Saison Un

: Obscure Prophétie

Enfin, une fichu ville! Le duo marchait depuis ce qui semblait être une éternité. Bon, il n'était questions que de quelques jours, mais face aux conditions à laquelle ils avaient fait face, c'était pas trop tôt! Loin de vouloir réfléchir au trajet qu'ils laissait derrière eux, Tom prit une fois de plus la tête de la marche. Son énorme sac à dos, remplis a pleine capacité de matériel ne ralentissait pas. Attaché sur le côté de son sac, son arc et ses flèches étaient à portée de main alors que de l'autre côté avançait Branche. La Keunotor ne s'était pas plainte une fois du trajet, se contentant de demander de l'aide lorsque sa petite taille lui nuisait pour passer une épreuve.

Épaule voûté et regard déterminé, Tom avançait rapidement, compensant sa petite taille par un rythme rapide. C'était toujours mieux que le morse qui le suivait. Il n'arrivait toujours pas à croire que cet idiot avait choisi de le suivre. Il pensait quoi? Qu'ils allaient s'amuser à déguster les spécialités du coin? C'était pas le temps de se perdre en connerie du genre. Les deux frères, loin d'être sur la même longueur d'onde n'avait pas échangé le moindre mot tout au long du trajet. La seule communication qu'il avait eux dans les derniers jours étaient des regards plein de sous entendus et parfois quelques grognements, rien de bien consistant.

Tout cela allait changer par contre. Alors qu'ils posaient enfin les pieds sur une vrai de vrai route, Tom remarqua bien vite quelque chose un peu plus loin. Il était encore assez loin de la ville qui se dessinait dans la nuit. La lumière qui s'échappait des habitations révélaient leur forme étrange. Pourtant, ce n'est rien de tout cela qui attira son attention. Non, son regard se posa sur une chose installé en bordure de la route.

-Kessé ça Tabarnak?!

Un poteau. Un poteau en métal. En haut de se poteau, un... Globe? Fait de verre et contenant de la lumière. Un objet complètement irréaliste. Dans leur village, les poteaux étaient en bois, un arbre d'une certaine taille à lequel il avait coupé les branches. Et la lumière, afin d'éclairer les rues? Un fanal à l'huile, qu'une personne était en charge d'allumer le soir et d'éteindre le matin. Cette personne, très respecté passait alors devant toutes les maisons en signalant ''il va faire tout noir'' et on lui répondait poliment ''Ta gueule''. Enfin, ça c'était les gens de la ville. Eux ils avaient grandit à l'écart sur leurs terres, alors ils se démerdaient eux-mêmes questions éclairage. Mais ça? Ça c'était autre chose.

-Ben jéribouère j'ai mon voyage. Y'on enfermé la flamme d'un pokémon dans'une boule caliss! Torvisse, s'd'la magie nouère ça!

Qu'Hélix les protègent, surtout son incompétent de frère qui ne pourrait probablement pas faire face à quoi que ce soit de sorcier. Pourtant, malgré tout doute raisonnable, Thomas, curieux se pencha un peu vers l'avant afin d'inspecter le poteau. Branche, aussi curieuse que son collègue s'avança à son tour et n'hésita pas à y coller ses dents, prête à le gruger tel un arbre. Le résultat, loin d'être fulgurant résonna dans l'air. Ignorant la Keunotor qui se tenait la mâchoire de douleur, l’aîné frappa quelque coups sur la surface du poteau avec son index replié. Solide le machin.

Un grand gaillard comme Tim, bon gros montagnard, on aurait été en droit de s’attendre à ce qu’il ait été plus en forme. Pas tant. Entre deux blizzards ils avaient finalement entamé leur descente, ce qui avait été bien plus facile que les quelques montées. Mais comme maman le dit toujours : on se blesse rarement dans la montée. C’est donc d’un pas des plus précautionneux que Timothée avait lourdement suivi son frère, Thomas, qui n’avait cessé de maugréer tout du long – à son habitude. Tim s’était pris d’affection pour un Rongourmand qu’il avait nommé Joufflu, une boule de poil qu’il avait retrouvé dans une souche, terrorisée. Trop petit pour faire un repas, ou était-ce le regard attendri du grand garçon qu’il était qui ait fait à Tom dire cela, qui sait. Il l’avait mis dans sa poche et continué sa route.
Timothée avait perdu ses troupeaux suite à la « grande catastrophe », il avait accompagné son frère malgré ses remontrances et commentaires… Majoritairement pour ne pas être seul, et aussi car Tim sans Tom, ce n’était encore jamais arrivé de mémoire d’homme chez les Hortons. Ils ne s’entendaient guère sur bien des sujets, à vrai dire, la majorité des sujets étaient prompts à déclencher une bataille verbale, sinon physique, entre les deux jumeaux.

