Saison Un

: Obscure Prophétie

Les jambes lourdent, d'émotions et de douleur, j'étais parti trouver refuge dans l'endroit qui m'apporterait le plus de réconfort à l'endroit le plus proche. Il se trouve que je suis allé directement dans un bar, animé par un silence comblé uniquement par le bruit des verres qui bougent, des soupirs et autres actions laissant sous-entendre que ce n'était pas la fête pour tout le monde. Etrange destin que voilà, j'étais championne puis Maire, résidant partiellement dans l'endroit le plus festif que pouvait posséder Mistral, mais rien de cette fête n'avait jamais transparu par mes actions. Et aujourd'hui encore moins. Toujours bandée au bras par mon attèle, m'aidant à marcher droit grâce à mon parapluie, je m'étais installé à l'écart de tout ce silencieux brouahah.

Je pose doucement mon corps sur la chaise qui n'était pas des plus confortable, mais dont le dossier permettait enfin de pouvoir avoir une sensation de se poser après toute ces merdes qui me sont arrivées sur le chemin. Je pose également mon chapeau noir aux bandes rouge devant moi, avant de poser ma tête dans mes mains et de le regarder avec insistance. C'était le dernier souvenir que je disposais de Romuald, il me l'avait offert avant qu'il ne disparaisse soudainement. Et la famille, Discorde m'avait été offerte également par mes parents, Chaos par Sebas pour quand il n'était pas là car sinon c'était le chaos dans la maison... Le saviez-vous que tout mes pokemon psy m'avait été offert ? Un par chaque membre de ma famille ou presque. Moisson m'avait été donné par Thais qui participait souvant à la récolte dans le jardin, et Fury par Alfredo qui était souvent furieux quand il m'arrivait un truc ? Des souvenirs encore et encore auquels je n'avait pas pensé depuis des mois voir des années, mais...

...
...
...

Fais chier...

Prenant ma tête et regroupant tout mes cheveux vers l'arrière, j'essayais de reprendre une certaine consistance face à tout cela. Etait-ce ma destiné que de tout perdre ? Une quelconque épée de Dimocles qui s'était abattue pour toute mes mauvaises actions ? Avais-je en soi fait quelque chose de mal ? Je n'en ai pas souvenir mais tout me paraissait flou à présent, dénué de sens, tout n'était que mensonge dans mon esprit.

Un serveur passa. Boire ? Si je suis assez grande ? Je suis petite mais je suis pas ta fille abruti. Je montre la bouteille de blanc qu'ils ont. Non pas juste un verre, file moi la bouteille, essayais-je de lui dire ou montrer avec mon seul bras valide. Confus et faisant un ou deux aller-retour avant de comprendre finalement la demande au vu du peu d'option qu'il lui restait, il me servit, puis reparti voir d'autres commandes.
Bordel, si j'avais su un jour que je viendrai me plonger dans les méandres de la débauche via l'alcool je n'y aurai pas cru.

Je m'étais déjà servi un deuxième verre que la tension se fit plus palpable, pour une raison que j'ignorais jusqu'à entendre une voix, forte, grave, bien que ramollie. Qu'est-ce qu'il fait là, le poulet ?

A son approche et sa salutation, je me tourne. J'ai toujours été polie lorsque l'on me saluait, je ne ferai pas autrement ici. Mais mes mots resteront privé pour lui. Nous ne nous sommes pas vraiment beaucoup parlé depuis la mairie, bien que j'ai vite remarqué qu'il contestait beaucoup mes propositions. On ne fait pas des chiens sans avoir des chats.

"Lieutenant Patike, la bonne soirée quelle qu'elle puisse l'être à vous aussi. Asseyez-vous si vous le souhaitez, la place n'est pas reservée."

Je reprend ma place face à mon verre, regardant celui-ci et jouant avec le liquide en me regardant, celui-ci miroitant mon visage et sa dualité de couleurs et d'émotions.

"Je suppose que pour vous aussi, le destin n'a pas été tendre"

Les mots, malgré le fait qu'ils soient par l'esprits, tremblaient. C'était la première fois que j'en parlais ouvertement à quelqu'un depuis Vigneaux, et depuis toutes les découvertes qui ont suivi depuis. Je me risquais même, d'un élan peu commun à mon être, de lui tendre ma bouteille.

"Si vous avez encore soif, servez-vous. J'ai... Trop d'argent à dépenser aujourd'hui."

D'un revers de main je pris également mon verre et le finit cul sec, exprimant un soupir de satisfaction et de libération.

