Saison Un

: Obscure Prophétie

Par ici ou par là ?


Arnac-lePeuple, petite bourgade tranquille où tout mistralois devait aller pour s'acquitter de toutes les tâches administratives. Que des bureaucrates et des pécores dans le coin. Rien de bien intéressant... par contre elle était le carrefour de deux lieux qui intéressaient un peu plus Pestilence : la mine Excavarenne et la centrale à l'arrêt. Quoi de mieux que de plonger toute la région dans la panique la plus totale en s'assurant que plus jamais la centrale ne fonctionne ou alors il pouvait aussi  aller régler leur compte à ces soit disant scientifique dont la rigueur laissait à désirer. Comment avaient-ils osé faire disparaître des éléments pourtant ô combien importants pour leurs recherches.

Mais de toute façon, pouvait-il vraiment s'attendre à autre chose de leur part. Tous. Ils étaient tous des incompétents et des menteurs. Des hypocrites qui se cachaient derrière leurs blouses immaculées pour s'engraisser sur le dos des nécessiteux. Ils étaient tous pourris. Encore plus pourris que ce qui était enfermé dans ses fioles. Des mensonges. Des cachotteries. L'homme était capable de bien des choses atroces quand il était en jeu leurs intérêts personnels. Ils le dégouttaient tous.

Au moins avec Vigneaux, il avait permit une grande purge de toute cette abomination mais il savait qu'il restait encore de la vermine à Mistral. Son travail serait long mais il savait qu'il finirait un jour par faire éclater toute la vérité. Le cancer qui gangrenait ce beau pays avait eu le temps se métastaser et s'installer un peu partout. Il devrait donc ausculter toutes les villes afin de toutes les trouver et les neutraliser.

Après, peut-être que ses alliés lui avait mâché le travail en faisant leur office là où ils étaient passé. Il en avait eu un bon aperçu en voyant ce qu'avait laissé Death de Bivouac. Certes cette ville n'était pas forcément réputé pour ses exclamations ou alors pour son bruit mais là le silence mortel qui c'était imposé après le passage de l'autre cavalier avait tué définitivement cette ville à l'agonie. En un sens, il l'avait apaisée de ses maux.

Plus de laideur. Plus de douleur. Seule la douce délivrance de la mort. Ils pourraient tous enfin dormir dans les bras froid de la mort. Libres et sereins. Et pourtant son cœur lui faisait toujours mal. Malgré sa carapace de glace, il pleurait toujours d'une tristesse. Une voix résonnait, faible mais pourtant bien présente. Il existait sûrement une autre solution pour les guérir ? Décidément Jack restait obstiné.

Un soupir et le cavalier demanda à ses conducteurs de s'arrêter. Cette migraine commençait encore à poindre le bout de son nez et il fallait qu'il se rafraîchisse. Son esprit fonctionnait mieux lorsqu'il était frais. Son regard se tourna vers l'être devant lui.

« - Au fait, comment dois-je t'appeler mon cher ? »

Sa voix était bienveillante et emprunte d'un peu de curiosité. Il savait l'autre incapable de parler mais peut-être avait-il un autre moyen de se faire comprendre. Des mimes, un rébus ou peut-être savait-il écrire ? Dans le doute, il sorti de la sacoche de sa monture quelques parchemins et un crayon qu'il lui tendit. Ceci fait, il flatta une nouvelle fois sa brave monture pour la remercier.

« - Et pourrais-tu aller me chercher un peu d'eau ? »

Au puis, pris dans une boutique, il n'en avait rien à faire. Juste un peu d'eau pour se remettre de ses émotions. Avoir affronté ces donzelles avait mis à rude épreuve son self-control et il s'en était fallu de peu avait que la volonté du petit scientifique ne fasse tout foiré. Pour le bon fonctionnement de la mission, mieux valait ne plus tomber sur des têtes familières...

Par ici ou par là ?



Seul avec Svadilfari, pestilence flattait une nouvelle fois son compagnon. Que serait le cavalier sans son cheval ? Pas grand et pour ainsi dire, c'était lui qui avait fait beaucoup ce soir. Certes le scientifique n'était pas complètement inutile dans cette histoire - après tout c'était lui qui avait crée cette fabuleuse potion et avait répandu la maladie – mais il devait avouer qu'en cette merveilleuse soirée apocalyptique, il devait tant au Bourrinos.

Et puis jamais il n'aurait cru trouvé un allié dans ce Metamorph. Un apprenti. Il pourrait lui enseigner deux trois choses, lui faire découvrir le monde tel que lui le voyait. Sans scrupule ni remord. Rien que la science. La joie d'une nouvelle découverte. Que tout le monde puisse enfin être guéri de cette maladie appelée l'ignorance. Il avait reconnu son œuvre et l'avait adopté. Il lui avait juré allégeance et se devrait de s'y tenir où il risquerait de passer de laborantin à simple sujet d'expérience. On ne déçoit pas impunément le Docteur...

