Saison Un

: Obscure Prophétie

Par ici ou par là ?


La tension entre les deux cavaliers s'intensifiait alors que le temps passait, elle en était devenue palpable. Irrespirable même. Et cette douleur qui lui lacérait le crâne n'arrangeait en rien la situation. Ce satané môme commençait sérieusement à l'agacer, trop obnubilé à mater sa énième rébellion, il ne put répliquer ni même se protéger de l'attaque que lui porta la monture de Famine. Si Svadilfari ne broncha quasiment pas, le cavalier fut désarçonné et le voilà qui chut à ses pattes à coté du pauvre Metamorph aux traits de Motisma. Pauvre créature qui n'avait voulu que le protéger...

La blessure fut autant physique que psychologique, son allié venait de l'attaquer sérieusement. Pestilence et Famine avaient beau ne pas s'apprécier, ils savaient ronger leur frein pour mener à bien leur mission. Sauf que là, l'autre était allé trop loin. Il avait osé l'attaquer dans le but de le tuer, se retourner contre lui. Il avait changé. Mais plus que Pestilence, se fut Jack qui fut le plus touché par ce geste. Sans sourciller, Oz avait voulu mettre fin à sa vie. Si le lien qui unissait alors les quatre cavaliers n'avait pas été rompu alors... alors l'autre aurait été jusqu'au bout.

Oz l'aurait tué.

Une nouvelle douleur parcourra son être mais cette fois ce n'était pas à sa tête mais bien son cœur qui le faisait souffrir. Une blessure encore plus douloureuse teintée de sentiment de trahison et d'une profonde peine. Les deux cotés de la même pièce étaient mises à mal.

Dans l'esprit du jeune scientifique, Jack se battait alors une ultime fois contre Pestilence, de toute sa volonté qui faisait défaut à l'autre. Il hurlait et se débattait.Tous les deux avaient laissé tant de plumes dans l'histoire. L'attaque avait réussi, elle lui avait permit de se ressaisir, d'ouvrir les yeux. À Jack. Les liens qui étaient perfusés dans ses bras furent arrachés, faisant s'écouler un flot de mélasse, dans sa lutte tandis que des lys d'eau qui ornaient la tombe de sa mère venaient soigner l'environnement et engloutir l'immonde apparition au masque de la Peste.

Ces souvenirs enfouis dans cette tombe étaient la force qui le tiraient vers l'avant. Comme une main bienveillante qui l'aidait à se relever. Oui, malgré toutes ses souffrances, il y avait eu tant de bons moments passés avec plein de gens extraordinaires. Il ne devait pas les oublier mais au contraire y puiser sa force. Les chérir et les protéger. Plongé dans les ténèbres, il avait oublié tout cela et avait fini par geler ses sentiments.

Mais la prison avait cédé et les morceaux laissaient exploser un torrent d'émotions qui l'inondaient de nouveau en même temps que ses yeux. Une goutte embua la glace de son regard et glissa le long de sa joue, puis une seconde qui vint s'écraser sur le sol. Cela faisait mal. Par Arceus ou par Helix, il ne savait pas à quelle divinité jurer mais, que cela faisait terriblement mal. Qu'avait-il fait ? Ses épaules tremblaient au rythme de ses soupirs.

Inutile et impuissant jusqu'au bout. Il n'avait pas réussi à protéger sa famille. Pas plus qu'il n'avait réussi à protéger le monde. Méritait-il encore le titre de Healer ? Non... Il était devenu ce qu'il avait tant combattu jusqu'alors. Meurtri encore plus dans son cœur que sur son corps, il était perdu. Jamais il ne pourrait se pardonner ce qu'il avait fait, de toute façon tout le monde devait le détester désormais. Ce n'étaient pas ces armes pointées en sa direction qui allaient lui faire penser le contraire. Il ne pourrait jamais expier ses fautes...

Une présence se fit plus présente à ses cotés et son nom fut prononcé. Timidement et craintivement, il leva sa tête masquée dans sa direction. C'était madame Lizbeth et la peur se lisait dans son regard. Sa gorge se serrait et sa lèvre tremblait, l'empêchant de prononcer ne serait-ce qu'un seul mot. Pourtant il aurait tellement voulu lui sauter dans les bras, s’accrocher à elle et pleurer. Lui dire pardon. Vider tout sa peine. Mais il n'en avait pas le droit. Il était un vilain après tout.

Pourtant elle cherchait encore à comprendre cet enfant perdu qui se recula jusqu'à rencontrer l'une des pattes de sa monture. Svadilfari... Il lui avait fait toutes ces horribles choses. Le Pokémon était tâché de tant de sang par sa faute. Il avait vraiment tout gâché.

