Saison Un

: Obscure Prophétie

Cela faisait à peine deux mois que la situation des cavaliers avait été réglé, causant de vastes dégâts à Carcackrok. Autant dire que j’avais dû investir de l’argent pour restaurer quelques endroits en ville. Un, le pont, évidemment. C’était essentiellement bénéfique et essentiel pour les affaires. Deux, mes restaurants, ou plutôt les restaurants dans lesquels j’avais investi. Trois, différents bâtiments d’utilité publique.

Bien évidemment, j’avais un profit non négligeable à m’occuper de cela. Cela ne pouvait m’être que bénéfique. Sans parler que cela aidait grandement la population. Tout le monde était gagnant. Pourquoi cette petite entrée en matière ? Simple. Avec le pont reconstruit, beaucoup de restaurants encore fermés, les restaurants ne pouvaient contenir tout le monde.

Alors, évidemment, j’aurais pu, sans soucis, manger chez moi, mais il fallait conserver une certaine image et il était aussi important de rester connecter du peuple. La richesse, le pouvoir… Tant de choses qui avaient déjà causé la perte de beaucoup de monde. Je me devais de les contrôler et de ne pas me laisser envahir par ceux-ci.

Bref, c’était à cause de toutes ses raisons que je me retrouvais assis dans un de mes restaurants pour un repas sans prétention. Comme à l’accoutumé, Séclusion, Zorua à la robe mistraloise, me suivait, symbole de prestige et de la maison Hater (enfin, rares étaient ceux qui le savaient). Evidemment, le restaurant était déjà rempli (du moins, toutes les tables étaient occupées).

Ce ne fut guère surprenant que, quand une nouvelle personne entra, celle-ci allait se prendre un non. Au vu de l’heure, même pas sûr qu’elle puisse trouver un autre endroit. Me levant, je m’approchais des deux individus, mon éternel sourire bienveillant sur les lèvres. Aussitôt, Séclusion me suivit

« Bonsoir, il y a-t-il un quelconque problème ? »
« Monsieur Hater… Non, je dois refuser l’entrée… Il n’y a plus assez de place pour Mademoiselle ici présente. »
« Allons, pas de besoin de stresser, je ne vous fais aucun reproche. »

Je posais mon regard sur la jeune femme au teint mat.

« Si vous le souhaitez, j’ai encore une place libre à ma table. Ou vous pouvez toujours tenter votre chance ailleurs. »

La journée avait été particulièrement longue aussi Khaos bailla-t-elle sans s'en cacher. Quand elle s'était réveillée ce matin, elle avait eut la surprise de sa vie en voyant un oeuf à côté de son lit dans son dortoir. Elle ne savait toujours pas s'il s'agissait d'une blague de ses collègues ou si c'était encore Sariel qui lui avait pondu quelque chose pour une fois...Sa surprise avec grandi par six quand l’œuf en question s'était séparé en plusieurs affichant des airs tous différents. La balle dans sa main l'avait par contre convaincu que cela était réel et avec un haussement d'épaules, la factrice avait accepté l'arrivée dans son équipe d'un nouveau compagnon.

Elle avait ensuite récupéré son paquetage après un petit déjeuner vite expédié vu qu'il s'agissait d'un simple morceau de pain avec un bout de fromage. Son voyage du jour l'envoyait vers l'est et elle devait rejoindre la ville suivante. Ce ne serait pas son arrêt final puisqu'elle avait un colis qui devait aller jusqu'à Fricke au final mais elle avait obtenu une belle liasse de lettres à distribuer quand elle serait à Carcakrok.

Prenant la route avec Kapua pour l'accompagner, la jeune femme avait fait la route de Pignouse jusqu'à la ville suivante. Elle avait laissé son vélo au centre de tri de la poste dans cette grande ville et puisqu'elle était là : ses collègues en avaient profité pour lui refiler une autre liasse de courriers et petits colis à distribuer.

C'était donc passablement épuisée et surtout affamée après avoir fini une tournée bien plus longue qu'à son accoutumée que la jeune femme avait cherché un endroit où manger. On lui avait offert à boire mais rien pour garnir son estomac. Kapua avait tout juste eut droit à une croquette de la part d'une vieille mamie bien contente d'avoir des nouvelles de son petit-fils.

