d'autant moins leur réponse.

« Wow wow wow ! Le guignol, il va te faire ravaler ton insulte de cruche ! »

Il enchaîna envers l'inconnue.

« Et vous, vous inquiétez pas ! Personne sera blessé... Enfin si, mais pas par votre faute ! J'assume complètement ! »

Alphonse culpabiliserait probablement d'ici dix minutes, mais peu lui importait pourvu que son prochain se porte mieux. N'en déplaise à la dame, cette violence ne se voulait pas gratuite mais préventive et défensive. Alphonse détestait également cela et espérait ne pas avoir à recommencer un jour. Alors que l'interlocutrice insistait pour faire cesser les violences, elle réalisa que ses propres partenaires attaquaient déjà. Elle les rappela aussitôt, en vain pour le troisième. Alphonse contemplait tout cela d’un regard pour le moins dubitatif.

« Ils vont emmerder d'autres passantes si on fait que s'enfuir ! Je sais qu'à deux humains et six Pokémon on est trop peu nombreux, mais on peut déjà les intimider suffisamment pour amoindrir leur activité durant un bon moment. »

Alphonse tenta, probablement en vain, de trouver les mots juste pour la convaincre. Pendant ce temps, Méline et Atlas accompagnèrent joyeusement le Feuforêve grâce à leur force physique de type Combat pour les repousser. À vrai dire, ils se joignirent tous à la mêlée, mais le désavantage du nombre réquilibra malheureusement celui de la puissance individuelle.

« Je sais qu'on dit souvent qu'il vaut mieux subir que commettre. Mais là, en légitime défense, vous allez pas non plus vous laisser écraser et souffrir pour des gens qui vous veulent du mal ! Surtout hasardeusement. »

Il fallait agir finement pour se sortir de cette situation. Le jeune homme glissa tout de même une dernière phrase à l'attention de son alliée d'infortune.

« Vous avez le droit de vivre en toute quiétude, vous savez. »

Alphonse passa plus sérieusement à l'action.

« Ignis, Brouillard ! »

Le Salamèche ne se fit pas prier pour littéralement embrouiller l'ensemble du groupe. Il fit signe à la jeune femme de le suivre. Une fois les derniers de ce groupe, Alphonse rappela son équipe.

« Par ici, ils ont pas encore jeté un œil dans cette direction. »

Il les ressortit à nouveau un peu plus loin.

« Autant déraciner le mal, mais je saurais pas dire par où il est. Je me suis trop concentré sur le point de sécurité. Ainsi, vous pouvez encore rebrousser paisiblement chemin si vous vous sentez mieux. »

Alphonse ne la culpabilisait pas, au contraire : il souriait légèrement mais posément. Il ne lui voulait clairement pas le moindre mal.

« M'aider par dépit, ce serait comme venir avec eux par dépit, et ça me porterait préjudice. Vous êtes libres de vos propres choix par volonté sincère. Je sais que je vous connais pas, mais je m'en voudrais de vous laisser souffrir par souci de ne causer aucun prétendu tort... »

La situation dérapait à une vitesse folle. Pourquoi personne ne pouvait juste s’asseoir et discuter tranquillement. Ca partait en vrille et les deux partis s’insultaient. Haa. Je détestais ça. La belle affaire qu’il assumait… Cela ne me permettait pas de déculpabiliser ne serait-ce qu’une seconde. En plus, Obscura continuait sa folie guerrière. Rah, c’était infernal.

L’inconnu me parla… Ils allaient vraiment attaquer d’autres personnes ? Après tout, ils m’avaient attaquée uniquement parce que j’avais mal géré mes pokemons. Cela ne voulait pas dire qu’ils agresseraient n’importe qui après. Ils s’étaient montrés brusque avec des gens, mais ils ne semblaient avoir agressé personne. Après, pouvais-je nier qu’ils pourraient en agresser d’autres ? Non, pas vraiment. Si je ne faisais rien, je pourrais être responsable d’autres agressions.

Pour la suite, par contre, j’étais beaucoup moins hésitante. Personne ne méritait d’être attaqué à cause de moi. J’étais habituée à subir. Une fois de plus ou une fois de moins, qu’est-ce que cela pouvait changer ? C’était ma place, celle de victime. Je n’étais pas sûre que j’aie beaucoup de droits à la quiétude… Il me fallait racheter mes fautes. Pas réellement convaincue, je me taisais alors qu’il nous faisait une diversion.

Il me parla encore. Rebrousser chemin ? Aider par dépit ? Non, je voulais juste éviter le maximum de souffrances à tous. Je savais que c’était dans la nature d’être violent, mais moi, j’avais du mal à faire du mal à autrui… Je ne pourrais pas le laisser faire ça par lui-même.

