Saison Un

: Obscure Prophétie

Luna se grattait la tête. Elle ne savait pas vraiment répondre à cette question. Elle avait vu que j’étais bizarre, mais elle ne savait pas trop pourquoi. Haret confirma cependant ses propos. J’étais atteinte, comme beaucoup.

Respirer. Expirer. Il devait avoir une explication. Ce n’était pas possible. Ca ne pouvait pas être possible. Pas lui ? Une possession. Non, ce n’était pas une possession par un spectre. Je l’aurais su. Je voyais ce genre de chose.

Je reprenais peu à peu forme. Il y avait rien que je puisse faire. Il me fallait me calmer. Juste la maladie, la nouvelle, le stress… Rien ne m’aidait en cet instant. Mais je devais me reprendre. Je fermais les yeux, écoutant silencieusement l’histoire.

Bivouac, la maladie, les scientifiques, le pokerus. Je n’avais rien vu venir. Est-ce que j’’aurais pu changer quelque chose ? Si j’avais été plus attentive, est-ce que j’aurais vu la vérité ? Est-ce que j’aurais pu l’aider ? J’ouvrais les yeux et je voyais mes mains tremblées. J’étais faible, impuissante, insignifiante.

Je ne voulais pas que Sally me voit ainsi. Elle avait déjà assez souffert ces derniers temps. Je ne voulais pas être un poids. Je fermais mes mains essayant de me donner une certaine maitrise de mes mouvements. C’était dur à avaler.

« Je… Il n’y a pas de mots. Je n’ose pas imaginer comment il se sent. Juste l’idée que je puisse m’en prendre à toi me terrifie… J’espère que je pourrais le revoir… J’espère… »

Je le devais. Il avait besoin de quelqu’un. Je n’étais peut-être pas la plus importante, mais je devais être forte. Je le devais. Etre un appui pour ceux que j’aime, pas juste un boulet comme j’avais pu l’être. Je devais devenir forte. Assez forte pour les protéger.

«Tu es sûre pour les autres cavaliers ? Il y a peut-être une explication… »

J’avais des difficultés à croire que des gens puissent tuer par plaisir. C’était inconcevable.

« Je… Je veux être utile. J’en ai assez d’être aussi impuissante. Je veux pouvoir aider. Je… »

Je regardais devant moi. Que pouvais-je faire ? Je n’étais pas une guerrière. Je n’étais pas un bon orateur. Je n’étais même pas spécialement intelligente. Je n’avais rien pour me démarquer. Mais je voulais aider. Je regardais un moment Sally… Elle avait l’air au plus mal. Psychologiquement et physiquement. Je voulais l’aider. Je me tus quelques secondes.

« Sally, je sais que c’est soudain, mais j’ai envie de faire quelque chose avec ton aide… et tes talents de cuisine… Tu ? Tu m’aiderais ? »

Nkoba écoute avec attention le Tentacruel. Ainsi cela touche beaucoup d'humain? La tortue est si timide que les deux pokémons de Vivia sont pratiquement les premiers avec qui il accepte de communiquer. Les autres compagnons de son éleveuse font trop peur. Enfin, de son point de vue. Car la gamine est trop naïve pour saisir que la moitié de sa troupe serait apte à lui arracher la tête en moins de deux.

La spécialiste des spectres reprend lentement des couleurs. Je continue de lui masser gentiment le bas du dos. Je ne sais pas si cela aide? J'aime à croire que oui, parce que pour une fois je ne serais pas complètement inutile devant le malheur d'une personne à qui je tiens. Mon amie finit par retrouver sa voix, parlant d'un ton effrayé que je ne lui connaissais pas.

-Je... Moi aussi... Je ne sais pas comment les choses vont se dérouler pour lui avec toute cette histoire, mais j'ose espérer que nous pourrons le revoir.

Vivia demande pour les autres cavaliers. J'hésite. Comment lui décrire le plaisir malsain qui était plus qu'évident sur le visage de cet autre être? Ou est-ce mes cauchemars qui ont déformé cet horrible souvenir? Je me mordille la lèvre avant de reprendre.

-Pour ce que j'ai vue d'un des autres cavaliers... Jack combattait Pestilence, tentait de reprendre le dessus. War lui... Il embrassait la situation.

Vivia finit par se redresser pleinement et je me tiens à ces côtés, muette. Pendant un instant, nous sommes toutes deux dans nos pensée. Pasti profite de la situation pour rejoindre les autres pokémons. Sans câlin ni attention, il n'a pas de raison de rester proche des filles.

-Hum?

Je tourne mon regard mordoré en direction de ma collègue éleveuse. Elle désire aider? Je comprends nettement son sentiment. Je me sens si inutile depuis que l'apocalypse est tombé sur mistral. J'approuve en silence. Que pouvons-nous faire? J'ai aidé de mon mieux des éleveurs à retrouver leur troupeaux à Kedal. Je compte aider à la reconstruction. La logique me pousse à me reposer. Chaque jour il m'es plus difficile de respirer, de tenir longtemps debout. La fièvre est devenus un problème récurant et je ne m'étonne plus de cracher du sang. Une nouvelle normalité qui c'est installé

-Tu... Tu as une idée?

Je fixe Vivia, surprise. Pour autant, une parcelle d'espoir brille dans le fond de mes prunelles. Elle a un plan?