« - Par... Pardon... »  

Fut enfin ce qu'il réussi à exprimer entre ses sanglots. Cela ne serait pas suffisant, pas après tout ce qu'il avait fait. Pas après tout ce qu'il avait fait faire aux autres. S'il haïssait Pestilence, il se haïssait bien plus pour avoir succombé à ses sirènes. Ses doigts si menus se serrèrent avec désespoir à la patte à laquelle il c'était accroché et le Bourrinos, loin de le chasser, approcha son museau de son visage. Un souffle chaud et bienveillant vint chasser une nouvelle fois le masque malmené et dévoiler le visage rongé du garçon.

Une peau blafarde, des cernes sous les yeux. Mais surtout deux yeux luisants d'une lueur surnaturelle fixaient, inquiets, la nouvelle maire.

Cette dernière, contrairement à ce qu'il avait pu craindre, c'était rapproché à nouveau de lui et ses larmes ne cessaient de couler. Ces larmes, c'était une fois de plus de sa faute. Il aurait tellement voulu la voir sourire, fière de lui plutôt qu'être à l'origine de ses pleurs. Alors, tentant de se justifier, il prononça quelques paroles maladroites.

« - Je... je suis tellement désolé... je... je vais tout arranger... c'est... c'est promis... »

Même si pour cela il devrait en payer le prix le plus fort. Encore tremblant du choc reçu, il réussi néanmoins à se relever avec l'aide de son colossal ami et en profita pour récupérer le masque qu'il revêtit encore une fois et prit délicatement le petit être touché par l'attaque obscure, vérifiant si ses blessures n'étaient pas trop graves. Il avait reprit conscience et allait pouvoir utiliser la force qui lui restait pour essayer d'arranger les choses.

« - Dé... désolé Miroir... tout... tout ceci est de ma faute... Je... je ne veux plus voir les... les personnes que j'aime souffrir... alors... je... je vais aller réparer mes bêtises... »

D'un bond magistral, il remonta sur sa monture désormais calmée et pour la remercier, il flatta une nouvelle fois son encolure. Le moment était venu de partir, Famine avait déjà pris assez d'avance pour qu'il ne s'attarde un peu plus. Après tout, il comptait sur sa collègue et la milice pour secourir la population d'Arnac-le-Peuple. Prêt à s'élancer, la voix de Lizbeth l'en empêcha toutefois et c'est avec un regard incrédule qu'il l'écouta.

" - Jack, oh... Je... Pourquoi est-ce que... Non, attends. Je ne comprends plus rien, mais je ne vais te laisser t'échapper comme ça. Tu vas aller réparer tes bêtises, et je vais y veiller. Je viens avec toi."

Comme un garçon qui venait de se faire réprimander par sa maîtresse, le voilà qui opina du chef. Il était vaincu. De toute façon même si il l'en empêchait, il connaissait désormais les femmes assez coriaces et têtues pour n'en faire qu'à leur tête. Mieux valait donc accepter et être en mesure de la protéger plutôt que de la laisser le pourchasser vers un destin qu'il ne pourrait maîtriser.

Le lien qui unissait les quatre cavaliers avait été rompu. Si Famine était parti pour ramener Death, lui foncerait pour sauver Gabriel. Ce qu'ils étaient tous devenus... il fallait qu'à tout jamais ils soient neutralisés. En temps normal jamais Oz n'aurait osé lui nuire. Jamais il n'aurait été jusqu'à blesser un Pokémon et pourtant là Miroir autant que lui étaient marqués par sa folie meurtrière. Il n'était plus le garçon qui lui avait tendu la main ce jour-là tout en lui offrant ce sourire empli de bienveillance. Il l'avait autrefois sauvé alors ce serait maintenant à son tour d'en faire de même.

Pendant ce temps Lizbeth avait fini par sécher ses larmes et avait même reprit un ton étonnement aussi formel qu'à l'accoutumé et donna ses instructions à la milice. Comment pouvait-elle avoir autant d'assurance et des épaules aussi fortes après tout ce qui venait de se passer ? Il l'admirait pour cela. Elle était ce qu'il ne serait jamais alors il ferait tout pour la protéger car Mistral avait besoin d'âmes comme elle, pas comme lui.

D'abord timidement, il fini par lui tendre une main un peu plus assurée lorsque le contact se fit et il l'installa derrière lui sur le dos du Bourrinos.

« - Je... je veux bien mais... cela risque d'être dangereux... si jamais cela devient trop risqué... je demanderai à Miroir de t'emmener loin du combat... »

Ce n'était pas une question. Le petit Jack avait lui aussi prit un peu d'assurance. Après tout, il était hors de question que d'autres payent pour lui et ce n'était même pas discutable. D'un ordre, il envoya sa monture filer dans la direction qu'avait prit Famine. Il n'était pas difficile de savoir où ce dernier filait : le ciel carmin zébré de mauve dévoilait, par ses nuages amoncelés, la destination qu'était Frîme.

Il ramènerait tous ses amis ! Il s'en faisait la promesse ! Car il voulait encore une fois faire des parties de Donjon et Drattak tout en sirotant un bon chocolat. Il voulait les revoir heureux et souriants.

[Personnage joué avec l'accord de la joueuse, merci à elle ! ;)]