Et puis, enfin, pas trop tôt, une route pavée. Pas de celle qu’ils ont vers chez eux, non, elle était bien plus plate et sans nid de roucool dedans. Alors que Tim regardait ses pieds, ou plutôt se dandinait de droite à gauche pour ôter son ventre de sa vue afin de voir ce qui était en-dessous de lui, Tom s’écriait – une énième fois – ce qui eu pour effet de faire râler Tim sans aucune raison, comme s’il avait été prêt à prendre ça pour lui. Alors qu’il redressait son regard derrière ses lunettes graffignées, il vit Tom se rapprocher d’un piquet gigantesque. Après quelques essais à le ronger et à le tâter de la part de ses comparses, Tim s’approcha du poteau et tenta de le pousser. A part le secouer et le tordre légèrement ça n’eut pas grand effet : « Crime c’dont bein toff... Par les gosses du cornu, y en z’ont mis en masse. Il pointa du doigt le reste des poteaux qui longeaient la route. Tu penses-tu qu’sont assez caves pour pas savoère qu’sont su l’asphalte juste avec leurs pieds ? Y a rien icette, y éclairent quoi ? Y as-tu pas assez d’étoèles dans l’ciel pour eux z’autes, tabouère ! »
Timothée remonta son pantalon, une nécessité permanente, s’essuya le front du revers de sa manche, ça aussi une nécessité, puis souffla à pleins poumons. Avoir des problèmes aussi peu importants ça leur permettait de se défouler. Ils n’étaient pas arrivés jusqu’ici pour s’émerveiller sur le premier poteau lumineux venu. Tim, lui, pensait à son confort et surtout à une première nuit sans avoir les pieds de Tom dans la face, dans un vrai lit et pas par terre. Tom, ce poids plume, ne sentait peut-être pas les roches sous son matelas de fortune, mais pesant comme Tim était, vous pouvez bien croire qu’il aurait pu les compter un à un et les connaître quitte à leur avoir donné des noms le matin venu.

Le grand bonhomme se gratte la tête, bien peiné par l’obscurité de ces lumières diaboliques. Il regarda un instant la lumière et cria d’une grosse voix digne de l’ours le plus mal léché de toute la vallée : « Ta yeule ! rien. Ta yeule ostie ! toujours rien. M’regarde pô avec t’z’yeux lâ, ç’aurait pu marcher. » Oui, Timothée venait de gueuler sur un lampadaire en pensant qu’il allait magiquement s’éteindre si on lui disait de ‘’fermer sa yeule’’. Bel essai : « Bon… où c’est qu’z’ont mis l’auberge ? J’ai faim. », de là où ils venaient on pouvait toquer à n’importe quelle heure et avec un beau sourire avoir un repas chaud et peut-être même un lit. Seulement il y avait un hic… après avoir crapahuter dans la montagne pendant des jours et des nuits, Tim il avait envie de tout, sauf de sourire.

Tom se tourna pour faire face à son frangin. Ce dernier soufflait comme un Polagriffe, rouge de sueur avec l'odeur qui venait avec. Au fond, il devait s'avouer étonné. Le garde chasse était sûr que son abrutit de petit frère aurait abandonné sitôt venue la première pente. Il avait même fait exprès de faire un détour inutile au départ, histoire de pouvoir le larguer au village aux premières plaintes. Mais non. Le géant avait tenue la route. Bon. Il ne fallait pas se mentir complètement non plus. Tom avait ralentit un peu son rythme habituel. Si l'autre devait lui claquer dans les bras, c'est la mère qui ne lui pardonnerait jamais! Et que dire du père... Brrrr.

