Saison Un

: Obscure Prophétie

J’aimais quand les situations tournaient à mon avantage sans avoir à lever le petit doigt. On n’allait pas se mentir, ça avait quelque chose de plaisant. Je n’avais rien à faire ou à expliquer et j’étais parfaitement libre. Je pouvais partir. Je pouvais condamner la jeune ranger que personne ne pourrait m’en tenir réellement rigueur. Elle m’avait suivi, agressé et elle se rebellait face à Anty. C’était une situation si avantageuse.

Mademoiselle Lamaurte, de par le hurlement de son pokemon, venait d’attirer l’attention. Les personnes à proximité se rapprochaient de nous. Un public ? Cela ne me dérangeait pas. Il n’y avait rien ici qui me causait préjudice. En fait, tous ceux qu’ils voyaient étaient que j’étais ardemment défendu contre cette jeune fille qui m’accusait d’un crime dont j’ignorais encore la source. Honnêtement, Anty et moi étions deux hautes personnalités influentes en ville. Elle était seule contre tous.

Cependant, je n’avais guère de réels avantages à laisser cette discussion s’envenimer. Et Saint Hélix, quel était ce regard ? Je pouvais sentir un frisson en le voyant, frisson que je pouvais retenir sans grande difficulté. En réalité, cette situation pourrait me faire tirer un certain soupire de lassitude à y réfléchir.

«Allons, vous n’avez pas besoin de vous battre ainsi. Je crois que discuter sous de telles colères ne sera bon pour personne et surtout pas devant un public. »

A y réfléchir, c’était une situation bien cocasse. J’étais essentiellement la victime, mais je me montrai magnanime en essayant de calmer leurs ardeurs.

« Monsieur Patike, je vous assure que je ne porterai pas rigueur sur ce qu’il vient de se passer. Vous n’y êtes pour rien et, manifestement, mademoiselle ici présente est encore une débutante dans ce genre d’affaire. Ne soyez pas si sévère… Autant envers elle que vous. »

Mon regard se porta sur la demoiselle, qui venait de trouver une place dans la section simple d’esprit. Rien de bien méchant, vous savez. 99% de la population en font partie.

« Je peux comprendre que vous soyez septiques. Essayons d’ouvrir le dialogue au lieu de simplement vous jeter sur moi. J’aimerai vous convaincre, mais je dois avouer que votre demande manque de sens. Vous n’avez aucun moyen de savoir que je ne pourrais demander à mon zorua de créer une illusion pour vous tromper. »

Finalement, je regardais le duo qui venait d’éclater en quelques échanges. S’ils avaient trouvé leurs suspects, je me demandais s’ils auraient été capables de l’arrêter en coopérant. J’avais quelques doutes.

« Pensez-vous que nous pourrions discuter calmement de tout cela ? Dans l’endroit qui vous plaira le mieux. »

Je soupirai profondément à l’intérieur de moi. Cette scène commençait à durer un peu trop longtemps à mon goût. C’était navrant. Elle s’était mise toute seule dans cette situation. Si la colère l’animait, elle la tournait définitivement vers la mauvaise personne. Elle était seule fautive dans cette histoire. Quoiqu’il en soit, la situation arrivait enfin à son terme.

Enfin un peu de bon sens. Bien évidemment, tout le monde nous observait. Deux célébrités qui se confrontaient à une jeune fille. En un mot, on pouvait lui rendre la vie impossible ici. Bon, le lieutenant prenait la directive de notre groupe, bien qu’il m’en laissait la tête. Un garde du corps gratuit !

Bref, petite ballade avec Séclusion particulièrement méfiant sur la jeune fille et je pouvais le comprendre sur ce point. Il avait eu une agression injustifiée finalement. A moins qu’un simple rire soit une raison suffisante pour attaquer quelqu’un. Enfin, on arriva au fameux café.

Jeune serveur qui vint pour nous accueillir. Je souris poliment, inclinant la tête, un sourire aux lèvres (sourire que je n’avais pas quitté à vrai dire).

« Bonjour Mademoiselle. Un café noir, je vous prie. »
« Bien…Bien sûr Monsieur Hater… »

Déjà, elle rougissait et allait préparer notre commande, ignorant totalement Adèle. Est-ce que ça allait l’agacer davantage ? Possible. En tout cas, elle était déjà partie, s’évitant peut-être une réflexion désagréable. Venant me poser à une table, je croisais les jambes dans le plus grand des calmes, Séclusion, le visage moqueur à l’intention d’Adèle.

« Bien, si nous reprenions depuis le début. De quoi suis-je accusé exactement ? »

Laissant le temps de répondre, la serveuse revenait avec les tasses de café, nous servant et me jetant quelques regards lourds de sens. Visiblement, elle avait flashé sur moi. Quelle surprise. Buvant une gorgée de café, elle rougit bien plus violemment, s’éventant de sa main. Vraiment ? Je lui souriais poliment. Et elle s’éloignait déjà, sourire aux lèvres. La journée allait être longue.

Lieutenant Patike, vous aussi ? Je le regardais avec un brin de compassion. Le pauvre devait être envahi par bien des émotions en ce moment. Dégustant tranquillement mon café, j’observais comment Anty me faisait de la pub. C’était assez plaisant de voir quelqu’un s’y connaitre un minimum. Je crois cependant que ce genre d’affaire n’était pas une considération première de la demoiselle.

Ce qui m’ennuyait un peu plus, mais que j’avais fini par comprendre, était que l’individu recherché me ressemblait fortement. Je devais absolument les aider à me débarrasser de ce type. Tapotant sur la table, je laissais Anty finir son petit discours.

« Monsieur Patike, je sais que vous essayez de lui faire comprendre qu’elle est dans l’erreur. Je souhaite aussi qu’elle s’en rend compte également. Mais, à un certain point, c’est à elle de faire un pas. J’espèrai pour elle qu’elle s’éviterait une humiliation trop grande et qu’elle s’excuserait, mais elle persiste dans son idée. Vous n’y pouvez rien. Elle ne semble pas totalement stupide, elle finira par se rendre compte de son erreur. Et comme dit, je ne compte pas entamer des poursuites sur l’un d’entre vous. »

Ma voix restait douce. Je voulais mettre un peu de miel pour Anty. J’avais perdu tout espoir de bien me faire voir par son amie. J’avais appris qu’on ne pouvait être aimé de tous et, de toute manière, elle me considérait encore comme un suspect. Je n’avais pas grand-chose pour lui faire changer d’avis et je ne satisferais pas sa demande puérile.

« Ce criminel ? Qui est-il ? Je crois malheureusement que ce quiproquo risque de se répéter si vous ne l’arrêtez pas rapidement. Et je dois admettre que cela m’ennuie assez bien. D’autant plus qu’il doit être bien vil pour que la maréchaussée et les rangers doivent travailler ensemble pour l’arrêter. Si vous avez besoin d’aide, je peux essayer de vous la fournir."