Une chance oui... J'avais buté sur sa réponse. Une petite soeur ? Je m'intéressais pas à la famille des gens, et j'admet que Pathique n'a jamais été dans ma ligne de mire des gens à faire chier. Qui plus est, je n'étais pas attentive non plus à ce qu'il pensait et j'en avait à l'heure actuelle strictement rien à foutre. Je veux juste me pinter pour oublier le calvaire.
Mais ce terme me revenait. Une petite soeur. Une soeur. Non je n'en avais pas et je n'en avais jamais eu. Dans ma jeunesse mes parents m'avaient annoncés que je devais en avoir une, mais j'avais refusé tellement catégoriquement qu'ils avaient fini par abandonner l'idée. Aujourd'hui, je regrette pour la première fois ce refus. Peut-être aurais-je pu moi aussi avoir encore quelqu'un sur qui veiller ou pas. Tss. Veinard.

Avec mes deux verres dans le nez et mes reflexions internes, je n'avais pas saisi ni capter l'attention du Lieutenant pour une bouteille de meilleur calibre. Bien que cela n'était pas dans mes intentions d'origines, je ne peux refuser cette offre. Elle ne fera que combler avec davantage de classe le trou qui s'est formé dans l'esprit et les coeurs. Du champagne hm ? Pourquoi pas.

Je me raidis à l'évocation du cauchemar que j'ai pu voir. Oui, c'est très mal venu, je confirme. Mais bon, ma réponse ne changera rien à ce qui est arrivé.

"Ma famille n'aura pu l'occasion de poser de problème à qui que ce soit. Regardez ma tête et dites moi que je l'ai bien encaissé."

Prenant en remerciant d'un geste de la main le verre servit par le serveur, je regarde le brevage qui semble si différent. Etait-ce l'alcool qui commençait à me faire réfléchir à des trucs inutiles ? Genre pourquoi le champagne est plus opaque que le vin blanc, pourquoi le vin blanc n'est pas blanc ? Tss, c'est pour ce genre de chose que j'ai jamais abusé sur l'alcool. J'étais clean, monsieur l'agent.

"Ecoutez, depuis le bal j'ai du faire le tour de Mistral à vélo deux fois avec des membres cassés, j'ai été mise à mal par un des cavaliers qui m'a volé au passage un de mes pokemons, j'ai sauvé des gens au château parce que les autres étaient trop occupé à s'acharner sur un anorexique fou, je perd la personne qui compte le plus pour moi, ma famille, j'ai vu mon arène que j'avais mis plusieurs mois à bâtir sous des tonnes de décombres d'acier venant de manège, j'arrive ici il n'y a plus personne pour m'accueillir, pensez-vous vraiment, encore une fois, que j'ai l'air de bien encaisser la situation ?"

Essouflée. J'étais essouflée sans avoir techniquement prononcé un mot. Mais c'était une énonciation qui venait de loin et qui me prenait fortement aussi. On va appeler ça une très mauvaise journée.

"Excusez-moi, je m'emporte. Je ne suis pas du genre à m'exclamer comme cela d'ordinaire, je penses que cette crise a touché plus ou moins tout le monde peu importe le milieu, vous y compris. Occupez-vous bien de votre soeur, et à la vôtre. Et à la fin de ce merdier."

Une gorgée supplémentaire dévala ma gorge. Pétillant, moins agréable que le blanc, mais relativement satisfaisant également.

"Que comptez-vous faire après. Toujours policier, au service du maire ?"

Etonnament, oui, il avait raison. Ca faisait du bien. Pas autant de bien que pouvait me donner mon verre en ce-moment, mais un sentiment de libération. Comme si le simple fait d'expulser tout ces mots avait fait en sorte qu'ils ne m'habitent plus. Enfin si ils sont toujours là, mais plus léger. Je ne les portes plus toute seule. Etrange sensation que voilà. Je n'ai rien de méchant à rétorquer, ni boutade, ni moquerie à cet homme qui malgré les différents m'avait écouté. On va dire que je n'aurai pas tout perdu dans l'histoire, même si c'est vraiment pas grand chose de gagné.

