Saison Un

: Obscure Prophétie

Maïté était bien heureuse de répondre au remerciement de Vivia en lui faisant une pose digne de musclor, bras replié a quatre-vingt dix degré pour bien faire ressortir ses muscles. Je m'assure que le four est à la bonne température et je retire les mitaines de protection pour les laisser sur le côté en attendant. Je me frotte les mains, libérant un peu de farine au passage. Mon tablier va finir encore tout plein, c'est certain!

-Oui! J'ai fait l'acquisition d'une vieille ferme aux abords du refuge. Comme je suis bénévole ici, c'est plus facile pour voyager entre les deux... Mais euh, attends. Ton élevage est a Fricke toi aussi? Trop bien!

Car par proche, c'est sans aucun doute ce qu'elle entend n'est-ce pas? Curieuse, je m'approche pour observer la suite. Debout sur son petit banc, la Machoc en fait tout autant, observant d'un regard curieux la procédure qu'entame l’apprenti scientifique. Elle utilise les pics toxic de son pokémon pour obtenir du venin. Trop fort! Je regarde avec curiosité les deux éléments liquide qui se mélange dans le verre puis, elle ajoute une certaine quantité de poudre, faisant repasser le tout à une teinte transparente.

-Woaaaw!

Cette fois, j'approuve vivement de la tête. Je comprends pour vrai! Si le pain au chocolat chasse le mauve dans l'eau alors ça marche! Parlant de ça, il doit être prêt, car en faire cuire qu'un seul, c'est pas très long. Je me dirige vers le four et remets mes gants.

-Oui! Enfin, en partit. C'est le directeur, mais en vrai au refuge on fonctionne en ''au-to-su-ffi-ssan-ce''.

Je dis le mot lentement, j'aime pas ce mot, l'es dure à dire. Et c'est pas une question facile à répondre non plus, j'espère pouvoir bien faire comprendre le truc.

-Donc, c'est pas à lui même s'il en est l'auteur, tu comprends? Personne ici n'a de salaire, on travaille pour aider les autres et les services payants que l'on offre parfois, c'est des levés de fond. Sinon bah, tout est gratuit! Notre but, c'est vraiment de faire en sorte que des gens qui ont pas eu de chance dans la vie, ou qu'il on fait une bêtise, ben ils peuvent se reprendre en main. Pour les pokémons, c'est plus... Et bien c'est plus ceux qui sont abandonné par leurs maîtres. Avec la nouvelle loi qui est passé il y a plusieurs mois, c'était le bordel tu sais. Y'avait plein de gens qui pouvait plus se débarrasser des pokémons qu'ils voulaient plus. Sa a causé plein de situation triste alors, ici, ont les adoptes et ont cherche à leur trouver de nouveaux maîtres. En attendant, ils sont bien et vivent avec nous!

Je referme le four que j'avais ouvert en parlant. Ça sent bonnn! Je laisse le pain au chocolat glissé de mon plateau à une assiette de service. Maïté entreprend aussitôt de refaire de la pâte et moi je souris à Vivia.

-Voilà, tu peux tester!

« Je me suis installée sur la colline. Enfin, pour le moment, j’ai juste le terrain, mais je dois encore tout aménager. »

Comme je le supposai, l’expérience scientifique en direct plus bien à Sally, ou du moins, était largement plus compréhensible. J’avais un petit pincement au cœur, j’aurais voulu qu’on me fasse ça plus jeune et j’aurais aimé pouvoir le faire à une petite sœur ou un petit frère… Mais ce fut un sourire qui sortit néanmoins. Je pouvais le faire à présent.

J’avais l’impression que cet endroit avait une part non négligeable dans la vie de Sally. Elle appartenait à son parrain, son élevage était à proximité. Et cet endroit avait l’air pas mal du tout. Sally avait tenté de m’expliquer le principe d’autosuffisance. Elle essayait tellement que je n’avais pas le cœur à la couper dans son explication et puis, au final, elle s’était bien débrouillée.