La malfactrice avait choisi le premier restaurant venu. Et s'était retrouvée dehors car il était plein. Elle en avait essayé un second. Pour le même résultat. La boulangerie suivante n'avait déjà plus rien à offrir. En soupirant, elle se dit qu'elle allait essayer l'autre restaurant qu'elle voyait au coin de la rue. Elle allait faire une face complètement dépitée alors que le serveur devant elle lui annonçait - encore une fois ! - que les tables étaient toutes prises quand un jeune homme s'approcha et discuta avec le membre du personnel.

- Bien volontiers ! accepta-t-elle la place. Vous me sauvez la mise, fut-elle interrompue par un grondement provenant de son estomac. Oh, désolée ! sourit-elle.

Partager une table ne la dérangeait généralement pas. Enfin, du moins tant que ce n'était pas un charmant jeune homme qui l'invitait à un cours de surf et ne répondait ensuite à aucun courrier de sa part...Avec un sourire reconnaissant, la factrice fit passer sa sacoche par dessus sa tête pour manœuvrer plus aisément entre les tables bondées lorsque le jeune homme qui l'avait invité à se joindre à lui y retournerait.

- Merci, dit-elle quand elle put enfin s'asseoir avec un soupir de satisfaction. La journée a été longue. Oh, tu es mignon toi ! réalisa-t-elle enfin la présence du zorua vers qui se dirigeait justement Kapua pour voir si l'autre aimait discuter. Monsieur Hater donc si j'en crois l'employé qui m'a accueilli ? demanda-t-elle d'un ton malicieux avant de se présenter. Je m'appelle Khaos Tik et elle, désigna-t-elle sa tylton, c'est Kapua.

Elle accepta volontiers mon offre. Visiblement, au vu de sa réaction, ce ne fut pas sa première tentative pour entrer dans un restaurant. Plutôt normal en ces temps. La guidant entre les tables, je lui tirai même la chaise pour elle s’asseoir. Disons que mon éducation m’avait appris l’art de la galanterie et, contrairement à d’autres nobles, je ne n’appliquais pas uniquement à des gens de la haute.

Première chose à noter et essentiel : elle était une factrice. Intéressant. Ils étaient la voix de communication dans le peuple. Ils transportaient toutes les informations du pays. Ils étaient une source d’informations inépuisables. Toujours des personnes intéressantes avec qui parlait outre le simple plaisir de rencontrer un nouvel être et son histoire.

« Tout le plaisir est pour moi. » dis-je en un sourire.

Séclusion, visiblement, sembla observer d’un œil curieux le Tylton, inclinant sa tête pour saluer l’oiseau. Il semblait plus que disposer à ouvrir le dialogue. Mais le renard était un fourbe. Il était possible que son objectif ne soit pas des plus louables. Allez savoir avec ce pokemon. Il était surement à la recherche d’informations. Quoiqu’il en soit, il voulait déjà marquer des points vu qu’il se frotta tout de suite entre les jambes de Khaos.

« Espérons donc que ce repas puisse quelques peu changer vos idées. Enchanté de vous connaitre. Je vous en prie, appelez-moi simplement Salve. Ici, se tient mon compagnon Séclusion. Et, vu que nous allons partager un repas, il serait plus convivial pour nous de se tutoyer, si cela vous sied, évidemment. »

Le vouvoiement était une chose qui créait inévitablement un certain écart entre deux personnes ce que je ne souhaitai nullement ici. Elle ne m’était pas antipathique et nous n’étions clairement pas dans un contexte professionnel. Mais par Saint Hélix, étant donné que j’étais seul, je n’avais qu’un menu. Levant ma main, j’interpellai un serveur.

« David, nous aurions besoin d’un autre menu. Merci bien. »
« Tout de suite, monsieur Hater. »

Un moment, il cligna des yeux, assez surpris, mais il alla chercher un autre menu. Hm, je connaissais le nom de mes nombreux employés. Cela demandait du temps de tous les retenir, mais c’était essentiel à mes yeux. Ainsi, il partit. Mes yeux se posèrent vers le Zorua qui semblait particulièrement intéresser par Khaos. Il discutait bien avec le Tylton, mais son regard ne mentait pas. Ts. Toujours à espérer.

« J’imagine que le métier de factrice est devenu particulièrement éprouvant ces temps-ci. Heureusement que vous êtes encore là pour continuer à propager les nouvelles. »

Bien contente de voir que le renard aux coloris que d'autres jugeaient particulières mais qu'elle-même trouvait qu'elles étaient tout à fait normales - rien de plus logique vu que la tylton n'avait encore jamais rencontré de zorua ! - Kapua demanda volontiers à son collègue pokemon s'il avait été toujours avec son humain ou s'il avait connu l’âpreté de la vie sauvage tout comme elle.

