Saison Un

: Obscure Prophétie

Eh bah, eh bah ! Voilà ce que ça donne quand tu fais mumuse, Ciboulette ! La madame, elle est toute perdue et maintenant elle a l’air d’avoir encore plus mal à la tête que si je lui avais tout expliqué tout de suite ! Et comment ça intellectuellement simple ? C’est quoi d’abord qu’elle veut dire avec ça ?! Moi au moins je sais qui il est Ciboulette, Na ! C’est elle qu’elle a rien compris !

Ciboulette marque l’élaboration des doutes de la scientifique d’un impeccable silence, son sourire s’élargissant peu à peu chaque fois que l’étaux se resserrait autour de la vérité jusqu’à ce que l’adulte ne prononce un mot qui le fasse réagir. Alors seulement, il lève ma main et pointe du doigt la scientifique pour répéter :

— "Quoi".

Elle en est là ! À douter qu’il y ait quoi que ce soit d’humain dans toute cette histoire et qu’une entité malsaine soit à l’œuvre ! Bon en vrai, c’est pas si loin, juste que Ciboulette il est pas malsain il est gentil, mais il est plus trop humain. Puis il rigole ! Il rigole à gorge déployée, même :

— Mwahahaha, finalement, la curiosité est la plus forte, n’est-ce pas ? De toute façon, vous semblez déjà plus ou moins avoir deviné.

Je crois qu’il s’attendait pas à ce que ça passe beaucoup plus longtemps. Il a pas l’air surpris, juste très amusé par son petit jeu. Bon, il répond pas pour autant, mais au moins il ne s’en cache pas. Voilà qu’il commence à ramasser d’autres livres parmi ceux ramenés par les Pokémon de la dame.

— Accordez-moi un instant.

Il a trouvé ! Enfin un titre qui lui parle : Folklore de la mort, qu’il me dit dans ma tête. Ah bah bon ? Et à quoi ça va lui servir, ça ? C’est quoi le rapport avec les âmes ? Il feuillette le sommaire, plonge directement à la page indiquée, puis garde le livre entrouvert le temps de fouiller autre chose dans mon sac. Plein de trucs font des cliquetis au passage de ma main ! Néanmoins, ce qu’il en ressort est presque aussi fin qu’une feuille de papier : une photo ! Celle que David a pris il y a bien longtemps, dans la forêt. On peut y voir le Nidorino qu’on a chassé ensemble, mon Insolourdo, puis moi et Ciboulette côté à côté avec le plus grand des sourires. C’était une super journée ce jour-là !

Retournant le livre, il le glisse grand ouvert en direction de la dame, la photo posée juste au-dessus d’une description bien détaillée des Pitrouilles.

— Vous pouvez m’appeler Ciboulette. J’imagine qu’il est inutile pour moi de répondre au restant de vos questionnements.

Tout coule de source après ça. Voir les âmes, sa curiosité, les entendre… tout ça, c’est un truc de Pitrouille, le bouquin doit vaguement en parler, les citrouilles hantées jouant souvent le rôle de passeur entre la vie et l’après vie. Certains de force, d’ailleurs ! C’est pas tous les Pitrouille qui attendent gentiment que les gens ils meurent.

— Quant à Kata…

Le silence se fait. Son sourire se mue en un regard incertain, presque perdu tandis qu’il me redonne le contrôle d’un coup, sans prévenir. Ah, je crois que j’ai compris. Il veut que je dise à la dame que je vais bien. Bah vous savez quoi ? Je vais juste répondre à sa méchante phrase !

Poussant mes bras en arrière, je me mets à lui tirer la langue en insistant bien sur le bruit de la fillette frustrée d’avoir été insultée. Après quoi, je reprends une position normale sur la chaise, croisant les bras en détournant le regard d’un air boudeur. Na ! Pour la peine, je lui dis même pas bonjour !
À nouveau, mes émotions se muent en une autre tandis que Ciboulette reprend place, pris au milieu d’un fou rire suite à ma réaction.

— Comme vous le dites, on ne change pas en un an. Enfin… pas à ce point.

Oups ? Il est vrai que nous sommes dans une bibliothèque. Ciboulette n’en perd pas son rire pour autant, amusé d’être ainsi repris par l’adulte comme l’enfant que c’est moi que je suis. Mais il fait un effort, pour que ce soit moins bruyant. Pas sûr qu’il s’en souvienne pour la prochaine fois, par contre ! Ciboulette il aime bien faire du bruit. Et je crois que ça l’amuse encore plus si des gens lui disent : "chut" tout le temps.