-Vivia, si tu as une idée qui nous permettrais de nous rentre un temps soit peu utile, je suis plus que partante pour t'aider! Surtout S'il est question de cuisine~

Les mots de Sally me firent frémir. Comment pouvait-on prendre plaisir à la souffrance d’autrui, se laisser aller pleinement à une soif de sang ? C’était tellement horrible. J’avais toujours voulu croire que ces êtres avaient une raison, qu’ils pouvaient être sauvés. Existait-il vraiment des gens sans espoir ? Des causes perdues ? C’était une nouvelle si triste et désespérante et, pourtant, une part de moi se doutait qu’ils devaient exister.

Visiblement, le fait que j’ai une idée semblait avoir ramené un peu d’espoir dans les yeux si tristes de Sally. Cela réchauffait mon cœur. Si je pouvais lui faire penser à autre chose, juste un instant, ce serait une victoire pour moi.

« Quand Aurora a été empoisonnée, j’avais utilisé de la poudre soin pour la soigner… »

Oui, j’aurais pu utiliser du total soin, mais je préférais utiliser des produits biopokes. Bon, je passais sous silence que je m’étais fait une sale cicatrice dans cette histoire.

« Mais… C’est trop amer… Et j’ai repensé à nos pokemons et aux autres produits qui existaient. L’eau fraiche, le soda, le lait meuhmeuh… Comme éleveuse, je veux donner des choses bonnes et naturelles à mes pokemons… Alors, j’y ai réfléchi… Je me disais qu’on pourrait essayer d’utiliser de la poudre soin pour créer un dessert avec ses qualités curatives, mais sans le côté amer. »

C’était un projet un peu… futile. Je ne pensais pas que beaucoup de gens s’y intéressaient. Mais je voulais essayer. Même si cela ne serait pas valider par le comité scientifique, peut-être que je pourrais utiliser les recettes pour ma propre utilisation.

« Mais, je ne suis pas la meilleure cuisinière. Je pense pas réussir par moi-même… Tu veux bien m’aider ? Je trouvais qu’on faisait une bonne équipe la dernière fois. »

Je lui adressai un léger sourire. Je pense qu’elle avait apprécié ce moment aussi. Du moins, c’était ce que me dirait Aurora, je pense.

J'écoute avec attention. Ainsi, Vivia à utilisé des poudres soin sur sa Aurora. C'est amer ce truc? Je n'en es jamais acheté, donc encore moins testé. Lentement, je comprends où elle veut en venir. Donc concocter une recette qui serait plus délicieuse pour les pokémons qui aurait à la consommer? Je ne suis vraiment pas porté à dépenser dans des épices étranges des bio-poké. Si mes compagnons ne vont pas bien, c'est direct au centre de soin. Mais des fois, l'option n'est pas présente alors je comprends.

De toute façon, dès qu'elle prononce le mot ''dessert'' un énorme sourire s’empare de mon visage. Ah oui! Voilà qui serait trop parfait! Ainsi, c'est certain qu'aucun pokémons refuserait d'en manger! J'ai déjà une multitude de recette qui me parcours la tête, il ne me tarde d'essayer! Oh, ça fait vraiment trop longtemps que je n'es pas touché à un chaudron moi!

-Mais bien sur que je veux t'aider!

Je sautilles un peu et m'avance d'un bond pour lui saisir les mains, les yeux pétillants d'étoiles.

-Même que si tu veux, j'ai tout ce qu'il faut pour cuisiner au refuge! La cuisine collective est suuuuuper grande et Karl m'a dit que je pouvais l'utiliser pour mes projets personnels autant que pour les repas des bénévoles! On pourrait faire tellement de chose! Des milles-feuilles? Non, trop difficile à transporter... Pareil pour la crème brûlé, les canelés, de la mousse ou des tartelettes.... OH! Des macarons, c'est facile à transporter non? Ou oh, mieux! Des Pains au chocolats!

Une quinte de toux calme un peu ma joie de vivre, pour autant, je garde le sourire. Knoba fixe sa dresseuse et il doit l'avouer aux autres pokémons, il ne l'avait jamais vue aussi motivé.

-As-tu tout ce qu'il te faut pour tes recherches Vivia? On commence quand tu veux!

Elle semblait ravie. Réellement ravie. Un large sourire s’étendait sur son visage alors qu’elle venait pour se saisir de mes mains. Elle souriait. La tristesse dans ses yeux semblait s’être dissipée. J’étais réellement heureuse de voir cela. Je voyais un tel bonheur. Cela réchauffait mon cœur.

Déjà, elle énumérait de nombreux desserts. Ouah. Son esprit semblait en pleine explosion. J’avais réellement causé tout ça ? Juste avec mon idée ? Hé bien, même si ma thèse était refusée, même si je devais devenir la risée dans le milieu scientifique, même si on se moquait de moi, je m’en moquais. Voir Sally sourire était pour moi la plus belle récompense que je pouvais espérer.

Travailler au refuge de Karl ? Oh, son parrain ! Je n’espérais pas tant. Ce serait tellement bien qu’on est un lieu pour faire ça. Cependant, il me manquait encore les ingrédients, mais cela pouvait rapidement être compensé.

« Je dois juste acheter les poudres… On peut y aller maintenant… Et, on pourra commencer tout de suite après ! »

Je ne voulais pas laisser éteindre cette étincelle dans ses yeux. Elle était pour moi tellement précieuse. Je continuai avec un sourire de plus en plus grand, la joie de Sally me devenant contagieuse.

« Et si ça plait, on pourrait même essayer de faire d’autres recettes avec les racines énergie et les herbes rappels. »

Déjà, d’autres projets me venaient à l’esprit. Je pense qu’on allait bien s’amuser.