Parlant de faiblesse émotionnelle (quelle horreur) il en avait eu deux plutôt qu'une. Timothée avait fait le truc là, avec ses yeux... Difficile à expliquer, c'était une expression qui n'avait tout simplement aucune place sur la visage gras et barbus d'un adulte. Mais bon. San le savoir, Tim détenait cette capacité de faire flancher son grand frère. De fait, il c'était retrouvé à adopter une boule de poil égaré dans le grand froid. ''Trop petit pour faire un repas'' mon cul oui! Le machin aurait fait un délicieux accompagnement une fois rôti. Mais bon, sa chance était passé et ils s'étaient traîné à moitié affamé tout le reste du trajet.

Tim s'approcha à son tour de l'étrange poteau après avoir remonté son pantalon pour la millième fois. Tom fit un pas de côté, lui laissant libre accès, sourire en coin. Il alla jusqu'à s'allumer un cigare pour savourer la scène. Car oui, si son frangin s'en mêlait, il allait certainement pouvoir se marrer un peu. Le géant poussa de toutes ces forces contre le poteau. Rien, si ce n'est la teinte de peaux encore plus rouge de l'autre. Suivant le geste de main du regard, Tom devait avouer que ces machins pullulaient tout le long du chemin.

-S'te bande d’illettré est assez gigone pour faire d'la magie noère, certain qu'sont assez caves pour pas savouère comment suivre un ch'min osti! Si sa trouve, y marche à côté sacrement!

Cela serait bien la fin de leur voyage si jamais ils se rendaient compte que le reste de mistral était assez consanguin pour ne plus savoir utiliser une route! Tom expira une volute de fumée avant de fixer son regard sur le sommet du poteau. Les Hortons venaient une fois de plus d'avoir la même idée en même temps.

-Ta yeule tabarnack!

Le duo gueula après le poteau lumineux presque en symbiose, la voix de l’aînée couvrant le silence du cadet entre ses deux cris à lui. Sans résultat. Devant le commentaire de Tim qui exigeait de ne pas l’entendre rire, le garde chasse leva les mains au ciel en signe de reddition. Branche les fixaient, perdu. Tom grogna, perturbé malgré lui par cette chose qui ne répondait pas à la plus simple des politesse.

-Cibolac de boswell, son même pas foutu d'la faire marcher comme qui faut leur batince de magie nouère à marde! Hein, l'auberge?

Tom se détourna enfin complètement du poteau, fixant son regard sur le chemin qui semblait se diriger vers une ville au loin. Du moins, à en croire la quantité de lumière qui brisait la noirceur dans cette direction.

-J'sé ti moé, si sa trouve les bâtard l'on caché dans l'fin fond du bois... Vouère qu'y en on même p't'être même pas taboire... Marchons encore un boute, doit ben y avoir queckchose sur l'chemin criss.

Tom entreprit de marcher d'un pas rapide. Branche se dandina aussitôt, tentant de lui suivre. C'est pourtant à son frère qu'il offrit la remarque suivre.

-Envoye Ronflex, bouge ton cul sacrament!

Oui, lui aussi la fatigue commençait à le gruger. Mais pas question de paraître faible! Alors il prenait les devants, continuant de marcher malgré la fatigue de ses jambes et son ventre creux. Quelle idée il avait eux aussi de couper les portion de sorte que son frangin en est un peu plus...