Je rétorque d'un geste négatif de la main quand il parle de payer les consommation du soir. Et pareil pour l'arène. Je ne compte pas la reconstruire, tout ce pour quoi elle m'était importante avait volé en éclat. Et bien qu'elle soit elle aussi un bien qui avec le temps m'était devenu cher, elle ne m'est plus d'aucune utilité actuellement. Je vais devenir une championne itinérante, cela laissera plus de liberté à Miroir et Illusion pour se balader et faire en sorte qu'à la limite l'esprit de l'arène reste intacte. Le but est de se perdre et de réfléchir. Mais ce sera pas pareil, je pourrai me faire défier en pleine rue et ne pas pouvoir forcément refuser. Ou même mes deux sosies pourraient se faire agresser sans que je puisse y faire grand chose... Bref, dans tout les cas pas besoin, et je réagite ma main à nouveau à la fin de sa phrase.

A ma dernière question, son argumentaire se diversifie. Non pas que je m'en étonne pour les raisons qu'il évoque. Cela fait techniquement plusieures semaines qu'il et ils, les policiers en général, tentent de retrouver Snappy. Les pauvres, j'ai tellement la flemme de le chercher. Il avait osé me dire que je n'était pas quelqu'un de suffisant pour un Togepi. Et puis quoi encore ?
Néanmoins, l'interêt qu'il semble se mettre à porter pour les affaires surnaturelles et les fantômes me font hausser un sourcil. Depuis quand il s'intéresse à celà lui, depuis qu'il a rencontré cette Vivia ? La rousse bizarre au bal ? Il a l'air de bien l'apprécier et de lui faire confiance à ce que je peux lire dans son esprit. Il en faut pour tout le monde.

Il me regarde de haut, bien que tout ceci soit normal au vu du physique monstrueux de ce monsieur, mais il ne le fait pas comme il aurait pu le faire avant. D'accord, faisons cela.

"Soit, fais comme il te plaît.As-tu une compagne ou des enfants, Anty ?"

Je secoue mon verre, sourit, en boit une gorgée à nouveau, le le mettant à mi-niveau, puis replonge mon regard dans ce tas de muscle. Un sourire en coin s'amorce. Il est pas con et il doit avoir compris pourquoi je dis cela. Néanmoins il n'est pas nécessaire de s'énerver pour si peu.

Je rigolais intérieurement à ses pensées. Ralala, le policiers et l'alcool quel délicieux mélange, pourtant je suis dans le même état si ce n'est à peine moins, et l'envie de jouer me titille également. Pathique n'est pas un vilain garçon mais est-il suffisamment accroché pour la suite ?

"Vas tu me mettre les menottes alors ?"

Tout comme lui je finis mon verre, au contraire je ne me redresse pas, je me recule dans ma chaise, cherchant à avoir une position plus confortable. Ma fatigue me guide dans cette position petit à petit, alors que les regards disent tout. Les pensées aussi. J'ai un avantage sur vous, Pathique, Lieutenant de la maréchaussée à à peine 26 ans. C'est un joli petit exploit quand on connait les gens du milieu. Et puis une nuit entière ? Je doute pas de son endurance, mais je ne promet rien de la mienne. Un clin d'oeil ponctue également la fin de ma phrase, comme pour le charier.

"Savais-tu que je lit dans les pensées et que tes petits mouvement qui ne te semblent pourtant qu'anodin me disent des choses ? Même ce que tu ne semble pas dire je le sais, ceux à quoi tu penses vite fais je le sais. J'admet que pour ce soir, ta compagnie ne me serait pas... désagréable. Mais peut-être que ce que je t'ai dit te fait peur ?"

Sur ces mots tendancieux au vu de la conversation, je prend un autre verre. Ils s'enchaînent sans que je puisse vraiment mettre la main dessus, et je ne lâche plus les yeux du Lieutenant. Alors comme ça monsieur se fait tenter par des femmes plus jeunes ? La question se pose ensuite, n'ayant cherché plus loin une fois le verre entre les mains : Quels sont mes charmes finalement ? Un éclair de lucidité me frappe. Je suis petite. J'ai des cheveux accordés à mes yeux dans leur dualité de couleur. Je suis pas spécialement bien formée contrairement à certaines autres personnes de mon âge. Qu'est-ce qui peut lui plaire à ce type au final ?

"Dis moi comment cela va se terminer, ce soir, Anty ~"

Je l'écoutais, patiemment, pour une fois. Je voulais savoir. Il a tellement de choses qui me tenaient à coeur dans mes idées qu'il fallait bien que je me mette à entendre ce que les autres ont à dire.