« Je comprends totalement le principe ! Et oui, c’est bien que quelqu’un ait fait quelque chose… Chez les rangers, on a reçu de plus en plus d’appels à cause de cette loi. C’est dommage…Elle avait un bon fond cette loi. »

C’était tellement dommage que la situation avait aussi mal tourné. L’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais voilà que la chocolatine arrivait. Bien. J’en coupais un bout que je commençais à hacher en petit morceau avant de le dissoudre dans le produit et de verser la préparation dans la solution empoisonnée. Et j’attendis… Mais la couleur ne changea pas…

« Hm, on peut pas réussir du premier coup… Bon, vérifions le goût maintenant ! Maïté, tu veux gouter toi aussi ? »

Selon la réponse du machoc, je divisais la part pour en donner à tout le monde. Alors, je n’étais pas une pro pour les saveurs, mais franchement, c’était très bon jusqu’à… jusqu’à l’arrière-goût. Il y avait encore une sensation amère désagréable. On était très loin de la poudre soin de départ, mais on n’était pas un truc parfait. Je me grattais la tête.

« Hm, visiblement, c’est pas une réussite… Tu penses pouvoir changer la recette pour réparer ce problème ? Je vais faire quelques tests avec le four et la poudre. »

Alors que je préparais de nouveau récipient et nettoyer ceux qui avaient servi, je commençais à chantonner. Mettant de la poudre au four, pour vérifier que la chaleur ne détruit pas l’action curative, je me tournais vers Sally. En vérité, j’avais l’impression qu’elle n’avait comme seul référant son parrain. Elle n’avait même pas parler une fois de ses parents…

« Sally, j’ai…une interrogation en tête. Je me trompe peut-être… Mais tu ne parles jamais de tes parents, ni de ta famille… Je… Est-ce que tu les as perdus ? »

La colline. Ah oui! Vivia va vraiment être toute proche comme ça, super! J'applaudis fébrilement, plus un geste animé par la joie qu'un vrai applaudissement pour ovationner un succès quelconque. Je sautilles un peu, incapable de rester de marbre alors que je me m'appuyais sur le comptoir pour observer la rangeuse faire ses préparatifs. Au moins, mon explication a fait du sens et elle a tout compris. C'est sur qu'elle est brillante Vivia!

-Un bon fond? J'ai jamais vraiment compris... Si ton pokémon est pas bien avec toi et que t'en a pas besoin, c'est bête de pas pouvoir le libérer non?

Elle sera sûrement capable de me faire comprendre. Je suis... Un peu lente, alors doit avoir un machin que j'ai pas saisis avec cette loi. Au final, moi ça ne me dérange pas, ça m'offre un logis plein d'amis où vivre alors tant mieux. Mais si jamais l'un de mes pokémons il me faisait comprendre qu'il préférait redevenir libre? Et bien... Je serais triste c'est certain! Mais après j'aurais au moins la possibilité de le faire pour le rendre heureux, quitte à piétiner sur mon propre bonheur. Mais là, nop. Plus possible. Même si je voudrais rendre la liberté a un être qui le désire, ça serait direct la prison.

Un violent frisson me parcours et une quinte de toux soudaine m'assaille. Je me plis en deux, attends péniblement que ça passe. Ça ne dire qu'un moment, même pas une minute. Mais j'ai l'impression que c'est une éternité. J'ai mal aux côtes et la gorge me brûle. Je relève la tête uniquement lorsque je respire à nouveau comme il faut, les yeux larmoyants. Vivia est prête pour son test alors je m’essuie un peu les yeux et je bois un verre d'eau en la regardant faire. Hum... La couleur de l'eau est pas supposé redevenir  claire?

Moi et Maïté on accepte chacun un morceau. Mon pokémon semble trouver ça pas trop pire tendit que moi je grimace. Beurk! Moins dégouttant que brute, mais pas génial. Je termine mon verre d'eau d'une traite.

-Oui, je vais essayer autre chose. Maïmaï, on va changer le type de pâte pour quelque chose de plus sucré, pour aider a contre balancer. La poudre est dans le chocolat et j'ai déjà sélectionné la sorte la plus douce et la moins amer possible.

Nous nous dirigeons vers notre plan de travail et je sors le sucre en poudre de l'armoire, une idée de modification bien précise en tête. J'en ajoute à la pâte avec d'autre ingrédient, se qui fait grandir la quantité préparé par la Machoc. Le sors de côté le nécessaire pour ne faire qu'un seul pain au chocolat quand Vivia m'interpelle.