Après le vacarme qu'avait provoqué le passage de sa monture, un silence de mort s'était posé sur la ville. En voilà des ignares, à se calfeutrer derrière des barricades tant ils avaient peur de l'inconnu. Pourtant le bon Docteur n'avait encore rien fait. Aucun hostilité. Pas même une fiole de lancée pour répandre son poison. Tant qu'ils n'étaient pas les instigateurs du silence et du mensonge, ils n'auraient rien à craindre de lui. Si par contre l'envie de se dresser contre lui les prenait, il devrait faire ce que l'on fait à tout bon obstacle : le détruire.

Et pour cela, il pouvait compter sur la puissance terrestre de la créature équine. La terre n'avait pas fini de rugir sa colère et ne se tairait qu'une fois que tous l'auraient écoutée. Fini les baillons ! Les cris briseraient leurs oreilles et feraient trembler Mistral. La vérité était en train d'éclater.

Alors petit Jack, cesse de pleurer...

Ne voyait-il pas qu'il avait réussi en une soirée ce que l'autre avait été incapable de faire durant plusieurs mois ? Ce chétif et naïf crétin n'avait pas les épaules, il devrait le laisser faire. Trop émotif. Pas assez sûr de lui. Contrairement à lui. Il était ce que l'autre aurait toujours voulu, qu'il l'admette enfin une bonne fois pour toute ! Grâce à lui, enfin tous écoutaient les appels à l'aide de Bivouac... même si la mort avait délivré la ville de ses souffrances.

Ils ne s'inquiétaient plus pour leur propre petit nombril.

Mieux, grâce à eux quatre tous s'étaient soudés. Ils marchaient désormais sous une bannière commune, agissaient de concert. Il n'y avait plus d'inégalité pauvre/riche. Le partage était de mise. Plus de différence entre paysans et scientifiques. Ils travaillaient ensembles. Pourquoi avait-il fallu que quatre innocents tombent dans les griffes des ténèbres pour que ces idiots le comprennent enfin ? Sans mal, il n'y aurait pas leur bien alors qu'ils arrêtent de les pointer du doigt avec leur hypocrisie. À avoir trop joué la politique du Dodrio, ils étaient tous aussi coupables de ce qui était en train de se dérouler.

Pourtant sa tête continuer de lui faire mal. Le silence de la nuit fraîche était toujours brisé par les larmes et les cris de ce braillard et sous lui sa monture commençait à s'énerver. Était-elle impatiente d'écraser encore ou ressentait-elle ses troubles ?

Pas le temps de s'attarder d'avantage là-dessus car voilà que les tremblement d'un autre galop se rapprochèrent jusqu'à lui. Miroir, car tel était son nom, était revenu. Impossible de se tromper. La créature était bienveillante à son approche et lui apportait même ce qu'il lui avait demandé : de l'eau. Il la félicita elle-aussi. Une récompense pour un bon apprenti.

« - Merci à toi aussi mon cher associé. ~ »

Ce fut avec une joie non dissimulée qu'il attrapa l'une des bouteilles et la déboucha, prêt à se désaltérer. Du moins jusqu'à ce qu'un bruit ne retentissent. Par surprise le cavalier lâcha sa prise et reprit les brides de sa monture qui avait failli se cabrer. On les avait repéré.

« - Svadilfari, Miroir, restez bien cote à cote. Au pas. Nous devons faire bonne figure et ne pas effrayer ces pauvres Moumoutons. »

C'est donc s'avançant à l'allure demandé que l'étalon porta Pestilence jusqu'à la troupe. Le Docteur, une main levée en signe pour montrer sa non-hostilité à leur encontre, découvrit les nouveaux venus. Peut-être étaient-ce là des recrus prêtes à embraser sa cause ? Après tout, il lui semblait qu'ils revenaient de la centrale et de là où il avait été, il lui semblait bien avoir vu qu'ils l'avaient faite refonctionner. Avaient-ils rencontré une quelconque résistance de la part des occupants ? À voir certains il semblerait bien... mais tel était le prix de la science.

Un nouveau cri dans sa tête. Oh, alors cela ne lui faisait pas plaisir qu'ils aient réussi à ranimer cette vieille bâtisse ? Que pouvait bien peser quelques morts pour l'avancement de la technologie ? Il ne fallait pas voir cela à une échelle aussi petite, il fallait voir cela à travers le monde. En un sens, ils étaient tous comme lui.