Eh oui, je sais déjà depuis plusieurs secondes voir minutes ce que tu comptais me faire, Pathique. Mais c'est qu'on est un très vilain garçon dites moi ~
Et dire qu'il y a souvent des mises en gardes lorsque l'on va boire dans ce genre d'endroit. Genre faites attention à qui vous cotoyez, buvez pas trop. Mais peut-on dire que nos deux personnes sont n'importe qui ? Cela ne choquerai pas grand monde. L'ex-maire et championne accompagnée du Lieutenant de la maréchaussée, lui-même au service de la mairie. Il ne serait pas étonnant que des gens le sachent dans le coin, ou qu'au moins cela ne soit pas totalement étrange à observer. Croyez le croyez le pas, mais mon but n'était pas du tout de le mener dans cette voie en cette soirée qui risque d'être à la fois si longue et si courte. Je ne compte pas me retenir, ni le retenir lui. Car pourquoi pas finalement ? Un coup d'un soir, pour se soulager de bien des manières. Outre l'alcool je conçois que cela est un plaisir qui pourrait aider à faire penser à autre chose.

Il prend les devants, cela ne m'aurait guère étonné venant de ce grand baraqué. D'ordinaire il était déjà en charge de ses propres hommes avec une efficacité redoutable, cela me rendait même curieuse la manière dont il me "prendra en charge". Je n'avais aucune expérience des hommes. Il y avait eu Kim auparavant, raison pour laquelle elle était devenue mon adjointe pour tout. Mais la mairie l'a surchargé en travail par ma faute et à la fin du mandat elle a préféré décroché avec moi et mes occupations, car elle aidait à l'arène aussi de temps à autre. Je m'en voulais, de l'avoir engagée dans autant de boulot. Mais nous sommes toujours en bon terme et bien que les visites ne se soldent pas par des échanges amoureux, il m'arrive de repenser à certains moment passé à ses côtés.

Et... Maintenant que je repenses à ce genre de choses, il y avait Judas, et Alphonse aussi qui semble t'il voulait me faire la cour. Judas depuis bien longtemps déjà, et ma réponse s'est déjà faites entendre à plusieurs reprise. Hors de question. Par contre Alphonse était un cas plus délicat. Il était gentil, sérieux. Il parle beaucoup trop par contre, et cela semblait lui aller que je ne puisse plus lire ses pensées à mon égard. Cela plus le fait de la bataille en cours et les épreuves précédentes m'avaient amenés à le recaler provisoirement.
Bref, à y réfléchir, moi qui n'avait aucune vie amoureuse il y a de cela 6 mois, me voilà trop entourée presque...

Mais pour ce soir, même si j'y pensais, tout ceci glissait loin de moi. Il y avait un homme qui avait vécu quelque chose de similaire et qui laissait pour l'instant couler lui aussi les quelques défaut que je pouvais avoir. Quand il se leva, était-ce mon imagination où il me sembla bien plus imposant qu'avant ? Ah non j'étais juste assise. Et sa main aurait pu me briser le cou sans aucune difficulté, mais je le savais en possession de ses moyens et je connaissais ses aspirations pour un futur proche en ma compagnie. Soit, je t'emboîte le pas ~
Et j'en profite qu'il commence à partir pour reprendre reprendre une partie de sa monnaie. Et la remplacer par la mienne. Je paye mes consommations.

L'hotel où il m'emmene... Bon je n'y suis jamais allé. Un coin tranquille, privé. Par contre c'est moi qui passe devant pour prendre la réservation.

"Une chambre pour deux."

La dame de l'accueil semble reconnaitre les deux personnes qui lui font face. Enfin non elle SAIT, mais elle ne le dit pas. Garde le silence.

- Chambre 147...

"Merci"

147 ? C'est une blague ? Elle l'a fait exprès ou le destin me rabaisse ? Tss, quelle déception. J'invite le lieutenant à me suivre, montant l'escalier jusqu'au premier. Une ou deux marches se font... Lourdes, de par une certaine substance parcourant à présent mes veines. La chambre, située au milieu de l'étage, se fait lointaine aussi. Quelle idée d'avoir un petit corps et de boire comme ça ?

La chambre ne paye pas de mine, rien à voir avec l'Hotel Luxe Ball où j'avais quelques habitudes déjà. Mais honnêtement, rien ne me choque ou me gêne. Cela semble cosi et agréable à rester dedans. Je m'assois directement sur le lit, regardant la mer et en profite pour poser chapeau et parapluie. Et un soupir. Je commençais à réaliser sur ce que je lui avait dit. Etait-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Trop tard pour faire demi-tour.

"Tu n'aura aucun regret ? Sur ça et l'autre ?"