-Hum?

Je me tourne vers elle, curieuse par rapport à son interrogation. Oh! Je me fige en plein mouvement, incertaine de ce que mon propre visage doit afficher comme émotion. Maïté s'éloigne doucement, désirant me laisser mon espace. Elle fait souvent cela quand elle sent mon humeur changer.

-Je... Oui.

Je me retourne en direction de mon plan de travail, reprends ma tâche de manière mécanique. Des parents... Non j'en es plus. C'est finit ce temps là. Mais... Mais j'ai d'autres personnes maintenant. Non? Karl est pas souvent présent. Très rarement en vrai. Je l'es pas revus depuis des mois! Mais, ça va. Je suis une grande fille maintenant! Alors, ça va.... Juste...

-Mais... Ça va...

Je force les mots à sortir, incapable de regarder Vivia en face. Ça va. Mais alors... Pourquoi est-ce que je pleure?

Sally avait l’air tellement joyeuse que j’en souriais de plus belle. Elle était tellement adorable. La loi de l’abandon n’était pas optimale et Sally en soulignait un premier problème. Certains pokemons pourraient demander cette liberté désirée. Elle avait tellement une vision positive. J’avais énormément de scrupules à lui annoncer la vérité.

« Oh… Sally… Ce que tu dis n’es pas faux… Mais cette loi ne visait pas des personnes aussi gentilles que toi. Il existe des personnes qui abandonnent leur pokemon juste parce qu’ils n’en veulent plus ou qui s’ennuient d’eux, même si les pokemons les aiment. On retrouve beaucoup de pokemons attachés à des arbres laissés par leurs propriétaires. Il y en a d’autres qui relâchent leurs pokemons n’importe où… Le but, c’était de faire prendre conscience aux gens que les pokemons, ce n’étaient pas des objets qu’on peut remplacer et jeter comme on veut. Je crois même que c’était juste une première loi… D’autres lois devaient surement suivre pour arranger la situation. »

Je n’étais pas une pro de la politique et je ne voulais pas entrer dans des détails trop sordide pour Sally. Je voulais la préserver des horreurs qui pouvaient exister. Enfin de ce que je pouvais encore la préserver.

Elle avait encore eu un accès de toux… Mon cœur peinait de la voir dans cet état, mais ce n’était rien comparé à ce qui allait suivre. Qu’est-ce que j’avais ? Bon sang… J’étais stupide. J’étais inutile. Mais j’étais surtout désolée.

Par derrière, je t’attrapai pour l’enlacer.

« Je suis désolée… Je ne voulais pas. »

Je m’arrangeais pour la regarder en face. Non, pas de larmes. Mon cœur se serrait, mes yeux s’humidifiaient. Je mets un genou à terre, mes deux mains viennent se poser sur ses joues, mes pouces frottant ses yeux.

« Pleure pas… Je voulais pas de blesser. Je… Je comprends. Moi aussi, je n’ai pas de parents. Oh… Sally. »

Je redressais, posant une main sur ses cheveux. Mon autre bras venait la serrer. J’étais tellement désolée.

« Et puis, tu as une famille ici… Et si c’est pas assez, je veux bien t’adopter. Oh, Sally… Je suis tellement désolée. J'aurais du être plus délicate...»

Un léger sanglot me prit. J’étais tellement désolée.

Pas aussi gentille que moi? Je suis pas plus gentille qu'une autre non? Je pense être plutôt moyenne, comme dans pas mal tout. Pas plus doué, glorieuse et surtout pas plus brillante que les autres. En général je suis gentille, mais moi aussi je me mets en colère parfois! Contre... Contre les méchants d'abord! OH! C'est de ÇA qu'elle parle Vivia! Des méchants! Cela explique donc pourquoi cette loi à été créé. C'était pour nuire aux vilains qui font des choses pas gentille comme dans les livres de Théa. Tout fait du sens maintenant et un éclair de compréhension traverse mon regard. J’approuve vivement ce que m'explique la rouquine sans plus besoin d'explication. Trop forte la ranger!

