Saison Un

: Obscure Prophétie

Les gorges du Vermillon. L’endroit idéal pour s’entrainer ? Pas vraiment, surtout dans la pénombre d’une nuit inachevée. Les dernières aventures de Kata en ce lieux me restent en mémoire. Notre rencontre ? Non plus. Disons plutôt, notre trouvaille. Le jour à partir duquel je ne l’ai plus lâchée. Depuis lequel je la protège contre ce monde qui ne cesse de vouloir son tourment. Aujourd’hui encore, je l’accompagne de mes rampements, aux aguets du moindre danger. D’autant qu'en ce jour, tout comme hier, Kata semble accablée par l’inexpression. Elle allait pourtant bien, ce matin ! Mais sitôt que nous sommes arrivés à proximité du dojo, son visage s’est refermé pour éteindre l’étincelle de ses émotions.

Il est cinq heures. Pas pile, quasiment. D’ici quelques minutes à peine. Kata parait en forme, vêtue et équipée comme tous les jours. Non pas qu’elle ait ignoré la consigne… simplement, cette consigne est celle de tous les jours quand on est chasseur. Elle emporte toujours des réserves de nourriture et d’eau sur elle. Je note que son sac parait pourtant plus léger qu’à l’accoutumé : elle a laissé quelques affaires de chasse en arrière, comme l’énorme piège à Lougaroc qui d’habitude représente la majorité du poids trimballé. Il aurait été pertinent qu’elle délaisse également son fusil, mais je pense qu’en connaissance du lieu, elle a jugé préférable de le garder.

Kata repère une adulte sitôt que le dojo est en vue. Elle lève un bras pour attirer son attention tout en se dirigeant vers elle.

— Bonjour Madame. Bonjour… euh… toi ?

Pas de nom pour la grenouille ? Les présentations n’ayant pas été faites la veille, ce serait compliqué. La petite n’en perd pas sa politesse pour autant, bien que le timbre de sa voix soit plus calme qu’à l’accoutumé. La revoilà qui s’immobilise devant la dame, à l’écoute, comme Truc m’a raconté qu’elle faisait hier. Le daim fronce les sourcils, lui aussi, installé dans le sac de l’humaine. Puis la fatigue le prend et il se met à bailler aux corneilles, attirant l’attention sur sa personne et éveillant un semblant de réactivité de la part de sa dresseuse :

— Oh, je suis venue avec Split et Truc.

Elle nous pointe tour à tour. Si Truc se contente de retourner finir sa nuit dans le sac, je préfère m’avancer pour saluer nos compagnons du jour d’un sifflement amical. L’humaine a l’air solide, et le Pokémon aussi fiable que sa maitresse. Cela me rassure : je n’aurais pas à surveiller tout le monde aujourd’hui.

— C’est mes deux compagnons de chasse.

Accordons tous une minute de silence en l’honneur de la pauvre rapace moins compétente qu’un daim handicapé dans l’esprit de l’enfant chasseuse. Le pire étant que ce n’est pas forcément faux. Si seulement cette idiote acceptait quelques concessions !

D’ailleurs, il en reste un qui semble vouloir assister à la fête sans y être invité. Un peu en hauteur et à l’écart du groupe, Ciboulette, le minuscule Pitrouille, observe la scène de ses pupilles brillantes dans la nuit. Après-tout, il s’est déjà bien marré durant la première session, il serait dommage de rater celle-ci !

L’entraineuse de Kata semble plus joyeuse que son apprentie. L’enfant se contente d’un hochement de tête respectueux à la présentation de l’Amphinobi pour le resaluer. Même moi, je montre davantage d’expression en accueillant l’enchantée de l’humaine d’un sifflement amical.
Gunter, par contre, parait aussi fermé que ma dresseuse. Ce doit être désagréable, cette énorme langue toujours sortie. Il doit sentir le goût de tout ce qui le frole. Je suis bien content de mon organe fourchu, si efficace pour tant de chose sans pour autant me perturber au quotidien. Comme pour marquer mes pensées, ma langue siffle et rerentre aussitôt tandis que nous nous mettons en route.

