Saison Un

: Obscure Prophétie

Hum, pas bête la réponse de Sally !

— Heureusement que j’ai toujours plein de viande séchée sur moi alors ! Et que Fouifi va souvent chasser. T’imagine ? Y’en a qui pourraient même essayer de nous manger nous en vrai !

En vrai, ça me fait pas si peur, je trouve ça plutôt drole. Faut dire qu’à part Prince, mes Pokémon sont pas des grosses bestioles capables de me bouffer. Et Prince, c’est un prince, alors il mange pas n’importe quoi.

Ah, finalement c’est Sally qui ouvre la marche cette fois ! Au moins, elle est de nouveau en forme. Elle a plus l’air d’avoir besoin de moi pour marcher, du coup j’ai pu ressortir Truc de sa pokeball pour voir s’il se réveillait.

— T’en fais pas, dis-je en forçant le muscle de mon bras droit. Si on croise des souris, je les explose pour toi et on les fera manger à Split !

Bah oui, j’ai pas peur moi ! Du coup elle craint rien Sally.
Quant à ma copine, son intérêt se reporte sur le daim endormi. On dirait même qu’elle a un plan machiavélique pour le réveiller ! Je ricane en la voyant sortir à manger pour le mettre sous le museau du faux trépassé. Haha, mais bien sûr ! J’aurais dû y penser avant !

Scrunch. La gueule du cervidé s’est réveillée avant le reste. Ce n’est qu’une fois sa gueule pleine du goût succulent de la galette qu’il entrouvre ses yeux.

— Ça a marché ! T’as trouvé le meilleur des remèdes pour Truc !

Le daim secoue la tête pour se remettre de ses émotions avant d’enfin se souvenir de ce qui vient d’arriver. Ah ! L’Insolourdo ! Il tourne la tête dans tous les sens, cherchant son terrible adversaire pour reprendre l’affrontement, jusqu’à poser les yeux sur Split. Son ami penche la tête sans comprendre le regard noir lancé par le Vivaldaim.

— C’est Banane que tu cherches ? Vous avez fait assez d’entrainement pour aujourd’hui, elle est partie se reposer elle aussi !

Mais qui est donc cet Insolourdo dans ce cas ? C’est la question qui se lit dans ses yeux avant que l’idiot ne réalise sa bêtise. Split siffle de dégoût, frustré d’avoir été confondu avec une meurtrière. Et d'ailleurs, comment ça "entrainement" ? L'Insolourdo vient de réaliser que le drame a failli se répéter. Si je n’en ai rien entendu dire, les deux amis par contre ont eu bien des occasions pour discuter de cette mésaventure et éclaircir les quelques zones d’ombre qui en découlaient. Surement qu’ils auraient mieux fait d’en parler à Ciboulette… Sauf que le Pitrouille et l’Insolourdo n’étaient pas exactement de bons camarades. Tant pis pour eux !

En l’absence de son adversaire, Truc affiche une moue déçue. Il aurait voulu continuer le combat, lui ! Il n’a absolument pas conscience du temps qu’il vient de passer inconscient. Et puis… Ooooh, une galette, c’est vrai ! Scronch. Oubliant tout le reste, le gourmand reprend son repas offert par Sally avec la gourmandise qu’on lui connait.

— Je crois que tu t’es faite un nouveau copain !

Ah bah ça, si Sally n’enlève pas sa main, Truc ira même lécher les miettes sur ses doigts !

— Ah bon ?! C'était si terrible que ça ? Ça fait peur ! m’exclamai-je en apprenant la tentative de Paniki, qui que ce soit.

Moi, j’ai pas vraiment connu ça. Puis mes Pokémon, ils ont résisté à la malédiction ! Ciboulette et Fouifi ils m’ont aidée ! Et même Split, il a été gentil avec Krystal. Il parait que y’en avait plein comme ça, qui restaient gentil malgré la malédiction. J’ai surement eu de la chance !

Je fais un grand sourire en voyant Sally caresser Truc. Bien sûr qu’il se laisse faire ! Enfin, il va surtout aller renifler jusqu’au bout du bras pendant la caresse pour voir s’il reste pas un peu de gâteau par-là. Pour sûr, il aurait bien piqué la deuxieme galette dont Sally m’offre la moitié ! Je baisse la tête du daim en devinant ses agissements, puis remercie Sally en m’emparant du cadeau :

— Merci, c’est gentil !

Maintenant, on est bien rechargées, on va pouvoir explorer jusqu’à retrouver une sortie !

J’entre dans la pièce, hochant la tête à la théorie de Sally. C’est sûr que doit y avoir du monde ! Cette grosse pièce pleine de machin qui font bip bop bip ne PEUT pas être vide. La preuve !

— Woof !

Ça, c’est un gros élecsprint qui vient nous renifler, très curieux de nous voir débarquer dans le coin. Il n’a pas l’air sauvage, vu la façon dont il nous aborde. Surement l’un des toutous de garde !