La magie « nouère » c’est pas bon ça, Tim et Tom le savaient. Ils ne connaissaient pas Mistral, mais la magie, ça restait de la magie et c’était de très mauvais augure. Dans leur bourgade de campagne perdue où on mettait encore les Wattouat dans les pâtures pour tondre le gazon et où on allait savoir s’il allait pleuvoir en mettant un Grenousse sur une échelle… Forcément la magie ça faisait peur. La notion de lampadaire ne leur était pas étrangère, mais… pas comme ça, pas aussi parfait, pas aussi… machiavélique : « L’est brisée leur ostie d’patente. » pesta Timothée d’une voix ressemblant plus à un râle qu’à sa propre voix, sans doute car lui et son frère venait de s’égosiller à tenter de comprendre le fonctionnement du lampadaire.
Et ils sont repartis. Tim souffle de tous ses poumons, il en a marre de marcher, mais si c’était pour retrouver un toit et un lit, et surtout un repas, il n’allait pas dire non. Leur course commença d’ailleurs avec un coup de pistolet qui n’était autre que l’intense gargouillis de l’estomac de Tim qui criait famine. Et c’est avec autant de virulence que Tom appela Tim ‘’ronflex’’, un surnom qui l’avait suivi toute sa vie et qu’il détestait, quoiqu’il préférât encore se faire appeler de la sorte qu’il ne se mette à jouer de la pokéflûte.
Timothée allait protester mais alors qu’il s’approchait un pokémon tout rond se mit devant lui et commença à très distinctement – trop distinctement – prononcer son petit nom absurde. Rondoudou. Tim s’arrêta net, il regarda le petit pokémon rose et dodu. Il redressa son regard vers Tom, qui face à l’absence de réponse du frangin s’était retourné, et ils s’adressèrent tout deux un regard entendu, sans un mot. Là était la force de Timothée et Thomas, à grandir ensemble et à ne se séparer qu’en cas d’urgence, la communication n’était pas moins efficace que de la télépathie.

Une chance pour lui, et au grand malheur du Rondoudou, ce dernier regardait le géant et pas son ‘’petit’’ grand frère. Alors Tim en profita et continua d’attirer son attention en lui parlant comme il l’aurait fait à un de ses pokémons, tout en restant à bonne distance. Le pokémon fée, ça goûtait sucré et comme ça se battait pas souvent, c’était tendre et juteux lorsque bien cuit. Et puis un Rondoudou, c’était une aubaine ! Rien de plus facile à découper et ce n’était pas trop dangereux, celui-là avait l’air jeune, mais pas assez jeune pour que le duo l’épargnât. Tim n’était pas certain de savoir les limitations de cette partie de Mistral concernant la chasse au gibier… mais après tout si le premier pokémon vu était un Rondoudou, c’est qu’il devait y en avoir trop, non ? Ils se rendaient service autant qu’ils rendaient service à la ville. Tout ça gratuitement !

S’en suivi une scène digne de la plus grande chasse du siècle, Tom et sa hache, Tim et la bouffe, c’est toute une histoire d’amour. Et c’est avec autant de passion qu’ils s’occupèrent du cas du rond et gras Rondoudou. L’auberge était un lointain souvenir, rien de mieux qu’un feu de camp avec des brochettes de Pokémon grillé et le duo se retrouva tranquille à faire fondre des cubes de Rondoudou comme des marshmallows au-dessus d’une flamme dansante à la limite du bois. Ils avaient fait demi-tour car un feu de camp en ville n’aurait eu aucun sens. D’ici, la lumière des lampadaires ne concurrençait plus celle des étoiles, et malgré le fait que Tim aurait eu envie d’un lit, rien ne valait une soirée en compagnie de son frère en pleine nature. Que de souvenir d’enfance. L’odeur était divine, et le goût aussi savoureux qu’ils se l’étaient imaginé, Tim, qui avait fait des cubes avec le rondoudou et saupoudré de diverses épices quelques morceaux, renfonça sur sa pique quelques cubes avant de s’exclamer : « L’Rondoudou c’comme l’Mélofée. Sauf qu’l’Mélofée c’est rare en tabarnak. Alors, ça goûte-tu pas pire ? »
Il aimait cuisiner, encore plus pour la famille. Tim avait ce côté familial pour lui, la présence d’un arbre aux racines profondes sous lequel s’abriter et se reposer. Avec lui, on apprenait à vivre le moment présent et à apprécier les plaisirs de la vie. Tom était là pour contrebalancer son calme et sa nonchalance : « C’qu’on a pas de dessert avec ça… », cette réflexion lui était venue alors qu’il n’avait même pas fini sa brochette. C'qu'un Rondoudou c'pas bein bein gros, comme on dit par chez nous aute'.