Bref, toujours est-il qu’il peut se contenter d’un hochement de tête au résumé d’Alice. Ah ça, il avait prévenu pour le mal de tête ! Heureusement, la scientifique sait mettre de côté les trucs pas important pour se focaliser sur le reste.
J’écoute avec innocence ce qui se raconte, loin d’imaginer le genre d’expériences qu’Alice envisage de faire. Enfin, jusqu’à ce qu’elle parle d’être humain. Eh ! Mais ça va pas la tête ? On va pas tuer des humains pour faire des expériences !
Ciboulette se montre pas aussi catégorique. Il croise les bras et répond sans paraître choqué :

— C’est en effet durant l’apocavalerie, à la mort d’un groupe d’humains que je l’ai remarqué. Un d’entre eux n’avait pas d’âme. Je pensais m’être égaré et que ma vue me jouait des tours, puis c’est arrivé à nouveau, et encore.

Il se permet même des jeux de mots sur un sujet pareil. Eh bah, il a pas peur de choquer !

— En revanche, j’assiste aux chasses de Kata depuis longtemps à présent, je n’ai jamais rien remarqué de tel avec des Pokémon sauvages.

Oups ? Voilà qui exclue les tests sur Pokémon ? Beeeh, j’aime pas trop la direction que tout ça prend !

— Malheureusement, je ne perçois l’âme qu’une fois qu’elle est hors de son corps. Peut-être l’expérience dont vous parlez permettrait-elle de provoquer une sortie temporaire de l’âme à la mort du patient, tout en nous permettant de l’y renvoyer en le ranimant ? Ainsi, une population de cobaye pourrait nous permettre de rechercher l’un de ces êtres dénués d’âme encore en vie et d’étudier son passé ?

Mais, mais, mais, c’est juste horrible comme truc, ça ! Faut pas faire ça, Ciboulette !
Il explose de rire à ma remarque, un peu moins fort que tout à l’heure pour ne pas énerver la scientifique au milieu d’un sujet sérieux.

— Néanmoins, Kata désapprouve cette expérience. Peut-être pourra-t-on se contenter des fossiles dans un premier temps ?

Tu devrais désapprouver aussi, Ciboulette ! Même si c’est important, on peut pas faire mal à des gens pour rien comme ça !
Ne t’en fais pas.
Meeeh. Voilà qu’il reprend la parole, d’un coup tout sérieux en se frottant le menton :

— Une solution alternative serait d’assister à une séance de réanimation en hôpital, bien que je soupçonne qu’il me serait encore plus complexe d’assister à cela qu’aux expériences scientifiques que vous me proposez.

Bon, ça, à la rigueur, ça m’embête moins. En revanche, c’est impensable : vous imaginez la kedalienne qui squatte la salle d’opération façon visite de boutique ? "je regarde juste" ? Aucune chance ! J’vais me faire foutre dehors par un mec qui fait des pompes !

— Bien entendu, il serait encore plus simple qu’il existe un moyen de percevoir les âmes directement dans un corps vivant. C’est ce que je cherchais dans cette bibliothèque à l’origine. En plus d’informations subsidiaires.

Ah bah bon, fallait commencer par ça au lieu de proposer dix mille expériences plus folles les unes que les autres ! C’est pour ça qu’on aime pas les scientifiques à Kedal. Ils veulent toujours faire des trucs inutiles qui font que des choses pas bien alors qu’en vrai, y’a un moyen tout simple qui marche déjà !

Ciboulette hoche la tête en continue durant le résumé de la madame. Pour ma part, j’ai lâché ! Ils ont fini par me perdre tous les deux. Mais Ciboulette, lui, il comprend toujours tout, ils sont trop forts tous les deux !
La seule chose qu’il comprend pas, c’est les espèces de sous-entendus qu’Alice fait en parlant d’autres elles. Genre comme si elle avait des jumelles cachées quelque part ! Comme ça elle peut être à deux endroits en même temps, c’est trop cool ! Mais euh, vu la moquerie que je sens s’étirer sur mon visage à ces pensées, Ciboulette a pas l’air de mon avis sur cette supposition.

Par la suite, on en revient à quelque chose de plus connu : Halloween ! C’est le machin que Ciboulette m’a fait quand on s’est rencontré. C’EST TERRIFIANT !