- Bien volontiers ! Je vouvoie par habitude du travail mais rien ne vaut un bon "tu" franc.

Khaos ne dirait pas qu'elle préférait aussi le "tu" car il rendait implicitement une certaine proximité entre les deux individus qui l'utilisaient. Cela rendait la création de lien, généralement amicaux, plus facile et elle ne disait pas non à se lier d'amitié avec quiconque. Surtout pas quand la personne était plaisante à regarder et semblait juste un peu plus âgé qu'elle. Elle détailla son compagnon du moment avec un sourire amical bien que malicieux.

- Je ne doute pas que le repas saura me changer les idées. Surtout en aussi bonne compagnie.

Se baissant pour caresser le zorua si celui-ci le voulait bien, Khaos lui adressa un bref sourire avant de revenir à la discussion. Elle aimait bien les pokemons mais sa vraie passion restait les humains après tout.

- Les dernières semaines ont été difficiles. Nos effectifs ne cessent de se réduire pour ceux qui voyagent de ville en ville. Enfin, c'est surtout que cela s'est rendu plus long de passer d'endroit en endroit tant que la folie s'était emparée de nos compagnons. C'est beaucoup plus facile de voyager quand l'un d'entre eux peut faire diversion pour éviter un pokemon sauvage et que l'on peut passer sans se faire voir. Est-ce que tu voyages beaucoup toi aussi ?

Après tout, le jeu des questions se jouait à deux. C'était une règle tacite de ce genre d'échange et Khaos ne se priverait aucunement d'en profiter. Elle sauterait même sur l'occasion avec sa curiosité naturelle !

- Ah ça oui, les gens profitent de nos passages pour se tenir au courant. Les établissements comme ici doivent aussi être des vecteurs d'informations ?

Remerciant le serveur quand il lui apporta un menu, Khaos commença à regarder entre deux phrases celui-ci. Les plats lui semblaient intéressants et elle se demandait ce que Kapua pourrait aimer manger elle aussi. Elle ne connaissait pas encore assez les goûts de la tylton pour le déterminer aisément.

Ainsi, nous partions sur un dialogue de proximité. Excellent. Cela n’en sera que plus aisé pour parler. Et j’en connaissais un qui aimait causer. Séclusion était relativement animé par la conversation, acceptant volontiers les caresses qu’il pouvait recevoir. Alors, il répondit avec honnêteté. Il est né dans le milieu sauvage, mais cela faisait tellement longtemps qu’il avait oublié cette vie. La question lui fut immédiatement retournée : depuis quand suivre Khaos était son quotidien ? Séclusion qui, d’ailleurs, semblait réellement satisfait de la tournure de notre conversation.

Avec une attention particulière, j’écoutais les difficultés que ceux de sa profession vivaient. Je n’avais qu’une connaissance sommaire du fonctionnement des bureaux de poste. Ainsi donc, l’utilisation des pokemons est plus qu’utile dans leur travail. Il est vrai qu’il est plus facile d’éviter un danger, ou un problème, plutôt que de l’affronter. Sauf quand on possède la force nécessaire que pour l’écraser d’un simple geste.

« En effet, je voyage énormément, même si, à mon grand regret, je ne puis réellement satisfaire mon envie d’aventure. Obligation professionnelle. »

J’avais beau aller de villes en villes, je devais remplir différents rôles de PDG. Autant dire que je n’avais que rarement le loisir de profiter de ses voyages. Sans parler que je passais mon temps libre à discutailler avec le peuple.

« Oui, on se trouve à la croisée des chemins. Les informations vont de bon train. Hélas, c’est aussi dans ce genre d’endroits qu’on peut aussi bien trouver des trésors que des absurdités. Je préfère aisément entendre les nouvelles des facteurs. Vous êtes ceux ayant la version la plus proche de l’original. »

Regardons la carte. Ou plutôt, lisons-là en diagonal. Je ne connaissais pas mal les cartes. Choses importantes à noter, c’était la variété des plats végétariens. En réalité, même d’un point de vue viande, les plats prônaient le respect des pokemons. Oubliez donc le foie gras ici.