Tout comme nous reprenons nos tâches individuels, le sujet change drastiquement et mes gestes ralentissements considérablement. Comme si... Comme si mes muscles devenait vraiment lourd tout d'un coup et que j'étais trop fatigué pour poursuivre. C'est stupide. Je suis en super forme! Si on ignore ma toux et ma fièvre, cela va de soit. Le plus embêtant reste les larmes qui camoufle ma embus ma vision. Difficile de travailler dans ces conditions. Une paire de bras m'enlace soudainement et je me fige, surprise. Vivia s'excuse. Mais c'est pas de sa faute si ma situation familiale... Ou plutôt l'absence totale d'une telle situation m'écrase.

Je fais un léger non de la tête, pas très motivé à l'idée de contester et je me laisse faire lorsqu'elle me fait me retourner. Mes yeux délaissent le comptoir et ma recette en cours pour se placer sur le visage désolé de mon amie. Oh non! J'ai pleuré et maintenant elle est triste par ma faute! Vilaine Sally! J'ouvre la bouche, mais pas le temps de parler. Elle essuie mes yeux, prend la parole avant moi et je me fige.

C'est vrai. Vivia elle a pas de parent. Elle me l'a déjà dit et j'avais oublié. Suis-je bête. Le plus surprenant, c'est la suite. Je suis d'accord que j'ai une ''famille'' ici. Les gens sont tous gentils! Nadine m'apprends le piano, Guy li le concierge m'aide a ranger la cuisine et puis il y a tous les autres! Coup final, surprise totale. Elle veut... m'adopter?

-Mais... T'es trop jeune pour être une maman!

Puis, elle a une copine non? Faut pas qu'elle demande se genre de chose? Tout juste j'ai dis ça, je comprends. Enfin, je crois. Elle est trop jeune pour jouer la maman ça c'est sur. Par contre, ont a l'âge d'être... Comme des sœurs? J'essuie les dernières larmes qui perle au coin de mes yeux et offre un petit sourire d’encouragement, partiellement remise de ma petite crise, de l'espoir plein le cœur.

-À moins... À mois que tu veuilles dire comme.. Comme une grande sœur?

J'ose pas la regarder en face pour le coup, mes yeux fixe le sol et le rouge me monte aux joues.

-J'ai toujours rêvé d'avoir une sœur... Si tu as juste dit ça comme... Sur le coup pour me remonter le moral, c'est pas grave! Je suis heureuse de t'avoir comme amie Vivia. Puis, c'est vrai, je suis pas toute seule à vivre sans ses parents alors... Alors je suis heureuse d'avoir tous les autres à la place!

Comme je parle, je trouve le courage de remonter la tête. Puis c'est à mon tour d'offrir un câlin. Puis celui-là il est mieux, car il est de face et que je pleure presque plus!

Première chose de positif à tirer, c’était que j’avais réussi à faire comprendre l’intérêt de cette loi sur l’abandon à Sally. Je crois que ce n’était pas plus mal que plus de personnes comprennent l’intérêt de cette loi.

Deuxième chose de positif, il semblerait que Sally se soit calmée. Visiblement, mes mots avaient été un baume pour son cœur. Bon, l’histoire d’adoption… J’avais parlé sans réfléchir. Alors, je ne dis pas que je regrettais mes paroles ou que je ne les pensais pas. C’était même tout le contraire. Mais je craignais un rejet de sa part.

Mais la crainte fut de courte durée. Bon, au début, elle pensait que je disais dans le sens mère. Je devais avouer que ce n’était pas le meilleur des mots que j’avais choisi. J’étais effectivement trop jeune pour m’occuper d’une enfant pré-pubert, limite, je pourrais être enceinte à mon âge. Mais devenir mère ne m’intéressait pas. J’avais encore le poids morbide de ma propre génitrice dans mon esprit.

Mais une relation de sœur ? Je rêvais où elle regardait vers le bas ? Elle voulait une grande sœur comme je souhaitais une petite sœur. Hm. Elle envisageait aussi l’option que j’avais dit ça juste pour lui remonter le moral. Oh, un câlin ? Je ne disais jamais non à un câlin. Elle semblait aller mieux.