Mais quoique je fasse, il comptait régler la situation. Si je le laissais faire, il risquait de se blesser à cause de moi. Et puis, j’étais ranger, je ne pouvais laisser quelqu’un d’innocent se battre pour moi. Secouant la tête, je niais totalement son idée.

« On est pas assez fort pour s’en charger. Mais je connais quelqu’un de la maréchaussée qui pourra aider. »

Anty… Bon, il n’était pas le membre de la maréchaussée le plus avenant, mais il avait bon fond. Du moins, c’était ce que je pensais.

« Je… vais… J’ai un plan. »

A peine ai-je fini de prononcer ces mots que je mettais mon sac de côté et que j’ôtais ma veste. Il fallait faire vite ! Remettant mon sac, j’actionnais mon aspiritomb. Tenant l’aspirateur, dans une main, je la faisais passer en même temps que mon bras dans la manche. Certes, de dos, on avait l’impression que j’étais une bossue, mais de fasse, on ne doutait de rien. M’avançant, le brouillard se dissipait. Aller acteur studio….

« Vous avez eu la chance de faire cesser tout ça…Nous avons essayé bien des méthodes… Maintenant craignez la colère des cieux… »

C’était un cas d’extrêmement urgent. Bon, bien sûr, ce n’était pas très convaincant. Mais j’avais une astuce. Appuyant à travers le tissus, l’aspiritomb s’actionna et une sorte d’éclair jaune en sortit créant aussi un certain courant d’air avec.

De leur point de vue, cependant, c’était comme si je venais de créer un éclair de ma main. Les rires cessèrent et un malaise s’installa.

« Dernière chance ! »

Ils se regardèrent en chien de faïence. Avant de doucement faire demi-tour. Entre les ondes folies, les hypnoses, les combats, le brouillard, ils avaient eu leur dose. Alors que les derniers fuyaient, je soupirai un bon coup.

« Plus jamais… »

La jeune femme, refusant de passer son chemin, décida au contraire d'intervenir une bonne fois pour toutes. Elle prépara ses affaires ainsi qu'un étrange aspirateur. Au vu de son camouflage improvisé, l'aspirateur serait sans doute un outil de mise en scène. Il ne ressemblait en rien à un aspirateur ordinaire. De manière plus générale, une personne voyageant avec un aspirateur n'avait rien d'ordinaire. Elle n'avait pas interféré lorsqu'Alphonse mit ses petites idées en place, ce dernier n'avait donc aucune raison d'interférer. Elle se débrouilla d'ailleurs bien mieux que lui puisqu'elle fit définitivement déserter les voyous sans les blesser davantage. Son jeu d'acteur, perfectible mais visiblement suffisant, lui permit d'effrayer les goujats par une simulation de phénomène surnaturel. Alphonse sortit alors de la cachette.

« Bien joué ! Permettez-moi de vous remercier : je déteste devoir blesser les gens, et je n'aurais jamais envisagé une telle chose. Même si c'est vous qui étiez importunée en premier lieu, heureusement que vous étiez là. »

Alphonse enchaîna.

« C'est aussi parce que je vois ce qu'il vous en coûte que vous avez toute ma gratitude et ma compassion. »

Malheureusement pour Vivia et le gang, Alphonse était un jeune homme têtu : il n'avait pas complètement abandonné son idée précédente.

« Je vous aurais bien souhaité une bonne journée avant d'aller moi-même effrayer le reste du gang par une mise en scène personnalisée, mais je suis curieux... Quel est cet aspirateur ? Je dois avouer que je n'aurais jamais imaginé croisé une voyageuse avec un aspirateur, a fortiori avec de tels... Effets visuels, pour ainsi dire. »

Dixit l'homme voyageant avec un arc en 2020. Cependant, cela demeurait moins étonnant qu'un aspirateur, arme insolite même à Mistral. Quant à la fin de son questionnement, Alphonse se référait à l'étrange éclair dont elle s'est servie pour achever d'intimider les voyous. Cet engin n'avait pas l'air ordinaire, et Alphonse avait découvert suffisamment de phénomènes invraisemblables pour s'attendre à ce qu'il soit spécial.

L'équipe d'Alphonse se réorganisait pour réfléchir à une mise en scène, le temps qu'il finisse de discuter avec l'humaine. Celle-ci avait tout de même l'air fascinante au regard d'Oculus. Que verrait-il en l'observant ?

J’étais gênée. Je n’étais clairement pas habituée à ce genre de remerciements. Au moins, mon but avait réussi. Mais qu’entendais-je ? Il voulait encore effrayer un peu plus le groupe ? Mais n’avait-il pas eu assez de tensions aujourd’hui ? Non, je ne voulais pas qu’il se remette en danger à cause de moi.