Trente secondes. C'est le délais que prend Tom avant de recommencer à ralentir son pas. Tim souffle comme une vieille à qui on aurait retiré sa canne. Sans compter son estomacs qui hurlait tel un Lougaroc marquant son territoire. Grognant, le garde chasse se demandait pour la centième fois si son ''grand'' petit frère allait se rendre jusqu'au bout. C'est cet instant que choisi une sorte de boule rose pour se pointer. Rond et dodu, le machin les pointait du doigt et prononçait ce qui devait être son nom de manière très... Autoritaire?

Redressant un sourcil, Tom se tourna vers Tim. Ce regard... Il n'en fallut pas plus pour qu'un sourire carnassier n'étire les traits du garde chasse. Lentement, il entreprit de contourner la créature alors que le colosse gardait son attention sur lui. La tactique était simple, utilisé des dizaines de fois. Il n'y avait pas besoin de mots pour savoir exactement quoi faire, pour lire la gestuelle du cuisinier et se figer si nécessaire. Hache en main, c'est sans hésitation aucune que le bûcheron l’abattit violemment contre le crâne de leur gibier.

La bête n'avait pas souffert, du moins, très peu de temps. Tom n'aimait pas torturer, quand ont abattait, il fallait le faire vite et bien! L'espèce du machin lui était inconnu, pour autant, il faisait confiance à Tim. L'éleveur pensait que c'était comestible? Alors ce l'était. Des deux, c'est son frangin qui avait le don d'analyser le potentiel gastronomique de tous ce qu'ils pouvaient croiser. Le bûcheron chassait les espèces qu'ils connaissaient en général et lorsqu'ils tombaient sur un truc inconnu... Ben des fois il le ramenait pour se faire dire que s'était venimeux. Que voulez-vous, un gars s’essaie!

Le duo se retrouva rapidement à bonne distance de la route. Le garde chasse s'occupa de faire un feu tendit que l'éleveur apprêtait le Rondoudou. En moins de deux, ils se retrouvèrent bien installé à partager un bon repas chaud. Les cubes de viandes préparé par Tim fondait et grillait parfaitement bien sur le feu. C'était tout bonnement délicieux! L'odeur, mélangé à celle de la forêt environnante en était presque envoûtante. Ils allaient enfin pouvoir se reposer le ventre plein, oublié les plans d'auberge, il n'y en avait plus besoin.

-S'crissment bon l'gros. S'vrai qu'l'Mélofée c'est rare en chien, s'te machin par contre semble commun. Osti qu'les gens mistral doivent manger comme des rois!

S'il suffisait de marcher le long de la route pour tomber sur de quoi souper, les gens d'ici devait tous avoir la taille de son frangin! Une brochette toujours maintenue au dessus des flammes, le bûcheron songeait au plaisir gustatif des prochaines bouchées. En fait, afin de bien conclure ce repas, il lui suffirait de fumée un bon cigare... Ou encore de remplir à ras bord sa pipe?

-Ah! T'es sérieux? J'irais pas crouère qu'un autre machin va nous tomber s'dus caliss, s'rait ben trop beau!

Tom regarda un peu les environs. Il est vrai que pour lui, le Rondoudou serait suffisant... Mais pour Tim?

-J'pourrais p't'être poser des pièges dans l'coin... Des chances qu'd'min matin ont est d'quoi bouffer encore...

C’est qu’on n’a pas la taille de Timothée à juste manger un rondoudou, se coucher avec la faim au ventre, c’est sûr que c’est pas la joie. Mais à dire vrai, Tom s’était toujours débrouillé pour qu’il n’ait jamais eu à surmonter cette peine. Tom était un bûcheron, mais surtout, là d’où lui et son frère venaient, si on ne savait pas poser un piège, on était un homme mort – de faim. Tim n’avait pas la subtilité nécessaire pour de pareils… engins. Avec ses gros doigts boudinés, sa dextérité laissait à désirer, à part lorsqu’il s’agissait d’extraire le filet d’un pokémon au millimètre près, ça, il était capable. Certes ce n’était jamais immédiat, et alors que Tim finissait son repas, il se tapotait gaiment le ventre et regardait autour de lui, l’air satisfait comme si quelque chose d’autre – comme un dessert ! – l’attendait sagement, alors qu’après avoir cuisiné, il savait bien que c’était tout ce qu’il y avait. Puis, quelque chose sembla le déranger, il fronça les sourcils et renifla : « Ç’sent dont bein la robine icette. »