— Oui m’dame !

Marcher et s’échauffer ? Étrange : les échauffements de Técla, c’était justement avant de courir qu’elle les faisait ! Une première différence entre les deux professeures ?
Kata semble moins déstabilisée que moi. Pas du tout, pour ainsi dire. Contrairement à la grenouille qui prend la place arrière, je reste au pas à côté de ma dresseuse, aussi près que possible pour réagir dès que nécessaire. La petite rejoue les miroirs : ne sachant pas ce qu’un échauffement en marche signifie, elle imite les moindres gestes de sa professeure, qu’ils lui paraissent naturels ou non. Jusqu’ici, cela semble être une bonne approche. En omettant le côté approximatif de certains mouvements plus complexes.

Ah. Ça accélère. Ah… Clairement, ce n’est pas Kata qui va céder en première avec ce genre d’exercice. Là où tout le monde fait de petites foulées, moi j’en suis déjà à bondir en poussant de mes ailes pour essayer de suivre le rythme. Je ne tiendrais pas longtemps comme ça. La vitesse, c’est la pire de mes tares.

De son côté, Kata continue à répondre en toute innocence, en pleine forme :

— Ben, je sais respirer ? Mais je croyais savoir courir et Técla a dit que non alors je sais peut-être pas respirer ?

Elle n’a aucun problème à se remettre en cause, la petite. D’ailleurs, tout en gardant le rythme, elle reprend :

— Elle disait dos bien droit, les orteils sur le sol et sans toucher du talon avant…

Et ainsi, elle montre tous ces minuscules détails que monsieur tout le monde n’applique jamais mais que la conseil 4 a décidé de relever afin d’améliorer la course de l’enfant. Depuis, la petite a cherché à appliquer les rares conseils prodigués ce jour-là, et il faut dire qu’elle n’avait pas vu une grande différence.
Cependant, en voyant l’adulte courir à reculons, Kata semble croire que les règles ont changé et s’empresse de l’imiter.

SOULAGEMENT ! Je peux me poser un instant, puisque plus personne n’avance. Je laisse échapper mon essoufflement aux oreilles de tous. Mes ailes atrophiées se replient, encore tremblantes d’avoir été utilisées intensément lors de mes bonds. Dire que mon espèce a cessé de s’en servir au point d’en arriver là… et que des générations entières le regrettent à présent. J’aurais été bien plus vite avec de longues ailes comme cette chère Croa. S’ils repartent au même rythme, si aisé pour eux, va falloir que je trouve autre chose, moi…

Haaaa, je respire enfin ! Certains se moqueront que j’ai accepté l’aide d’un parfait inconnu pour suivre ma dresseuse, mais c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. M’épuiser juste sur le trajet serait aussi stupide que d’insister à foncer dans un mur en espérant le traverser. Mon but, c’est de la protéger, pas de jouer l’Insolourdo parfait. J’entends Ciboulette, un peu au-dessus de nous. Lui n’a aucune difficulté à suivre malgré sa petite taille. Il n’est pourtant pas rapide, mais le vol d’oiseau aidant, il a même le temps de rire de ma faiblesse.
Peu importe : je remercie Gunter d’un sifflement respectueux, bien content qu’il m’ait proposé son aide.

Les deux humaines discutent durant leur course de plus en plus rapide. Kata tient le rythme, jusqu’ici. Je doute qu’elle ait mieux compris que moi cette histoire de respirer avec le ventre (pour un humain, c’est avec la bouche, ou avec le nez, qu’est-ce que le ventre vient faire là ?), néanmoins elle n’a pas osé relancer le sujet d’une question, préférant hocher la tête. J’imagine que si elle faisait cette erreur, Lior s’empresserait de la reprendre. Dans ce cas, cela s’ajouterait aux conseils de Técla, validés par sa seconde professeure.

— Mince, pardon ! se reprend la petite en réalisant sa bêtise d’avoir reculé en même temps que Lior.