— J’en ai eu l’occasion à nombre de reprises, aucune âme ne m’est apparue ainsi. Elle se camoufle dans l’ombre spectrale, il faudrait pouvoir la repérer à travers cela.

J’y pense et y repense tandis que la scientifique revient sur cette histoire de fossiles. C’est vrai, si l’on trouvait un moyen d’identifier les âmes, observer l’expérience d’une réanimation fossile ne serait que perte de temps. Et pourtant, je reste partant.

— En toute sincérité, mon vrai problème est tout autant curiosité. Mon unique ambition du moment étant d’assister cette enfant au milieu d’épreuves pour le moins… inattendues, cette histoire d’âme n’est qu’une lubie de ma part, tout comme le serait d’observer la réanimation d’un fossile. Chaque question mérite que l’on s’y attarde, n’est-ce pas ?

Je suis d’un naturel curieux. C’est ainsi. Chaque connaissance que j’engrange est une fable de plus que je pourrais greffer à l’une de mes mises en scène un jour. D’ailleurs, il semblerait qu’il soit temps d’en effectuer une de plus.

— Les yeux, hein ?...

Je ne suis pas de ceux qui détournent le regard. Même en cet instant, je regarde cette femme droit dans les yeux tandis que nous étudions les possibilités. J’ai eu l’occasion de le faire de près, de loin, avec insistance ou non… jamais rien ne m’est apparu ainsi. Tout comme en utilisant Halloween. Mais se pourrait-il qu’unir les deux permette d’observer l’autre plus en détails ?

— Seriez-vous ouverte à l’expérience ?

Je suis gentil, tout de même ! Je propose ! Même si en toute sincérité, j’aurais été frustré qu’elle refuse après avoir lancé l’idée.
Une fois qu’elle accepte, je me lève et me rapproche de la scientifique.
Je ne la prépare pas à ce qui l’attend, que ce soit en l’expliquant ou en la mettant en garde. C’est une scientifique, je suppose qu’elle voudra le vivre pleinement.

— Observez-moi dans les yeux.

Je n’ai malheureusement pas mon aisance habituelle pour lancer mon attaque. Je pose une main sur son épaule tandis que la lueur orangée de mon regard s’intensifie brutalement, plongeant la scientifique dans une mort aussi froide que libératrice. Bienvenue dans le monde des spectres, madame Toare.

Mon genou fléchi. Une grimace déforme mon visage. Je me rattrape à la chaise la plus proche, portant mon autre main sur le crâne de l’enfant le temps que la douleur s’estompe. C’est le premier halloween que je lance depuis mon rétablissement. Comme prévu, c’est encore plus douloureux que le reste de mes compétences. Néanmoins, je suis toujours là.

— Pardonnez cette courte absence, je suis encore convalescent… mais passons, j’espère que vous appréciez ce moment de non-vie ?

Je reporte mon regard sur elle. Sur son corps spectral. Sur ses yeux. Dans ses yeux.
Mon regard se plisse, insiste. Je m’approche, si près que l’on pourrait s’imaginer autre chose si je n’étais pas dans le corps d’une enfant de 13 ans.

Je la vois.

Elle est là. Simple lumière perdue parmi l’éclat de ces paupières translucides. L’âme d’Alice. Rien d’incroyable en soi. Elle est identique à celles de tous ces trépassés que j’ai croisé au cours de mon existence, a la seule différence qu’elle reste là, immobile, bien au chaud dans l’être qu’elle habite.
Quelques mots me viennent, presque susurrés tandis que mon sourire s’élargi de satisfaction. Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

— Je vous vois…

Est-ce une réussite ? Oui, certainement ! Aux yeux de Ciboulette, tout cela permettrait un énorme bond en avant dans ses investigations. Bien qu’il aurait préféré quelque chose de plus discret. On va pas aller demander à chaque personne qu’on croise dans la rue : "Hey, je peux te tuer temporairement pour voir si t’as une âme ?". Et tant qu’on en a pas trouvé un premier, impossible de savoir comment les différencier de gens normaux. L’impasse est toujours là, seulement un peu plus loin, et avec une légère ouverture marquée d’une chance potentielle.

— Une belle réussite, en effet. Merci de votre collaboration, cela change beaucoup de chose.