« Pourquoi t’es-tu lancée dans le métier de facteur ? Une vocation ? ou un coup du destin ? »

Très bavarde, Kapua se tut cependant le temps d'entendre les explications données par le pokemon qu'elle apprenait tout juste à connaitre. Pour qu'il ne se souvienne plus de sa vie sauvage, c'est que cela devait faire vraiment très très longtemps qu'il était avec l'humain ! Elle-même avoua qu'elle venait tout juste d'être capturée quand ce qu'elle a compris comme une catastrophe pour les humains est arrivée. Elle avait encore du mal à estimer ce qui était bon ou mauvais pour eux. Elle demanda ensuite à Séclusion si celui-ci s'amusait bien avec son humain et s'il avait bien dressé celui-ci. Sheitan disait toujours avec un croassement amusé que les humains dressaient les pokemons autant que ceux-ci les dressaient, elle était donc curieuse de savoir si c'était pareil ailleurs.

- Le travail passe souvent avant le reste ? Quoi que je te comprends, tapota-t-elle sa besace accrochée à la chaise.

Le commentaire suivant de l'homme amena un nouveau sourire à ses lèvres. C'est justement pour cela - enfin en partie - qu'elle aimait faire ce travail. Elle pouvait questionner les gens sans vergogne et absolument personne ne lui en voulait !

- Je viens justement d'en avoir hier de la part d'une championne. Vous savez ce qu'il s'est passé avec la fin des cavaliers ? offrit-elle ainsi à son compagnon du moment de lui raconter ce qu'il s'était passé.

Ayant trouvé dans la carte quelque chose qui plairait certainement autant à sa pokemon qu'à elle-même, Khaos se nota l'information de demander une salade aux légumes accompagnée d'une fougasse aux fritons, avec bien évidement la sauce à salade à part. Kapua devrait bien trouver de quoi qui l'intéresserait à manger dans tout cela.

- En fait, c'est plus lui qui m'a trouvé qu'autre chose. J'ai enchainé les petits boulots quand j'étais plus jeune. Ça m'a permis d'avoir une bonne dose de personnes me connaissant et comme les postes engagent souvent par du monde qui connait d'autres personnes...Cela permet d'être certain que la personne sera fiable, travaille dur et qu'elle a la confiance des gens. Enfin, on m'a proposé un travail et j'ai accepté.

Dans les grosses lignes, c'était bien cela. Khaos ne connaissait pas encore après tout assez bien Salve pour lui en détailler plus. Elle en disait déjà beaucoup.

- Quand j'ai put migrer vers le service qui voyage dans tout le pays pour les livraisons inter-villes, j'ai trouvé ma voie. Cela me permet de voyager autant que je le souhaite tout en travaillant.

Ne pas retourner la question posée aurait été un franc manque de courtoisie et de curiosité. Pouvait-elle en plus surenchérir avec une autre question qui l'aiderait à mieux connaitre la personne qui lui faisait face ?

- Comment es-tu arrivé à diriger un restaurant ? L'amour de la cuisine ? Si tu voyages pour les affaires, tu dois d'ailleurs avoir plus que cet établissement, non ?

Séclusion fut atterré. Il me regarda un moment avant de nier avec vigueur. Au grand jamais, il n’avait l’intention de me dresser. A vrai dire, l’idée même que quelqu’un puisse me dresser lui sembler absurde, voir même fou. Mais il ne s’en offusqua pas. Il savait que tout n’était pas comme il le vivait. Curieux comme pas permis, Séclusion commençait déjà à demander de quelle ville ils revenaient.

Une férue de travail à ce que je vois. Le travail, toujours le travail. C’était un point commun. Nous verrons si nous allions nous en trouver d’autres. Elle capta cependant toute mon attention à son commentaire. Des nouvelles d’une championne ? Intéressant.

« Je n’eus que des détails sommaires de l’affaire. De ce que j’ai pu ouïr, il s’agirait de quatre enfants. Aux dernières nouvelles, ils se faisaient baptiser à la cathédrale de Pignouse. Mais tu dois avoir acquis des informations bien plus précieuses. »

Bien sûr, j’avais pu récolter des informations un peu plus juteuses. Mais je me demandais bien ce qu’aurait pu dire une championne qui était sur le champ de bataille. Quelles informations avaient pu échapper au reste du monde ?

Profitons de cette petite tranche de vie. Ainsi ce fut plus ou moins un coup du destin. Un monde de petits boulots, une acquisition d’une multitude de compétences et une bonne adaptabilité. Genre de femme qui pouvait me réserver des surprises. Sans parler qu’elle semblait effectivement du genre aventureuse.

La question me fut évidemment retournée, mais le serveur profita de ce moment pour venir prendre notre commande.

« Oh, commande en premier. Ton histoire m’a quelque peu éloigné de la recherche de mon diner. »

Je disais ça en gardant mon sourire accueillant. Pas de moquerie. La vie de cette personne l’intéressait réellement.