Je m’écartais un peu, la regardant avec un grand sérieux. Il fallait qu’on mette les choses au clair tout de suite. Des choses ont été dites et on ne pouvait plus faire marche arrière.

« Sally… Je peux pas t’appeler amie. Ca ne te va vraiment pas. Par contre, de toutes les personnes que j’ai rencontrées, tu es la seule que j’aimerais beaucoup appeler Petite Sœur ou soeurette. »

Je lui offrais un large sourire. Moi aussi, j’avais toujours rêvé d’une petite sœur. Peut-être était-ce elle ? Je pensais créer un dessert pour les pokemons, mais j’avais trouvé une sœur. Je crois que j’étais gagnante sur beaucoup de plans. Chassant une larme d’émotions, j’essayai de revenir sur la situation présente. Un large sourire éclairait mon visage, mes yeux étaient pétillants. La nouvelle avait chassé la tristesse enfouie aux fonds de mes yeux.

« Bon, allez, notre dessert de sœurs ne se fera pas tout seul ».

Oh non. Vivia prends un air sérieux! J'ai fait quoi encore comme gaffe? Je veux pas qu'on se chicane moi, ou pire, qu'elle, elle me chicane moi! Déjà, elle dit ne pas pouvoir m'appeler une amie. Oh non, j'ai fais une grosse grosse GROSSE gaffe c'est sur! Je me mordille la lèvre, un peu effrayé par la suite. Sauf que voilà, la suite change drastiquement le contexte et... Oh? Quoi, c'est vrai? Elle veut bien de moi comme sœur? Je ne sais pas si mon visage est assez grand pour afficher le sourire rayonnant qui cherche à y prendre place. Je sautilles sur place, trop heureuse pour me contenir.

-D'accord grande sœur!

Ben quoi? Faut bien que j’essaie de voir comment sa sonne non? Et sa sonne super bien! Je chasse la dernière larme de joie qui perle aux coins de mes yeux et je me dépêche de me laver les mains avant de reprendre en charge la modification de la pâte. En la rendant plus sucré, cela devrait vraiment aider! Puis Le chocolat hum... Faut que je pense à augmenter un peu la quantité et bien la répartir pour que le médicament marche bien! J'en suis à pétrir la pâte au sucre ajouté lorsque je pose une nouvelle question.

-Et puis d'après toi, est-ce que la cuisson nuit à la poudre soin finalement?

C'est ce que je crois, elle voulait vérifier avant... Notre petit écart de conversation. Mais bon, j'ai gagné une grande sœur! Alors je suis comme super trèèèès loin de lui en vouloir le moindre du monde. De son côté, Maïté se rend compte que la situation a retrouvé de son calme et revient aider. Je commence à chantonner, ma bonne humeur éclatante comme le soleil de Juillet.

Oh. Elle semblait ravie de la nouvelle. Cela réchauffait mon cœur et me faire appeler Grande sœur… C’était magique. Tellement de joie débordait de moi. Il y a quelques temps, je comptais en finir avec la vie et, maintenant, j’avais une petite amie et sœur. La vie me souriait petit à petit. Peut-être est-ce que j’avais finalement droit à une place en ce monde.

Reconcentrons nous sur la recette. D’un œil vigilant, j’observais avec attention ses faits et gestes. Plus de sucres de ce que je pouvais noter. Il fallait combattre l’amertume avec plus de sucre. Sally me posa au final une question très importante ! La poudre.

« Oh, zut ! »

Je me précipitais directement sur le four pour en sortir la poudre. Heureusement qu’on n’avait pas dépassé le temps de cuisson ! On retire la poudre rapidement et on tente l’expérience une nouvelle fois. Hm. L’eau restait mauve. Au moins, on avait trouvé la source du problème.

« Soeurette, je crois que c’est effectivement la température qui inhi… euh, empêche le médicament d’agir. »

Juste dire le mot soeurette me faisait sourire. Bon, je lui avais épargné le mot « inhiber », ne sachant si elle le connaissait. Maintenant qu’on avait trouvé le problème, il fallait le résoudre. La solution la plus simple restait encore la plus évidente !