Après s’être éloigné pour laisser la scientifique expérimenter pleinement son décès, Ciboulette réfléchit à tout cela sans rien ajouter. Dans un premier temps, j’ai un léger pincement au cœur en imaginant ce que ressent la dame à cet instant, pour l’avoir moi-même vécu. Mais ça disparait bien vite en voyant qu’elle panique pas du tout, contrairement à moi ! Elle trouve même l’énergie d’interroger Ciboulette à nouveau. Le spectre l’observe de haut en bas, un petit sourire en coin marquant son analyse silencieuse avant qu’il n’en fasse part à la scientifique :

— Si l’on met de côté votre professionnalisme qui transforme cette peur que d’autres ressentiraient à votre place en une amusante curiosité, je dirais que tout est normal.

Il tourne ensuite les yeux vers les deux Pokémon de la dame, aussi déstabilisés que s’ils avaient subi l’attaque également.

— Ce n’est qu’une capacité, semblable à une malédiction. Je peux l’annuler à tout moment. Un éloignement la dissiperait également. J’ignore si d’autres possibilités existent.

Une brame d’excitation interrompt alors la conversation, tandis que le jeune Vivaldaim s’interpose entre Ciboulette et la dame. Tiens, c’est vrai que cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu le droit, lui ! Ciboulette étant de bonne humeur suite à sa réussite, il réitère l’expérience sur Truc à sa demande. Cela évitera surtout que le Vivaldaim ne fasse un caprice au milieu d’une bibliothèque ! Manquerait plus que madame Toare nous reprenne encore pour avoir fait trop de bruits. Un cliquetis sonore retentit tandis que les roulettes du Vivaldaim se détachent, comme abandonnées par leur porteur. Et revoici le daim fantôme ! Truc s’amuse à gambader dans les airs, aussi heureux de la mort qu’à l’accoutumé, puisqu’elle le libère de son handicap.

De son côté, Ciboulette se laisse tomber dans le fauteuil, fatigué par cette seconde attaque lancée depuis mon corps.

— N’hésitez pas à profiter, il y a surement un tas de choses que vous pourriez expérimenter ainsi.

Il se saisit d’un chiffon dans mon sac et le lance sur la scientifique. Mais au lieu de lui atterrir sur la tête, le tissu passe à travers elle et s’échoue en arrière, là où Truc, désormais habitué à cette tangibilité irrégulière, le ramasse pour nous le ramener comme une baballe.

— Halloween est étonnante, comparée à d’autres capacités de changement de type. Elle se limite au type spectre, mais vous rapproche bien davantage de ces êtres que d’autres capacités liées au combat. Vous devriez ressentir ce… vide particulier. Certains changent sur des décennies, d’autres en quelques instants, mais personne ne reste véritablement le même une fois décédé. Heureusement, pour vous, ce sera temporaire.

Et selon lui, ce changement fut positif. Quand il voit ce qu’il a accompli durant sa vie et après celle-ci, il ne peux que rire de ce gamin que la mort faucha si tôt, satisfait d’avoir ouvert les yeux sans perdre davantage de temps sur cette existence risible.

Préférant prendre un temps pour se reposer, Ciboulette reste assis à observer les deux fantômes. Bien plus habitué, Truc s’amuse à tourner autour de la scientifique et cherche à l’entrainer dans un simple jeu de poursuite en la titillant de son museau avant de disparaître derrière l’une des bibliothèques. J’espère juste qu’ils vont pas tout renverser en s’amusant ! C’était peut-être pas la meilleure idée de transformer Truc ici ?

Alice, malgré les compliments qu'elle pouvait recevoir ainsi que que les déductions sur ce à quoi elle pensait en ce moment, eu quand même un relâchement du visage quand on lui dit que tout ceci peut s'arrêter quand elle le souhaite, enfin quand celui qui a jeté le sort le souhaite. Un petit moment où son corps eu le reflexe de se détendre, comme si au fond elle n'était même pas sûre de pouvoir revenir de cet état. D'autant plus surprise quand elle vit la même chose se produire sur un autre corps que le sien, assistant réellement pour la première fois à cette expérience de ses propres yeux. Sur le coup rien de choquant, mais sa bouche s'entre-ouvrit et ses yeux s'équarcillairent encore davantage lorsqu'elle vit le petit pokemon se redresser sur toute ses pattes. Lui qui semble t'il avait eu un accident, la scientifique ne pouvait que comprendre après quelques instants pourquoi il semblait aimer le fait d'être "décédé".