« Je prendrais le magret de couaneton à l’orange. Et, une bavette pour mon Zorua. »
« Désirez-vous boire quelque chose en attendant le repas ? »
« Une bouteille de vin te conviendrait ? »

Après approbation de ma partenaire de table, je commandais une bonne bouteille de vin.

« Hm. Disons que ce restaurant n’est qu’un dérivé de mon activité principale. Et effectivement, il n’est qu’un établissement parmi d’autres. C’est davantage mon envie de donner de la nourriture de qualité et respectueuse de la vie plutôt que mon amour de la cuisine qui m’ont poussé à ouvrir des restaurants. »

Je restais assez vague sur mon activité. Elle n’était en soit pas aussi intéressante qu’on pourrait le supposer.

«Mais à parler de voyage, je me demande dans quelle ville à commencer le tien. »

Savoir d’où viennent les gens était une chose qui pouvait être très révélatrice.

Kapua sembla un instant perdue alors que son compatriote lui parlait de ville d'origine de leur passage dans celle-ci. Elle n'était franchement pas certaine de comprendre le concept de ville et elle le dit sans détour au renard au pelage inhabituel. Elle indiqua cependant que leur groupe venait de l'ouest car si elle ne connaissait pas les constructions humaines vraiment encore : elle était toujours capable de se repérer au soleil et sa course dans le ciel durant la journée.

- C'est aussi ce que j'en ai entendu dire. Un des enfants semble par contre ne pas avoir survécu à la possession par on-ne-sait-quoi. Il faut dire que c'est l'un des autres possédés qui l'a attaqué et amonita sait le mal que les gens semblaient avoir à lutter contre ! J'ignorais où est-ce qu'ils seraient censés être actuellement...Le baptême semblerait arranger quelque chose dans leur cas ?

Quand le serveur s'approcha de leur table, Khaos commanda donc en premier tel que Salve le lui avait offert. Elle acquiesça volontiers à l bouteille de vin et attendit en se détendant que son compagnon du moment ait lui aussi passé sa commande.

- Quelle est ton activité principale dans ce cas ci ? demanda-t-elle curieuse devant les explications au sujet du restaurant.

Salve devait être tout un homme d'affaires s'il en gérait ainsi plusieurs. Avoir déjà plusieurs restaurants était un travail de titan aux yeux de la factrice et elle comprenait mieux que son camarade du moment manque de temps pour voyager autrement que pour le plaisir.

- Ah ça, j'avoue que j'ai déjà vu des restaurants parfaitement tenus comme ici que des bouibouis où j’ai préféré rester végétarienne pour la peine.

La question suivante dans leur jeu de questions et réponses amena un sourire amusé au visage de Khaos. Avec sa réponse, Salve risquait fort d'être déçu ! La jeune femme était partie de sa ville d'origine depuis si longtemps qu'elle ne s'y retrouvait même plus quand elle y retournait.

- Tu seras peut-être surpris d'apprendre que je viens d'Arnac le peuple.

La ville portait bien son nom d'après elle puisqu'elle ne promettait rien de vraiment génial à moins d'avoir un balai dans le derrière. Enfin, du moins d'après elle car la jeune femme savait bien que la ville avait ses partisans...

- Je parle, je parle et je parle...dit malicieusement Khaos, mais toi, comment t'es-tu retrouvé là où tu en es aujourd'hui ? demanda-t-elle avec une question un peu plus ouverte pour voir la réaction de son partenaire de table.

Séclusion réfléchissait avec attention. Pignouse. C’était juste la ville à l’ouest. Voulant un peu mieux connaitre Khaos, le renard demanda quel genre de personne était sa dresseuse. Gentille, attentionnée ou une véritable sévipère.

« Vu qu’ils n’ont pas été exécutés, nous pouvons supposer que oui. »

Personne n’avait eu de nouvelles d’eux depuis. Je ne pouvais que supposer que tout ce soit bien passé. De toute façon, je comptais retourner à Pignouse dans les semaines à venir. J’aimerai bien y aller avant, mais j’avais quelques obligations à remplir.

Bon, mon travail… Je n’aimais pas en parler outre mesure. Il n’était pas des plus intéressants en fin de compte. Mais c’était le jeu des questions… Certaines réponses étaient moins intéressantes que d’autres, mais pouvaient être nécessaires.