« - Je vous félicite mes chers compatriotes pour ce remarquable exploit ! Grâce à vous, la technologie pourra de nouveau couler à flot dans les veines de notre chère Mistral ! Réamorcer la pompe n'eut pas été trop difficile j'ose espéré... J'aurais pu vous apporter mon aide après tout... ~ »  

De toute sa hauteur, il les regardait. Les toisaient. Les jugeaient. Avaient-ils eux aussi essuyé quelques pertes ? Où avaient été entassé les corps ? Peut-être pourrait-il en faire quelque chose ? Bien des questions le taraudaient et de son masque, il les sondaient tous. Ils avaient autant de sang sur les mains que lui, mais eux étaient applaudit. Hypocrites....

Son jugement continua jusqu'à apercevoir une tête bien connue. Oh lippoutou de merde ! Pas encore ! Sa monture eu un mouvement de recul devant l'état du cavalier. Lui qui avait espéré ne pus tomber sur une tête familière.

Était-ce l'ironie du sort ou se foutait vraiment-on de lui ? Car dans l'assemblée et bien protégé par la milice il reconnu le visage d'une blondinette qui avait marqué « ses » souvenirs. Oh, Jack, cet enfant lui donnait décidément bien trop de fils à retordre...

Par ici ou par là ?



La monture de Pestilence piaffait, tapait de son lourd sabot sur le sol. Elle ressentait le tourbillon qui était en train de malmener son cavalier. C'était à croire que le destin même c'était plié en quatre pour l'entraver. Le faire chier ! De simples armes, barricades et corps étaient des obstacles pathétiques comparé à la destinée. Ironique et immuable. Elle avait choisi de placer tous les pions sur son trajet pour redonner cette volonté à Jack de se battre et qu'importe la force de Svadilfari, jamais il ne pourrait en venir à bout.

Cette gentillesse était bien trop grande pour lui. C'en était écœurant.

Les hurlements dans sa tête s'intensifièrent, il aurait même cru qu'elle allait finir par exploser. Et cette femme qui braillait toutes ces inepties. Comme toujours, on accuse sans fondement. Comme il était facile de se faire passer pour des victimes une fois que tout était chamboulé. Le Docteur commençait vraiment à perdre patience. L'état d'urgence avait été décrétée à cause de leur seule incompétence. S'ils avaient fait les choses nécessaires en temps et en heure. S'ils avaient réellement écouté lorsque les gens appelaient à l'aide, alors ils auraient eu largement le temps nécessaire de pouvoir régler tout ceci pacifiquement. Alors il n'y aurait pas eu tant de morts...

« - Silence femme ! Je ne suis pas venu jusqu'ici pour me faire insulter de la sorte ! Si vos mains sont salies, ce n'est en aucun cas de ma faute mais de celle de votre propre incompétence ! Vous avez trop longtemps fermé les yeux sur ce qui était en train de corrompre Mistral ! Vous l'avez fait taire ! Nous ne sommes que les moyens de défense qu'elle a trouvé pour se protéger ! En aucun cas, son Fléau ! »

Le Bourrinos commençait à s'ébrouer et à remuer frénétiquement la tête. Le poison de Pestilence était en train de s'immiscer dans les esprits comme dans les poumons. Sa voix, nasillarde et éthérée trahissait son impatience. Encore une scientifique à faire taire. Elle avait été corrompue au plus profond, il ne pourrait plus rien pour elle. Au moins, réduite au silence elle ne gangrènerait plus et ne propagerait plus cette immonde maladie qu'était l'ignorance.

Pourtant les paroles qui énervaient Pestilence ranimaient un regard plein d'espoir derrière son masque. Oui, quelque part au fond du Docteur persistait la volonté du petit patient. Il se débattait. Il tirait contre ses perfusions plantés dans ses bras. Un liquide noirâtre et épais s'échappait de ses blessures. Qu'importe la douleur, il s'égosillerait pour qu'une fois encore on puisse l'entendre. Car ces paroles. Ces larmes. Ces images qu'il voyait par procuration étaient un miroir de ses propres tracas. Tour à tour se superposaient les visages de Lizbeth et Jack.

Je veux sauver tout le monde !

Cette lointaine prière avait été corrompue le jour où on lui avait tourné le dos. Alors qu'il était fatigué d'avoir passé une énième analyse. Les bras bleutés par les aiguilles, le noir des cernes de ses insomnies et le blanc de sa peau anémiée trahissaient les nombreux sacrifices qu'il avait enduré pour sauver Bivouac. Mais malgré cela on l'avait jeté dehors comme un malpropre et jeté tous ses efforts aux oubliettes. Pas assez crédible car un enfant. Apeuré et seul. Il avait erré sans espoir.