Un regard accusateur vers Thomas fut lancé, mais tout de suite un mouvement attira l’attention du duo. Un Miamiasme, non content des poubelles de toute une ville était venu fouiner dans leurs affaires et leurs restes et se gargariser avec le jus de viande laissé à terre. Une vraie poubelle. Devant l’odeur très peu plaisante, Tim se releva péniblement, remonta son pantalon pour la centième fois de la soirée et se gratta la tête. Feigna de s’en aller mais la petite vidange à pattes semblait les suivre… Comme une mouette au-dessus d’un pêcheur le Pokémon semblait avoir compris que partout où Tim passe, des restes on ramasse : « Tu penses-tu qu’va m’suivre comme çô longtimps ? Décalisse ostie. » ; S’en suivit un spectacle pitoyable de Timothée qui tourne autour du feu en essayant de semer le Pokémon qui ne fait que trottiner joyeusement derrière lui : « Fa que'quechose toé ! » dit-il à son frère, sans doute trop amusé par la réaction de son cadet pour oser s'interposer...

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'Lancer de Capture 0' :

Oui, voilà qui serait une bonne idée. Quelques pièges bien placé et non seulement il aurait un déjeuner de seigneur demain matin, mais ils pourraient aussi refaire un peu leur réserve avant de reprendre la route. Ils devaient encore atteindre la ville la plus proche pour s'informer de la situation et surtout, de leur position. Son morceau de viande terminé, Tom se retrouva à gruger le morceau de bois usé tel un cure dent. De sa main libre, il approcha son sac à dos afin de fouiller à l’intérieur. Il avait amplement de quoi placer quelques collets dans le coin, voir une trappe. Il releva la tête lorsque Tim parla de Robine. Curieux, il renifla à son tour. Il est vrai qu'une étrange odeur leur parvenait désormais.

Un mouvement attira rapidement l'attention du duo. Une créature à l'apparence grotesque et à l'odeur putride avait choisi de se pointer à leur souper. Se machin puait de ouf! Grimaçant, Tom cracha au sol.

-Ark, kessé sa s't'ostie d'criss de sac à vidange là?! Sa ton dessert l'frangin?

Blague, bien sur. Même affamé, son petit ''grand'' frère avait des principes. Ce truc devait être immangeable! Loin d'apprécier le nouveau venue d'ailleurs, le cuisinier se leva, désireux de quitter l'emplacement. Soupirant, Tom en fit tout autant. Pour découvrir que le machin putride suivait l'autre à la trace. Tel un jeune chiot collé au cul de sa mère, la poubelle vivante suivait Tim tel son ombre. Loin d'être un athlète, son gros gaillard de frangin courait péniblement autour du feu, y perdant de manière répétitive son pantalon. Tom éclata de rire, impossible de ne pas se moquer!

-J'ai mon voyage! J'savais pas qu's'étais un dîner spectacle tabarnak!

Loin d'apprécier, voilà que l'autre lui demandait d'intervenir. Ah la la. Incompétent un jour, incompétent toujours hein? Roulant des yeux, l’aînée fit signe à son cadet de poursuivre sa tentative de fuite. Dès que ce fut le tour au sac à vidange de passer devant lui, il passa à l'action. C'est un coup de pied magistral que la créature se prit. Plus lourde que le ballon de soccer imaginé par Tom pour bien viser, la bête n'alla pas bien loin ,se contentant de retomber dans les flammes du feu de camp. Hurlant de douleur, brûlé vif, le pokémon du s'y prendre à plusieurs reprisent pour parvenir à se relever et fuit sans demander son reste.

-Oups, j'pensais pas s'machin si lourd...

Parce qu vue la taille, le garde chasse s'était vraiment attendu à voir la créature faire un vol plané. Pas retombé bêtement dans les flammes du feu pour y cramer pathétiquement. Bon. La torture c'était pas son truc, alors il regrettait un peu. Mais au moins, le truc ne reviendrait pas non?

-Prêt à pioncer ou on r'prends la route?