« Hm. Disons que mon entreprise gère une ligne de distribution alimentaire. D’un point de vue plus concret, on crée des partenariats avec des éleveurs et on distribue les produits dans différents commerces de vente. »

Des restaurants de mauvaises qualités. Oui, j’en avais croisés aussi. Une véritable purge.

«Malheureusement oui. Certains établissements en profitent pour vendre de la nourriture de mauvaise qualité. Pour cela que je commence aussi à ouvrir des restaurants pour des petites bourses. Il y a toujours moyen de manger dignement, même à bas prix. »

Arnac… Petit village où j’avais déjà eu la chance ou la malchance de m’y rendre. Toujours un plaisir de croiser quelques escrocs qui essayaient de me vendre de la camelote. C’était divertissant de voir leurs astuces pour essayer de nous piéger. Hélas pour eux, j’affrontais des sharpedos au quotidien. J’avais l’habitude des coups fourrés. Mais ce n’était pas pour autant que je jugerais Khaos sur mes expériences. La personne en face de moi était bien plus importante.

« Je comprends mieux ton envie de voyager. »

Cocasse de noter que j’étais de Roc. Nos deux villes avaient une certaine animosité. Mais pourtant notre conversation était cordiale. Nouvelle preuve que ton lieu de naissance n’influençait pas forcément ta personnalité. La maire en était aussi un bon exemple.

«Ne te prive pas de parler. Ta voix est un doux son. »

Je lui renvoyais son sourire. Un peu de compliments n’avait jamais fait de mal à autrui.

« Sinon, je ne voulais pas rester oisif à me laisser aller. J’ai essayé de trouver un travail pour aider Mistral et c’est un peu par hasard que j’ai été engagé dans cette entreprise avant de prendre sa direction. »

Et le serveur profita de ce moment pour venir servir le vin. Comme le voulait la galanterie et les bonnes manières. Je goutais le vin en premier. Et le serveur servit Khaos avant de remplir mon verre. Levant mon verre, je portais un mini-toast.

« A ce dîner improvisé. »

Kapua ne se gêna pas pour répondre à la question du petit renard. Khaos était une maitresse somme toute gentille. Elle faisait attention à ce que la tylton ait ce qu'il lui fallait pour vivre et lui offrait quelques caresses de temps en temps. Elle avait vu des humains plus attentionnés mais aussi de nombreux autres qui faisaient bien moins attention à leurs compagnons. Somme toute, la petite oiseau était satisfaite.

- Oh dans un tel cas, je connais l'éleveuse qu'il te faut pour ton affaire ! déclara Khaos avec un grand sourire teinté d'une dose de malice et d'une d'amusement quand Salve décrivit votre travail. Elle s'appelle Sally et de ce que j'en ai compris, elle semble se tourner justement vers la nourriture éthique à base de pokemons.

La factrice était d'accord avec Salve pour le fait de manger correctement même avec peu de moyens. Elle avait connu la faim insatiable quand on avait aucun moyen et il y avait toujours moyen de se débrouiller. Bon, elle n'avait pas toujours été parfaitement honnête surtout dans ses débuts quand les gens ne lui faisaient pas confiance mais...il avait bien fallu survivre, non ?

Vu le commentaire de son compagnon quand elle parla de sa ville natale, Khaos estima que lui aussi avait dut y passer. Un sourire s'élargit sur ses lèvres au compliment reçu avant qu'elle demande confirmation de son estimation.

- J'en déduis que tu es déjà passé par Arnac ? Disons que je ne suis pas mécontente d'en être partie. Nous avons plus de points communs que je ne l'aurais crut au premier abord.

Le serveur profita d'un instant sans parole pour venir les servir en vin. Peu habituée à se faire servir ainsi, Khaos le regarda aller avec curiosité et attendit que son verre soit rempli pour trinquer avec Salve.

- Et à la bonne compagnie qu'il a provoqué, salua-t-elle ainsi la présence inattendue de son compagnon.

Les gens qui avaient la force de croire assez en eux et de persévérer surtout pour arriver à leurs buts plaisaient à la jeune femme. Elle éprouvait du respect pour ceux-ci et comptait bien faire partie de cette catégorie tout le reste de sa vie.

- Tu as eut donc de l'ambition à revendre pour vouloir prendre la tête de l'entreprise ? Tes efforts semblent en tout cas avoir été bénis de succès. Bravo ! félicita-t-elle son camarade. Je te souhaite que la dite compagnie continue de prospérer malgré les temps difficiles. Ta vie serait-elle cependant seulement constituée de travail acharné ? sentit-elle un coin de bouche se relever avec taquinerie.