Du fait de cette deuxième itteration du processus de mort temporaire, Ciboulette et son hôte se posèrent dans le fauteuil, gagnés par la fatigue semble t'il, alors qu'on lui propose de profiter de l'expérience pour découvrir le monde d'une autre manière. Avant de pouvoir se lever, Alice n'eu pas le reflexe de vouloir se saisir de l'objet en tissu et se protégea misérablement de ses deux mains... Sans qu'il y ai un quelconque contact. Pourtant elle était persuadé que l'objet allait dans sa direction alors pourquoi ? Serait-ce parce que...
La scientifique détourna le regard vers l'arrière, où c'est le petit daim qui rapporte le truc. Attendez... Il est donc tout de même possible d'être tangible ? Dans un moment que seul un scientifique pourrait s'imaginait ce genre de chose, elle se dit qu'elle devra retenter l'expérience pour faire de plus amples test et poser sur papier tout ce qui est possible de faire ou non. Vous imaginez ça ? Cela revolutionnerait la compréhension de l'après-vie et de notre interaction avec elle et ceux qui y restent !

C'était encore plus étonnant avec cette position, mais entendre une petite kedalienne parler de la sorte... C'était encore plus perturbant. Il n'y a plus rien qui ressemblais à elle dans sa posture. Pour le peu qu'elle pouvait la connaître il est vrai, elles ne se sont vu qu'une seule fois. Mais c'était également difficile de ne pas faire de distinction. Cela ne viendrai jamais à l'esprit de l'hôte de parler de cette manière, mélange de philosophie et d'intelligence. Peut-être était-il lui même scientifique dans sa précédente vie, ou quelqu'un de cultivé et bien élevé d'une manière générale. Il faut dire que sa compréhension sur les pokemon spectre, malgré l'expérience, n'a pas bougé d'un iota. Etait-il humain avant par exemple ? Est-ce que tout les pokemon de ce type l'étaient ? Question peut-être banale aux vues des choses abordées ici même dans cette bibiliothéque. Sûrement des questions déjà répondu par quelqu'un...

Le regard de la brune se capta sur le mouvement incessant autour d'elle qui finit par disparaître au-delà des premières rangées de livre qu'elle arrivait encore à voir distinctement. Mais la vue commençait à se stabiliser doucement. Est-ce qu'il serait possible de carrément passer à travers ? Vu que le chiffon l'a traversé, il est possible qu'elle fasse de même... Elle plongea sa main dans le meuble et tout comme précédemment, elle traversa le bois et le papier comme si il n'y avait rien. Alors elle avança rapidement sans perdre un instant... Et elle eu raison d'une certaine manière. A trop essayer de penser à cela elle avait fait sa première expérience de l'état "Intouchable" à "Touchable" et son pied s'était retrouvé coincé dans un rayon faisant tomber quelques livres au passage.
Néanmoins elle n'arrive pas tout de suite à le replacer, retrouvant l'instant d'après son intangibilité. Comment faire ? Qu'est-ce qui avait fait cette réaction ? De totue manière en temps que lectrice régulière elle ne pouvait pas ne pas remettre un livre sur son étagère après l'avoir fait tomber. Alors elle retenta de penser beaucoup à ce qui pourrait se passer, limite au point d'en faire une grimace... Mais sans succès. C'est au final Asus qui le remet après être passé par dessus le meuble.

- Merci Asus...

Elle se relève et tente de chercher le petit pokemon de Kata. L'autre option qui lui arrive à l'esprit et celui de voler, vu qu'elle a assisté à la mort de la bête c'était la chose qui l'avait laissé un peu béate. Mais comment voler ? Enfin léviter puisque rien ne lui permet de prendre son envol à ce Vivaldaim. La lévitation est le fait, pour un être ou un objet, de se déplacer ou de rester en suspension au-dessus du sol, sous l'effet d'une force qui compense la gravitation ou pour diverses raisons non scientifiques invoquées par les tenants d'une explication surnaturelle. Oui cela collait assez bien à la situation. Mais se rappellant que l'expérience pouvait prendre fin assez vite elle chercha donc rapidement à trouver la petite souris qui l'avait pris pour un chat. Passant d'un rayon à l'autre par de grand pas, essayant au passage de repasser à travers des objets pour gagner en visibilité... Elle avait réussi à perdre le perdre de vue... Quelle piètre joueuse elle peut faire. Alors elle revient sur ses pas pour revenir à son point de départ. Il était parti par là... Si seulement elle pouvait léviter justement pour tout voir d'un coup... Mais oui c'est bien sur !