Elle reprend aussitôt la marche avant, bien à l’écoute de l’adulte, et relaisse celle-ci passer devant dès qu’elle parle de suivre son exemple.
La concentration de Kata a de quoi impressionner. Pourtant, elle regarde quelqu’un courir : rien de bien intéressant. Malgré cela, cette façon qu’elle a de fixer les muscles de l’adulte pour tenter d’en reproduire le geste montre une dévotion que je ne lui ai vu qu’à la chasse. Kata est sérieuse, très sérieuse.

Enfin, on approche des gorges. Une pensée de gratitude à l’égard de Gunter m’envahit à l’idée que j’aurais dû faire tout ce trajet en rampant. En parlant de cela : Kata ne l’a toujours pas remarqué. Elle s’est contentée d’écouter et observer Lior de bout en bout sans jamais reporter son attention sur personne d’autre depuis.
Contrairement à l’adulte, Kata a besoin de reprendre son souffle une fois arrivée. Fatiguée ? Non. Mais si ses journées sont aussi actives que celles d’un sportif, elle n’a pas pour autant l’habitude d’aussi longs efforts continus, surtout quand le cerveau s’y mêle pour s’assurer que les choses soient bien faites. En chasse, on court, on s’arrête, on court, on s’arrête, on se planque, on rampe, on piste, on grimpe… les efforts sont nombreux, mais variés.

— Non, tout va bien ! répond-elle au doute de sa professeur sur sa fatigue.

Ça, et bien entendu son fameux :

— Oui m’dame !

Aucune crainte de l’effort, la petite ! Il manque juste son sourire et sa curiosité habituelle. Elle persiste à obéir sans chercher au-delà.
Kata dépose ses affaires dans un coin, abandonnant Truc sur lequel l’ouverture de la sacoche retombe après que Kata ait récupéré sa gourde pour s’hydrater un peu. Surpris de cette pause, le daim ressort enfin la tête du sac et brame un coup, questionnant son monde sur ce qui se passe.
Pour ma part, je peux enfin libérer Gunter de son fardeau. Je le remercie une nouvelle fois puis déploie mes ailes atrophiées pour bondir au sol avec mollesse. Quelques trainées plus tard, je me retourne vers lui, puis vers Lior, puis vers lui, avant de finalement interroger le Pokémon pour savoir quoi faire à mon tour : devant tant d’efforts de la part des humaines, j’aimerais moi aussi pratiquer un peu, mais j’aurais bien du mal à transposer ces exercices avec ma corpulence. Dois-je me rapprocher de l’humaine ou du Pokémon pour recevoir quelques conseils ?

— Je peux revoir ? demande Kata en voyant Lior faire son premier mountain climber.

Que ce soit de l’intérêt ou une simple volonté de bien faire, Kata s’implique autant qu’il le faut.

— Co. Me. Ça ? demande-t-elle également entre chaque bond du jumping jack.

Une chose est sûre : la petite est ouverte à la critique. Elle veut absolument tout bien faire et ne rechigne à rien, même aux exercices qui me paraissent les plus étranges. J’ai l’impression que les humaines se répètent un peu. Tant de mouvements différents pour muscler ses jambes, c’est normal ? Quand je pense que Kata s’était offusqué de courir pour rien devant Técla, je m’étonne qu’elle n’ait encore rien dit aujourd’hui.
Et en même temps, on sent qu’elle est plus à l’aise sur certains exercices que d’autres. Que quelques muscles, oubliés du quotidien, se réveillent à force d’exercices plus précis malgré son corps déjà endurci. Rien de bien méchant, vu qu’elle enchaine chaque fois l’exercice suivant sans trop d’attente. D’ailleurs, elle ne cherche pas à exagérer, reprend son souffle quand son corps lui réclame, excepté lorsque sa professeure lui demande le contraire.  