Tout était perdu, du moins jusqu'à cette nuit éclairée par la pâle et froide lueur de la lune. Ce soir il avait trouvé un nouvel ami. Puis un autre. Et encore un autre. On le comprenait. On l'aiderait et son cœur fut de nouveau empli d'espoir. Il avait trouvé des amis. Une famille et même si elle n'était pas parfaite, elle lui suffisait. Quatre petits garçons et quelques Pokémons avec l'espoir de sauver le monde. De grands rêves pleins les yeux et la tête. Ils voulaient faire une farce. Devenir des cavaliers pour faire peur aux adultes et enfin se faire entendre.

Mais autre chose avait entendu leurs appels. Tapit au fin fond du monde. Sinistre. Patiente. L'obscurité guettait. Toujours à l’affût, elle avait repéré les blessures lacérant le cœur de ces innocents et avait décidé de panser leurs plaies de ses ténèbres.

Alors lorsqu'il avait froid, un manteau de plumes lui fut offert pour le réchauffer. Lorsqu'il suffoqua, un masque pour l'aider à respirer. Ses doutes et ses peurs furent gelées dans son cœur qui devint de glace. Les doigts crochus de Pestilence avaient fini par s'insinuer dans l'esprit du petit Jack. Il l'avait appelée et elle avait répondu mais désormais repue, elle était devenue la marionnettiste.

D'ailleurs voilà qu'on lui parlait de sa petite marionnette, il était prêt à lui dire où était perdu cet enfant mais un portail ténébreux s'ouvrit entre lui et les bien-pensants. De recul, le Bourrinos se cabra et menaça de ses puissantes pattes avants. C'est alors qu'il apparu. Aussi fanfaronnant et énervant qu'à l’accoutumée. Une main massant sa tempe endolorie, il l'écoutait d'une oreille distraite. Blablabla. Comme toujours l'autre le cherchait et l'agaçait. Il soupira avant de pencher sa tête sur le coté.

« - Comme toujours, tu as tout faux l'Anorexique ! Mon rôle est d’éradiquer toutes les sources d'ignorance et de mensonge et c'est ce que j'ai fait. Ces tissus de propagandes se noient désormais dans le sang des falsificateurs ! À défaut de nourrir ton corps, tu devrais le faire pour ton esprit... »

Son Caducée reparu dans sa main. Si ce n'était pas pour Death ou War, il aurait déjà cousu cette vilaine bouche qui ne lui servait décidément à rien de bien. Avec du fil mauve puisqu'il osait exploser leurs yeux avec cette couleur portée à outrance. Ou des barbelés, au moins comme ça il réfléchirait à deux fois avant de l'ouvrir. Il pourrait aussi servir sa langue en sauce madère à ses comparses. Peut-être en tireraient-ils quelque chose de bon pour une fois ?

« - … À moins que ce ne soit encore un prétexte pour assouvir une fois de plus tes fantasmes lubriques mon cher. Encore venu pour une fessée ? »

Oh oui puisqu'ils avaient un public, qu'ils puissent étaler toute la poussière qui c'était accumulée sous le tapis depuis tout ce temps. Au rythme de l'impatience du cavalier, la monture grattait le sol et faisait s'élever la poussière autour d'eux. Il n'avait voulu qu'un verre d'eau, était-ce trop demandé ? Voyant son homologue tourner autour de lui, il se mit sur la défensive. En tant qu'allié il ne le tuerait pas mais ne promettait pas de le laisser en un seul morceau...

Ce fut alors que l'autre utilisa une nouvelle voix : celle d'Oz et aussitôt Pestilence se gela sur place. Son cœur tambourina une nouvelle fois dans sa cage thoracique, la douleur était atroce et sa tête le brûlait de plus en plus. Il avait mal ! Face à son état, le cheval commença à se ruer et à hennir de confusion. À chaque fois que ses sabots retombaient sur le sol et le martelaient, tout tremblait aux alentours. Les maisons se fissuraient, des crevasses se formaient et bientôt des gravas chutèrent autour d'eux.

« - A...arrê...arrêtez !!! Pas... plus ça.... STOP !!! »

La voix n'était plus celle de Pestilence, non c'était celle d'un enfant en larmes et apeuré. La voix d'Oz. Les prières de Lizbeth. Cela s'accumula à l'odeur des champignons de Sally ou encore à la culotte coloré d'Alice. Oh madame Lizbeth... comme il avait honte... à cause de lui, elle pleurait. Trop. C'en était trop ! Tant de souvenirs qui mirent à mal le cavalier face à son petit patient. Il se débattait de plus en plus et pour une fois Pestilence s'inquiéta de perdre. Il hurla à s'en arracher les cordes vocales et la ruade de la monture fut plus puissante que les précédentes. C'était un « Piétosol obscur » qui venait d'être lancé par la folie et le désespoir du Docteur. La ville s'émiettait petit à petit, à l'image de l'esprit du cavalier.

Alors le bâton d'Asclépios fut brandit devant lui, comme une protection contre ce monde.