Très vite, la conversation se tourna vers mon aspiritomb. C’était à prévoir. Tout le monde avait tendance à se demander quelle était cette invention. Il faut dire que cet appareil était un véritable ovni dans mistral. C’était pratiquement un appareil venu du futur.

« Heu, il s’agit de l’Aspiritomb. C’est une invention du professeur Snappy. Ca permet de capturer plus facilement les spectres… »

C’était un peu une fierté pour moi, même si je ne le montrais pas. Ses mots me mettaient encore un peu mal à l’aise. Je n’avais aucune envie qu’un nouveau conflit éclate. Mais déjà, je voyais son équipe qui semblait s’organiser autour de nous. J’avais également l’impression que son Noarfang semblait curieux de moi.

« Vous comptez les effrayer encore ? Je… pensais que la situation était réglée. Je ne veux pas plus de remue-ménage… Ils n’ont pas compris la leçon ? »

J’espérais le convaincre, mais je crois que je n’avais que peu d’espoir de réussite. Il semblait plutôt têtu dans ses idées.

« Oh, vous connaissez le Professeur Snappy ! Et vous capturez des Spectres ? Pour quoi faire ? »

Était-ce une mission singulièrement confiée à cette dame par le Professeur Snappy ? Drôle de méthode ! Quoi qu'il en fût, Alphonse trouvait déjà son interlocutrice intéressante, mais demeurait cordial de peur de la brusquer. Il ne saurait forcer quelqu'un qui n'en a pas envie à bavarder ! Malgré tout, ses yeux trahissaient une pointe de fascination envers cette personne.

« Je crains que non... Enfin, ça va juste empirer leur comportement pour les prochaines fois. »

Alphonse présumait toutefois qu'il ne servait à rien de les chasser. Si ce n'était pas eux, c'en serait d'autres. C'est alors que le jeune homme remarqua que l'embarras de son interlocutrice n'était pas arrangé par le regard du Noarfang.

« Au passage, Oculus, je t'ai déjà dit que c'était impoli de dévisager les gens qui attirent ton attention. »

Alphonse avait déjà du mal à briser la glace et à mettre des êtres humains à l'aise. Il serait appréciable que son ami ne complique pas la tâche. Néanmoins, il dut admettre en son for intérieur que cette attitude éclaircissait ce qu'il pouvait se permettre de présumer sur la cible. En effet, il suffisait de comprendre la réaction du hibou afin de confirmer ou infirmer sa première impression sur quelqu'un. Certes imprécise, cette observation révélait globalement à quel point il pouvait faire preuve de quiétude et de curiosité en compagnie de cette personne.

« Je vous prie de l'excuser. Il observe instinctivement les gens qu'il trouve particulièrement intéressants, pour le meilleur et pour le pire. M'enfin, à en voir son regard, c'est mélioratif en l'occurrence. »

Alphonse souhaitait en tout cas à la jeune femme d'avoir plus d'estime pour elle, car c'est ce qui semblait lui faire défaut.

« Quant aux autres énergumènes, dont je ne sais même pas la localisation dans le coin... Je me disais que le pouvoir des mots suffirait peut-être à les calmer. De quoi lancer une rumeur. Leur pouvoir semble étrangement puissant à Mistral. Qu'en dites-vous ? »

Alphonse explicita son raisonnement. Il n'était clairement pas le meilleur élément de résolution aux problèmes, mais pouvait toujours initier des pistes.

« Ainsi, ils continueraient à venir ici, mais en faisant attention. Ça blesse personne, sans non plus les chasser afin d'éviter que d'autres gêneurs ne les remplacent. »

Alphonse se rendit compte qu'il avait mal choisi ses mots : il ne voulait pas entraîner l'inconnue avec elle ! Il ne s'opposerait pas à ce qu'elle participe, mais détestait faire perdre leur temps aux autres. Le jeune homme percevait clairement qu'elle serait déjà partie si elle n'avait pas de scrupule à le laisser faire ce qu'il veut. Il se voulut donc le moins nuisible possible, tout en préservant son but initial afin de rendre de nouveau fréquentable ce coin de la zone.

« Bien entendu, j'imagine que vous n'aurez pas la conscience tranquille si vous repartez en me laissant faire ça. Mais je ne veux pas non plus vous faire perdre votre temps... Si vous avez une idée en tête pour vous assurer que je ne blesse personne, n'hésitez pas. Ainsi, vous aurez la conscience tranquille puisque j'aurai pris en compte vos éventuelles sources d'inquiétude ! »

Il était de toute façon trop curieux pour ne pas être marqué par cette rencontre infortunée. Il demanda donc son nom à cette personne : qui sait, peut-être entendrait-il de nouveau parler d'elle ? Il ne coûtait rien de connaître une information aussi simple, et il était fort plaisant de rencontrer des individus hauts en couleur et/ou en singularité.

« Au fait, puis-je te– Heuu vous demander votre nom ? »