« Tu penses qu’on peut baisser la température pour faire cuire le pain en chocolat ? »

Je devais admettre que j’ignorais totalement si on pouvait baisser la température et augmenter le temps de cuisson en conséquence. Nous verrons bien ce que dira notre experte !

Je chantonne, heureuse de... De tout! La journée se déroule super bien, j'ai les mains dans la pâte et ma nouvelle sœur est à mes côtés! Une douce odeur sucré et chocolaté remplis la cuisine, anime ma faim si peu présente depuis un moment. Fichu grippe/toux/maladie/machin qui veut pas partir! Hop, un petit morceau pour moi, personne ni verra que du feu! Enfin, sauf Maïté qui place ses mains sur ses hanches et me sort ses yeux de maman pas contente. Je roule les miens, trop amusée pour mal le prendre.

Ma question pour la poudre secoue la rousse qui ouvre le four pour en ressortir son précieux ingrédient.  Sœurette. Vais-je un jour m'habituer à me faire appeler ainsi? J'espère que non. J'aimerais que chaque utilisation du mot me fasse vivre cette petite joie, je ne veux pas que cela devienne banal! Et oh! Découverte fatal! La chaleur nuit à la poudre?

-Oh...

Je me pose, réfléchis un instant. Vivia y va d'une suggestion, mais soyons honnête. Si la cuisson dure plus longtemps, le problème risque de se répéter, même si moins pire... Non, ce qu'il faut c'est une autre méthode et j'ai justement une idée! Un large sourire, presque carnassier étire mes traits. Gniark gniark, j'ai un plan! J’attrape la pâte et rapidement, je forme de quoi faire un pain au chocolaté et... Je le mets au four, sans le chocolat.

-Nous allons faire l'ajout ensuite! À la place de placer du chocolat dans le pain avant la cuisson, nous allons attendre que le pain sorte tout prêt, puis ajouter la poudre au chocolat fondu et ensuite, ajouter le mélange au centre du pain comme... Comme on fait avec les beignets!

Toute fière de cette nouvelle idée,  je prépare déjà le nécessaire pour procéder au remplissage du petit pain. Ohhhh que je crois que nous sommes proche du succès!

Toute attentive, j’observais Sally alors qu’elle réfléchissait à la situation. Oh, son visage s’étirait d’un large sourire. Il semblerait qu’une idée avait fini par germer dans son esprit. Observant avec attention, je la vis former une chocolatine sans chocolat. Mais la poudre ? Et vint l’explication. C’était du génie. Mes yeux brillaient.

« Oh ! Sally, tu es incroyable ! C’est une idée fantastique que tu as eu ! Ca règle absolument tous les problèmes. Il faut absolument que tu m’apprennes à pâtisser ! »

J’étais réellement impressionnée par ma petite Sally. Elle avait réussi à trouver le moyen parfait pour régler les soucis de cuisson, mais elle était aussi en bonne voie pour régler les soucis d’amertume. Elle avait un rôle central dans cette recette. Maintenant, il suffisait d’attendre pour tester. Mais je crois qu’on approchait de la création de ce fameux produit !

Mes yeux étaient vides de ma tristesse cachée. Pendant ce moment, j’oubliais les soucis liés à Jack, la maladie. Je vivais simplement, insouciante. Ce genre de moment, il m’arrivait de plus en plus souvent. Et maintenant, ce n’était plus qu’avec Aurora. Mon âme ne cessait de trouver des points pour s’accrocher. Je crois que je commençais à me trouver une place, une famille. Moi qui étais incomplète, je commençais à me construire. Bien sûr, une part de moi resterait brisée, mais ce n’était peut-être pas si grave.

« Sinon, je t’ai entendu chanter… Je ne savais pas que tu aimais la musique et le chant. »

A croire que j’étais destinée à me lier à des êtres de chants, de lumière et de liberté. L’aurore du soleil et la liberté… Que leurs parents soient bénis pour avoir trouvé ces noms car elles représentaient cela pour moi.

« Hmm, me fait penser à une berceuse que j’avais entendu quand j’étais petite. »

Seulement entendu. Ce chant ne m’avait jamais été destiné. Ma mère ne me chantait jamais de berceuse.