Mort. Gabriel. Mort. Gabriel.
Tu te repends bien tard. Les gens n’ont qu’à lever les yeux vers moi pour réaliser l’horreur que tu viens de répandre à travers le pays. Malgré cela, vous espérez un pardon ? Hahaha, si mignon ! Que ce serait intéressant à voir, le mal incarné cherchant à expier ses fautes aux yeux du peuple. Que feras-tu lorsqu’ils lèveront leurs fourches vers toi ? Te défendras-tu ? Tenteras-tu de les convaincre ? Ou de les fuir ? Mwahahaha, que j’aimerais voir tout cela !
C’est alors qu’il arrive. Guerre. Mon rire fait écho à celui d’un autre. Quel spectacle ! Quel retournement ! Le traitre profitant d’un moment de doute pour s’emparer de la victoire. Splendide ! J’assiste à tout cela sans agir, simple spectateur. Cette histoire… si magnifique qu’elle soit, ce n’est pas la mienne. Ce n’est pas à moi d’en changer les fils tressés par d’autres.
Regardez-vous… Vous festoyez déjà, souriez d’une réussite. Pensez-vous que c’est terminé ? Votre histoire ne s’achèvera qu’une fois les protagonistes disparus. Alors allez-y ! Enlace ton bienaimé. Supplie celle qui te retient à la vie. Félicite-les de votre réussite commune. Car c’est à présent… que les choses deviennent intéressantes.
À la question de guerre, Gabriel et Véronica relèvent la tête. Ou Mort et Conquête ? Hahaha, cette voix ramène le doute. Pour d’autres, je suppose.
Pensais-tu pouvoir me tromper dans une telle situation ? Après l’action de ton camarade, et l’inaction de celui qui te possède… Je suis un metteur en scène, moi, Monsieur. Ce genre de détail grossier ne saurait m’échapper. Tu pourrais avoir un peu de respect pour celui qui vous observe depuis le début.
Un peu de respect, et un peu d’estime. Je pensais que vous l’aviez compris. Je n’ai pas l’intention de perturber votre histoire. Si tu estimes qu’elle doit se dérouler ainsi… Alors soit. Après-tout, c’est toi qui l’as commencée, il est naturel que tu en gardes les rennes. Tout ce qui compte… c’est de suivre l’œuvre que je me dois d’accomplir.
Je suis le passeur. Je guide les âmes dans l’au-delà.
Il est temps pour moi d’entrer en scène.
Je salue une dernière fois les cavaliers, avec un clin d’œil moqueur à l’intention de la demoiselle abasourdie de ma présence. Oh, ne t’en fais pas, ma belle. Tu n’as encore rien vu.
Mon corps s’élève dans les cieux.
— Pitrouille ! (Venez !)Je tourne sur moi-même, balançant mon halo dans toutes les directions pour capter les dernières âmes abandonnées sur notre route. L’emprise de mort étant diminuée, toutes se ruent à présent dans ma direction. Toujours plus nombreuses, toujours plus gonflée, toujours plus !
Je dépasse les hommes, les Pokémon, les bâtiments. Mêmes les nuages se tassent devant ma grandeur pour tourner autour de moi et accompagner mon odyssée. Car c’est vers moi que les regards se tourneront désormais. Vers moi, et vers ces milliers d’âmes qui m’entourent tandis que je tourne en direction de Carcakrok. Là où tout s’achèvera. Là où vous pourrez vous exprimer, mes chères camarades de scène.
Comme vous l'avez réclamé, je vous abandonne, cavaliers. Je compte sur vous pour poursuivre vos efforts. Que votre final fasse honneur à la splendeur de notre show jusqu’ici. Sachez que pour ma part, je ferai le nécessaire.
Les dernières âmes me rejoignent. Je me sens différent. Plus imposant, plus puissant, bien entendu. Mais aussi… changé. Je porte mon immense citrouille telle une chandelle du bout de mes membres, eux-mêmes formés d’une chevelure semblable à celle de mon évolution. Pourtant, je suis toujours un Pitrouille. C’est autre chose. Un phénomène dont j’ignore jusqu’aux fondements.
Ciboulette passe Gigamax Obscure.Merveilleux. Suivez-moi, âmes. Laissez-vous guider. Votre errance infernale prendra bientôt fin.