- Asus, je vais avoir encore besoin de toi...

Le pokemon est tout content de pouvoir aider, sauf qu'il ne réussit pas à soulever sa maîtresse, passant au travers à chaque fois, malgré les tentatives d'Alice de réfléchir comme elle avait pu le faire avant pour réussir, même si c'était qu'une fois sans le vouloir. Elle se tourne alors vers Kata

- Auriez vous des conseils...? Je ne souhaite pas vous déranger de trop mais si jamais vous avez des astuces... Je suis preneuse...

Ciboulette trouve ça très amusant d’observer une personne qui découvre la mort sans la craindre. Chaque étape une par une. Elle constate, observe, teste, tout cela sans parvenir à comprendre réellement tout ce qui lui arrive. Pourrait-il tout lui expliquer ? Probablement pas. Il a eu le temps d’accumuler bien des connaissances dans ce corps, et possède une éducation des plus respectables, néanmoins, il n’a jamais étudié tout ça.

Il s’amuse à voir la scientifique lutter contre son intangibilité, au point de s’en remettre à son Pokémon en dernier recours, et ne peut s’empêcher de rire en la voyant faire. Truc s’en amuse tout autant, lui étant capable de passer sa tête à travers la bibliothèque pour observer Alice et s’assurer qu’elle le suive, avant de redisparaître aussitôt. Voilà une course-poursuite des plus déséquilibrées ! Madame va avoir besoin d’un coup de pouce.

Restant assis, Ciboulette échappe un nouveau rire en voyant le Pokémon d’Alice lutter à son tour pour déplacer la dame qui ne cesse de lui passer à travers.

— Vous ne me dérangez point, loin de là ! Voyons, réfléchissons… tout cela est assez instinctif pour nous, difficile de l’expliquer réellement. Néanmoins, je vous proposerais ceci : arrêtez d’y penser. Essayez d’agir de façon naturelle, sans penser à votre nouvelle perception.

Ciboulette se saisit d’un des livres sur la table pour montrer l’exemple, bien qu’il ne soit pas atteint par sa propre capacité.

— Vous souhaitez prendre un livre ? Prenez ce livre, comme vous le feriez tous les jours. Être tangible devrait devenir naturel facilement.

Il repose le livre et joint les mains d’un air amusé, bien conscient que la suite sera d’autant plus amusante avec cet état d’esprit. Une sorte de quitte ou double.

— Quant à l’intangible, vous devriez agir de la même façon, sans y penser. Simplement faire et penser ce que vous désirez accomplir. Bien souvent, flotter dans une direction. Qu’il y ait une chose ou non sur le chemin ne devrait éveiller aucune réaction en votre esprit puisque vous ne côtoyez pas ces choses.

Cette fois, il ne l’illustre pas. Truc le fait depuis tout à l’heure, c’est amplement suffisant.

— Quant au fait de jouer des deux à la fois… eh bien, cela viendrait avec le temps, mais il n’est pas temps de s’en préoccuper.

C’est une scientifique, elle fera petit à petit ! Pas vrai ? Ciboulette a l’air de le croire, en tout cas. D’abord retrouver la logique des vivants de tout toucher, ensuite essayer de passer à travers quelque chose jusqu’à y arriver, et après elle pourra faire des tests plus compliqués ! Néanmoins, j’espère pour elle qu’elle va pas passer une heure à se manger un mur avant d’y arriver, ce serait douloureux !

Tout en gardant la scientifique en ligne de vue pour que Ciboulette puisse l’observer, je reprends quelques temps le control pour m’occuper de Fouifi sur la chaise voisine. Je l’attrape par sous les épaules et la soulève jusqu’à moi pour la déposer sur mes jambes et la caresser délicatement, d’une main, tout en défaisant son bandage de l’autre pour renettoyer sa blessure et lui remettre un bandage. Elle saigne plus trop depuis, mais c’est toujours pas beau à voir. On a même dû la raser autour de la blessure, la pauvre ! Heureusement que ça repousse vite, et que Truc et les Pokémon de Jojo font des bons soins aussi. N’empêche que ça rend triste de la voir comme ça, toute immobile. C’est sûr que c’est pas son regard méchant comme tout qui manque, mais quand on sait la battante que c’est normalement, ça fait bizarre.