Hum. Casser un rocher ? Eh, pas sûr de l’exercice. Son idée d’abdos me semble plus judicieuse. Je lui montre pourquoi en exécutant un tunnelier sur le rocher qu’elle me présente, brisant ma cible sans grande peine. Si je voulais répéter ça, il me faudrait un peu trop de rochers à la minute. Ou d’autres roches bien plus résistantes. Dans tous les cas, je m’imagine mal creusant un long tunnel jusqu’à trouver quelque chose de pertinent à forer, j’aime mieux rester à portée de Kata. Bien que ce soit en quelque sorte ce que j’avais fait pour en arriver là aujourd’hui.

Allez, retournons sur les autres exercices proposés par la grenouille. Le premier est ennuyeux. Pas si difficile, un peu fatiguant et répétitif. C’est le principe d’un exercice, certes… Essayons l’autre.
Je m’aide d’une paroi, comme proposé par Gunter. Ah ! Celui-ci est bien plus intéressant. Je sens mon équilibre se perds au fur et à mesure que mon corps abandonne le sol pour escalader, jusqu’à me retrouver avec ma queue pour seul point de pivot… Et retomber mollement en arrière.

Alors je continue ça, tandis que Gunter rejoint le programme des humaines. Généreuse en conseils, Lior explique à l’enfant le nécessaire pour travailler son corps efficacement.
Une fois les échauffements terminés, elle obéit à la nouvelle consigne : trouver une pierre pour faire des pompes.

Sauf que d’un coup, ça chauffe entre l’humaine et le nouveau venu. J’en sursaute et me met aussitôt en branlebas de combat ! Qu’est-ce qu’il lui prend ? Est-il devenu fou ? Il a ramassé un sacré poing, et sa dresseuse n’a rien senti. Je jette un coup d’œil inquiet vers Kata : la petite n’a pas réagi. Elle s’est figée un instant, surprise de l’assaut, puis a repris sa recherche de caillou sans s’en préoccuper. Aucune question. Les dernières lui ont couté trop cher, je crois, avec Técla. Tant que Lior réagira comme si tout était normal, je pense que la petite fera de même.

La voilà revenir avec son rocher pas trop lourd. Elle le porte à deux mains, mais sans peine. C’est ce qu’il fallait, n’est-ce pas ?

— Oui m’dame ! J’en ai un, je crois.

Elle montre son rocher, puis jette un œil à l’Amphinobi ayant déjà commencé l’exercice pour le comprendre. C’est comme des pompes, mais en plus dur. Ça devrait aller, non ?
En réalité, c’est surtout la consigne qui m’inquiète. Forcer lorsqu’elle n’en peut plus ? Vu son état, je crains qu’elle ne se laisse emporter par les ordres.

Les premières pompes s’engagent. J’ai arrêté l’exercice de mon côté pour me rapprocher de Kata, inquiet. Non loin de là, Truc, avachi dans l’herbe en bon flemmard qu’il est, s’est vu rejoindre par Ciboulette. Les deux observent Kata et chuchotent en agrémentant tout cela de sourires narquois. En voilà une belle vengeance pour le daim ! Après toutes ces séances d’entrainement forcées qu’elle lui a fait subir, Kata va enfin comprendre à quel point c’est insupportable. Ils espèrent tous deux de la voir s’effondrer pour se plaindre de l’exercice.

Pourtant, elle continue, et commence à rougir. Personne d’autre qu’elle n’a compté, mais je suppose qu’elle a déjà un bon nombre en tête. Je vois à ses grimaces qu’on approche du point de rupture. Enfin, du coup… Du point de deux de plus.
Ou pas. Elle continue encore un peu, ses pompes devenant plus lentes. Elle doit se forcer en voyant les autres continuer. Hé, Oh ! Faut pas prendre les habitués en exemple pour fixer ses propres limites !

Ah, celle-là, elle était particulièrement lente. Kata a les bras tremblants à force d’insister. Je sens que cette dernière remontée lui demande toute la volonté du monde. Elle s’est presque laissée tomber pour redescendre, laissant échapper un petit "Ouch" en sentant le rocher suivre sa chute. Je réagis aussitôt, bousculant le surpoids de mon crâne pour l’en libérer.
Je m’approche ensuite du visage de l’enfant et lui léchouille la joue pour m’assurer qu’elle va bien. En réponse, elle se tourne sur le dos et expire son soulagement avec force.