— Oh, mais c’est super ! Dis, toutou ! On est perdu, tu peux nous montrer comment on sort ?

Dans un premier temps, ça a l’air de plutôt bien marcher. L’animal semble méfiant, mais ouvert à la discussion. Puis entre Truc qui a l’air inoffensif et Prince respectueux, ça peut que bien se passer ! Manque de bol, y’a une troisième crétine dans l’équipe qui va pas manquer de se faire remarquer.

— ALERTE, ALERTE, ACTIVITÉ SUSPECTE DANS LE SECTEUR B7 !

Je sursaute à ce vacarme assourdissant vomis par les haut-parleurs tandis que toutes les lumières virent au rouge et les portes se ferment dans notre dos. L’Elecsprint grogne puis se met en position, prêt à bondir au moindre geste.
Sans aucune hésitation, je me mets devant tout le monde et tends mon bras libre à l’horizontal devant mes amis pour indiquer au toutou qu’il faudra me passer sur le corps pour attaquer qui que ce soit ! Je sais, ça a l’air héroïque comme ça, mais je crois que c’est plutôt Prince la négociation sifflée de Prince qui fait que la bestiole a pas encore bondi.

Mais pourquoi c’est devenu tout rouge, au fait ? Ben, parce que Fouifi, dans son ennui incommensurable, a décidé que les boutons colorés méritaient d’être appuyés, et que ça ne pourrait que rendre la situation plus intéressante qu’une virée au hasard des couloirs. Du coup, comme on a aucun accès, ça a déclenché toute la sécurité de la centrale !

Hein ? Qu’est-ce qui y’a ? Je tourne les yeux pour voir ça.

— Fouifi ! Mais qu’est-ce que tu fais ?!

En guise de réponse, la Fouinette hausse les épaules, innocente. Le pire étant qu’elle ne ment pas : elle ignore complètement comment ces touches ont pu provoquer l’alarme, mais ce fut très divertissant pour elle. Du coup, elle continue. Je me passe une main sur le front tandis que le chien redouble d’intensité dans ses jappements à l’intention de la fauteur de troubles. Laissant Prince gérer les pourparlers, je me jette sur la console pour attraper Fouifi, laquelle me file entre les doigts en ricanant.
Heureusement que Sally est là, quand même ! Elle est tellement intelligente qu’elle a trouvé du premier coup le bouton pour tout arrêter ! Même que c’était pas un bouton, elle a juste tiré un machin du mur, et pouf, plus d’alarme !

— Bravo ! T’es trop forte, t’as tout réparé !

Le chien semble pas du même avis. Il est maintenant persuadé que nous sommes ici pour saboter la centrale tout juste remise à neuve. Ni une, ni deux, l’attaque tonnerre part en direction de Sally après son intervention. Attaque interceptée sans hésitation par le gros Dunaconda, lequel en ressort indemne. Cette fois, il siffle d’un air menaçant ! S’il ne fait pas le fier devant Fouifi, il peut encore faire la loi devant un Pokémon électrique !

— Je crois qu’on fait mieux de partir ! dis-je à Sally en sentant la situation m’échapper.

De toute façon, elle a réparé ce que Fouifi a cassé en débranchant la machine, donc c’est bon ! Vaut mieux pas rester là. Montrant l’exemple, je fonce en direction de la porte, m’attendant à la voir s’ouvrir comme à notre premier passage. Boing, c’est le choc.

— Baaah, pourquoi ça s’ouvre pas ? Hé, Ho ! Ouvrez bande de vilains !

Je crie fort pasque j’entends des voix de l’autre côté. Je crois que y’a des gens ! Ils nous ont enfermées ! Ou alors c’est juste la machine débranchée par Sally qui gérait notamment l’ouverture ? On ne le saura jamais.

Ce qui est certain, c’est que Prince n’aura pas gardé le chien en respect bien longtemps. Si petite qu’il soit devant son adversaire, le cabot a bien joué son rôle de gardien, bondissant sur l’imposant prédateur pour lui mordre les écailles. Prince gronde de douleur, l'attaque lui faisant lâcher un énorme nuage de sable par les naseaux, au point qu’une véritable tempête de sable commence à envahir la pièce. Une tempête à l’intérieur ? Mais c’est quoi, ça ! On voit plus rien et ça fouette tout plein, c’est horrible ! Je retape sur la porte en espérant qu’elle va finir par s’ouvrir, tout ça sous le regard très amusé d’une Fouifi assise sur la machine inactive qui se protège du sable avec sa queue contre son visage. C’est bon, elle a foutu son merdier, maintenant elle peut se contenter d’observer le chaos créée !

Qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on fait ?! C’est de pire en pire ! D’abord le bruit, ensuite le bruit s’est éteint, ensuite la porte fermée, ensuite Prince qui fait du sable, maintenant il pleut à l’intérieur, il fait nuit et ça crie à nouveau. ON FAIT QUOI ?
Rien du tout.

— Hein ?