— Ayé… avec deux de plus.

Elle reprend son souffle, encore rouge de l’exercice et ses bras le long du corps, réclamant une pause bien méritée.

Kata resta allongée jusqu’à ce que Lior prononce son nom. Alors seulement, elle relève la tête pour écouter les conseils de sa professeure. La voir se redresser est un véritable soulagement. Elle va bien ! Elle se secoue les mains pour en extirper la crasse accumulée puis hoche la tête. Je parie qu’elle n’a rien pigé à ces histoires de muscles, mais elle semble vouloir garder la face, ne pas poser trop de question tant qu’elle peut l’éviter. Après-tout, c’était une question qui avait tout déclenché avec Técla. Ce n’est qu’à la fin qu’elle ajoutera une nouvelle fois :

— Oui m’dame !

Et la voilà fouiller son sac sans accorder le moindre regard ni à Truc, ni à Ciboulette, ni à moi. Trop concentrée, la Kata. Elle récupère sa gourde, la désempli de longues gorgées revigorantes puis la rebouche après une intense exclamation satisfaite. C’est qu’elle crevait de soif, en plus ! Elle n’avait pourtant rien réclamé. Il n’y avait que ses vêtements trempés de sueur et ses cheveux plaqués sur son front pour le rappeler.
Prochain exercice : de la marche. Certes, ce n’est pas un exercice. C’est surtout un soulagement pour moi : plus de course, pitié ! Kata a tout le temps de reprendre son souffle, détendre son corps, retrouver sa respiration. Lior étant des plus excentriques, je m’étonne qu’elle ne soit pas plus excessive dans ses exercices. Elle prend soin de son élève, perçoit bien ses limites. Je commence à me dire que l’enfant ne risque rien. Elle lui offre même à manger pour se remettre de ses émotions après de nouveaux étirements aussi sérieux que les premiers.

— Merci, s’empresse la ranger en attrapant le cadeau.

Je devine à la voir qu’elle n’aime pas ça. Elle n’est pas non plus dégoutée, mais connaissant Kata, tous ces machins énergisants, ce n’est pas son délire. C’est souvent trop sucré. Pour autant, elle s’en satisfait jusqu’à la dernière miette, son appétit ayant gonflé au surplus d’exercice.
Puis vient une question. Pas une question sur des exercices, ni une demande de confirmation pour savoir si l’enfant a bien compris. Juste une question personnelle, comme deux amis au-devant d’un verre. La surprise est lisible dans les yeux de l’enfant. Elle semble réfléchir, son inaction se brisant par cette demande trop complexe pour l’état second dans lequel elle se trouvait.

— Euh… bah… Oui. J’ai fait une mission dans le parc, pour protéger les Pokémon que les gens ils veulent toujours embêter alors que c’est interdit. Et une mission dans les marais avec Truc, pasque y’avait un monsieur qui s’était perdu dans la gadoue.

Ses mains se frottent l’une contre l’autre tandis qu’elle gratte la terre d’une de ses chaussures, les yeux rivés sur ce petit trou qu’elle commence à creuser nerveusement. Sentant qu’elle déraille un peu, je vais me frotter contre son autre jambe, couinant un appel bienveillant à son intention.
Cette fois, elle me voit. Elle m’attrape, me prend dans ses bras et me serre contre son torse tandis que ma queue battante frôle le sol. Ça semble marcher, elle retrouve son calme puis reprend :

— J’aime beaucoup aider les gens, même si je suis pas encore aussi forte que papa et maman, alors je peux que faire des missions faciles pour l’instant.

Ce qui est triste, c’est qu’on ne ressent absolument pas sa motivation dans ses dires. C’est plat, retenu. Vrai, mais retenu. Elle craint d’en faire trop, une nouvelle fois. Elle préfèrerait sans doute reprendre les exercice.