Vous allez surtout arrêter de faires des choses. Rentre tout le monde, asseyez-vous dans un coin et ne bougez plus.
Ciboulette est vraiment pas content ! Je crois que c’est la toute première fois qu’il prend ce ton-là. Je me sens comme une enfant grondée par son papa. Du coup, j’obéis sans aucune hésitation. Prenant mes pokeball, je rappelle tout le monde à l’exception de Fouifi, laquelle reste assise de toute façon à sourire bêtement.  
La tempête se calme à la disparition de Prince (il va m’en vouloir, lui, j’ai même pas pris le temps de le prévenir. Mais il s’est fait taper, alors ça devrait faire une circonstance atténuante ?). Presqu’aussitôt, je pose une main sur l’épaule de Sally, la tire sans forcer avec moi en direction du mur et montre l’exemple en m’y asseyant.

— On bouge plus. Plus du tout. C'est que des machins bizarres qui font des trucs que je comprends pas, alors faut plus toucher. Les gens d’ici ils vont tout réparer.

Avoir rappelé mes Pokémon aura au moins calmé le chien qui se contente à présent de grogner dans notre direction. Si on reste sages, tout devrait bien aller ! Après-tout, on n’a rien faire de mal !

Un à un, les problèmes se résolvent. L’alarme cesse, ainsi que la pluie, les lumières reviennent… et après de longues minutes d’attente, la porte s’ouvre, laissant passer une demi-douzaines de Pokémon et d’humains vêtus de la tenue des gardes de la zone. Tous s’élancent dans la pièce à la recherche du fameux gang criminel dont ils supposaient l’activité, certains s’enfonçant même plus loin dans les prochaines pièces. Le chien nous délaisse enfin, tout content de pouvoir rejoindre sa maitresse en un seul morceau. C’est d’ailleurs celle-là qui nous remarque en première et s’accroupie devant nous pour essayer de comprendre ce qui arrive.

J’ai fini par passer un bras dans le dos de Sally durant l’attente pour qu’on se serre l’une contre l’autre. C’est bizarre, ça me rappelle de drôles de souvenirs. Mais ça doit être la panique qui m’embrouille. La dame devant nous est en tenue policière. Mais voyant qu’elle s’adresse à des enfants, elle se montre aussi calme que possible malgré la situation lorsqu’elle tente d’en savoir plus sur notre présence ici.

— C’est ma faute ! Je patrouillais pour voir que tout va bien dans la centrale avec ma copine, et je nous ai perdues dans les couloirs ! Et après Fouifi elle est tombée sur un bouton, et ça a fait du bruit partout, alors on a paniqué tout plein et on savait plus quoi faire !

J’ai sentis quelques accrocs dans mon discours, comme des mots qui changeaient au fur et à mesure que je les pensais. Je crois que Ciboulette veille au grain pour que tout se passe bien.

— On voulait juste ressortiiiiir !

Dis-je en baissant les bras d’un air las.

Huuuuuuum, mais en fait je veux pas partir, moi. J’aurais voulu réparer toutes nos bêtises ! Enfin… avec toutes ces machines, je crois qu’on peut rien faire de plus. La dame soupir, bien consciente d’avoir affaire à deux gamines idiotes. Quelle idée aussi de demander à des gens aussi jeunes d’aider dans un coin d’adultes ? Allez, à part une soudaine invasion de sable dans la pièce et une panique générale, au final, rien de grave n’a été provoqué. Heureusement que Ciboulette nous a arrêtées à temps, qui sait ce qu’on aurait pu déclencher en insistant dans nos bêtises ?
L’explosion de la centrale entière.
VRAIMENT ????
Il ricane. Je crois qu’il se fou de ma gueule, le vilain. Me voilà tirer la langue au vide, frustrée par ces cachoteries auxquelles je comprends rien. Mais bon, il est gentil quand même Ciboulette, heureusement qu’il est là.

La madame nous raccompagne jusqu’à l’entrée, et on me demande gentiment de ne plus revenir aider avant des années. Un milliard d’excuses plus tard, Sally et moi pouvons enfin rentrer. OUF ! Enfin dehors !
Poum. Je viens de me jeter sur Sally pour lui faire un gros gros câlin d’aurevoir.

— Heureusement qu’on était toutes les deux, j’aurais eu trop trop peur sinon !

Je peux vous le dire : moi non plus, je suis pas prête de revenir dans un truc pareil ! Tous ces machins et bidules qui font des bruits bizarres, c’est vraiment douteux ! Je préfère rester loin de leurs trucs scientifiques. Surtout qu’à Kedal, on utilise pas tout ça ! Moi j’vous le dit : encore des machins inutiles.

Bref, la journée s’achève, Sally et moi on peut enfin rentrer tranquillement chez nous et laisser derrière-nous ces histoires de centrale, de souris et de boutons bien trop dangereux. Et je vous raconte pas la gueule qu’a tiré Prince quand je l’ai ressorti de sa ball ce soir… J’ai cru qu’il allait me manger toute crue ! Heureusement qu’il est pas rancunier.